Sangsue-cygne noir

Trachelobdella lubrica | (Grube, 1840)

N° 4121

Atlantique Nord-Est et Est, Manche, Méditerranée et Indo-Pacifique

Clé d'identification

Petite sangsue, jusqu'à 3,5 cm
Petite ventouse à l'avant, grosse ventouse à l'arrière
Cou replié en "S" au repos et très fin lorsqu'il est étiré
14 paires de vésicules pulsatiles latérales
Le 1/4 postérieur en 3 mamelons très larges
Couleur vert sombre à brun-noir

Noms

Noms communs internationaux

Marine Leech (GB), Sanguisuga (I), Sanguijuela (E), Blutegel (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Pontobdella lubrica Grube,1840
Trachelobdella kolleri Diesing,1850
Trachelobdella muelleri (Diesing,1850)
Trachelobdella nigra Apathy,1888
Trachelobdella rugosa Moore,1898
Trachelobdella luederitzi (Augener, 1936)

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est et Est, Manche, Méditerranée et Indo-Pacifique

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

La sangsue-cygne noir est une espèce tropicale cosmopolite.
En Europe, elle aurait été signalée dans les îles Britanniques mais elle est surtout présente en Méditerranée.
Elle a également été trouvée dans l'Atlantique sur les côtes africaines (Maroc, Canaries, Afrique du Sud) et américaines (USA, zone caraïbe).
Dans l'Indo-Pacifique, elle est connue de mer Rouge, mer d'Oman, Australie, Japon et Hawaï. Elle est donc potentiellement présente dans les territoires français d'outremer en climat tropical.

Biotope

La sangsue-cygne noir est une espèce côtière qui vit généralement à faible profondeur où elle est parfois observée en plongée sous-marine. Elle se tient habituellement dans l'étage infralittoral* depuis la côte jusqu'à une cinquantaine de mètres de profondeur mais peut descendre jusqu'à -180 m dans l'Atlantique américain.

Description

La sangsue-cygne noir est de taille modeste ; elle mesure jusqu'à 3,5 cm de long. Au repos, elle ressemble à un cygne noir qui couve, d'où son nom commun. Le cou est replié en "S" (ou en "col de cygne) et se termine à l'avant par une toute petite ventouse (la "tête").
Le corps est irrégulier, boursouflé et se termine postérieurement par une grosse ventouse qui assure la fixation de l'animal sur le substrat*. Il n'y a pas de branchies* latérales visibles.
En position étirée, cette sangsue, dont le corps est arrondi, est très fine à son extrémité antérieure et devient progressivement plus large au niveau du milieu du corps, puis se termine très large à son extrémité postérieure (aspect ressemblant quelque peu à une tour Eiffel).
On trouve sur les flancs environ 14 paires de vésicules pulsatiles latérales. Pour les onze premières paires, ces vésicules pulsatiles (animées de pulsations, de contractions) ont une taille proportionnelle à celle du diamètre du corps où elles se trouvent, c'est-à-dire environ un quart à un cinquième de ce diamètre, animal étiré. A noter au niveau le plus large de la sangsue, une probable vésicule impaire (n° 12') dorsale.

On distingue habituellement cinq parties sur le corps des sangsues. Ainsi, chez Trachelobdella lubrica, on peut observer de l'avant vers l'arrière les secteurs suivants.
1. La ventouse orale est petite et représente en quelque sorte la "tête" de la sangsue. Son diamètre est environ deux fois plus grand que celui du cou. Il y aurait une paire de taches oculaires à son niveau mais celles-ci sont difficilement visibles in situ.
2. Le cou est très fin lorsqu'il est étiré. Il peut se plier en "S" lorsque l'animal est au repos.
3. Le clitellum*, ou région clitellidienne, n'est pas clairement différencié chez cette espèce ; les pores des conduits génitaux mâles et femelles s'ouvrent à ce niveau et sont séparés par un anneau.
4. La partie centrale et postérieure de la sangsue est plus ou moins cylindrique dans sa portion antérieure et d'un diamètre 2 à 5 fois plus important que celui du "cou". La partie la plus postérieure est encore plus large ; elle est constituée de trois imposants mamelons : un dorsal et deux latéraux. C'est principalement à ce niveau que se trouve le sang ingéré dans le tube digestif.
5. La ventouse postérieure est très grosse et sa frange très légèrement striée. Elle assure la fixation sur le substrat.

La sangsue-cygne noir adulte est de couleur presque uniforme, jaune-orange, beige, vert sombre, brun-noir ou café au lait.

Espèces ressemblantes

Plusieurs autres espèces de sangsues marines existent en France métropolitaine et sont observables en plongée, fixées sur des poissons.

  • La sangsue des raies Branchellion torpedinis est brune à noire et mesure 4 à 5 cm. Elle parasite divers élasmobranches (torpilles principalement mais aussi d'autres raies et requins). Cette espèce est très bien caractérisée par ses branchies foliacées* ondulantes sur les côtés du corps et sa forme de bouteille plate et noire au goulot étroit.
  • La sangsue des soles Hemibdella soleae mesure 5 à 10 mm. Elle ressemble à une petite limace noire et ronde dont le corps est cylindrique et plus fin à ses extrémités et qui présente un petit étranglement au tiers antérieur. La ventouse orale est toute petite et la ventouse anale forme une sorte de pince peu distincte. Sa couleur est d'abord jaune puis devient noire chez l'adulte.
  • La sangsue verruqueuse Pontobdella muricata est une grosse sangsue marine avec grosses ventouses et mesure 10 cm au repos et 20 cm étirée. Elle s'enroule en spirale au repos. Son corps est cylindrique, verruqueux et sa couleur est le plus souvent unie, brune, beige ou vert olive. Elle parasite principalement les raies.

Alimentation

La sangsue-cygne noir est hématophage* et se nourrit du sang de divers poissons côtiers. A l'arrivée sur l'hôte, la sangsue se fixe où elle peut sur la peau ou sur les yeux, puis gagne ensuite les branchies. Elle se nourrit en majorité sur les poissons les plus gros. Elle a été notée sur des poissons osseux très variés.
Citons par exemple le gobie paganel Gobius paganellus Linnaeus, 1758, la grande vieille Labrus bergylta Ascanius, 1767, le crénilabre-paon Symphodus tinca (Linnaeus, 1758), le bar commun ou loup Dicentrarchus labrax (Linnaeus, 1758), le corb commun Sciaena umbra L. 1758, la rascasse brune Scorpaena porcus Linnaeus, 1758, le chapon Scorpaena scrofa Linnaeus, 1758, la rascasse tachetée Scorpaena plumieri Bloch, 1789, la rascasse volante Pterois volitans (Linnaeus, 1758), le mérou couronné Epinephelus guttatus (Linnaeus, 1758), le mérou de Nassau Epinephelus striatus (Bloch, 1792), le sar à tête noire Diplodus vulgaris (Geoffroy Saint-Hilaire, 1817) et le rondeau des pâturages Archosargus rhomboidalis (Linnaeus, 1758).

Reproduction - Multiplication

Comme toutes les sangsues, la sangsue-cygne noir est hermaphrodite* et la fécondation* est interne. L'accouplement est en position tête-bêche. Le clitellum joue un rôle lors de la reproduction en produisant une sécrétion pour fabriquer le "cocon" (= l'enveloppe) où les œufs sont pondus et où les embryons se développent. Les œufs au nombre d'une centaine sont émis à partir d'un orifice de ponte situé sur le clitellum. L'adulte meurt après avoir pondu.
La jeune sangsue sort par un petit orifice latéral au cocon. Il n'y a pas de larves* : ce sont des sangsues juvéniles qui sortent des cocons.
En général, les jeunes sangsues marines sont peu pigmentées et ont un corps en partie translucide, laissant deviner les organes internes et les restes du bol alimentaire. C'est sans doute le cas de la sangsue-cygne noir.

Vie associée

Les sangsues en général ont peu de prédateurs et de parasites.

Origine des noms

Origine du nom français

Sangsue-cygne noir : le nom de sangsue vient du latin [sanguis] = sang et [sugo] = sucer. Quant au cygne noir, cela fait référence à la position de la sangsue au repos : elle ressemble à un cygne noir en train de couver.

Origine du nom scientifique

Trachelobdella : du grec [trachelo] = cou (une partie de la catapulte) ; et [bdella] = sangsue donc "sangsue à cou".

lubrica : du latin [lubricus] = glissant, lisse, poli, gluant.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Annelida Annélides

Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites.

Sous-classe Hirudinea Hirudinées / Achètes Annélides aquatiques, principalement d'eau douce, sans soies ni parapodes, mais possédant une ventouse postérieure et parfois une antérieure. Ectoparasites d'animaux aquatiques et de vertébrés terrestres.
Ordre Rhynchobdellida Rhynchobdelliformes

Sangsues sans mâchoires, à trompe dévaginable, marines ou d'eau douce. Appareil circulatoire différencié. Toutes sont aquatiques.

Famille Piscicolidae Piscicolidés

(syn. : Ichthyobdellidae) Corps cylindrique. Ventouse antérieure bien visible en forme de cloche. Habitats marins, parasites de poissons.

Genre Trachelobdella
Espèce lubrica

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