Nudibranche de moins de 15 mm, de couleur blanche translucide
Appendices en forme de doigts (derrière les rhinophores et à côté des branchies)
Taches blanc opaque sur rhinophores, appendices digités, branchies, pied
Rhinophores annelés et blanc nacré sur les extrémités
Trois feuilles branchiales
Trapania pâle
Suite à la publication suivante : Paz‐Sedano S., Martín Álvarez J. F., Gosliner T.M., & Pola M., 2022. Reassessing North Eastern Atlantic‐Mediterranean species of Trapania (Mollusca, Nudibranchia). Zoologica Scripta, 51, 447-459, les espèces du genre Trapania ont été révisées.
En attendant validation par les sites de taxonomie de référence nous conservons les anciennes dénominations mais il semblerait que Trapania hispalensis et Trapania pallida soient désormais considérées comme des synonymes de Trapania lineata.
Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Ce nudibranche est commun sur les côtes de l'Atlantique Nord-Est, de l'Angleterre à l'Espagne. Il est fréquent en Bretagne (nord et sud).
Il semble, a contrario, être très rare en Méditerranée puisque jusqu'à récemment peu, voire aucune publication scientifique n'en faisait mention. Mais des photographes de DORIS avaient plusieurs fois surpris Trapania pallida sur la Côte d'Azur ! ... Et l'espèce a enfin, pour la première fois, été signalée en mer Ligure italienne en 2018 [Trainito & al 2018].
Cette espèce se trouve à faible profondeur (10 à 20 m), sur les fonds rocheux du littoral. On la rencontrera parmi les hydraires, les bryozoaires, sur des éponges (comme Myxilla rosacea) ou des gorgones (comme Leptogorgia sarmentosa) sur lesquels elle trouve des entoproctes, petits animaux vivant à leur surface, et dont ce nudibranche se nourrit.
Trapania pallida est une petite limace allongée, de 15 mm maximum, à la queue assez effilée. Sa couleur est blanc translucide (les organes sont visibles en transparence).
Sur la tête, les épais rhinophores* non rétractiles sont annelés. L'angle antérieur du pied se termine par 2 petits tentacules* en pointe.
Trapania pallida possède deux appendices caractéristiques en forme de doigt en arrière des rhinophores et deux autres en latéro-externe des branchies*.
Des taches blanc opaque sont clairement visibles sur la pointe des rhinophores, sur les excroissances digitées citées plus haut, sur les branchies, sur la ligne médiane et sur la partie postérieure du pied.
Le panache branchial est constitué de trois branchies en avant de la marge anale.
Les autres trapanies ressemblent beaucoup à cette espèce mais l'absence de couleurs autres que le blanc et la présence des appendices digités (derrière les rhinophores et à côté des branchies) permettent une identification fiable en faveur de Trapania pallida.
Ces trapanies, comme tous les nudibranches, sont des carnivores. Mais si Trapania pallida est souvent vue sur des hydraires, des éponges ou même des gorgones, ces organismes ne sont pas les proies du nudibranche. Trapania pallida se nourrit d'entoproctes (ou kamptozoaires). Ce sont de petits animaux minuscules, vivant en épibiontes* sur d'autres organismes, végétaux, hydrozoaires, spongiaires, gorgones... Notre trapanie blanche semble même préférer les entoproctes du genre Pedicellina ou Loxosomella. Ces animaux sont difficiles à voir à l'œil nu et le zoïde* a la forme d'une massue, avec un pédoncule fixé qui, s'évasant, devient calice portant tentacules et renfermant tous les organes.
L'animal est hermaphrodite* et la reproduction est sexuée par accouplement, en position tête-bêche, sur leur côté droit. En effet, le pore génital débouche sur le flanc droit de l'individu, derrière la tête. Durant le contact, les deux partenaires s'échangeront leurs gamètes mâles respectifs et chacun pourra ensuite aller pondre de son côté.
La ponte d'œufs blancs est en ruban.
Les rhinophores* sont les organes de perception chimique des nudibranches. C'est entre autre grâce à eux que l'animal perçoit son environnement, reconnaît la signature chimique de ses congénères ou ses proies.
Ces rhinophores sont également utiles à l'orientation car sensibles aux paramètres physiques, comme le sens des courants, la luminosité, la température, etc.
Les palpes buccaux et labiaux sont, eux, plus précisément destinés à un rapport de contact avec l'environnement.
L'animal, comme beaucoup de Mollusques Opisthobranches, possède dans le larynx une radula*, sorte de râpe dentelée mobile, munie de denticules acérés, qui lui sert à attaquer les zoïdes* lui servant de proies.
La structure de cette radula (nombre de rangées de dents, nombre de dents par rangée, nombre de denticules par dent, position de la cuspide*...), propre à l'espèce, est un élément de taxonomie déterminant.
Trapanie blanche : nom dérivé du nom scientifique et évoquant leur aspect très pâle avec des marques blanches.
Trapania : du grec [drepane] ou [drepanon], qui signifie "faux" (pour faucher) et fait référence aux extensions des rhinophores et des branchies qui ont la forme de faux.
Le nom de genre Trapania a été créé en 1931 par Alice Pruvot-Fol (et presque en même temps, MacFarland a créé Drepanida) pour remplacer le nom de genre Drepania Lafont 1874, qui était déjà utilisé en botanique et en paléontologie (Drepania Gregorio, 1930). Pour cela, la racine initiale (drepan-) a été conservée.
pallida : du latin [pallidus] = pâle, blême.
Numéro d'entrée WoRMS : 140046
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Goniodorididae | Goniodorididés | Corps de forme haute et trapue. Branchie dorsale. Présence de crêtes ou d'appendices sur ou autour du manteau, autour du panache branchial et des rhinophores. Rhinophores à lamelles sans gaines. |
Genre | Trapania | ||
Espèce | pallida |
Translucide avec des marques blanches
On peut distinguer ici les principales caractéristiques de Trapania pallida : le corps pâle translucide portant les marques blanches spécifiques et les excroissances digitées au niveau de la tête et du panache branchial.
Site de Bizeux, Saint-Malo (35), 12 m
29/07/2010
Vue arrière
Vue arrière de Trapania pallida. On distingue les extensions costales, à hauteur de l'orifice anal, bien visible ici, et des feuilles branchiales.
Le corbeau, Carantec (29), 15 m
18/07/2005
Tête
Ce plan sur la tête montre bien les épais rhinophores lamellés et flanqués d'une marque blanc opaque. Ils ne sont pas rétractiles. A l'avant du mufle, les tentacules buccaux, organes tactiles, sont eux aussi maculés de blanc sur leur terminaison.
Les Gorets, Golfe du Morbihan (56), 12 m
21/07/2008
Taches blanches
On distingue ici les épais feuillets branchiaux sur l'arrière du corps. Trapania pallida en possède trois.
Les rhinophores aussi sont bien visibles. Ce sont des organes des sens, principalement utiles à l'analyse chimique de l'environnement.
Les 4 pompes, Rade de Brest (29), 10 m
27/09/2008
Panache branchial
Vue rapprochée sur les feuillets branchiaux de Trapania pallida. Ceux-ci sont marqués de blanc opaque.
Cagnes-sur-mer (06), 28 m
31/01/2010
Transparence
L'aspect translucide du corps permet de distinguer une partie des viscères.
Site de Bezieux (sur la Rance), Saint-Malo (35), 10 m
29/07/2010
Reproduction
Ces deux trapanies blanches sont en train de se reproduire !
Elles se présentent chacune sur leur côté droit et semblent déjà avoir mis en contact leurs organes génitaux respectifs.
Chacune transmettra à son partenaire ses gamètes mâles et fécondera ses œufs au sein de son tractus interne, avant d'aller déposer sa ponte sur le substrat.
Site de Bizeux (Rance), Saint-Malo (35), 12 m
29/07/2010
Ponte
Cet individu breton est en train de pondre sur une éponge. Cette ponte rubanée montre des œufs blancs.
Aber Wrach, Finistère (29), 10 m
27/08/2008
Alimentation
Si l'on rencontre Tapania pallida sur divers organismes, comme ici sur une gorgone Leptogorgia sarmentosa (mais ce peut être sur des éponges, des hydraires, etc), cela ne signifie pas qu'elle se nourrit de cet organisme ! En fait, Trapania pallida se nourrit d'animaux minuscules, les Entroproctes (ou Kamptozoaires) qui vivent en épibiontes à la surface de ces divers organismes et qu'il est très difficile d'apercevoir à l'œil nu.
A noter : il s'agit ici, chose peu courante, d'une trapanie blanche méditerranéenne.
Cagnes-sur-mer (06), 28 m
30/01/2010
En quête de nourriture ?
Ce petit individu est probablement à la recherche de ses proies favorites. A moins qu'il en ait trouvé et soit en train de dîner...
La cale, Golfe du Morbihan (56), 12 m
16/07/2008
En Bretagne
Rassemblement de plusieurs individus sur les côtes du Finistère.
Aber Wrach, Finistère (29), 10 m
27/08/2008
En Méditerranée !
Probablement rare en mer Méditerranée, puisque les signalements sont à ce jour quasi inexistants dans les publications scientifiques, elle s'y trouve assurément puisque des photographes de DORIS l'y ont surprise !
Côte d'Azur, de nuit
18/01/2010
Dessin
Trapania pallida vue de dessus, avec les différents éléments reconnaissables, et notamment les extensions digitées.
Dessin
N/A
Rédacteur principal : Joël MEUDIC
Rédacteur : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Dominique HORST
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Gosliner T.M. & Fahey S.H., 2008, Systematics of Trapania (Mollusca: Nudibranchia: Goniodorididae) with descriptions of 16 new species, Systematics and Biodiversity, 6(1), 53-98.
Paz‐Sedano S., Martín Álvarez J. F., Gosliner T.M., & Pola M., 2022. Reassessing North Eastern Atlantic‐Mediterranean species of Trapania (Mollusca, Nudibranchia). Zoologica Scripta, 51, 447-459.
Trainito E., Fantin M., Furfaro G., 2018, Trapania pallida Kress, 1968 (Gastropoda, Nudibranchia): first record for Italian waters and new additional notes on its diet and on Mediterranean records, Studia Marina, 31(2), 32-37.
La page de Trapania pallida dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN