Trumpet animalcules (GB), Animálculos trompeta (E), Trompetentierchen (D), Trompetdiertjes (NL)
Cosmopolite des eaux douces et saumâtres
Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-OuestLe genre Stentor est cosmopolite des eaux douces et saumâtres.
En France, on rencontre le plus souvent :
Les Stentors pullulent dans les mares, les étangs et les cours d'eaux tranquilles. On les trouve également dans les eaux saumâtres du littoral comme les mangroves.
Ils sont présents sur presque tous les substrats immergés, mais de préférence sur les feuilles et les racines des plantes aquatiques, sur les algues filamenteuses, sur les crustacés (sur les parties de la carapace qui ne peuvent pas être nettoyées par les pattes ou les pinces) et sur les gastéropodes.
Ils font partie des tous premiers colonisateurs de nouveaux substrats, par exemple du bois récemment tombé dans l'eau.
En plongée
Le genre Stentor regroupe un grand nombre d'espèces de petite taille, maximum 2 mm, dont le corps est en forme de trompette très contractile fixée au substrat* par le petit bout (= l'extrémité postérieure). Elles sont capables de s'en détacher et prennent alors une forme arrondie, ovoïde ou piriforme de moins d'un millimètre.
Ces espèces peuvent vivre en grandes colonies ayant l'aspect d'un feutrage bleu, noir, vert, jaune ou brun. On les trouve, par exemple, sur la surface inférieure d'une feuille de nénuphar.
Au microscope
L'extrémité antérieure forme un entonnoir (= la cavité orale ou péristome*) au bord couvert de cils qui, comme chez les vorticelles, crée un vortex qui génère un flux vers la bouche, apportant les micro-organismes dont le stentor se nourrit. Doué d'une grande faculté d'extension, il prend alors cette forme de trompe utilisée au Moyen-Âge pour célébrer les faits d'armes. On peut observer de nombreuses vacuoles* digestives tout le long de ce cilié.
Les différentes espèces sont généralement assez faciles à maintenir en culture ; cela facilite grandement l'observation des différents caractères utiles à l'identification spécifique (allure générale, forme du macronoyau, pigmentation, péristome...).
Le stentor bleu Stentor coeruleus Ehrenberg, 1830 : le corps est large (la largeur du péristome vaut le 1/3 de la longueur du corps en extension) et peut atteindre 2 mm de long ; la couleur bleu verdâtre est due à un pigment protéique photorécepteur (la stentorine) particulièrement abondant chez cette espèce et qui lui permet de vivre dans des milieux peu éclairés. Cette espèce est photophobe*.
Le stentor noir Stentor niger (O.F. Müller, 1773) Ehrenberg, 1831 : la couleur sombre est due à des petits grains violets.
Le stentor de Roesel Stentor roeseli Ehrenberg, 1835 : le corps est étroit et peut atteindre de 0,5 à 1 mm de long ; le péristome peut largement s'ouvrir ; peu coloré ; le macronoyau ressemble à une ligne de perles ou à une tige ; présence de cils sur le corps.
Le stentor vert Stentor polymorphus (O.F. Müller, 1773) Ehrenberg, 1830 : le corps est cylindrique sur l'essentiel de sa longueur et peut atteindre 1 à 2 mm de long ; incolore ou de couleur verte due à la présence d'algues microscopiques symbiotiques (les zoochlorelles*) ; le péristome est large mais pas très ouvert ; le macronoyau ressemble à une ligne de perles (de 5 à 20 nodules) ; environ 50 rangées de cils sur le péristome ; pas de cils sur le corps.
Vorticellidae Ehrenberg, 1838 (Famille) : les colonies forment une couche généralement grisâtre sur les végétaux ; les Vorticellidés sont plus petits que les Stentors et ne dépassent guère 1 mm ; leur corps est en forme de clochette au bout d'un pédoncule fixé au substrat par son extrémité inférieure ; ils sont capables d'une contraction en "ressort".
Les cils vibratiles battent l'eau et créent un tourbillon qui entraîne des bactéries et de très petits flagellés vers l'orifice buccal où d'autres cils les attendent pour les transporter dans le système digestif.
Comme toutes les espèces de Ciliés (animaux unicellulaires), les stentors possèdent deux noyaux :
Reproduction par mitose
C'est le principal mode de reproduction : l'individu se sépare en deux dans le sens de la longueur (division longitudinale). Le micronoyau se divise, suivi de l'étirement en deux du macronoyau. Ce processus reproductif peut avoir lieu jusqu'à six fois par jour.
Reproduction par conjugaison
La conjugaison est un phénomène différent de la fécondation. Elle intervient en général lors de conditions environnementales défavorables.
Ce qui suit est une explication très simplifiée. Deux individus s'accolent l'un à l'autre. Il n'y a pas de fusion de noyaux, mais échange réciproque de matériel génétique des micronoyaux. Le résultat, le syncaryon (ou noyau de conjugaison) reforme ensuite un nouveau macronoyau. Le bilan démographique est nul (deux cellules donnent deux cellules) mais le patrimoine génétique est réorganisé.
L'espérance de vie va de quelques heures à plusieurs semaines.
Certaines espèces vivent en symbiose* avec des algues vertes microscopiques (les zoochlorelles).
Les stentors sont souvent trouvés dans les colonies du bryozoaire victorelle timide Victorella pavida.
Les stentors sont parmi les plus grands organismes unicellulaires.
La concentration en sel à l'intérieur de leur cellule est plus élevée que celle de l'eau environnante. L'eau douce entrée dans leur corps par osmose* est stockée dans une vacuole* contractile permettant son évacuation.
Ils sont capables de se déplacer en nageant grâce à leur ciliature corporelle et à leur frange adorale (= frange de cils vibratiles situés prés de la bouche). Ils décollent leur pôle pédieux (équivalent d'un pied) du substrat et contractent le corps. La nage peut être antérieure (vers l'avant) ou s'inverser vers le pôle postérieur (vers l'arrière). A l'état libre, ils restent contractés et nagent jusqu'à trouver un endroit où se fixer.
Pour vérifier la validité des espèces, en particulier en cas de description d'espèce nouvelle, les systématiciens utilisent parfois la méthode des greffes : deux individus accolés ne survivent que s'ils appartiennent à la même espèce. A contrario, s'il y a mortalité, les espèces sont distinctes.
Francisation du nom de genre.
Stentor : au siège de Troie, Stentor était un héros grec à la voix puissante et était le premier à s'être servi du coquillage d'une conque en guise de trompette.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Ciliophora | Ciliés | Organismes unicellulaires eucaryotes (possédant un ou plusieurs noyaux) munis de flagelles, cils ou organes ciliés. Ils vivent en eau douce, saumâtre ou salée, modes de vie très variés. Certains sont photosynthétiques. |
Sous-embranchement | Ciliata | Ciliés | Eucaryotes unicellulaires couverts de cils vibratiles au moins à un moment de leur cycle. Formes libres nageuses, fixées avec pédoncule, coloniales ou parasitaires. Non photosynthétiques mais parfois des endosymbiontes pourvus de chloroplastes. |
Classe | Heterotrichea | Hétérotrichées | |
Ordre | Heterotrichida | Hétérotrichides | |
Famille | Stentoridae | Stentoridés | |
Genre | Stentor | ||
Espèce | sp. |
Identification
Le genre Stentor regroupe un grand nombre d'espèces de petite taille, maximum 2 mm, dont le corps est en forme de trompette fixée au substrat.
Lac de Cantin (Douai), 8 m
18/01/2014
Individu
L'extrémité antérieure forme un entonnoir au bord couvert de cils qui, comme chez les vorticelles, crée un vortex qui génère un flux vers la bouche, apportant les micro-organismes dont le stentor se nourrit. On peut observer de nombreuses vacuoles* digestives tout le long du corps.
Il pourrait s'agir ici de Stentor cf. coeruleus.
Carrière du Cornet (Tournai - Belgique), 2 m
1978
Forme de trompe de héraut d'armes
Doué d'une grande faculté d'extension, il prend alors cette forme de trompe utilisée au moyen-âge pour célébrer les faits d'armes.
Il pourrait s'agir ici de Stentor cf. polymorphus.
En aquarium
2011
Colonie
Ces espèces peuvent vivre en grandes colonies ayant l'aspect d'un feutrage bleu, noir, vert, jaune ou brun.
Pays-Bas
31/08/2005
Sensible à la lumière
Une partie des individus de cette colonie s'est rétractée en réaction à la lumière émise par lampe du plongeur.
Carrière d'Opprebais (Belgique), 12 m
27/09/2018
Sur un mollusque
Le doigt donne l'échelle de la taille de ce petit mollusque qui porte une colonie de Stentor sp. sur sa coquille.
Lac d'Orient (10), 2 m
04/07/2010
Le stentor bleu Stentor coeruleus
La couleur bleu verdâtre est due à un pigment protéique photorécepteur (la stentorine) particulièrement abondant chez cette espèce et qui lui permet de vivre dans des milieux peu éclairés.
Au microscope
18/01/2014
Planche naturaliste
Haeckel E, KUNSTFORMEN DER NATUR, 100 TAFELN MIT TEXT. Cette image fait partie de Kurt Stübers Online Library
N/A
Reproduction de documents anciens
1900
Rédacteur principal : Jean-Pierre COROLLA
Vérificateur : Pierre NOËL
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Michel KUPFER
Chanet B., 2010, Organisation & Diversité du Monde Animal, Cahiers d'Anatomie Comparée, 1(1), 14-16.
Delphy J., in Perrier R., 1936, La Faune de la France en tableaux synoptiques illustrés - Coelentérés, Spongiaires, Echinodermes - Sous-règne des Protozoaires, Librairie Delagrave éditeur, Paris, tome IA: PZ. 1- PZ. 95.
Tartar V., 1961, THE BIOLOGY OF STENTOR, Pergamon Press, 413p.