Petite sangsue, jusqu'à 3,5 cm
Petite ventouse à l'avant, grosse ventouse à l'arrière
Cou replié en "S" au repos et très fin lorsqu'il est étiré
14 paires de vésicules pulsatiles latérales
Le 1/4 postérieur en 3 mamelons très larges
Couleur vert sombre à brun-noir
Marine Leech (GB), Sanguisuga (I), Sanguijuela (E), Blutegel (D)
Pontobdella lubrica Grube,1840
Trachelobdella kolleri Diesing,1850
Trachelobdella muelleri (Diesing,1850)
Trachelobdella nigra Apathy,1888
Trachelobdella rugosa Moore,1898
Trachelobdella luederitzi (Augener, 1936)
Atlantique Nord-Est et Est, Manche, Méditerranée et Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge] La sangsue-cygne noir est une espèce tropicale cosmopolite.
En Europe, elle aurait été signalée dans les îles Britanniques mais elle est surtout présente en Méditerranée.
Elle a également été trouvée dans l'Atlantique sur les côtes africaines (Maroc, Canaries, Afrique du Sud) et américaines (USA, zone caraïbe).
Dans l'Indo-Pacifique, elle est connue de mer Rouge, mer d'Oman, Australie, Japon et Hawaï. Elle est donc potentiellement présente dans les territoires français d'outremer en climat tropical.
La sangsue-cygne noir est une espèce côtière qui vit généralement à faible profondeur où elle est parfois observée en plongée sous-marine. Elle se tient habituellement dans l'étage infralittoral* depuis la côte jusqu'à une cinquantaine de mètres de profondeur mais peut descendre jusqu'à -180 m dans l'Atlantique américain.
La sangsue-cygne noir est de taille modeste ; elle mesure jusqu'à 3,5 cm de long. Au repos, elle ressemble à un cygne noir qui couve, d'où son nom commun. Le cou est replié en "S" (ou en "col de cygne) et se termine à l'avant par une toute petite ventouse (la "tête").
Le corps est irrégulier, boursouflé et se termine postérieurement par une grosse ventouse qui assure la fixation de l'animal sur le substrat*. Il n'y a pas de branchies* latérales visibles.
En position étirée, cette sangsue, dont le corps est arrondi, est très fine à son extrémité antérieure et devient progressivement plus large au niveau du milieu du corps, puis se termine très large à son extrémité postérieure (aspect ressemblant quelque peu à une tour Eiffel).
On trouve sur les flancs environ 14 paires de vésicules pulsatiles latérales. Pour les onze premières paires, ces vésicules pulsatiles (animées de pulsations, de contractions) ont une taille proportionnelle à celle du diamètre du corps où elles se trouvent, c'est-à-dire environ un quart à un cinquième de ce diamètre, animal étiré. A noter au niveau le plus large de la sangsue, une probable vésicule impaire (n° 12') dorsale.
On distingue habituellement cinq parties sur le corps des sangsues. Ainsi, chez Trachelobdella lubrica, on peut observer de l'avant vers l'arrière les secteurs suivants.
1. La ventouse orale est petite et représente en quelque sorte la "tête" de la sangsue. Son diamètre est environ deux fois plus grand que celui du cou. Il y aurait une paire de taches oculaires à son niveau mais celles-ci sont difficilement visibles in situ.
2. Le cou est très fin lorsqu'il est étiré. Il peut se plier en "S" lorsque l'animal est au repos.
3. Le clitellum*, ou région clitellidienne, n'est pas clairement différencié chez cette espèce ; les pores des conduits génitaux mâles et femelles s'ouvrent à ce niveau et sont séparés par un anneau.
4. La partie centrale et postérieure de la sangsue est plus ou moins cylindrique dans sa portion antérieure et d'un diamètre 2 à 5 fois plus important que celui du "cou". La partie la plus postérieure est encore plus large ; elle est constituée de trois imposants mamelons : un dorsal et deux latéraux. C'est principalement à ce niveau que se trouve le sang ingéré dans le tube digestif.
5. La ventouse postérieure est très grosse et sa frange très légèrement striée. Elle assure la fixation sur le substrat.
La sangsue-cygne noir adulte est de couleur presque uniforme, jaune-orange, beige, vert sombre, brun-noir ou café au lait.
Plusieurs autres espèces de sangsues marines existent en France métropolitaine et sont observables en plongée, fixées sur des poissons.
La sangsue-cygne noir est hématophage* et se nourrit du sang de divers poissons côtiers. A l'arrivée sur l'hôte, la sangsue se fixe où elle peut sur la peau ou sur les yeux, puis gagne ensuite les branchies. Elle se nourrit en majorité sur les poissons les plus gros. Elle a été notée sur des poissons osseux très variés.
Citons par exemple le gobie paganel Gobius paganellus Linnaeus, 1758, la grande vieille Labrus bergylta Ascanius, 1767, le crénilabre-paon Symphodus tinca (Linnaeus, 1758), le bar commun ou loup Dicentrarchus labrax (Linnaeus, 1758), le corb commun Sciaena umbra L. 1758, la rascasse brune Scorpaena porcus Linnaeus, 1758, le chapon Scorpaena scrofa Linnaeus, 1758, la rascasse tachetée Scorpaena plumieri Bloch, 1789, la rascasse volante Pterois volitans (Linnaeus, 1758), le mérou couronné Epinephelus guttatus (Linnaeus, 1758), le mérou de Nassau Epinephelus striatus (Bloch, 1792), le sar à tête noire Diplodus vulgaris (Geoffroy Saint-Hilaire, 1817) et le rondeau des pâturages Archosargus rhomboidalis (Linnaeus, 1758).
Comme toutes les sangsues, la sangsue-cygne noir est hermaphrodite* et la fécondation* est interne. L'accouplement est en position tête-bêche. Le clitellum joue un rôle lors de la reproduction en produisant une sécrétion pour fabriquer le "cocon" (= l'enveloppe) où les œufs sont pondus et où les embryons se développent. Les œufs au nombre d'une centaine sont émis à partir d'un orifice de ponte situé sur le clitellum. L'adulte meurt après avoir pondu.
La jeune sangsue sort par un petit orifice latéral au cocon. Il n'y a pas de larves* : ce sont des sangsues juvéniles qui sortent des cocons.
En général, les jeunes sangsues marines sont peu pigmentées et ont un corps en partie translucide, laissant deviner les organes internes et les restes du bol alimentaire. C'est sans doute le cas de la sangsue-cygne noir.
Les sangsues en général ont peu de prédateurs et de parasites.
Sangsue-cygne noir : le nom de sangsue vient du latin [sanguis] = sang et [sugo] = sucer. Quant au cygne noir, cela fait référence à la position de la sangsue au repos : elle ressemble à un cygne noir en train de couver.
Trachelobdella : du grec [trachelo] = cou (une partie de la catapulte) ; et [bdella] = sangsue donc "sangsue à cou".
lubrica : du latin [lubricus] = glissant, lisse, poli, gluant.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Sous-classe | Hirudinea | Hirudinées / Achètes | Annélides aquatiques, principalement d'eau douce, sans soies ni parapodes, mais possédant une ventouse postérieure et parfois une antérieure. Ectoparasites d'animaux aquatiques et de vertébrés terrestres. |
Ordre | Rhynchobdellida | Rhynchobdelliformes | Sangsues sans mâchoires, à trompe dévaginable, marines ou d'eau douce. Appareil circulatoire différencié. Toutes sont aquatiques. |
Famille | Piscicolidae | Piscicolidés | (syn. : Ichthyobdellidae) Corps cylindrique. Ventouse antérieure bien visible en forme de cloche. Habitats marins, parasites de poissons. |
Genre | Trachelobdella | ||
Espèce | lubrica |
Au repos
Cette sangsue s'est fixée grâce à sa ventouse arrière. Elle a le cou en "S" et son allure globale ressemble à un cygne noir en train de couver. C'est cette position qui est à l'origine du nom commun : sangsue-cygne noir.
Agay (83), 6 m
31/03/2012
Sangsue étirée, en mouvement
Cette sangsue en déplacement allonge considérablement son cou !
Agay (83), 6 m
31/03/2012
Sangsue au repos
Sur cette vue, de face et plutôt de dessus, on peut voir de chaque côté de la sangsue différentes bosses qui sont en fait des vésicules pulsatiles.
Agay (83), 1 m
05/04/2015
Elle vient vers nous
La partie basale de la sangsue gluante est constituée de trois volumineux mamelons au sommet de chacun desquels on peut distinguer une vésicule pulsatile.
Agay (83), 6 m
31/03/2012
Vésicules pulsatiles
Tout le long du corps de la sangsue-cygne noir se trouvent des vésicules pulsatiles qui peuvent se gonfler plus ou moins, et jouer peut-être une fonction respiratoire semblable à des ébauches de branchies.
Agay (83), 1m et Agay (83), 6 m
Vincent MARAN
Dominique HORST
Pierre NOËL
5/04/2015 & 31/03/2012
Œufs frais
Détail de la ponte avec une centaine de "cocons" contenant chacun un œuf.
La couleur claire et l'absence d'embryon visible à l'intérieur indiquent qu'ils ont été fraîchement pondus. Les œufs sont reliés les uns aux autres et collés au substrat à l'aide d'une "colle" blanche.
Le point sombre correspond au "bouchon" qui servira d'orifice de sortie à la jeune sangsue au moment de l'éclosion.
Agay (83), 1 m
05/04/2015
Jeune sangsue
Noter la coloration beige-rosé plus claire que chez les adultes reproducteurs.
Les Vieilles, Anthéor (83)
3/8/2013
Spécimen de collection
Ce spécimen nommé Trachellobdella Mülleri gobii capitonis Diesing 1858, est considéré actuellement comme synonyme de Trachelobdella lubrica.
Il a probablement été gardé longtemps en liquide conservateur. Il a été trouvé sur les branchies d'un gobie paganel.
(inconnu)
Reproduction de documents anciens
Dessin ancien (1858)
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
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