Crevette de petite taille (max 2,5 cm), de couleur orangée à brune
Trois taches dorsales plus ou moins blanchâtres, la première composée de deux parties liées
Gros points de même couleur que les taches dorsales sur les flancs et sur la queue
Abdomen redressé verticalement et s'agitant souvent de manière saccadée
Crevette Thor, crevette Thor d'Amboine, crevette sexy
Squat anemone shrimp, Thor shrimp, Amboin shrimp, humpbacked shrimp, sexy shrimp, dancing shrimp (GB), Thor-Garnele, Holzkreuz-Garnele, Buckelgarnele (D), Camaron Thor (E)
Hippolyte amboinensis de Man, 1888
Indo-Pacifique et Atlantique Est
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCette espèce est assez commune dans le domaine indo-pacifique et probablement l'Atlantique Est (Canaries, Madère...).
Il manque pour l'heure (09/2021) d’éléments scientifiques patents pour être assurés de sa présence dans l'Atlantique central (Ascension, Ste-Hélène...).
Elle est absente de l'Atlantique Ouest (et donc des Antilles françaises) où elle est remplacée par Thor dicaprio.
La crevette Thor vit entre 1 et 30 mètres, le plus souvent cachée parmi les tentacules urticants des anémones qui l’accueillent.
Pour la voir, il faut chercher sous le panache tentaculaire des anémones hôtes, près du pédoncule. En général, on trouve plus d'un individu par anémone. On cite également en tant qu'hôtes des scléractiniaires à gros polypes et des gorgones.
Crevette de petite taille, de 0,5 à 2,5 cm de long.
L'ensemble du corps est généralement orange mais on peut rencontrer des individus bruns, gris ou verdâtres.
La partie dorsale porte 3 taches blanches, parfois marbrée de rose grisé et cerclée d'une fine ligne brune, bleutée ou iridescente.
- La première tache se trouve au début du céphalothorax*, derrière les pédoncules* oculaires. Elle semble composée de 2 lobes car largement incisée antérieurement et postérieurement sur sa partie médiane. Le motif obtenu fait un peu ressembler cette grosse tache bilobée à une palourde ouverte.
- La seconde tache dorsale, de même couleur que la première et en forme de selle*, se trouve sur l'abdomen.
- La troisième forme un anneau sur la queue, en avant du telson.
Dans certaines populations (Pacifique central, Galápagos...), il est possible de trouver des formes de taches un peu différentes de cette description, qui correspond aux individus provenant de l'Indo-Ouest Pacifique et de l'Atlantique Est, mais les différences sont ténues.
Il y a également plusieurs gros points de même couleur, blanche à marbrée, sur les côtés et sur la queue : à l'avant, une grosse tache qui flanque de chaque côté, parfois même coalescente, la "palourde ouverte", au niveau du céphalothorax. Derrière à même hauteur, un gros point isolé marque le côté en avant de la selle.
Les antennes sont courtes, avec des flagelles non rayés.
Les yeux blancs sont saillants de chaque côté de la tête, à l'extrémité de pédoncules orange marqués d'un point blanc en face postérieure.
L'abdomen (pléon*) est redressé verticalement, avec un mouvement de balancier de la queue (ce qui, associé à son agitation permanente, telle une danse, lui vaut les surnoms anglais de "sexy shrimp" ou "dancing shrimp").
Jusqu’à récemment, on ne considérait, pour ces crevettes à abdomen relevé, qu'une seule espèce pantropicale : Thor amboinensis. Mais cela s'est révélé, depuis [Anker & Baeza 2021], être un complexe de plusieurs espèces cryptiques.
Dans l'océan Atlantique Ouest (de la Floride au Brésil en passant par la mer des Caraïbes et donc les Antilles françaises), l'espèce T. amboinensis est remplacée par une espèce très ressemblante :
Cette crevette est probablement omnivore et se nourrit des restes de nourriture de l'anémone avec laquelle elle vit.
De même, elles les débarrassent de petits parasites ou bactéries, comme par exemple des Protozoaires ciliés (mais elles ne sont pas considérées comme des "nettoyeuses").
Il est également envisageable que les tissus ou le mucus des anémones servent de nourriture à ces crevettes symbiotiques, sans réel dommage pour l'hôte.
Le mode de reproduction exact n'est pas encore connu. On peut néanmoins reconnaître les femelles adultes, plus grandes que les mâles qui atteignent au maximum 1,5 cm.
La crevette Thor vit en association avec plusieurs anémones de grande taille, dans lesquelles elle trouve refuge à la moindre alerte : par exemple l'anémone adhésive Cryptodendrum adhaesivum, l'anémone de Haddon Stichodactyla haddoni, l'anémone des Galápagos Telmatactis panamensis, Phlyctenanthus australis, probablement Heteractis magnifica dans l'Indo-Pacifique... Dans l'Atlantique Est, elle a été rencontrée dans l'anémone américaine Telmatactis cricoides ainsi qu'Anemonia viridis (ex-sulcata).
Elle peut cohabiter avec des crevettes du genre Periclimines sur la même anémone.
Cette espèce a également déjà été rencontrée dans du corail mou ou des oursins-diadèmes.
Le plus souvent, les crevettes Thor restent sur le substrat* près de la périphérie des tentacules de l'hôte ou bien protégées près de la colonne de l'anémone, sous les tentacules. On peut également les trouver près du centre du disque buccal ou encore perchées sur la colonne, juste sous la couronne de tentacules.
Plusieurs études ont montré que lorsqu'elles sont en contact avec les tentacules de l'anémone, les crevettes peuvent être dans une certaine mesure protégées des nématocystes, peut-être après une période d'acclimatation.
Dans l'Atlantique Est, les études de Wirtz (1997) ont noté à l'observation que le contact entre la crevette et les tentacules n'avait pas provoqué de réactions d'alimentation de la part de l'anémone.
Les crevettes Thor vivent souvent à plusieurs individus dans la même anémone. Difficiles à distinguer en raison de leur petite taille et de leur mimétisme, on les repère néanmoins à leur nombre et à leurs déplacements rapides entre les tentacules de l'anémone.
Crevette Thor : l'espèce porte le nom de son genre et met ainsi en valeur le dieu nordique Thor.
Thor : Thor est le très populaire Dieu du tonnerre (de l'orage, de la fertilité...) dans la mythologie scandinave. Il est toujours armé d'un marteau de guerre à manche court, appelé Mjöllnir, avec lequel il crée la foudre. C'est sans doute cet accessoire l'identifiant qui a motivé le choix du nom de genre. En effet, on peut associer à l'arme magique de Thor la position relevée et agitée de l'abdomen de la crevette, tel un marteau qui menace de frapper.
En septembre 2021, le genre Thor contient 16 espèces valides.
amboinensis : qui vient d'Amboine.
L'île indonésienne d'Ambon, parfois encore appelée Amboine en français et Amboina en indonesien, est une petite île, toute en longueur (51 km) située dans le nord de la mer de Banda et qui fait partie d'une chaîne circulaire d'îles volcaniques, dans l'archipel des Moluques. Ambon, d'une surface de 775 km², et est composée de montagnes et de vallées fertiles. La ville principale de l'île s'appelle également Ambon et elle est la capitale de la province des Moluques.
Numéro d'entrée WoRMS : 107534
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Caridea | Caridés | Les Caridés sont caractérisés par des pléopodes natatoires. C'est à ce groupe qu'appartiennent une grande partie des espèces de crevettes. |
Famille | Hippolytidae | Hippolytidés | |
Genre | Thor | ||
Espèce | amboinensis |
Position caractéristique
Voila la position caractéristique de la crevette de Thor, "queue en l'air", qui empêche généralement de la confondre avec toute autre crevette.
Détroit de Lembeh, Sulawesi nord, Indonésie, 20 m
06/04/2010
Couleur jaune verdâtre
La couleur de cet individu est plus jaune verdâtre, moins orange ou brune que généralement.
Philippines, 10 m
26/02/2011
A La Réunion, de nuit
La couleur de cette crevette réunionnaise est assez surprenante, avec une livrée tirant franchement sur le vert ! Il semblerait que ce soit une pigmentation liée à la nuit.
Côte ouest de La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT, de nuit
Frédérique & Sébastien VASQUEZ
23/03/2015
En bande
Les crevettes de Thor logent souvent à plusieurs dans une même anémone et l'on peut donc les rencontrer en bande dans les alentours du cnidaire. On compte sur ce cliché six individus mais il y en avait bien plus qui vaquaient à proximité.
Archipel des Bangka, Sulawesi Nord, Indonésie, 15 m
11/04/2010
Aux Philippines
Voici la crevette de Thor, toujours dans son attitude caractéristique, photographiée aux Philippines, sous son anémone.
Moalboal (Philippines), 5 m
10/02/2008
Dans le sud-est de l'Indonésie
Individus surpris sur Pantar, dans l'archipel d'Alor, sud-est de l'Indonésie.
Pantar, archipel d'Alor, Petites îles de la Sonde, Indonésie, 3 m
14/04/2008
Rédacteur principal : Alain-Pierre SITTLER
Rédacteur : Alain GOYEAU
Responsable historique : Alain GOYEAU
Responsable historique : Anne PROUZET
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Anker A., Baeza J.A., 2021, Thor dicaprio sp. nov., a new, conspicuously coloured shrimp from the tropical western Atlantic, with taxonomic remarks on the T. amboinensis (De Man, 1888) complex (Decapoda: Caridea: Thoridae), Zootaxa, 5039(4), 495–517.
Wirtz P., 1997, Crustacean symbionts of the club-tipped sea anemone Telmatactis cricoides at Madeira and the Canary Islands, Journal of Zoology, 242, 799–81.
La page de Thor amboinensis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN