Grand requin de 4 m à 4,5 m de longueur moyenne
Première dorsale très haute et falciforme
Seconde dorsale à la verticale de la nageoire anale
Nageoires pelviennes incurvées
Tête aplatie élargie latéralement
Bord antérieur de la tête presque rectiligne, une seule encoche médiane peu marquée
Yeux et narines situés aux extrémités latérales de la tête
Requin-marteau, marteau, maillet, poisson pantouflier (Antilles), sorosena
Great hammerhead shark, great hammerhead, hammerhead shark, squat-headed hammerhead shark (GB), Tiburón martillo gigante, martillo gigante, cornuda gigante, cornuda, el tiburón, guardia civil, pez martillo, tiburón (E), Großer Hammerhai (D), Grande squale martello, pesce martello maggiore (I)
Zygaena mokarran Rüppell, 1837
Zygaena dissimilis Murray, 1887
Sphyrna ligo Fraser-Brunner, 1950
Circumtropical
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● CaraïbesLa distribution du grand requin-marteau est circumtropicale* : cette espèce fréquente les mers et océans entre les latitudes 40° N et 35° S. Certaines populations migrent vers les pôles en été.
Le grand requin-marteau fréquente :
Le grand requin-marteau est une espèce tropicale semi-océanique que l'on peut rencontrer près des côtes. Il vit à des profondeurs comprises entre la surface et 100 m, avec un maximum à 300 m. C'est un migrateur solitaire parcourant de longues distances, fréquentant les plateaux continentaux, les zones côtières des plateaux insulaires, les atolls et récifs coralliens.
Le grand requin-marteau est le plus grand des requins-marteaux, mesurant environ 4 m à 4,5 m. Certaines femelles peuvent atteindre 6 m de longueur totale (6,10 m pour la plus grande femelle observée) et un poids de 500 kg.
Ce requin a la forme caractéristique des requins-marteaux avec une tête aplatie élargie latéralement, la largeur de la tête mesurant 23 à 27 % de la longueur totale de l'animal. Les yeux et narines sont situés aux extrémités latérales de la tête. Les yeux sont circulaires, il n'y a pas de spiracles*. Le bord antérieur de la tête est presque droit, peu festonné, avec une seule encoche médiane peu marquée. La bouche est largement arquée. Chez les juvéniles, le bord de la tête est légèrement incurvé et devient rectiligne avec l'âge.
Son corps, fusiforme et robuste, est gris à gris-brun sur le dos et les
flancs, foncé ou clair selon les individus. Le ventre est blanc.
La première nageoire dorsale est très haute et falciforme. L'apex* est arrondi, la bordure antérieure est convexe, la bordure postérieure concave. La base débute légèrement à l'arrière de l'aisselle des nageoires pectorales et se termine devant le début des nageoires pelviennes. A l'arrière, la nageoire forme une "pointe libre" (voir le schéma joint) dont la longueur est environ le quart de la longueur de la nageoire.
La seconde nageoire dorsale, la nageoire anale et les nageoires pelviennes ont des bords postérieurs très incurvés (concaves). La seconde nageoire dorsale est située à la verticale de la nageoire anale, sa hauteur est le tiers de la hauteur de la première dorsale. Sa bordure antérieure est légèrement convexe, l'apex arrondi. A l'arrière, la nageoire forme une pointe libre mesurant environ la moitié de la longueur de la nageoire. L'extrémité de la seconde nageoire dorsale peut être sombre chez les juvéniles.
La nageoire caudale est de grande taille, dissymétrique avec un lobe supérieur plus développé. L’apex est pointu et
délimite un angle aigu.
Le grand requin-marteau peut être confondu avec Sphyrna lewini, le requin-marteau halicorne, et Sphyrna zygaena, le requin-marteau commun.
S. lewini et S. zygaena sont moins grands avec une longueur maximale de 3,5 m. Le bord antérieur de leur tête est courbe avec des échancrures marquées chez S. lewini. Leur première nageoire dorsale est moins haute que celle de S. mokarran. L'origine de la seconde dorsale est située au milieu de la nageoire anale.
Chez S. lewini, les dents ont des pointes obliques alors qu'elles sont très dentelées chez S. mokarran.
Les requins-marteaux sillonnent le fond à la recherche de leur nourriture. Balançant la tête de droite et de gauche, ils repèrent leurs proies enfouies dans le sable grâce aux organes sensoriels (ampoules de Lorenzini*) qui couvrent le dessous de leur large tête aplatie, sensibles aux vibrations et à de très faibles impulsions électriques. Ce sont des chasseurs nocturnes et opportunistes. Ils se nourrissent essentiellement de grands poissons osseux, de requins, de grandes raies détectées dans le sable (contre le venin desquelles ils sont immunisés), mais également de crabes, calmars, poissons-coffres, ... Cette espèce ne semble pas être dérangée par les épines ou les dards venimeux de ses proies, et on trouve parfois des épines incrustées dans sa cavité buccale.
A Rangiroa (Polynésie française), le plat favori du grand requin-marteau serait la raie-léopard Aetobatus ocellatus.
Le grand requin-marteau est un prédateur d'une grande efficacité. Sa tête droite et aplatie lui permet d'effectuer des virages très serrés. Son champ de vision est proche de 360° et il peut voir au-dessus et en dessous de lui. Il possède d'excellentes capacités olfactives.
Le grand requin-marteau est vivipare*. Le mâle possède une paire de ptérygopodes* qui transmettent le sperme jusqu’au cloaque de la femelle, un seul ptérygopode à la fois étant utilisé. Les œufs se développent dans le cloaque de la femelle, et au bout d'une gestation de 9 à 12 mois, la femelle met bas 12 à 42 petits, complètement formés, mesurant entre 50 et 70 cm de longueur. La femelle se reproduit un an sur deux. Dans l’hémisphère nord les naissances ont lieu à la fin du printemps ou en été, dans l’hémisphère sud en décembre ou janvier. Les parents ne s’occupent pas de leur progéniture.
Les mâles sont matures lorsqu'ils atteignent une taille comprise entre 2,25 m et 2,69 m, et les femelles lorsqu'elles atteignent une taille comprise entre 2,10 m et 3 m, soit un âge compris entre 5,5 et 8,3 années.Le grand requin-marteau est accompagné des espèces vivant près des grands pélagiques comme les poissons-pilotes et les rémoras. Il bénéficie du service des crevettes nettoyeuses et de certains poissons le débarrassant de ses parasites.
Le grand requin-marteau est l’espèce la plus grande et la plus longévive* de la famille des Sphyrnidés. Il peut vivre jusqu'à 44 ans.
Les dents antérieures ont des cuspides* robustes modérément longues. Elles sont triangulaires et denticulées. Les dents postérieures, généralement munies d'une pointe aiguë et dure, sont non carénées et molariformes*.
Espèce dangereuse ?
Cette espèce est considérée comme potentiellement dangereuse pour l’homme. Cependant, très peu d'attaques ont pu lui être attribuées avec certitude à cause de la difficulté à identifier les différentes espèces de requins-marteaux entre elles. Une étude parue récemment sur les attaques de requins en Nouvelle-Calédonie entre 1958 et 2020 fait état de 67 attaques de requins. Sphyrna mokarran serait responsable de l'une d'entre-elles.
Espèce nomade
S. mokarran ne forme pas de rassemblements comme d'autres espèces de la famille des Sphyrnidés, (Sphyrna lewini par exemple). C'est un migrateur des régions tropicales à travers le monde, parcourant les plateaux continentaux. Une étude publiée en 2011 fait état d'un individu ayant parcouru 1200 km en 62 jours, depuis la côte du sud de la Floride (États-Unis) jusqu’au milieu de l’Atlantique au large de la côte du New Jersey (États-Unis).
Espèce en danger
L’espèce a été
classée en 2018 sur la Liste rouge de l’UICN* dans la catégorie CR, soit
"En danger critique d'extinction" au niveau mondial, avec une tendance
de la population au « déclin » et un « risque très élevé
d’extinction ».
Le grand requin-marteau souffre de la surexploitation à cause de ses grandes nageoires (la dorsale et la caudale) qui font l'objet d'un commerce lucratif. Mais la viande, l'huile du foie, la peau, le cartilage et les mâchoires sont également prisés. Par ailleurs, fréquentant les eaux côtières, il est fréquemment victime des prises "accessoires" lors des pêches le long des plateaux continentaux. Sa croissance lente et sa longue période de gestation associées à un taux de capture élevé constituent une grave menace pour la survie de l'espèce.
Estimer précisément le déclin de sa population n'est pas aisé, car les espèces du genre Sphyrna sont difficiles à distinguer les unes des autres. Ainsi, les tendances d'abondances sont estimées à partir des données des taux de captures pour le complexe formé des 3 espèces S. mokarran, S. lewini et S. zygaena : un rapport de la CMS (Convention on the Conservation of Migratory Species of Wild Animals) datant de 2014 fait état de fortes baisses de la population de ces requins, allant de 60 à 99 %. Plusieurs organisations proposent d'inscrire le grand requin-marteau à l'annexe II de la CMS (les États de l'aire de répartition de l'espèce sont chargés de mettre en œuvre des mesures visant le rétablissement de celle-ci), voire à l'annexe I (la convention interdit tout prélèvement d'espèces inscrites sur cette annexe).L'espèce est protégée dans certains pays comme les Bahamas ou bien en Polynésie française.
C'est de son large museau aplati évoquant une tête de marteau (ou plutôt de maillet) et de sa grande taille que le grand requin-marteau tient son nom.
Sphyrna : du grec [sphyrna], traduit en français par « marteau
», se rapporte à la forme de la tête de ce requin
mokarran : mot arabe signifiant « grand »
Numéro d'entrée WoRMS : 105817
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Elasmobranchii | ||
Sous-classe | Neoselachii | Néoselaciens | |
Ordre | Carcharhiniformes | Carcharhiniformes | Requins de fond. |
Famille | Sphyrnidae | Sphyrnidés | Tête ample en forme de marteau, comprimé dans le sens dorso-ventral et fortement développé latéralement. |
Genre | Sphyrna | ||
Espèce | mokarran |
En balade aux Bahamas
Une tête aplatie élargie latéralement, yeux et narines aux extrémités latérales de la tête, caractérisent les requins-marteaux. Chez Sphyrna mokarran le bord antérieur de la tête est presque droit, peu festonné, avec une seule encoche médiane peu marquée. La première nageoire dorsale est très haute et falciforme.
Ile de Bimini, les Bahamas, 12 m
29/11/2018
Le plus grand des requins-marteaux
Rencontre avec un grand requin, mesurant environ 4 m à 4,5 m, au corps fusiforme et robuste, gris à gris-brun sur le dos et les flancs.
Ile de Bimini, les Bahamas
02/2015
Vu du dessous
La bouche est largement arquée. Le bord antérieur de la tête est presque droit, peu festonné, avec une seule encoche médiane peu marquée.
Ile de Bimini, les Bahamas, 12 m
29/11/2018
Proche de la surface
Le grand requin-marteau est une espèce pélagique que l'on peut également rencontrer près des côtes.
Ile de Bimini, Bahamas
02/2015
En compagnie du requin-nourrice de l'Atlantique
Comme les requins-nourrices, les requins-marteaux sillonnent le fond à la recherche de leur nourriture. Ce sont des chasseurs nocturnes et opportunistes.
Ile de Bimini, les Bahamas, 12 m.
29/11/2018
Schéma de la nageoire dorsale
Ce schéma permet de visualiser ce que sont les bords fixe et libre de la nageoire dorsale du requin.
NA
NA
Rédacteur principal : Dan STEFANESCU
Vérificateur : Laurent FEY
Responsable régional : Sylvie HUET
Compagno L.J.V., 1984,
FAO SPECIES CATALOGUE, VOLUME 4, SHARKS OF THE WORLD, AN ANNOTED AND
ILLUSTRATED CATALOGUE OF SHARKS SPECIES KNOWN TO DATE PART 2 -
CARCHARHINIFORMES
, FAO Fisheries Synopsis, ed. FOOD AND AGRICULTURE ORGANIZATION OF THE UNITED NATIONS, Rome, 125, 4, 251-655p.
Hammerschlag N., Gallagher A.J., Lazarre D.M., 2011, A review of shark satellite tagging studies, Journal of Experimental Marine Biology and Ecology, 398, 1-8.
Maillaud C., Tirard P., Borsa P., Guittonneau A-L., FournierO J., Nour M., 2022,
Attaques de requins en Nouvelle-Calédonie de 1958 à 2020 : revue de cas,
MTSI. Disponible sur :
http://bulletin.societe-mtsi.fr/index.php/bspe-art.
Rigby C.L., Barreto R., Carlson J., Fernando D., Fordham S.,
Francis M.P., Herman K., Jabado R.W., Liu K.M., Marshal, A.,
Pacoureau N., Romanov E., Sherley R.B., Winker, H., 2019,
Sphyrna mokarran. The IUCN Red List of Threatened Species IUCN, 2019: e.T39386A2920499.
The inclusion of the great hammerhead shark (Sphyrna mokarran) and the scalloped hammerhead shark (Sphyrna lewini) in CMS Appendix II, 2014, Proposed by the governments of Costa Rica and Ecuador (UNEP/CMS/COP11/Doc.24.1.15 and UNEP/CMS/ COP11/Doc.24.1.16)
La page sur Sphyrna mokarran sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Sphyrna mokarran dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN