Taille : 40 cm
Envergure : de 64 à 70 cm
Oiseau blanc et noir
Bec fin noir
Pattes noires
Se tient dressé en appui sur ses pattes
Guillemot marmette, marmette de Troïl
Common guillemot, common murre (GB), Uria (I), Arao Común (E), Trottellumme (D), Zeekoet (NL), Erev beg hir (breton)
Cosmopolite, hémisphère Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestLa zone de distribution couvre les mers arctiques, l'Atlantique et le Pacifique Nord entre le 40ème et le 76ème parallèle. Pendant l'hiver, le guillemot de Troïl se disperse plus au sud, pouvant atteindre la Méditerranée et le détroit de Gibraltar en Europe, le Maine et la Californie en Amérique du Nord, le nord du Japon en Asie.
La population mondiale est estimée à 6 millions de couples, dont une petite moitié se trouve en Europe.
En dehors de la période de reproduction, le guillemot de Troïl est une espèce pélagique, mais qui ne s'écarte que peu des côtes.
Le guillemot de Troïl est le plus grand oiseau de la famille des Alcidés européens. En plumage nuptial, sa tête, son dos et ses ailes sont noirs ou brun chocolat, la poitrine et l'abdomen sont blancs. L'extrémité blanche des rémiges secondaires dessine une ligne sur l'aile. Le bec est assez fin, long et pointu, de couleur noire. Les pattes sont grisâtres.
Les immatures ont un plumage semblable aux adultes, le dessous étant d'apparence plus sale. Leur bec est plus court et leurs pattes plus claires.
Deux sous-espèces sont distinguées selon la coloration noire ou brun chocolat : Uria aalge aalge, de répartition plus septentrionale, présente le plumage le plus noir, alors qu'Uria aalge albionis, présente dans la partie sud de la zone de distribution, a une teinte plus brune. Certains individus présentent une autre particularité, sans conduire toutefois à une sous-espèce : il s'agit de la forme dite « bridée », qui se distingue par un cercle oculaire blanc, qui se prolonge vers l'arrière de la tête par un trait également blanc.
En livrée hivernale, le plumage blanchit jusqu'aux tempes, qui se trouvent simplement barrées d'un trait noir. Chez les adultes, ce plumage hivernal n'est porté que pendant un court automne. Dès le mois de novembre, la mue reprend pour retrouver la tête toute noire du plumage nuptial. Les immatures conservent pour leur part ce plumage hivernal jusqu'au mois de mai.
En vol, les pattes du guillemot de Troïl restent bien visibles, écartées vers l'arrière.
Trois espèces peuvent être facilement confondues avec le guillemot de Troïl. Deux d'entre-elles partagent les mêmes sites de reproduction : le guillemot de Brünnich (Uria lomvia) et le pingouin torda (Alca torda), la troisième niche dans les rochers au bord du littoral, le guillemot à miroir (Cepphus grylle).
Deux caractéristiques distinguent le guillemot de Troïl du guillemot de Brünnich : le bec du guillemot de Brünnich est orné d'un trait blanc longitudinal, au niveau de la séparation entre le plumage blanc et le plumage noir, la pointe blanche est plus marquée chez le guillemot de Brünnich. Enfin, la zone de distribution du guillemot de Brünnich s'étend moins vers le sud que celle du guillemot de Troïl.
Le pingouin torda se distingue facilement du guillemot de Troïl par la forme de son bec : celui-ci a une forme haute et étroite, semblable à une lame de couteau. De plus, un trait blanc barre verticalement l'extrémité du bec du pingouin torda.
En plumage nuptial, le guillemot à miroir est entièrement noir, avec juste un miroir* blanc sur l'aile. En hiver, il est presque entièrement blanc, avec le dos tacheté de noir.
Le guillemot de Troïl se nourrit essentiellement de poissons tels que : lançon (Ammodytes lancea), hareng (Clupea harrengus), aiglefin (Melanogrammus aeglefinus), merlan (Merlangius merlangus), sprats (Spratus spratus). Il les capture en les poursuivant sous l'eau, ses ailes le propulsant comme des nageoires, ses pattes lui servant de gouvernail. Il peut atteindre une profondeur d'une centaine de mètres. Ses zones de pêche sont assez proches des colonies, distantes au plus de quelques dizaines de kilomètres.
Le guillemot de Troïl niche en grandes colonies denses sur les corniches de falaises face à la mer ou aux sommets d'îlots. A l'extrême sud de sa zone de répartition, il subsiste quelques couples nicheurs en Espagne et au Portugal.
Le retour dans les colonies diffère fortement entre le sud de sa zone de nidification où il revient dès le début de l'hiver, jusqu'aux zones les plus nordiques qu'il ne rejoint qu'au début du printemps. Les jeunes fréquentent ces colonies à partir de l'âge de deux à trois ans, mais ne se reproduisent qu'à partir de cinq ans.
La ponte consiste en un œuf unique, posé à même le sol, sans la moindre ébauche de nid. Elle intervient entre début avril et mi-juin. Afin de limiter le risque de chute, l'œuf est piriforme, de teinte verdâtre à bleuâtre, tacheté de points bruns ou noirs. Cette forme lui évite de rouler jusqu'au bord de la falaise, mais lui fait décrire un arc de cercle de faible rayon. Les deux adultes se relayent par périodes de seize à vingt-quatre heures pour couver l'œuf, le dos tourné vers le vide, pendant une incubation de quatre à cinq semaines.
A l'âge de trois semaines, le poussin a atteint le tiers du poids de l'adulte. Bien que ses ailes ne soient pas encore complètement formées, les adultes le poussent au grand saut. Incapable de voler, il se retrouve alors dans l'eau où le mâle le prendra en charge pendant deux à trois mois, le nourrissant et lui apprenant les techniques de pêche. Pendant ce temps, la femelle fréquente encore la falaise pendant trois semaines avant de retourner en mer.
Les colonies sont abandonnées au plus tard au début du mois d'août.
Les adultes manifestent une grande fidélité au site de reproduction.
Animal grégaire tant sur les sites de reproduction que pendant les hivers passés en mer, il partage ses zones de reproduction avec d'autres Alcidés comme le pingouin torda (Alca torda) et le guillemot de Brünnich (Uria lomvia). La mouette tridactyle (Rissa tridactyla) fait partie de ses fréquents voisins.
Les colonies sont très bruyantes en raison du nombre de couples qu'elles regroupent. Les cris des adultes sont des grognements rauques, entrecoupés par les pépiements plaintifs des jeunes.
Les populations ont subi de fortes pertes à la fin du XIXème siècle, en raison de pratiques de chasse et du ramassage des œufs. Ces pratiques ont disparu au XXème siècle, ce qui a permis une forte remontée des populations. Cependant, le mode de vie de cet oiseau, qui passe l'automne et l'hiver posé sur l'eau, le rend très sensible aux pollutions maritimes par les hydrocarbures, et tout particulièrement aux marées noires. De plus, il se nourrit lors de plongées à grande profondeur, et se trouve ainsi souvent piégé dans les filets de nylon. Cette mortalité par noyade est aujourd'hui la principale cause de la diminution des populations. En France, les colonies peu nombreuses doivent faire face à la prédation par les grands corbeaux et les corneilles noires.
Il ne subsiste plus que quatre colonies en France : Cap Sizun, Crozon, Sept Iles et Cap Fréhel, dans lesquelles se répartissent environ 250 couples nicheurs. L'espèce a disparu des falaises normandes dans les années 1920.
Au Royaume-Uni, les îles Farne, réserve RSPB, offrent des conditions d'observation exceptionnelles.
International :
- Convention de Berne : Annexe III
De portée nationale :
- Oiseaux protégés : Article 1
- Oiseaux protégés : Article 5
- Vertébrés menacés d'extinction
Guillemot : diminutif de « Guillaume », surnom de cet oiseau.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Aves | Oiseaux | Vertébrés à plumes, ovipares. Les membres antérieurs sont transformés en ailes. |
Ordre | Charadriiformes | Charadriiformes | Oiseaux plus ou moins aquatiques, au bec pointu et aux pattes fines. |
Famille | Alcidae | Alcidés | |
Genre | Uria | ||
Espèce | aalge |
Identification
Posé, le guillemot de Troïl se tient dressé, en appui sur ses pattes noires. La tête, le dos et ailes sont noirs, pouvant apparaître selon la lumière brun foncé. Le ventre est blanc. Le bec fin et pointu, lui aussi de couleur noire, prolonge une tête fine dans laquelle l’œil noir ne se distingue que sous très bonne lumière.
Farne Islands (Grande-Bretagne)
Hervé et Laurence GRAILLOT-DENAIX
07/2005
Forme bridée
Il ne s’agit pas ici d’une sous-espèce, mais certains individus présentent une particularité de plumage : un cercle blanc entoure l’œil et se prolonge d’un trait blanc vers l’arrière de la tête. Cette forme, dite bridée, constitue-t-elle une tenue d’apparat ?
Farne Islands (Grande-Bretagne)
07/2005
Retour de pêche
Pendant la période d’élevage des poussins, les adultes rapportent les poissons entiers, qui seront présentés ainsi aux poussins. Ceux-ci les avaleront la tête la première, surprenant toujours les observateurs par leur capacité à ingérer ainsi des poissons qui semblent démesurés par rapport à la taille de ces jeunes !
Sur cette image de face, la position particulière des pattes est bien visible.
Farne Islands (Grande-Bretagne)
07/2005
Colonie
Le guillemot de Troïl est grégaire et niche en colonie sur des falaises. Les œufs sont déposés directement sur la roche, sans le moindre nid. Leur forme conique leur permet de ne pas rouler dans le vide. Sur cette image, ils partagent la falaise avec des mouettes tridactyles.
Farne Islands (Grande-Bretagne)
Hervé et Laurence GRAILLOT-DENAIX
07/2005
Couvaison
La couvaison est l’un des rares moments où le guillemot de Troïl se couche.
Farne Islands (Grande-Bretagne)
Hervé et Laurence GRAILLOT-DENAIX
07/2005
Poussin hirsute
Alors que le plumage de l’adulte semble parfaitement lisse de par sa finesse, le poussin, qui se pare déjà des mêmes couleurs que l’adulte, a un duvet bien plus hirsute !
Stonehaven (Écosse)
Hervé et Laurence GRAILLOT-DENAIX
07/2005
Protection
Cet adulte, de forme bridée, qui présente la particularité du cercle oculaire blanc, protège et réchauffe son poussin sous son aile.
Farne Islands (Grande-Bretagne)
Hervé et Laurence GRAILLOT-DENAIX
07/2005
Posés sur l'eau
Ces individus présentent leur plumage hivernal.
Boulogne-sur-Mer
20/10/2007
Battements d’ailes
Après avoir séjourné un moment sur la falaise, le besoin de se dégourdir les ailes avant de repartir en mer se fait ressentir. Cela permet d’observer le dessous des ailes, de couleur blanche.
Stonehaven (Écosse)
Hervé et Laurence GRAILLOT-DENAIX
07/2005
Rédacteur principal : Hervé et Laurence GRAILLOT-DENAIX
Rédacteur : Vincent MARAN
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
La page sur Uria aalge sur le site de référence de Doris pour les oiseaux : Oiseaux.net