Corps élancé, fusiforme, presque cylindrique
Longueur standard = 3,7 à 4,7 fois la hauteur du corps
Longueur de la tête supérieure à la hauteur du corps
Bouche très pointue et très protractile
Tache noire rectangulaire sur les flancs
Coloration très variable (jeunes et femelles à dos grisâtre et flancs argentés)
Jarret, gavaron, gavaroun, garou ou garon, chouscle, smaris vulgaire, zerrula et zeru futtone (en Corse)
Picarel (GB), Zerro, giarrettu (I), Caramel, picarel, jerret (E), Gerret pàmfil (Catalan), Pikarel, Schnauzen-Pikarelle, Smaris (D), Marida (GR)
Sparus smaris Linnaeus, 1758
Maena smaris (Linnaeus, 1758)
Smaris smaris (Linnaeus, 1758)
Sparus alcedo (Risso, 1810)
Smaris alcedo (Risso, 1810)
Spicara alcedo (Risso, 1810)
Smaris vulgaris Valenciennes, 1830
Smaris gracilis Bonaparte, 1836
Smaris maurii Bonaparte, 1836
Méditerranée, Atlantique proche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Présent dans toute la Méditerranée, en mer Noire et au sud de la mer d’Azov. On le trouve également dans l’Atlantique Est depuis les côtes du Portugal jusqu’au Maroc, aux îles Canaries et à Madère.
Spicara smaris est un poisson marin des eaux côtières, généralement présent entre 15 et 170 m, mais il peut remonter dans les 5 m et il est signalé jusqu’à 328 m en mer Ionienne. Il s’approche du bord pendant la belle saison et s’en éloigne en automne quand l’eau se refroidit.
Le jour, les picarels forment généralement des bancs importants, nageant en pleine eau, au dessus d’herbiers, de fonds sableux ou vaseux et quelquefois de fonds rocheux. La nuit, ils se dispersent pour se tenir immobiles sur le fond en adoptant une livrée nocturne.
Le picarel mesure de 8 à 20 cm. Les femelles, plus petites, ont une longueur maximale de 15 cm, alors que les mâles peuvent atteindre 20 cm et plus rarement 25 cm.
Son corps a une forme oblongue, légèrement comprimée latéralement. Il est longiligne, sa hauteur est contenue 3,7 à 4,7 fois dans sa longueur standard (sans la queue) et représente 17 à 20 % de sa longueur totale (avec la queue).
Sa tête est plus longue que la hauteur du corps. Sa bouche très pointue peut par moment former un tube grâce à une mâchoire supérieure très protractile*. Les mâchoires portent des petites dents villiformes* et parfois de petites dents vomériennes*.
Le museau et la région interorbitaire sont nus, le reste de la tête et du corps étant couverts d’écailles faiblement cténoïdes*. L’opercule* est dépourvu d’épine.
La ligne latérale* est continue de l’arrière de l’œil jusqu’à la caudale. Elle porte de 75 à 81 écailles.
Le picarel a une seule nageoire dorsale comprenant 11 ou 12 épines et 10 à 12 rayons mous. Le bord supérieur de cette nageoire est presque continu, sans encoche entre les 2 types de rayons. La nageoire anale comporte 3 épines et 8 à 10 rayons mous. Les pelviennes ont une épine et 5 rayons. La caudale est fourchue.
Sa coloration est très variable en fonction de l’âge, du sexe, de la saison et elle change entre jour et nuit. Le dos est gris bleu, gris jaune, gris brun à brun rougeâtre ; les flancs et le ventre sont argentés. Une tache rectangulaire noire est généralement présente sous la ligne latérale vers l’extrémité de la nageoire pectorale. Cette tache est moins marquée chez certains individus et la nuit.
Les jeunes sont moins colorés, avec un dos noirâtre, un ventre argenté. Les flancs montrent des bandes verticales légères et irrégulières et les nageoires ne sont pas colorées de jaune.
Les adultes, et surtout les mâles, présentent sur la partie supérieure du corps et le milieu des flancs 7 à 8 lignes horizontales alternativement bleues et jaunes et parfois des bandes verticales plus sombres, peu marquées, terminées en fourche sous la dorsale. La nageoire anale est ornée de bandes bleues et jaunes, les nageoires dorsale et caudale étant moins colorées.
Le mâle en livrée nuptiale a un corps un peu plus haut, brillamment coloré, avec des ponctuations et des lignes horizontales bleues discontinues sur la tête et les flancs, ainsi que sur les nageoires qui sont de plus liserées de bleu.
Le picarel ressemble beaucoup à l’autre espèce du genre Spicara : la mendole Spicara maena, au corps plus haut et moins longiligne avec une tête d’une longueur inférieure à la hauteur du corps et dont le dos est gris bleuté, verdâtre.
Le picarel guetteur, Centracanthus cirrus Rafinesque, 1810, est un poisson plus rarement rencontré en plongée. Il a un corps longiligne et un museau pointu mais il se distingue de Spicara smaris par l’absence de la tache rectangulaire noire et par sa nageoire dorsale très échancrée entre rayons épineux et rayons mous.
Spicara smaris se nourrit de zooplancton* et de petits invertébrés benthiques* (mollusques, crustacés, vers...).
Hermaphrodite*, protogyne*, Spicara smaris d’abord femelle atteint la maturité sexuelle vers 2 ans, puis devient mâle à 3 ans.
Lors de la période de reproduction, en fin d’hiver et au printemps (février à mai et quelquefois de juillet à septembre en mer Noire) un grand nombre d’individus se rassemblent sur le sable en bordure d’herbiers. Les mâles en livrée nuptiale creusent, en tournant et à l’aide de leur caudale, des nids en forme de cuvette. Commence ensuite une parade ; le mâle va attirer une des femelles nageant au dessus du nid et l’inciter à pondre au centre de celui-ci. Une femelle produit, selon sa taille, entre 2 000 et 12 000 ovules. Après avoir fécondé les œufs, le mâle restera sur le nid pour les ventiler, les protéger et chasser les intrus tels que girelles et serrans. A la fin de la période d’incubation, les mâles perdent leurs belles couleurs et se réunissent en bancs pour aller se nourrir.
Selon J-G. Harmelin, les frayères de picarels peuvent réunir des milliers de nids côte-à-côte.
Prédateurs : parmi les poissons le chapon Scorpaena scrofa et le poisson-lézard rayé Synodus saurus.
Parasites internes : divers nématodes dont Ascaris sp. et Philometra spicarae.
Parasites externes : anilocres.
Les plus vieilles femelles peuvent avoir 4 ans et les plus vieux mâles 6 ans.
Le genre Spicara a posé des problèmes aux systématiciens pour décrire les espèces à cause en particulier de colorations variables. Le nombre d’espèces décrites avait largement augmenté après Linné mais, depuis 1950, des études ont prouvé qu’une simplification était possible et même, en 1971, par l’étude des cristallins, que ce genre ne comprenait sans doute que deux espèces locales S. maena et S. smaris.
Le genre Spicara a changé de famille. Auparavant dans les Centracanthidés, il se trouve maintenant dans celle des Sparidés. Notons qu'en 2021 WoRMS place encore la famille dans les Centracanthidés. A suivre...
Pêche et utilisation : le picarel fait l’objet de pêche artisanale, sportive et de prises accessoires de la pêche semi-industrielle.
Présent sur les marchés locaux, sa chair est plus ou moins appréciée car elle a un goût particulier et elle est riche en arrêtes comme celle des autres espèces de sa famille.
Le picarel est commercialisé frais, réfrigéré ou en conserve. Jusqu’à une époque récente il était souvent conservé séché et fumé. Il est surtout consommé en friture ou dans les soupes de poisson.
À l'époque romaine, le picarel était utilisé pour la fabrication du garum, un condiment très apprécié à Rome, obtenu par macération du poisson entier avec ses viscères dans une forte quantité de sel. Le garum entrait dans la composition de nombreux plats.
Picarel : dérivé de l’ancien occitan provençal [picar] = piquer, lui-même dérivé du latin. Ce nom serait lié au fait que, sur la côte languedocienne, ce poisson était embroché sur un fil de fer pour être séché (F. Mistral).
Spicara : du latin [spica] = épi, pointe, [spicare] « équipé de pointes » (du fait de la forme de sa bouche ou des nombreux rayons de ses nageoires ?) ;
smaris : du latin [smaris] lui-même dérivé du grec, désignant un petit poisson de mer à mauvais goût (Ovide 1er siècle).
Numéro d'entrée WoRMS : 126830
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Famille | Sparidae | Sparidés | Une seule dorsale, corps ovale et comprimé, queue fourchue. |
Genre | Spicara | ||
Espèce | smaris |
Profil
Le corps du picarel a une forme oblongue, légèrement comprimée latéralement. Il est longiligne, sa hauteur est contenue 3,7 à 4,7 fois dans sa longueur standard (sans la queue) et représente 17 à 20 % de sa longueur totale (avec la queue).
La Ciotat (13), île Verte, 22 m
13/09/2019
Mâle en livrée nuptiale
Le mâle en livrée nuptiale a un corps un peu plus haut, brillamment coloré, avec des ponctuations et des lignes horizontales bleues discontinues sur la tête et les flancs, ainsi que sur les nageoires qui sont de plus liserées de bleu.
Cap d'Antibes (06), 15 m
29/04/2012
Mâle reproducteur
Superbe cliché de mâle reproducteur. On observe la tache noire rectangulaire sur les flancs ainsi que la nageoire dorsale à bord supérieur droit, presque continu.
Cap d'Antibes (06), 15 m
29/04/2012
Rassemblement de mâles reproducteurs
Lors de la période de reproduction, en fin d’hiver et au printemps (février à mai) un grand nombre d’individus se rassemblent sur le sable en bordure d’herbiers. Les mâles en livrée nuptiale arrivent les premiers.
Cap d'Antibes (06), 15 m
29/04/2012
Etrange paysage
L'arrivée sur une zone de nidification de picarels révèle un paysage très étrange, formé de figures géométriques.
Calzarellu (2A), 48 m
29/03/2016
Sur les nids
Les mâles de picarels ont réalisé chacun un nid et un très grand nombre de nids peuvent être côte à côte sur une surface sableuse profonde.
Calzarellu (2A), 48 m
29/03/2016
Surveillance
Chaque mâle, avec sa parure nuptiale, surveille jalousement son nid et empêche ses voisins ainsi que les autres poissons d'y pénétrer.
Calzarellu (2A), 48 m
29/03/2016
En banc au-dessus des posidonies
Le jour, les picarels forment généralement des bancs importants, nageant en pleine eau, au dessus d’herbiers, de fonds sableux ou vaseux et quelquefois de fonds rocheux.
Cassis (13)
06/04/2015
Livrée nocturne
Sur fond sableux ou vaseux, la nuit le picarel a généralement des couleurs moins vives avec souvent des barres verticales (en Y ou en fourche) plus sombres. La tache noire rectangulaire est peu ou pas visible.
Cagnes sur Mer (06), 7 m
13/08/2008
Variation nocturne des couleurs
Les couleurs peuvent changer fortement et assez rapidement au cours de la nuit.
Kas (Turquie), le Phare, 10 m
03/10/2007
Marbrures nocturnes
En bordure de rochers, avec des barres verticales, très marquées, se terminant en fourche sous la nageoire dorsale et des points en lignes longitudinales.
Kas (Turquie), le Phare, 10 m
03/10/2007
Livrée nocturne plus discrète
Avec barres verticales et tache rectangulaire noire à peine visible, sur un fond de sable coquillier grossier.
Antibes (06), Fourmigue, 25 m, de nuit
14/08/2007
Parasité
Le picarel comme beaucoup d’autres poissons peut être parasité par des anilocres.
Antibes (06), 13 m, de nuit
14/08/2005
Gravure ancienne
Cette gravure est extraite de l'Histoire Naturelle des Poissons de Cuvier et Valenciennes. Elle provient de la Biodiversity Heritage Library.
N/A
Reproduction de documents anciens
1830
Rédacteur principal : Claude WACQUANT
Vérificateur : Véronique LAMARE
Responsable régional : Véronique LAMARE
Parenti P., 2019, An annotated checklist of the fishes of the family Sparidae, Fishtaxa, 4(2), 47-98.
Pollard D.A., Pichot P., 1971, The systematic status of the Mediterranean centracanthid fishes of the genus Spicara, and in particular S. chryselis (Valenciennes), as indicated by electrophoretic studies of their eye-lens proteins, J. Fish. Biol., 3, 59-72.
Pollard D.A., Pichot P., 1972, Identification des espèces du genre Spicara par électrophorèse des protéines du cristallin, Rev. Trav. Inst. Pêches marit., 36(1), 5-14.
La page sur Spicara smaris sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Spicara smaris dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN