Corps fusiforme, grandes écailles lisses (cycloïdes)
Nageoire adipeuse entre la dorsale et la caudale
Grande nageoire dorsale haute (étendard), irisée, surtout chez le mâle
Petite bouche infère
Pupille en pointe vers l’avant et cerclée d’or
Ombre de rivière, ombrette
Grayling (GB), Umbra, temolo (I), Tímalo (E), Äsche, Ombretta (D), Vlagzalm (NL)
Salmo thymallus (Linnaeus, 1758)
Thymallus vulgaris (Nilsson, 1832)
Thymallus vexillifer Fitzinger 1832
Europe, Asie occidentale
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeOriginaire du bassin du Danube, il est présent dans l’est de la France, en Europe centrale et en Angleterre. Il est absent d'Ecosse et d'Irlande.
Il a été introduit avec succès dans l’ouest de la France (Dordogne, Béarn) et dans quelques rivières du sud.
En Europe de l’Ouest, il est admis depuis Huet (1954) de définir 4 zones* longitudinales des cours d’eau. Elles portent le nom d’un poisson de l’amont vers l’aval : truite, ombre, barbeau, brême. On se base donc sur la dominance de certaines espèces et les facteurs déterminants sont la pente et surtout la température de l’eau.
La zone à ombres correspond à des rivières aux eaux fraîches et courantes, où cohabitent cependant la truite et le barbeau, le blageon et le vairon.
Les ombres sont présents souvent en groupe, sur les gravières et les zones de courants lisses et de fonds propres avec une végétation composée de renoncules aquatiques et de mousses Fontinalis sp.
La taille moyenne de l’ombre est de 35 cm pour 400 g (maximum 50 cm pour 1,5 kg).
Le corps, comprimé latéralement, est couvert de grandes écailles, dont certaines, pigmentées, dessinent des stries longitudinales, soulignées de taches noires.
La tête est petite, la bouche s’ouvre vers le bas. Le museau est fin, les yeux ont des pupilles en pointe vers l’avant et cerclées d’or.
Le signal distinctif de l’espèce est la nageoire dorsale longue et haute, soutenue par une vingtaine de rayons souples. L’ensemble forme, sur près du quart de la longueur du poisson, un étendard irisé de coloration violette à pourpre, appelé aussi vexille.
Le pédoncule caudal est fin, surmonté par la nageoire adipeuse caractéristique des Salmonidés.
Remarque : l’espèce appartient à la sous-famille des Thymallinés qui ne ressemble en rien à celle des Salmoninés (truites et ombles) mais bien plus à un Cyprinidé (chevaine, vandoise) d'où la possibilité de confusion.
- Thymallus arcticus (Pallas, 1776) en Finlande et Grand Nord,
- Thymallus brevirostris (Kessler, 1871) en Mongolie,
- Thymallus grubii (Dybowski, 1869) dans le bassin de l’Amour,
- Thymallus nigrescens (Dorogostaiski, 1923) au Kosogol (Russie),
- Thymallus tugarinae (Knizhin, et al. 2007) en Russie et Amour aval.
Au total, 15 espèces et sous-espèces recensées. Pas de confusion possible, dans la mesure où ces espèces ne sont pas dans les zones DORIS.
Petites proies : insectes, larves et adultes, crustacés, vers et petits mollusques prélevés sur le fond ou capturés en dérive (gobages sur les éphémères et trichoptères).
Plus âgé, il lui arrive de consommer des petits poissons : juvéniles et vairons, de façon exceptionnelle.
Elle a lieu au printemps, juste après le dégel, contrairement à celle de la truite qu’on observe en plein hiver.
Les adultes matures (3 ans et plus de 32 cm), remontent le courant des rivières pour chercher leurs frayères dans les zones riches en hauts fonds de gravier à courant rapide.
Les mâles sont reconnaissables à leur coloration presque noire et à leur étendard largement déployé. Ils entrent en compétition pour isoler une femelle, puis s’accoupler lors de la parade nuptiale. Le mâle recouvre le dos de la femelle de sa nageoire dorsale. Le couple, par de violents mouvements de leur partie caudale, creuse le substrat de graviers et émet les ovules et la laitance. Plusieurs phases de ponte se succèdent en présence d’autres mâles qui tentent de participer à la fécondation des 600 à 8000 ovules (suivant la taille de la femelle).
Les œufs sont jaunes et mesurent 3 mm. Ils restent à l’abri sous les graviers pendant une vingtaine de jours, dans une eau d’environ 10 °C, aux mois d’avril – mai, selon le régime de la rivière.
A l’émergence, les alevins mesurent de 15 à 20 mm, leur vésicule vitelline est petite. Puis ils gagnent les bordures de rive pour se nourrir.
La croissance est très rapide et à la fin de l’automne, les ombrets atteignent 15 à 18 cm.
La durée de vie peut atteindre 5 ans, rarement plus.
Les populations des bassins du Rhin, du Rhône, de la Loire sont différentes génétiquement.
La reproduction en pisciculture est possible mais les alevinages entre bassins versants sont à éviter (cf. spécificités génétiques).
Le colmatage des fonds par les dépôts polluants et le développement d’algues sont à l’origine de la réduction des populations partout en Europe.
Chaque année, après la fraie, des poissons malades sont marqués de taches blanches de champignons parasites, le Saprolegnia (Siphomycètes). L’évolution est presque toujours mortelle. L’origine se situe dans la contamination par blessures au cours des efforts de creusement du substrat, souvent colmaté par des dépôts de pollution ou des vases toxiques.
Les populations d’ombres souffrent des effets des travaux hydrauliques, des modifications apportées au lit des rivières qui perturbent le régime thermique : les barrages, les recalibrages et les extractions de granulats.
La tendance est à la remontée vers les têtes de bassin où les étiages et les réchauffements estivaux sont moins marqués.
Communautaire :
Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe V
International :
Convention de Berne : Annexe III
De portée nationale :
Poissons protégés : Article 1
Espèce classée vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées en France. Peut bénéficier de mesures de protection de biotopes (frayères).
Sa pêche est soumise à des quotas de prélèvement et à une taille minimale de capture, par Arrêté Préfectoral.
Ombre : du latin [umbra] = poisson de couleur sombre en allusion à la couleur presque noire des mâles en période de reproduction.
Thymallus rappelle le nom de genre du thym et fait référence à l’odeur de thym que possède le mucus du poisson.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Protacanthopterygii | Protacanthoptérygiens | |
Ordre | Salmoniformes | Salmoniformes | |
Famille | Salmonidae | Salmonidés | |
Genre | Thymallus | ||
Espèce | thymallus |
Grande nageoire dorsale irisée
La nageoire dorsale longue et haute est soutenue par une vingtaine de rayons souples. L’ensemble forme, sur près du quart de la longueur du poisson, un étendard irisé de coloration violette à pourpre.
Rivière Loue (25), 1,5 m, de nuit
05/10/2004
En aquarium
Le corps, comprimé latéralement, est couvert de grandes écailles, dont certaines, pigmentées, dessinent des stries longitudinales, soulignées de taches noires.
Aquarium du muséum de la Citadelle, Besançon (25)
06/2009
De nuit
Les ombres sont présents, souvent en groupe, sur les gravières et les zones de courants.
Rivière Doubs (franco-suisse), Les Graviers, 2 m, de nuit
18/06/2009
Etendard ou vexille
Cette photo montre l'étendard irisé de coloration violette à pourpre appelé aussi vexille. Le pédoncule caudal est fin, surmonté par la nageoire adipeuse caractéristique des Salmonidés.
Rivière Doubs (franco-suisse), Les Graviers, 2 m, de nuit
18/06/2009
Planche naturaliste
Marcus Élieser Bloch, 1783, ALLGEMEINE NATURGESCHICHTE DER FISCHE, TOME 1
Cette image fait partie de Biodiversity Heritage Library
N/A
Reproduction de documents anciens
1783
Rédacteur principal : Jean-Pierre HEROLD
Vérificateur : Michel KUPFER
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Michel KUPFER
Hérold J.-P., 1998, Les Poissons : le point sur les espèces disparues et nouvelles au cours des 19 e et 20 e siècles en Franche Comté, Bulletin de la Société d'Histoire Naturelle du Doubs, 87, 63-72.
Huet M., 1954, Biologie, profil en long et en travers des eaux courantes, Bulletin Francais de Pisciculture, 175, 41-53.
MNHN, UICN, Soc. Française d’ichtyologie, ONEMA (Partenariat), 2009, La liste rouge des espèces menacées en France métropolitaine. Site internet : uicn.fr/liste rouge
La page de Thymallus thymallus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page sur Thymallus thymallus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase