Eponge sphérique, à consistance très dure
Face supérieure creusée en cuvette
Oscules regroupés au sommet
Eponge-bois, éponge-pouf
Loggerhead sponge (US)
Alcyonium vesparium Lamarck, 1815
Pseudosuberites melanos de Laubenfels, 1934
Spheciospongia othello de Laubenfels, 1950
Golfe du Mexique, Caraïbes, Atlantique tropical
Zones DORIS : ● CaraïbesSe trouve dans les Bahamas, les Caraïbes, en Floride.
Spheciospiongia vesparium tolère tous environnements : petits fonds rocheux ou ensablés, herbiers ou lagons, de 10 à 30 m.
C’est une éponge massive, en forme de « pouf » : grossièrement sphérique avec un dessus aplati, diamètre 50 cm à 1 m. Les individus âgés deviennent plus ou moins cylindriques.
La face supérieure est déprimée en forme de cuvette peu profonde où s’ouvrent les oscules* noirs, réguliers, très serrés, évoquant les ouvertures d’un nid de guêpes. Chez les vieux individus, la dépression centrale est entourée d’une margelle mince.
La couleur est variable: vert olive, brun-violet, blanchâtre ou grise à noire, souvent couverte de sédiments dans les eaux chargées.
Les pores s’ouvrent à l’intérieur de canaux inhalants qui débouchent sur les faces latérales, protégés par un filtre ou crible caractéristique.
La confusion est possible avec certaines éponges du genre Ircinia en forme de boule grisâtre, avec les oscules* regroupés sur la face supérieure. Mais Ircinia a une consistance élastique et la surface décorée de conules* en relief.
On peut aussi confondre avec des spécimens âgés de Geodia neptuni, eux aussi fortement colonisés par les épibiontes*. Celle-ci se reconnaît à sa consistance liégeuse et à la position de ses oscules bien réguliers.
Comme (presque) toutes les éponges, se nourrit en filtrant les particules microscopiques contenues dans l’eau.
C'est une éponge ovipare*.
Par sa consistance très dure en surface, avec une structure plus lâche à l’intérieur, l'éponge tête-de-bois offre une protection très appréciée à un grand nombre d’espèces endobiontes* qui s’abritent dans ses canaux.
En particulier, les grands individus deviennent l’hôte de populations de crevettes symbiotiques : les crevettes-pistolet (Synalpheus brooksi) qui ont une organisation sociale complexe un peu comme les fourmis ou les abeilles sociales.
En appuyant l’oreille contre une éponge colonisée, on peut même entendre le claquement des pinces.
Eponge à croissance lente et de consistance très solide, elle fournit un support pérenne apprécié de très nombreux organismes fixés, comme un mini-récif. On peut citer comme occupants : actinies, hydraires ((Hydraire massue blanche (Turritopsis nutricula McCrady, 1857), Hydraire massue rose (Corydendrium parasiticum Linnaeus, 1767), parfois corail (Porites porites), Annélides tubicoles, Ascidies (comme Polycarpa spongiabilis), ophiures, (Ophiotrix suensonii), comatules (Davidaster rubiginosa), crevettes (Stenopus hispidus), des pagures : Ermite rouge des récifs (Paguristes cadenati), Ermite à rayures rouges (Phimochirus holthuisi), et bien d'autres.
A l’état adulte, Spheciospongia vesparium peut être libre sur un fond sableux et instable. Mais dans les premiers stades de développement, elle a la faculté de creuser le substrat* rocheux, et commence sa vie incrustée dans le calcaire, comme les autres membres de la famille des Clionidés.
Les juvéniles se trouvent parfois disséminés sur le substrat en petits groupes assez proches les uns des autres, il arrive qu’en grossissant ces individus groupés fusionnent en une seule éponge massive.
Les spicules* sont des tylostyles*, et des microsclères* de type spiraster, uniquement en périphérie.
"Eponge tête-de-bois" parce qu'elle a un aspect de boule massive, gris foncé à noire, à consistance dure comme du bois.
Le nom scientifique rappelle l’aspect de l’éponge en boule percée de trous serrés, qui font penser à un nid de guêpes :
Spheciospongia vient du grec [sphêk-] = guêpe, et [spongo-] = éponge,
vesparium est un mot latin qui signifie guêpier, nid de guêpes.
Numéro d'entrée WoRMS : 170566
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Hadromerida | Hadromérides | Squelette constitué de grands spicules de type tylostyles, concentrés à la périphérie et orientés perpendiculairement à la surface. Pas de spongine. |
Famille | Clionaidae | Clionaïdés | Eponges perforantes, avec des papilles inhalantes à la surface du substrat. Les spicules caractéristiques sont des tylostyles et des spirasters. |
Genre | Spheciospongia | ||
Espèce | vesparium |
Dans un herbier
Voici un spécimen typique : massif, couvert d'épibiontes, impanté sur un reste de plateau calcaire.
Anses d'Arlet, Martinique, 10 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
09/11/2013
Dans la mangrove
L'extérieur est couvert d'algues et de débris divers, ce qui la rend difficile à identifier.
Mangrove de Genipa, Martinique, 5 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
12/06/2013
Nid de guêpes
Eponge couverte de poussière et de sédiments.
Sainte Anne, Martinique, 14 m
28/11/2006
Sphecio- et Xestospongia
Cette photo où les deux espèces sont côte à côte montre bien la différence : de jeunes Xestospongia peuvent prendre un aspect de boule raboteuse comme Spheciospongia, mais la taille et la forme de la paroi et des oscules est bien différente.
Simpson Bay, Saint-Martin, 12 m
25/04/1986
Spheciospongia vs Ircinia
Le regroupement des oscules dans une dépression sommitale peut faire confondre ces deux éponges. Les voici côte à côte: même sans les toucher on reconnaît bien la surface conuleuse d'Ircinia et celle, couverte d'épibiontes, de Spheciospongia.
Anses d'Arlet, Martinique, vers 10 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
09/11/2013
Jeune éponge
Voici un specimen encore jeune, pas recouvert de sédiment, ce qui laisse paraître nettement les petits orifices regroupés en plaques sur les faces externes et le grand oscule central entouré d'une margelle fine.
San Salvador, Bahamas, 25 m
02/04/2013
Eponge Tête-de-bois
Un individu de grande taille dans son environnement naturel. Les oscules sont groupés dans une cuvette bordée d'une marge mince un peu surélevée.
Sainte Anne, Martinique, 11 m
28/11/2006
Les oscules
Les oscules sont regroupés en haut, dans la seule partie à peu près "propre" de l'éponge, arrondis et entourés d'une mince margelle plus claire.
Mangrove de Genipa, Martinique, 5 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
12/06/2013
Les oscules (bis)
Les oscules sont cloisonnés à l'intérieur.
Anses d'Arlet, Martinique, 10 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
09/11/2013
Les orifices inhalants
Ils sont dispersés à la surface dans de petites dépressions.
Anses d'Arlet, Martinique, 10 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
09/11/2013
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Anne PROUZET
Vacelet J., 1990, Les Spongiaires, In : Bouchon C., LE MONDE MARIN. LA GRANDE ENCYCLOPEDIE DE LA CARAÏBE, Sanoli, Pointe-à-Pitre, Vol. V, 16-33.
La page de Spheciospongia vesparium sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires est ici : World Porifera Database
La page de Spheciospongia vesparium sur The Sponge Guide :
Zea, S., Henkel, T.P., and Pawlik, J.R. 2009. The Sponge Guide: a picture guide to Caribbean sponges. Available online at http://www.spongeguide.org. Accessed on: 2009-12-30.
La page de Spheciospongia vesparium dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN