Triton alpestre

Ichthyosaura alpestris | (Laurenti, 1768)

N° 506

Europe moyenne

Clé d'identification

Dos généralement de couleur gris bleu, ventre et gorge orange sans taches
Corps allongé de 8 à 9 cm, 13 cm pour la femelle
Pattes courtes, non palmées
Queue aplatie latéralement
Flancs du mâle marqués d’une ligne bleu ciel et petite crête jaune en période de reproduction

Noms

Autres noms communs français
Garde-fontaine (Jura)
Noms communs internationaux
Alpine newt (GB), Tritone alpino (I), Tritón alpino (E) Alpenmolch, Bergmolch (D), Alpenwatersalamander (NL)
Synonymes du nom scientifique actuel
Triton alpestris Laurenti, 1768
Triton wurfbainii Laurenti, 1768
Triturus alpestris alpestris (Laurenti, 1768)
Salamandra rubriventris
Daudin, 1803

Distribution géographique

Europe moyenne

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe

On le trouve dans toute l’Europe moyenne et méridionale, du sud de la péninsule scandinave au nord de l’Espagne et de l’Italie, jusqu’à la Grèce.
En France, il est surtout fréquent au nord, à l’est ainsi que dans les Alpes et le Massif Central.
Il est présent un peu partout en Belgique.

Biotope

Il affectionne tous les milieux proches d’un point d’eau, même artificiel : les eaux stagnantes des mares, étangs et marécages, les fossés et ruisseaux en forêt, mais aussi les anses calmes et les cuvettes des cours d’eau, surtout sur les plateaux et en moyenne montagne. Mais on le trouve aussi en plaine. Il fréquente ces points d’eau une grande partie de l’année.
La présence de végétation aquatique n’est pas un facteur déterminant.
En montagne, il préfère les zones ensoleillées. Il est présent dans les Alpes jusqu’à plus de 2000 m d’altitude.

Description

Le corps est assez trapu avec une tête un peu plus longue que large.
Le triton alpestre a un corps allongé de 8 à 9 cm, pour le mâle, plus petit. La femelle peut atteindre 13 cm.
La queue est aplatie latéralement.
Le dos, est généralement de couleur gris bleu avec un ventre et une gorge orange, parfois jaune, sans taches. Le dos de la femelle est marbré de vert foncé.
Les pattes, courtes, ne sont pas palmées et sont parsemées de taches noires arrondies.
La peau est lisse, finement granulée.
Pendant la période de reproduction, les deux sexes montrent un fort dimorphisme sexuel :
- le mâle présente une petite crête jaune tachée de noir, de la nuque à l’extrémité de la queue. Les flancs, marqués d’une ligne bleu ciel, sont blanchâtres, ainsi que l’extrémité de la queue, et tachés de noir. Le cloaque est très dilaté avec une fente allongée au centre.
- chez la femelle, plus terne, les marbrures dorsales sont plus marquées. Il n’y a ni crête dorsale, ni ligne bleue sur les flancs.

La larve ressemble à la larve de la salamandre mais elle :
- a des pattes plus fines ;
- n’a pas de taches claires à l’insertion des membres ;
- a une crête dorsale débutant au niveau des membres antérieurs.

Espèces ressemblantes

Triturus cristatus (Laurenti, 1768) triton crêté : plus grand (jusqu’à 16 cm pour la femelle), a le dos d’une même couleur brun noir, mais la face ventrale, jaune orange est ponctuée de taches noires.

Lissotriton helveticus (Razoumovsky, 1789) triton palmé : plus petit, généralement brun clair, avec une barre noire horizontale traversant l’œil. La gorge est de couleur chair, unie. Les mâles reproducteurs montrent des palmures noires caractéristiques aux orteils ainsi qu’un petit filet caudal noir.

Lissotriton vulgaris (Linnaeus, 1758) triton ponctué : de même taille, caractérisé par ses ponctuations arrondies noirâtres, présentes sur le dos, mais également sur la gorge et le ventre. La tête est rayée de lignes sombres.

Alimentation

Les adultes se nourrissent de petits insectes, de crustacés et de pontes et de têtards d’autres batraciens, mais aussi à terre, de vers, de limaces…
Les larves* se nourrissent de plancton*, d’insectes et de larves de petites tailles.

Reproduction - Multiplication

Entre la mi-février et mai, dès que le climat s'adoucit, les adultes migrent vers les sites de reproduction. Ils préfèrent les nuits humides et pluvieuses, et parcourent des distances de quelques dizaines à quelques centaines de mètres.
Dans l'eau, le mâle effectue une parade « en éventail » : il replie rapidement sa queue vers l'avant et du côté de la femelle afin de lui faire parvenir les « parfums » émis par son cloaque. Il n'y a pas d'étreinte : le mâle dépose sur le substrat un spermatophore* et ensuite la femelle le prend dans son cloaque et stocke les spermatozoïdes dans une poche appelée la spermathèque*.
Dans les semaines qui suivent l’accouplement, la femelle dépose, individuellement, environ cent cinquante œufs, gris-brun clair, sur des feuilles aquatiques. Souvent elle les emballe dans les feuilles pour mieux les protéger des prédateurs. De 1,5 à 1,7 mm de diamètre, ils éclosent après une à deux semaines.
Les larves sont alors longues de 7 à 8 mm. Munies de branchies, d’une queue se terminant brutalement et prolongée par une pointe en forme de dard, elles ont le dos de couleur sombre. Elles grandissent pour atteindre une taille de 40 à 50 mm lors de leur métamorphose en un juvénile terrestre.
En montagne, les larves ne se métamorphosent parfois que l’année suivante. Grâce à leur croissance (ralentie) pendant la période hivernale, elles atteignent une taille plus importante et on parle de néoténie* partielle.
La maturité sexuelle est atteinte à un âge compris entre 1 et 4 ans.
L’espérance de vie est de 7 à 10 ans.

Vie associée

En présence de poissons, une population de tritons alpestres peut se maintenir s'il s'agit de petits poissons (tels les épinoches) ou si le plan d'eau dispose de zones refuges à végétation abondante. Sinon, le triton est absent des étangs où abondent les poissons de grande taille.

Informations complémentaires

Ce triton peut se rencontrer en mars, pendant les migrations printanières, dès la tombée de la nuit, sur les routes proches des zones de reproduction.
Il restera dans l'eau pendant toute la période de reproduction, d’avril à juin, mais il peut y rester également une grande partie de sa vie.
Lors de plongées en France, des tritons alpestres ont été aperçus jusqu’à 7 mètres de profondeur.
Au cours de sa phase terrestre, il s’abrite parmi les racines ou sous une pierre, à proximité de l’eau.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Au niveau international :
Convention de Berne : Annexe III

Au niveau national :
France : Amphibiens et Reptiles protégés - Article 3
Belgique : Décret « Natura 2000 » du 6/12/2001 - espèce intégralement protégée

Origine des noms

Origine du nom français

alpestre : triton le plus abondant en montagne.

Origine du nom scientifique

Ichthyosaura : du grec [ichthyo] = poisson et du latin [saura] = lézard soit poisson-lézard.
alpestris : du latin [alpestris] = alpin, pour sa présence en montagne.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Amphibia Amphibiens Vertébrés tétrapodes caractérisés par deux stades distincts : un stade larvaire aquatique et un stade adulte en partie terrestre. Quelques formes tropicales apodes.
Sous-classe Lissamphibia Lissamphibiens Tous les amphibiens actuels.
Ordre Caudata Urodèles Amphibiens dont la queue ne disparaît pas après la métamorphose. Ce sont les tritons et les salamandres.
Famille Salamandridae Salamandridés
Genre Ichthyosaura
Espèce alpestris

Nos partenaires