Coquille jaune olive à verte
Coquille recouverte de bandes larges et sombres, régulièrement espacées
Forme elliptique aplatie
Unio des peintres, moule d’eau douce (attention, ce nom est également porté par de nombreuses autres espèces du genre Unio, et en particulier par Unio tumidus Retzius, 1788)
Painter's mussel (GB), Cozza d’acqua dolce, mitilo d’acqua dolce, muscolo acquatico, mitilo dei pittori (I), Mejillón de agua dulce, almeja de agua dulce (E), Malermuschel (D), Schildersmossel (NL)
Différentes sous-espèces d’Unio pictorum sont décrites :
- Unio pictorum ascanius Kobelt, 1913
- Unio pictorum delphinus Spengler, 1793
- Unio pictorum gaudioni Drouët, 1881
- Unio pictorum latirostris Küster, 1854
- Unio pictorum mucidus Morelet, 1845
- Unio pictorum pictorum (Linnaeus, 1758)
- Unio pictorum platyrhynchoideus Dupuy, 1849
- Unio pictorum platyrhynchus Rossmässler, 1835
- Unio pictorum praeposterus Küster, 1854
- Unio pictorum proechistus Bourguignat, 1870
- Unio pictorum rostratus Lamarck, 1819
- Unio pictorum schrenkianus Clessin, 1880
Europe et ouest de l'Asie
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeLa mulette des peintres est présente en Europe et dans l'ouest de l'Asie.
Elle est visible dans toute la France (en particulier dans les canaux de la région parisienne), ainsi qu’en Belgique.
Remarque : certains auteurs estiment que les populations de la péninsule ibérique appartiennent à une espèce distincte, Delphinus Unio.
Unio pictorum affectionne les mares, les étangs, et les cours d'eau à débit lent. On la trouve dans les substrats sableux ou limoneux, généralement dans des zones profondes. Cette mulette évite les fonds vaseux et caillouteux.
Présente du niveau de la mer jusqu'à 700 m d'altitude, elle aime les températures comprises entre 0 et 25 °C.
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La coquille calcifiée de ce bivalve d’eau douce est de couleur jaune olive à marron verdâtre et peut atteindre une taille de 11 à 14 cm de long, 3 à 4 cm de haut et 3 cm de large. Elle est épaisse et de forme elliptique aplatie.
La surface externe des valves révèle très souvent des bandes parallèles à la bordure de la coquille. Ces bandes peuvent être de deux catégories : des bandes larges et sombres, régulièrement espacées ou des bandes plus fines et plus discrètes, plus irrégulièrement espacées. Les deux valves sont reliées entre elles par un ligament en position dorsale. Plus ou moins symétriques, elles peuvent s’ouvrir et se fermer grâce à deux muscles adducteurs puissants et difficilement dissociables l'un de l'autre. Entrouvertes, elles laissent dépasser les siphons inhalant et exhalant.
Les espèces du genre Unio se caractérisent par leur charnière dentée et leur coquille épaisse.
Le corps mou est complètement enveloppé dans le manteau qui sécrète la coquille de l’animal.
Margaritifera auricularius (Spengler, 1793) : la grande mulette. Elle est plus grande (20 cm) et présente la forme d'un rein.
Unio tumidus Retzius, 1788 : la mulette enflée. De même longueur mais légèrement plus large, elle est globalement plus sombre. Les bandes sombres sont plus nombreuses et moins espacées les unes des autres que pour Unio pictorum.
Margaritifera (Pseudunio) margaritifera (Linnaeus 1758) : plus grande (15 cm par 7,5 cm), sa coquille est moins épaisse et elle ne fréquente que des grands cours d’eau (dont la Vienne et la Charente).
Psilunio (Potomida) littoralis (Cuvier, 1798) : plus petite, sa coquille semble épaisse.
Unio pictorum se nourrit de plancton ou de particules flottant dans l'eau. Ce mollusque utilise le courant d’eau créé par ses siphons pour aspirer les micro-organismes planctoniques dans sa cavité palléale* et les piéger sur un tapis muqueux qui recouvre les branchies. Les particules alimentaires, engluées dans le mucus, transitent alors vers l’estomac où elles seront broyées par une tige cristalline*.
La période de reproduction a lieu à la fin du printemps.
Les sexes sont séparés. Les mâles émettent leurs gamètes dans l’eau à proximité des femelles qui les aspirent par leur siphon inhalant. Après fécondation, les nombreux (plus de 200 000) et petits (0,25 à 0,3 mm) œufs sont incubés quelques mois par la femelle dans la cavité palléale.
Après l'éclosion, les larves glochidies (glochidium*) sont expulsées par leur mère. Elles mènent alors une vie pélagique*. Grandes de quelques dixièmes de millimètres, Elles possèdent une petite coquille bivalve dont chaque valve triangulaire est terminée par une sorte de crochet armé de courts aiguillons, ainsi qu'un long fouet au niveau de la ligne médiane.
La larve finit par se faire gober par un poisson et se fixe, grâce à ses crochets, préférentiellement dans les branchies. Après s'être enkystée, elle se nourrit pendant 4 à 9 mois du sang qui transite abondamment dans les branchies de l’hôte. Il semble que ce type d’association (commensalisme de type inquilisme* ou de type phorésie*) ne nuise que très modérément à l’hôte qui peut porter plusieurs dizaines de larves par lamelle branchiale.
Ce mode de reproduction présente les avantages de fournir efficacement les nutriments nécessaires à la larve et de pouvoir coloniser rapidement de nouveaux milieux. Cependant, les espèces de moules d’eau douce ont besoin d’un hôte poisson pour perdurer (cf. infra).
Lorsque la jeune moule a atteint sa forme définitive (envrion 10 mm), elle sort du kyste et tombe sur le fond, où elle poursuit son développement et entame son nouveau mode de vie de type filtreur. Au départ dépourvue d’organes reproducteurs, elle met environ trois ans à atteindre sa taille adulte.
(*) Les poissons-hôtes tendent de plus en plus à se nourrir dans la colonne d’eau (plancton) au détriment du fond (benthos) ce qui diminue leur taux d’infection par les glochidies.
Elle est souvent retrouvée en compagnie d’autres moules : Psilunio (Potomida) littoralis, Unio crassus, Unio tumidus, Anodonta cygnea, Pseudanodonta complanata, Margaritifera auricularius.
Unio pictorum est un animal aquatique à respiration branchiale : un courant d’eau autour de ses branchies est créé grâce à la multitude de cils vibratiles qui les recouvrent. Cette mulette utilise également ce courant d’eau pour se nourrir.
Contrairement aux moules marines comestibles du genre Mytilus, Unio pictorum ne possède pas de byssus pour s’ancrer sur un support, mais un pied bien développé qui lui permet de se déplacer et de s’enfouir dans le sédiment.
Chez Unio pictorum, la coquille est épaisse et présente une couche prismatique externe réduite au dixième de l’épaisseur de la coquille. L’épaisse couche interne nacrée présente l’organisation microstructurale classique de la nacre en « mur de briques » des bivalves.
La charnière, la zone de jointure entre les deux valves, constitue un caractère morphologique important dans la détermination taxonomique des bivalves. La charnière des espèces de la sous-classe des Paléohétérodontes présente des caractéristiques « modernes » qui la font ressembler à celle des hétérodontes. En effet, les espèces de ces deux sous-classes présentent des coquilles de taille et de forme égales. Cependant, les espèces de la sous-classe des Paléohétérodontes présentent des dents de charnière alignées en une seule rangée simple, tandis que les espèces de la sous-classe des Hétérodontes présentent quelques dents cardinales séparées d'un certain nombre de longues dents latérales.
Les différentes bandes présentes à la surface externe des valves, correspondent aux différentes périodes de croissance de la coquille. Comme chez de nombreux bivalves, la coquille des espèces de l’ordre des Unionoïdes est composée de deux couches minéralisées : la couche externe est prismatique (parfois absente chez certaines espèces de l’ordre des Unionoïdes), tandis que la couche interne est nacrée. L’ensemble de ces couches est recouvert d’une couche organique, le périostracum*.
Les adultes d’Unio pictorum peuvent vivre plus de 20 ans.
La mulette des peintres est commercialisée ponctuellement sous le nom de « moule d'eau douce » pour les aquariums d'eau froide et les bassins de jardin.
Durant toute leur vie, ces animaux vont filtrer l’eau, avaler les particules alimentaires, mais aussi accumuler dans leurs tissus des métaux et des polluants. Ainsi, les espèces de moules d’eau douce servent couramment de bio-indicateurs de pollution des cours d’eau.
Mulette ou Unio des peintres : car les peintres utilisaient autrefois sa coquille comme palette pour mélanger leurs couleurs.
Unio : du latin [unio] = unir, réunir,
pictorum : du latin [pictorius] = peintre.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Palaeoheterodonta | Paléohétérodontes |
|
Ordre | Unionoida | Unionoïdes | Présence d'un ligament interne. |
Famille | Unionidae | Unionidés | Coquille de forme très variable, la région antérieure beaucoup plus courte que la région postérieure. Sculpture des sommets très variée, parfois peu développée. Charnière variable, parfois rudimentaire. |
Genre | Unio | ||
Espèce | pictorum |
Rampant sur le substrat
Une mulette des peintres observée dans l'Oise alors qu'elle rampe sur le substrat. La forme de la coquille est typique (certains spécimens ont une forme très similaire à celle la mulette méridionale).
Oise (60)
31/07/2007
Manteau
Le corps mou est complètement enveloppé dans le manteau qui sécrète la coquille de l’animal.
Affluent de la Loire
22/08/2010
Coquilles sur le fond
Moules mises à jour lors de la vidange du barrage de Grangent sur la Loire.
Barrage de Grangent (42), sur le fond asséché
28/01/2012
Siphons blancs
La couleur des siphons est assez variable. Ce spécimen est toutefois spectaculaire car les siphons de la mulette des peintres sont généralement grisâtres.
La Saône (21)
20/07/2016
En pleine filtration
Unio pictorum se nourrit de plancton ou de particules flottant dans l'eau. Ce mollusque utilise le courant d’eau créé par ses siphons pour aspirer les micro-organismes planctoniques dans sa cavité palléale et les piéger sur un tapis muqueux qui recouvre les branchies. Les particules alimentaires, engluées dans le mucus, transitent alors vers l’estomac où elles seront broyées par une tige cristalline.
Affluent de la Loire
22/08/2010
Mulette des peintres encroûtée
Une mulette des peintres recouverte d'algues. L'identification définitive ne serait possible qu'en sortant l'animal du substrat.
La Saône à Maillys (21)
20/07/2016
Fichée en berge
Les mulettes se placent parfois en berge, même dans les berges abruptes, notamment dans les régions méditerranéennes où les crues provoquent d'importants mouvements du lit. Ici, une mulette des peintres a élu domicile dans une berge terreuse à faible profondeur.
La Lanterne, affluent de la Saône (21), à quelques dizaines de centimètres de la surface
24/11/2016
Sur les bords de l’Essonne
Amoncellement de coquilles vides
Essonne (91), 10 cm de profondeur
31/05/2020
Histoire de taille
Individu dont la coquille dépasse les 18 cm de long !
Essonne (91)
23/01/2021
Dessin
La coquille calcifiée de ce bivalve d’eau douce est de couleur jaune olive à marron verdâtre et peut atteindre une taille de 11 à 14 cm de long, 3 à 4 cm de haut et 3 cm de large. Elle est épaisse et de forme elliptique aplatie.
La surface externe des valves révèle très souvent des bandes parallèles à la bordure de la coquille. Ces bandes peuvent être de deux catégories : des bandes larges et sombres, régulièrement espacées ou des bandes plus fines et plus discrètes, plus irrégulièrement espacées.
Planche naturaliste tirée de :
Les mollusques : décrits et figurés d'après la classification (1868), Ed : Paris, J. B. Baillière.
N/A
Reproduction de documents anciens
1868
Face interne de la coquille (croquis)
D'après Germain F., 1930. FAUNE DE FRANCE n° 21, MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES (1ère PARTIE), figure 15 page 31 - Cette image fait partie de Faune de France
N/A
08/02/2011
Rédacteur principal : Gaël ROCHEFORT
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Gaël ROCHEFORT
Aldridge D. C., 1999, The morphology, growth and reproduction of Unionidae (Bivalvia) in a fenland waterway, J. Moll. Stud., 65, 47-60.
Ellis A. E., 1978, British Freshwater Bivalve Mollusca: Keys and Notes for the Identification of the Species, The Linnean Society of London, Academic Press, London.
Ravera O., Cenci R., Beone G. M., Dants M. , Lodigiani P., 2003, Trace element concentrations in freshwater mussels and macrophytes as related to those in their environment, J. Limnol., 62, 61-70.
La page sur Unio pictorum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN