Crevette épineuse, jusqu’à 7 cm
Couleur uniforme jaune ou orangée
Antennes blanches 3 fois plus longues que l’animal
Grosses pinces au niveau de la 3e paire de pattes
Dans les fissures profondes et les grottes
Crevette cavernicole, crevette épineuse, crevette nettoyeuse, crevette nettoyeuse de poissons, crevette orange, crevette sténopus
Orange shrimp, golden coral shrimp, spiny shrimp, Mediterranean boxer shrimp, golden shrimp (GB), Alifantozza rossa, gambero meccanico (I), Camarón espinoso (E), Mittelmeer-Scherengarnele (D), Camarão-espinhoso (PT)
Byzenus scaber Rafinesque, 1814
Stenopus scaber (Rafinesque, 1814)
Atlantique Est et Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]On trouve cette espèce dans l’Atlantique oriental tempéré et tropical, entre 40° N et l’équateur : Portugal, Madère, Açores, Canaries, Maroc, Cameroun, Congo, et dans toute la Méditerranée : mer d’Alboran, côtes de France (Nice est la station type), Adriatique, mer Ionienne, mer Egée, bassin du Levant.
Les signalements anciens de mer Rouge sont erronés et correspondent à une autre espèce.
Stenopus spinosus se rencontre à des profondeurs comprises entre 1,5 m et 690 m. A faible profondeur, cette crevette se trouve toujours sur des fonds durs. Pendant la journée, elle est cachée dans les fentes, les fissures, les interstices des gros galets, les grottes, les trous à congre ou à murène, le coralligène, les récifs profonds, les zones à corail rouge. La nuit, elle peut s’aventurer à découvert à proximité de sa cachette.
Dans les zones profondes non accessibles aux plongeurs, elle a été signalée sur des fonds meubles (ou bien elle pourrait y habiter dans des terriers ?).
Cette crevette est relativement grosse et peut atteindre 75 mm de longueur. Le rostre* est droit et aussi long que la moitié de la carapace* ; il est muni de huit à treize dents dorsales et de cinq à neuf dents ventrales.
La carapace et le reste du corps sont couverts d’épines dirigées vers l’avant. Sur les trois derniers segments de l’abdomen on trouve des rangées transversales de petites épines ou "spinules".
Les yeux portent une couronne de spinules. Les antennules et les antennes sont très longues (jusqu’à trois fois la longueur du corps). La troisième paire de pattes est très développée et constitue les pinces principales. Les pinces de la première et deuxième paires de pattes sont beaucoup plus petites.
L’animal a une couleur générale assez uniforme, jaune, orangée ou rouge doré, légèrement transparente ; la moitié postérieure de l’éventail caudal est rouge avec la partie centrale (telson*) blanche. Les antennes sont blanches (orangées à la base). Les grosses pinces sont orangées-opaques, avec les doigts blancs.
Les œufs sont jaunes.
De par son allure générale, ses grosses pinces à la 3e paire de pattes, sa coloration et son habitat, cette espèce ne peut être confondue avec aucune autre en plongée en France.
En zone tropicale, il existe d’autres espèces du même genre comme par exemple Stenopus hispidus.
Huit espèces de Sténopodidés appartenant à d’autres genres se rencontrent en Europe. La quasi-totalité de ces espèces ne sont connues que par quelques rares spécimens de petite taille (10 à 20 mm) provenant de profondeurs bien supérieures à celles fréquentées par les plongeurs (de 330 à 1 721 m). Seule Odontozona addaia Prerus, 1990 trouvée dans une grotte à 5 m aux Baléares peut éventuellement être rencontrée en plongée.
C'est une crevette nettoyeuse de poissons. Elle pourrait donc consommer des ecto-parasites et des desquamations qu’elle va chercher sur la peau des espèces nettoyées, ainsi que les restes de repas de ces mêmes poissons. Elle est également signalée comme pouvant errer la nuit et consommer des organismes libres comme vers, larves, mollusques, et crustacés.
Peu de données sont disponibles : en Méditerranée, on signale des femelles ovigères* d’avril à novembre. Elles portent leurs œufs sur les pléopodes* (appendices abdominaux) jusqu’à l’éclosion des larves.
Le premier stade larvaire est de grande taille, a un rostre relativement long, et des épines dorsales sur les segments abdominaux 3, 5 et 6. Il y a au moins cinq stades zoé* planctoniques avant la métamorphose. La morphologie des juvéniles n’est pas bien connue.
Comme les crevettes monégasques (Lysmata seticaudata) et les grands bouquets (Palaemon serratus), les crevettes cavernicoles jaunes se rencontrent souvent dans les mêmes trous, ou à proximité immédiate des congres (Conger conger) et des murènes (Muraena helena) qui les tolèrent. Les observations de crevettes cavernicoles jaunes effectivement en position ou en action de nettoyage sont rares.
Le sar commun (Diplodus sargus) a fait l’objet d’une observation d’une crevette en position de nettoyage à l’avant du poisson, tout comme l'apogon rouge (Apogon imberbis).
Occasionnellement, la crevette cavernicole jaune a été observée et photographiée à proximité d’autres espèces comme la castagnole (Chromis chromis), ou le faufré noir (Grammonus ater) sans qu’une relation privilégiée soit réellement établie.
La biologie de cette espèce est assez mal connue. C'est un animal lent et maladroit, semblant vulnérable à découvert. De jour elle est cachée ; de nuit, elle peut s’aventurer à l’entrée de son repaire. Animal plus ou moins grégaire : il n’est pas rare d’avoir plusieurs individus dans la même fissure (couples ?). Ces crevettes tiennent souvent les pinces largement écartées en demi-cercle et relevées en avant (d’où le nom anglais « boxer shrimp ») ; elles se tiennent souvent sur les parois ou "à l’envers’’ sur les plafonds des grottes ou des fissures.
Cette espèce était considérée à tort, comme rare. Dans la mesure où elle a des mœurs crépusculaires ou nocturnes, les plongeurs l’observent souvent, surtout la nuit. Elle semble particulièrement commune sur les côtes de Provence-Côte d’Azur. Il convient d’éviter une trop forte fréquentation des grottes qu’elle affectionne tout particulièrement. En effet, les grottes sont des milieux sensibles qu'il faut ménager et respecter.
Crevette cavernicole jaune se réfère à la fois à l’habitat dans les grottes et à sa couleur habituelle.
Stenopus : du grec [steno] grêle, étroit, fin et [pous] pied : ce nom fait référence aux pattes fines de cette crevette.
spinosus : (latin) signifie épineuse.
Numéro d'entrée WoRMS : 107721
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Stenopodidea | Sténopodides | Les Sténopodidés sont proches des Caridés, mais leur 3ème paire de chélipèdes est bien plus grande. La carapace est souvent épineuse. Espèces nettoyeuses de poissons. |
Famille | Stenopodidae | Sténopodidés | |
Genre | Stenopus | ||
Espèce | spinosus |
Crevette nettoyeuse-coiffeuse sur murène chauve !
Photo prise de jour. Les scènes de nettoyage sont rarement photographiées, mais ici, pas de doute, la crevette est en pleine action !
Sec du Langoustier, Porquerolles (13), 20 m
06/11/2005
Position typique
Remarquer les grandes pinces de la 3e paire de pattes, dirigées vers l’avant et écartées en demi-cercle.
Les Lecques, Les Canonniers (06), 4 m, de nuit
30/08/2008
A l'envers
La crevette cavernicole se tient souvent "à l'envers", au plafond des grottes où elle s'abrite.
Remarquer à l'arrière-plan la crevette monégasque (Lysmata seticaudata).
Les Rosiers (13), 20 m, de nuit
08/12/2002
De face
Cette crevette de taille respectable mesurait environ 20 cm, pattes comprises !
Marseille (13), 10 m
18/01/2007
Femelle ovigère
Sur cette femelle ovigère en vue latérale, remarquer les épines du rostre et les organes internes visibles par transparence dans le céphalothorax : estomac, ovaire.
Cap d’Antibes (06), 19 m, de nuit
19/08/2007
Sortie nocturne
La crevette cavernicole jaune est casanière le jour. La nuit, il lui arrive d’explorer les environs de son repaire, la voici ici en prospection sur le coralligène voisin.
Cadaquès (Espagne), de nuit
04/04/2007
Avec une murène
Cette crevette cavernicole jaune semble apprécier la compagnie d’une co-locataire, une belle murène !
La Ciotat, les tunnels de la Madrague
03/09/2006
Crevette et sar commun
Le sar commun (Diplodus sargus) est très clairement une espèce nettoyée ! Préférant nager en eau libre de jour, il est capable comme ici de se rapprocher des grottes et des plafonds pour se faire nettoyer.
Antibes (06), 4 m, de nuit
23/06/2005
Côté Atlantique
Sur cette crevette photographiée aux Açores, remarquer les pinces sur les 3 premières paires de pattes, et la coloration de l'éventail caudal, rougeâtre avec le telson (partie centrale) plus clair. Le reste de la pigmentation est nettement plus jaune que chez les spécimens méditerranéens.
Terceira, Açores (Portugal), 10 m
01/10/2008
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Vérificateur : Anne PROUZET
Responsable régional : Anne PROUZET
González Pérez J. A., 1995, Catálogo de los crustáceos decápodos de las Islas Canarias. Gambas. Langostas. Cangrejos. Publicaciones Turquesa S. L., Santa Cruz de Tenerife, 1-282.
Holthuis L. B., 1946, The Stenopodidae, Nephropsidae, Scyllaridea and Palinuridae. Part I. Biological results of the Snellius Expedition, XIV, Temminckia, 7, 1-178.
La page de Stenopus spinosus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN