Taille 10 à 18 cm
Ressemble à un petit lézard
Queue aplatie latéralement
Peau verruqueuse et humide
Ventre jaune-orange avec de grandes taches noires irrégulières
Gorge gris-noir avec des points blancs
Mâle : crête dorsale très échancrée, séparation de la crête dorsale et de la crête caudale
Triton à crête
Great crested newt, northern crested newt, warty newt (GB), Tritone crestato (I), Tritón crestado (E), Nördliche Kammmolch, Kammmolch (D), Kamsalamander, grote watersalamander (NL)
Triton americanus Laurenti, 1768
Triton cristatus Laurenti, 1768
Triturus superspecies cristatus (Laurenti, 1768)
Salamandra lati-caudata Bonnaterre, 1789
Triton cristatus cuclocephalus Fatio, 1872
La nouvelle classification, basée sur l'approche phylogénétique* et qui ne fait pas encore l'unanimité au sein de la communauté scientifique, a scindé le genre Triturus :
- Lissotriton (Bell, 1839) : pour Triturus boscai, T. helveticus, T. italicus, T. montandoni et T. vulgaris ;
- Ommatotriton Gray, 1850 : pour T. ophryticus et T. vittatus ;
- Ichthyosaura Latreille dans Sonnini de Manoncourt et Latreille, 1801 : pour le triton alpestre T. alpestris ;
- les espèces restantes demeurent dans le genre Triturus.
Europe
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeIl est présent dans les eaux douces de toute l'Europe jusqu'à l'Oural, à l'exception de la péninsule ibérique et des îles de la Méditerranée. On le trouve du niveau de la mer jusqu'à un peu plus de 1 200 m d'altitude (il est toutefois peu présent dans la zone 600-1200 m d'altitude).
En France, il est beaucoup plus rare dans les régions méridionales où il est en compétition avec le triton marbré. Il est absent de Corse. Sa répartition est assez fragmentée.
On le trouve en Belgique où ses populations sont en très forte régression. Il en est de même en Suisse.
Le triton crêté fréquente les plaines et les collines de basse altitude. Il privilégie les eaux stagnantes profondes, permanentes, bien ensoleillées et riches en végétation.
C'est l'espèce de triton qui reste le plus longtemps en phase aquatique : le séjour dans l'eau débute en mars et se poursuit après la reproduction jusqu'en juillet-août. En phase terrestre, il reste à proximité de son plan d'eau.
C'est le plus grand des tritons européens. Il ressemble à un petit lézard, de 10 à 18 cm de long, muni d'une queue aplatie latéralement et se terminant en pointe aiguë. La peau est verruqueuse et humide en toute saison (même en phase terrestre) et contient de nombreuses glandes. La tête est aussi longue que large. Les flancs et les côtés de la tête sont piquetés de blanc. Le tronc est de section subcirculaire. Le ventre est jaune-orange avec de grandes taches noires irrégulières alors que la gorge est gris-noir avec des points blancs. Les doigts et les orteils sont jaunes, annelés de noir et non palmés.
En phase aquatique
Le mâle adulte a une haute crête dorsale très échancrée qui s'arrête au niveau de la région pelvienne (il y a séparation de la crête dorsale et de la crête caudale). Le dos et une partie des flancs sont brun foncé parsemé de taches noires. Une bande à reflets nacrés est visible au milieu de la queue (bande médiane). Le cloaque* est volumineux.
La femelle n'a pas de crête dorsale et ses couleurs sont plus ternes. Le dessous de la queue est orangé. Le cloaque est fin et strié.
En phase terrestre
La crête disparaît et devient presque impossible à voir. La peau reste verruqueuse et humide. La teinte générale est d'un noir profond : le dos est de couleur sombre, les flancs et la tête affichent des pointillés blancs ou clairs et le ventre est ponctué de taches noires.
Ichthyosaura alpestris (Laurenti, 1768) triton alpestre : plus petit (8 à 13 cm), le dos est généralement de couleur gris bleu, le ventre et la gorge sont orange vif sans taches.
Lissotriton helveticus (Razoumovsky, 1789) triton palmé : plus petit (5 à 9 cm), sa peau est lisse et le principal critère de distinction est la gorge généralement non tachetée chez le triton palmé. En période de reproduction, le mâle triton palmé affiche des pattes postérieures palmées et un court (5 à 9 mm) filament au bout de la queue. La femelle triton palmé est plutôt beige-vert avec une robe plus unie, et sa silhouette est plus mince.
Lissotriton vulgaris (Linnaeus, 1758) triton ponctué : plus petit (7 à 10 cm), sa peau est lisse et sa tête est couverte de rangées de pores avec cinq à sept bandes longitudinales sombres.
Triturus marmoratus (Latreille, 1800) triton marbré : sa coloration est à dominantes brunes et vertes.
Triturus blasii (Triturus cristatus x Triturus marmoratus) triton de Blasius : on peut confondre le triton crêté avec cet hybride qui se rencontre dans l'ouest de la France (notamment en Mayenne), dont la taille est plus grande que celle des parents et dont les différents aspects se rapprochent tantôt d'un type, tantôt de l'autre.
En phase aquatique, les adultes sont des prédateurs carnivores et se nourrissent de crustacés (cladocères, copépodes, ostracodes), de larves* d'insectes, d'isopodes, d'hémiptères, de coléoptères, de vers oligochètes, mais aussi d'œufs d'amphibiens et de têtards de grenouilles. Ils sont également connus pour présenter des tendances cannibales.
En phase terrestre, les adultes et les juvéniles chassent gastéropodes, petits insectes et larves. Lors de la période d'hibernation (d'octobre à mars), ils sont en vie ralentie et ne se nourrissent pas.
Les larves mangent des invertébrés : cladocères, copépodes, ostracodes et larves d'insectes.
Entre mars et avril, mais dès février voire janvier si le climat s'adoucit, les adultes migrent vers les sites de reproduction. Ils préfèrent les nuits humides et pluvieuses, et parcourent des distances de quelques dizaines à quelques centaines de mètres. Les premiers jours dans l'eau sont consacrés à l'alimentation pendant que la crête des mâles se développe.
Le comportement sexuel du triton crêté est sensiblement différent de celui des autres tritons : le mâle défend un territoire dont il interdit l'accès aux autres mâles et il n'y a pas de parade "en éventail" (mouvement "en éventail" de sa queue). Le couple se fait face : la femelle est posée sur le fond et le mâle en position presque verticale, "danse" devant elle. Si la femelle l'accepte, ils se retrouvent l'un sur l'autre (croisés généralement), le mâle étant dessus. La fécondation est interne et se déroule dans l'eau.
La femelle pond pendant 3 à 4 mois entre 200 et 400 œufs. Ces œufs sont pondus individuellement et le plus souvent enveloppés dans le repli d'une feuille de plante aquatique (en particulier : Ceratophyllum spp., Myriophyllum spp., Elodea spp.). Ils sont ovales et d'une taille d'environ 2 mm. Leur couleur est blanc jaunâtre.
Le développement de l'embryon prend de 15 à 20 jours dans une eau dont la température est comprise entre 15 et 17 °C (37 jours à 12 °C).
Les larves (on ne parle pas de "têtards", ce terme étant réservé aux anoures) sont longues de 9 à 10 mm au moment de l'éclosion, elles atteindront 50 à 80 mm en fin de métamorphose*. Elles sont strictement aquatiques. Leurs trois paires de branchies sont externes, elles ont 15 à 16 sillons longitudinaux sur chaque flanc, elles sont pourvues d'une haute crête dorso-caudale continue parsemée de mouchetures noires, le corps est au moins aussi long que la très longue queue qui se termine en pointe souvent prolongée par un filament, les doigts et les orteils sont longs et effilés. Au début, la couleur des larves est jaunâtre avec quelques taches noires pour ensuite, progressivement, devenir la livrée de l'adulte.
La métamorphose a généralement lieu au bout de trois mois c'est-à-dire en août et en septembre (parfois en octobre), et consiste extérieurement en une perte progressive des branchies. Les juvéniles mesurent entre 6 et 8 cm. Remarque : les larves et les juvéniles issus de pontes tardives peuvent passer l'hiver dans l'eau et n'émerger qu'au printemps suivant.
La maturité sexuelle est atteinte à l'âge de 2 ans pour les mâles et 2-3 ans pour les femelles.
L'espérance de vie est d'une dizaine d'années mais peut atteindre 25 ans en captivité. Cependant, les tritons crêtés ont un taux de survie annuel d'environ 50 %.
Ses prédateurs sont nombreux :
- en milieu aquatique : les poissons carnivores ;
- en milieu terrestre : les corvidés et le héron cendré ainsi que les reptiles tels la couleuvre à collier.
Il hiverne généralement à terre (dans la terre meuble, les terriers de petits mammifères ou sous des matériaux en décomposition) mais il lui arrive de le faire au fond d'une pièce d'eau. Il est en phase de vie ralentie à partir de septembre ou octobre
L'adulte présente une activité nocturne, tandis que les individus au stade larvaire présentent plutôt une activité diurne.
C'est une espèce très sensible à la pollution et à la modification de son biotope, ce qui explique sa raréfaction importante en France et en Europe.
La nuit, il se déplace lentement au fond de l'eau, dans des zones peu profondes. Il passe la journée le plus souvent en eau plus profonde, parmi les plantes aquatiques.
S'il se sent menacé, il gagne des profondeurs plus importantes.
Scientifiquement, cette espèce sert de modèle d'étude pour la répartition des zones répétées d'ADN non-codant, pour la méthylation de l'ADN, pour l'étude biochimique des neuropeptides hypothalamo-hypophysaires, et pour l'étude des enzymes thermosensibles à larges spectres d'activité thermique.
UICN* : espèce « Dépendante de mesures de conservation »
Monde : à faible risque
France : espèce vulnérable (1995)
Communautaire :
Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe II
Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe IV
International :
Convention de Berne : Annexe II
De portée nationale :
France : Amphibiens et Reptiles protégés : Article 2
Belgique : Décret « Natura 2000 » du 6/12/2001 - espèce intégralement protégée
Triton : du grec [triton].
crêté : en allusion à la crête dorsale haute et dentelée du mâle pendant la période de reproduction.
Triturus : de [Triton] = dieu grec fils de Poséidon et du grec [oura] = queue
cristatus : du latin [cristatus] = qui a une crête.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Amphibia | Amphibiens | Vertébrés tétrapodes caractérisés par deux stades distincts : un stade larvaire aquatique et un stade adulte en partie terrestre. Quelques formes tropicales apodes. |
Ordre | Caudata | Urodèles | Amphibiens dont la queue ne disparaît pas après la métamorphose. Ce sont les tritons et les salamandres. |
Famille | Salamandridae | Salamandridés | |
Genre | Triturus | ||
Espèce | cristatus |
Mâle en phase aquatique
Le mâle a une haute crête dorsale très échancrée qui s'arrête au niveau de la région pelvienne (il y a séparation de la crête dorsale et de la crête caudale). Le dos et une partie des flancs sont brun foncé parsemé de taches noires. Une bande à reflets nacrés est visible au milieu de la queue (bande médiane). Le cloaque est volumineux.
Prairies du Fouzon (Loir et Cher), 1 m
18/04/2010
Femelle en phase aquatique
La femelle n'a pas de crête dorsale et ses couleurs sont plus ternes.
Prairies du Fouzon (Loir et Cher), 1 m
02/05/2010
De face
La peau est verruqueuse. La tête est aussi longue que large. Les doigts et les orteils sont jaunes, annelés de noir et non palmés.
Prairies du Fouzon (Loir et Cher), 1 m
01/05/2010
Ventre
Le ventre est jaune-orange avec de grandes taches noires irrégulières alors que la gorge est gris-noir avec des points blancs. Les doigts et les orteils sont jaunes, annelés de noir et non palmés.
Photo primée au festival international de la photo animalière de Montier-en-Der.
Prairies du Fouzon (Loir et Cher), 20cm
05/2011
Territorialité
Le comportement sexuel du triton crêté est sensiblement différent de celui des autres tritons : le mâle défend un territoire dont il interdit l'accès aux autres mâles.
Prairies du Fouzon (Loir et Cher), 1 m
12/05/2008
Couple
Chez le mâle, une bande à reflets nacrés est visible au milieu de la queue et le cloaque est volumineux.
La femelle a le dessous de la queue orangé et le cloaque est fin et strié.
Prairies du Fouzon (Loir et Cher), 1 m
14/05/2010
Jeune larve
La larve est longue de 9 à 10 mm au moment de l'éclosion et sa couleur est jaunâtre avec quelques taches noires. Elle est pourvue d'une haute crête dorso-caudale continue parsemée de mouchetures noires. Son corps est au moins aussi long que la très longue queue qui se termine en pointe souvent prolongée par un filament. Les doigts et les orteils sont longs et effilés.
Prairies du Fouzon (Loir et Cher), 1 m
22/05/2010
Larve
Elle est strictement aquatique. Ses trois paires de branchies sont externes.
Prairies du Fouzon (Loir et Cher), 1 m
05/06/2010
Larve mature
Progressivement, sa livrée devient celle de l’adulte. Elle atteint 50 à 80 mm en fin de métamorphose.
Prairies du Fouzon (Loir et Cher), 1 m
07/06/2010
Phase terrestre
La crête disparaît et devient presque impossible à voir. La peau reste verruqueuse et humide. La teinte générale est d'un noir profond : le dos est de couleur sombre, les flancs et la tête affichent des pointillés blancs ou clairs, et le ventre est ponctué de taches noires.
Le dessous de la queue orangé indique qu'il s'agit d'une femelle.
Marckolsheim
15/04/2011
Activité nocturne
Au stade larvaire, son activité est diurne mais elle devient nocturne après la métamorphose.
Villeherviers
20/06/2008
Peau verruqueuse et humide
La peau est verruqueuse et humide même en phase terrestre.
Villeherviers
20/06/2008
Rédacteur principal : Jean-Pierre COROLLA
Vérificateur : Gaël ROCHEFORT
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Michel KUPFER
Agence de l’eau Artois-Picardie, 2003, Partez à la rencontre de la biodiversité – Les amphibiens et les reptiles liés à l’eau du bassin Artois-Picardie, 34p.
Fasolo A.I., Andreone C., Vandesande F., 1984, Immunohistochemical localization of corticotropin-releasing factor (CRF)-like immunoreactivity in the hypothalamus of the newt, Tritus cristatus, Neuroscience Letters, 49, 135-142.
Ferracin A., Vitelli A., Guida S., Prosperi T., 1987, Thermal Behaviour of a Heterothermic Enzyme: A4 Lactate Dehydrogenase from Triturus cristatus, Biochemical Systematics and Ecology, 15(6), 695-698.
Pontecorvo G., De Felice B., Carfagna M., 1998, Variability of DNA methylation pattern in somatic and germ cells in male newt (Amphibia, Urodela) Triturus cristatus carnifex, FEBS Letters, 432, 77-81.
Weiserbs A., Jacob J.-P., 2005, Amphibiens et Reptiles de la Région de Bruxelles-Capitale, Aves & Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement, Bruxelles, 107p.
La page sur Triturus cristatus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN