Large tête aplatie arquée en forme de marteau
Bord antérieur de la tête arrondi et festonné, un lobe à chaque extrémité
Milieu de la tête marqué par une encoche profonde caractéristique
Couleur du dos gris-brun ou olivâtre, ventre blanc
Nageoire dorsale grande et triangulaire
Nageoires pectorales triangulaires de petite taille extrémités du dessous noires ; leur apex est arrondi
Lobe supérieur de la nageoire caudale très développé avec une échancrure sub-apicale
Requin-marteau à festons, petit requin-marteau, requin-marteau cranté
Scalloped hammerhead, bronze hammerhead shark (GB), Squalo martello smerlato (I), Cachona, cornuda común (E), Bogenstirn-Hammerhai (D), Tubarão-martelo-recortado (P), Viko (Madagascar), Ma'o tuamata (Tahiti)
Zygaena indica van Hasselt, 1823
Zygaena lewini Griffith and Smith, 1834
Cestracion leeuwenii Day, 1865
Zygaena erythraea Hemprich and Ehrenberg, 1899
Cestracion oceanica Garman, 1913
Sphyrna diplana Springer, 1941
Sphyrna couardi, Cadenat 1950 (synonymie en attente de validation)
Circumtropicale, Indo-Pacifique et Atlantique, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● CaraïbesCette espèce circumtropicale est présente dans toutes les mers tropicales et tempérées chaudes du monde.
Dans l'Atlantique Ouest, ce requin se trouve du New-Jersey (Etats-Unis) au sud du Brésil, y compris dans le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes.
Dans l'Atlantique Est, son aire de répartition s'étend de la mer Méditerranée à la Namibie.
Sa présence est attestée bien que rare sur nos côtes de Méditerranée.
Dans l'océan Indo-Pacifique, son aire de répartition inclut l'Afrique du Sud et la mer Rouge, l'ensemble de l'océan Indien, s'étend du Japon à la Nouvelle-Calédonie, à Hawaï (Etats-Unis) et à Tahiti.
Sphyrna lewini se trouve dans le Pacifique Est, de la côte sud de la Californie (Etats-Unis) à l'Equateur, voire au sud, jusqu'au Pérou.
Le requin-marteau halicorne évolue habituellement entre 0 et 275 m de profondeur (un spécimen appâté a néanmoins été filmé par 512 m).
Il est abondant dans les eaux côtières mais est aussi pélagique à proximité de fonds récifaux coralliens. On le trouve également dans les bouches de rivières et d'estuaires, dans les eaux saumâtres.
Le requin-marteau halicorne mesure entre 2,7 et 3,5 m. Quelques spécimens peuvent atteindre 4,2 m et peser plus de 150 kg. Son corps est fusiforme, robuste et musclé. La couleur du dos est gris-brun ou olivâtre, le ventre est blanc. Les juvéniles ont la peau plus foncée.
Le requin-marteau halicorne est reconnaissable à son museau caractéristique : une large tête aplatie et arquée en forme de marteau, au bord antérieur festonné, des lobes céphaliques.
Le milieu de la tête est marqué par une encoche profonde caractéristique.
Les nageoires pectorales sont de petite taille et leur extrémité inférieure est noire. La première nageoire dorsale est grande et triangulaire. La seconde dorsale se caractérise par un lobe libre et un bord supérieur concave marqué.
La nageoire anale est plus grande que la 2ème nageoire dorsale. Le lobe supérieur de la nageoire caudale est très développé avec une échancrure sub-apicale*.
Les dents sont triangulaires, aux bords externes presque rectilignes, et à implantation oblique. Celles du dessus sont droites celles du dessous sont inclinées.
Les yeux et les narines sont situés à l'extrémité des lobes céphaliques. Les yeux ont des membranes nictitantes* très développées. Leur vision binoculaire leur permet d'attaquer précisément leur proie.
Il existe 8 espèces connues de requins-marteaux, réparties en deux genres.
Sphyrna mokarran (Rüppel, 1837) : grand requin-marteau. La taille maximale est de 600 cm. Le bord antérieur du museau est presque rectiligne, avec une légère indentation en son milieu ; La forme de la première nageoire dorsale est falciforme et de grande taille. Sa distribution est mondiale dans les mers chaudes tempérées et tropicales.
Sphyrna lewini a le bord de la tête plus arrondi que Sphyrna mokarran.
Sphyrna tudes (Valenciennes 1822) : requin-marteau à petits yeux. S'il a une tête sombre modérément élargie, sa nageoire dorsale commence au-dessus des nageoires pectorales, et finit au début des nageoires pelviennes. Elle est haute et triangulaire. Sa taille maximale est de 150 cm. Sa distribution est restreinte du Venezuela à l'Uruguay,
Sphyrna zygaena (Liennan 1758) : requin-marteau lisse. Les lobes céphaliques de la tête, légèrement plus arrondie, sont très larges et aplatis, sans encoche médiane antérieure. La taille maximale est de 400 cm. La distribution est mondiale.
Sphyrna tiburo (Linaeus, 1758) : requin-marteau tiburo. Le bord antérieur de la tête est fortement arrondi et lisse. Sa taille maximale est de 150 cm. Sa distribution est restreinte à l'Amérique (côté océan Atlantique de la Caroline au Brésil et côté océan Pacifique de la Californie à l'Equateur).
Sphyrna corona (Springer, 1940) : requin-marteau cornu. Petite espèce de 92 cm maximum. Sa distribution est limitée au plateau continental du Pacifique Est (de la Californie au Pérou).
Sphyrna media (Springer, 1940) : requin-marteau écope. Taille maximale de 150 cm. Sa distribution est restreinte à l'Amérique (côte atlantique du Panama au Brésil et côté pacifique de la Californie à l'Equateur).
Eusphyra blochii (Cuvier, 1816) : requin-marteau planeur ; seule espèce du second genre. La largeur de la tête est pratiquement égale à la moitié de la longueur du corps.
Sphyrna couardi (Cadenat, 1950), le requin-marteau aile-blanche, est considéré comme un synonyme de S. lewini, ce n'est pas encore "officiel", à suivre...
Le requin-marteau halicorne est un chasseur très actif et utilise ses dents en forme de lame pour se nourrir de poissons osseux, surtout des sardines et des harengs ainsi que de petits squales, de céphalopodes, de crustacés (crabes et crevettes) et même des serpents de mer, qu'il chasse grâce à un système sensoriel sophistiqué.
Un changement de régime alimentaire s'effectue en grandissant. La présence de becs de calmars dans l'estomac des adultes témoigne chez eux d'un mode préférentiellement pélagique.
La forme de sa tête lui permet de recueillir des informations visuelles et olfactives.
C'est la nuit que les requins-marteaux rejoignent les profondeurs pour se nourrir. Ces squales restent groupés dans la journée, ils se séparent avant le crépuscule. Ils évoluent la nuit séparément pour revenir à l'aube.
Cette espèce est vivipare*.Le cycle de reproduction est long (2 ans en moyenne) ; le taux de reproduction de cette espèce est faible.
Les femelles gardent pendant plusieurs mois la semence de leur partenaire au niveau de glandes nidamentaires pour s'auto-féconder ; les plus âgées sont les plus fertiles (cela a également été observé chez le requin-marteau tiburo, le peau bleue (Prionace glauca), le requin-renard (Alopias vulpinus), le requin-tigre (Galeocerdo cuvier) ou d'autres encore).
La gestation dure de 9 à 10 mois, puis les femelles rejoignent les bas-fonds côtiers pour mettre bas de 15 à 38 petits. Les juvéniles mesurent entre 40 et 55 cm et restent dans les nurseries le long de la côte pour éviter la prédation des squales plus grands. Leur peau s'assombrit pour les protéger du soleil.
Les mâles atteignent leur maturité sexuelle entre 1,4 et 1,6 m (à peu près 17 ans), les femelles à partir de 2 m.
Les requins femelles portent souvent des cicatrices de morsures infligées par leurs partenaires au cours de la reproduction.
Le requin halicorne est l'hôte de parasites (notamment Nemesis pallidia, de la famille des Diohelestiidés), qui se fixent au niveau des branchies.
La tête du requin-marteau a une fonction hydrodynamique ; elle lui sert d'appui, le porte et l'aide à virer durant ses déplacements. La tête plate augmente la capacité de ces requins à recueillir des informations visuelles et olfactives, notamment avec la présence de puits sensoriels (ampoules de Lorenzini) qui détectent les champs électriques des proies enfouies, comme les raies par exemple.
La formule dentaire* s'établit comme suit : 15 à 16 - 1 à 2 - 15 à 16 / 15 à 16 - 1 - 15 à 16.
Autour de Michelle McComb, une équipe américaine a soumis les requins-marteaux à différents tests pour mesurer le champ visuel de chaque œil. On pensait que la tête aplatie et allongée des requins-marteaux les privait d'une vision binoculaire. L'étude montre au contraire que le requin-marteau halicorne a un champ visuel de 182°. Il a en effet une excellente vision stéréoscopique, et donc une très bonne évaluation des distances : plus la tête est large, plus la zone de superposition est importante. Il a même la possibilité de voir en même temps au-dessus et au-dessous (Journal of Experimental Biology).
La journée, ces requins peuvent rejoindre des récifs peu profonds pour se faire nettoyer la peau de ses parasites.
Le requin-marteau halicorne forme d'immenses bancs étroitement liés. Ces concentrations ne semblent pas répondre à une motivation alimentaire ; si leur fonction est partiellement inconnue, elle peut être corrélée avec l'accouplement et la protection des jeunes. On note par ailleurs un comportement social complexe, avec une hiérarchisation marquée. Les sujets dominants occupent une place centrale au sein du groupe. Un large spectre de comportements, incluant par exemple l'ouverture de la gueule, le contact d'autres individus avec la tête, la nage accélérée en secouant la tête indique l'existence d'un mode de communication.
Un cas d'albinisme a été rapporté pour cette espèce. Son espérance de vie est de 30 ans.
Le cartilage de requin est très riche en calcium. Il contient également une certaine quantité de protéines dont la squalamine. Vendu en parapharmacie, le cartilage est utilisé en supplément diététique pour entretenir les cartilages et tendons.
Les principales espèces de requins auxquelles on a recours pour fabriquer les suppléments commerciaux sont l'aiguillat (Squalus acanthias) et le requin-marteau halicorne qu'on pêche surtout dans le Pacifique. Ce commerce, dont l'efficacité demeure critiquable, rend compte de la problématique de la surexploitation des espèces. Une des plus importantes usines de transformation de requin se trouve au Costa Rica.
La consommation de la chair de Sphyrna lewini peut générer des intoxications graves (ichtyosarcotoxisme). Plusieurs cas ont été signalés et étudiés sur le littoral malgache. On enregistre également de forte concentration de mercure et de métaux lourds qui rendent le requin-marteau halicorne impropre à toute consommation.
Ce requin ne devient agressif pour l'homme qu'en présence d'un stimulus alimentaire.
Enregistré depuis 2000 sur la liste rouge de l'UICN des espèces en danger (statut EN), le requin-marteau halicorne est très abondant dans les eaux côtières. Cependant, les scientifiques supposent que la surpêche de ce requin pourrait le mener vers l'extinction d'ici une cinquantaine d'année.
Il est aussi présent dans la liste rouge des espèces menacées en France, chapitre "Requins, raies et chimères de France métropolitaine", sous le statut DD (Données déficientes).
L'espèce est également inscrite à l'Annexe II de la Convention de Barcelone (depuis le 10 juillet 2012).
L'animal est prisé pour ses ailerons que l'on consomme en potage. Cette demande encourage la pratique du finning (consistant à couper les nageoires dorsale et pectorales des requins avant de les rejeter à l'eau encore vivants).
Les prises non réglementées sont courantes et les systèmes de surveillance et de signalements sont inexistants (IFAW).
Cette espèce est gravement menacée par la pêche commerciale dans le monde entier.
Depuis le 14 mars 2013 et suite à la ratification de l'assemblée pléinière de la 16e conférence, à Bangkok, Sphyrna lewini est désormais inscrit à l'Annexe II (espèces qui, bien que n'étant pas nécessairement menacées actuellement d'extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n'était pas étroitement contrôlé) de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).
C'est de son large museau aplati, évoquant une tête de marteau que le requin-marteau tient son nom.
Deux expansions latérales au niveau de la tête confèrent à ce requin-marteau son apparence « halicorne », soit corne de la mer (le préfixe hali- ou halo- désignant la mer, l'eau salée), cet élément entre dans la composition de certains mots scientifiques.
Sphyrna : du grec [sphyrna], traduit en français par « marteau », se rapporte à la forme de la tête de ce requin (le terme [sphurêlatos] désigne l'action d'aplatir à coups de marteau, ce qui rend bien compte de l'aspect de la tête).
lewini : Griffith & Smith en 1834 ont dédié ce requin à John William Lewin (1771-1819) peintre australien d'origine anglaise (arrivé en Australie en 1800) spécialiste des descriptions de paysages, d'oiseaux, d'insectes et de plantes. L'artiste, référencé au Bénézit, était renommé pour ses aquarelles, essentielles comme support documentaire du naturaliste. Ses œuvres sont notamment présentes dans les musées de Londres et de Sydney. Son père, William Lewin (1747-1795), illustrateur et ornithologue anglais, était membre de la Linnean Society de Londres.
Numéro d'entrée WoRMS : 105816
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Chondrichthyes | Chondrichthyens | Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale. |
Sous-classe | Elasmobranchii | Elasmobranches | Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles. |
Ordre | Carcharhiniformes | Carcharhiniformes | Requins de fond. |
Famille | Sphyrnidae | Sphyrnidés | Tête ample en forme de marteau, comprimé dans le sens dorso-ventral et fortement développé latéralement. |
Genre | Sphyrna | ||
Espèce | lewini |
Vue générale
Le corps est fusiforme, robuste et musclé, la première nageoire dorsale est triangulaire. Le lobe supérieur de la nageoire caudale est très développé avec une échancrure sub-apicale*. Les nageoires pectorales sont de petite taille et leurs extrémités inférieures sont noires.
Costa Rica, île Coco, 25 m
22/11/2013
Vue générale de dessus
La tête est arquée, au bord antérieur festonné, et a des lobes céphaliques.
Daedalus (mer Rouge, Egypte), 33 m
01/08/2007
Vue dorsale
On peut voir la forme triangulaire de la première nageoire dorsale, la petite taille des pectorales ainsi que les lobes festonnés et l’encoche caractéristique de la tête du requin-marteau halicorne.
Daedalus (mer Rouge, Egypte), 28 m
04/05/2006
Vue de face
On pensait que la tête aplatie et allongée des requins-marteaux les privait d’une vision binoculaire. Une étude montre au contraire que le requin-marteau halicorne a une excellente vision stéréoscopique, et donc une très bonne évaluation des distances : plus la tête est large, plus la zone de superposition est importante.
Île Cocos (Costa-Rica), 32 m
18/02/2005
Tête aplatie, narines et yeux
On peut aussi voir la forme triangulaire de la nageoire dorsale.
Daedalus (mer Rouge, Egypte)
29/05/2008
Vue de dessous
Les nageoires pectorales sont de petite taille et leur extrémité inférieure est noire.
Île Cocos (Costa-Rica), 32 m
18/02/2005
A la station de nettoyage
Sphyrna lewini femelle à une « station de nettoyage » se faisant nettoyer les cicatrices par Holacanthus passer.
Île Cocos (Costa-Rica), 30 m
16/02/2005
En banc
Les rassemblements de requins-marteaux halicornes adultes sont fréquents autour des monts sous-marins, notamment à proximité des îles Galapagos, Malpelo, Cocos et Revillagigedo, comme dans le golfe de Californie.
Galapagos, île de Wolf, 28 m
06/05/2010
Rédacteur principal : Marie-Pierre FEUGAS
Vérificateur : Vincent MALIET
Responsable régional : Véronique LAMARE
Gilbert C.R., 1967, A revision of the hammerhead sharks (family Sphyrnidae), Proceedings of the United States National Museum, 119 (3539), 1-88.
McComb D.M., Tricas T.C., Kajiura S.M., 2009, Enhanced visual fields in hammerhead sharks, Journal of Experimental Biology, 212, 4010-4018.
McEachran J.D., Seret B., 1987, Allocation of the Name Sphyrna tudes (Valenciennes, 1822) and Status of the Nominal Species Sphyrna couardi Cadenat, 1951 (Chondrichthyes, Sphrnidae), Cybium, 11(1), 39-46.
La page sur Sphyrna lewini sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Sphyrna lewini dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN