Feuilles vert clair et vif, ovales, coriaces
Pneumatophores coniques proéminants
Fleurs rouges
Etamines groupées en balai
Fruit en soleil vert
Crabapple mangrove, apple mangrove, berembang (GB)
Kinnai, kinnari, kandia, peda kallinga, kirala, kirilla (Inde, Sri Lanka)
Sonneratia acida L.f.
Sonneratia lanceolata Bl.
Rivages inter-tropicaux de l'Indo-Pacifique Ouest
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCe palétuvier est présent dans l'océan Pacifique tropical Ouest : au Sri Lanka, en Malaisie, au nord de l'Australie, en Nouvelle-Calédonie, au Vanuatu, à Sumatra, Timor, Java, Bornéo, aux Célèbes, Philippines et Moluques, en Nouvelle-Guinée, aux îles Salomon.
On le rencontre aussi à l'est de l'océan Indien à partir de l'Inde.
En Nouvelle-Calédonie, Sonneratia caseolaris est peu commun, et n'a pour le moment été identifié que sur la presqu'île de Lebris (sud-ouest) et le long des rivières Amoa et Tiwaka (nord-est).
Les zones privilégiées par Sonneratia caseolaris sont les régions humides tropicales et sub-tropicales, où la température annuelle moyenne varie entre 20 et 27 °C.
Il aime les sols relativement acides et les terrains profondément envasés.
Il supporte mal les eaux trop salées, c'est pourquoi on ne le rencontre jamais aux embouchures des rivières, et notamment au contact de formations coralliennes. Il s'épanouit dans les eaux peu salées du haut de calmes rivières, dans des endroits abrités où les mouvements d'eau sont faibles : le long des creeks et des bras de rivières, ou dans l'arrière-mangrove en limite de terre ferme.
Sonneratia caseolaris est un palétuvier.
Il mesure entre 8 et 20 m de haut. Son port est bien érigé, au tronc épais dont l'écorce est claire et rugueuse. Le branchage est très touffu et développé : les branches démarrent de n'importe où sur le tronc et peuvent donc être très basses, à ras de la surface de l'eau.
Les feuilles sont simples et ovales, aux dimensions maximales de 3 cm de large sur 8 cm de long. Elles sont coriaces, d'un vert clair intense, et situées deux par deux en opposition sur les branches. Leur base est courte et brunâtre.
Les fleurs, d'un rouge flamboyant qui se remarque de loin, sont solitaires : leur floraison est indépendante les unes des autres. Un arbre fleurit donc sur quelques semaines, et on peut y voir presque tous les stades en même temps : du bouton floral jusqu'au fruit. Les fleurs sont terminales (à l'extrémité des branches), parfois en groupe de 2 ou 3. Elles sont larges, environ 5 cm d'envergure, et bisexuées. Leur base est faite de 6 sépales coriaces (parfois 7 ou 8), d'un vert profond, oblongues, jusqu'à 3,5 cm de long sur 2 cm de large. En leur centre jaillissent en balai plusieurs dizaines d'étamines* dont le filament est rouge écarlate, long de 3 cm et terminé par deux sacs polliniques blancs (amas de grains de pollens). Le pistil* est central ; on ne distingue pas sa base qui contient entre 16 et 21 cavités d'ovules, surmontée d'un long filament épais et vert pâle de 4 cm.
Le fruit est une grosse baie globuleuse. Il est entouré des 6 sépales de la fleur qui ne tombent pas durant la fructification. Il est vert, son écorce est luisante et dure.
Les racines de S. caseolaris sont souterraines (pas de racine échasse, aérienne ou contrefort comme chez de nombreux palétuviers de mangrove). Elles se développent horizontalement autour de l'arbre et sont surmontées de nombreux et très imposants pneumatophores* coniques. Ces derniers font de 50 cm à 2 m de haut, avec un diamètre de 5 à 10 cm.
Sonneratia caseolaris et Sonneratia alba sont deux palétuviers extrêmement semblables à première vue. Cependant, S. caseolaris porte des fleurs rouge écarlate (celles de S. alba sont blanches), ses feuilles sont plus petites et ses pneumatophores bien plus imposants que ceux de S. alba.
Comme tous les végétaux, les palétuviers pratiquent la photosynthèse, ce qui leur permet de synthétiser des molécules organiques à partir du CO2 atmosphérique et de l'énergie lumineuse. C'est leur seule source de carbone*. L'eau et les sels minéraux sont puisés dans le substrat grâce aux racines.
La fleur de Sonneratia caseolaris est éphémère et nocturne : son épanouissement ne se fait que sur une nuit seulement. La journée suivante voit déjà le début du flétrissement des étamines. Durant cette nuit de floraison, la richesse du nectar contenu dans la fleur attire les papillons de nuit et les chauve-souris. Ces derniers, en se nourrissant, aggripent des milliers de grains de pollens au contact des longues étamines*, et permettent ainsi, en passant de fleur en fleur, le dépôt du pollen sur différents pistils* : la fécondation est donc nocturne et se fait lors de la rencontre des gamètes mâles contenus dans le pollen et des ovules situés à la base du pistil.
Généralement, la régénération naturelle de Sonneratia caseolaris est facile.
Les espèces S. caseolaris et S. alba s'hybrident en Australie, donnant ainsi l'espèce hybride Sonneratia x gulngai. Cette hybridation n'a pas encore été observée en Nouvelle-Calédonie.
Cet arbre peut être l'hôte d'un nombre important et très diversifié d'insectes ou oiseaux de bord de mer.
Pour que l'arbre échappe à l'intoxication par le sel de mer, certains tissus des racines filtrent l'eau de mer : l'eau et les sels minéraux passent vers la sève, mais pas le sel. Le sel qui arrive quand même à passer jusqu'à la sève est transporté vers les vieilles feuilles, qui sont alors éliminées par sénescence.
Les utilisations de Sonneratia caseolaris par certains peuples du Pacifique sont diversifiées et similaires à celles de S. alba :
- Ces palétuviers soleil auraient des propriétés médicinales intéressantes pour réguler les problèmes circulatoires lors d'entorses et d'inflammations. Notamment, les birmans font des cataplasmes avec les fruits et les indonésiens avec les feuilles, qu'ils appliquent sur les coupures et les ecchymoses. En effet ces cataplasmes ont des propriétés anti-hémorragiques. Les malaisiens utilisent l'écorce du fruit pourri comme vermifuge, et le jus du fruit à moitié mûr contre la toux, tandis qu'ils utilisent les feuilles écrasées contre la variole.
- Les jeunes fruits sont aigres et sont utilisés pour la fabrication du vinaigre et entrent dans la composition de chutneys orientaux. Les fruits mûrs auraient le goût de fromage et sont consommés crus ou bien cuisinés. Il est aussi possible de faire de la gelée avec ces fruits.
- La densité du bois de S. caseolaris est importante : 800 kg/cm3, ce qui en fait un bois lourd bien adapté pour les constructions.
- Les pneumatophores coupés servent de liège ou de flotteurs pour la pêche. Ils entrent aussi dans la composition de papier kraft.
- Ce palétuvier est utilisé comme bois de chauffage car sa valeur calorifique est supérieure à celle de la moyenne des arbres. Cependant, son rendement est médiocre comparé à d'autres palétuviers de mangrove, car sa combustion rend beaucoup de cendres et de sels. Par contre, la régénération des branches coupées est assez rapide.
S. caseolaris contribue à la fabrication de miel de palétuvier puisque les abeilles butinent ses fleurs.
A Singapour, cette espèce de palétuvier est classée en danger critique sur la liste rouge de leurs espèces menacées.
L'origine du terme "palétuvier" semble inconnue. Jusque vers la fin du XVIIe siècle, ce terme n'était employé qu'à la Martinique, et s'appliquait aussi à certains arbres qui ne se développent pas sur les rivages.
L'appellation "soleil" vient de l'aspect du fruit : il s'agit d'un globe entouré de 6 sépales pointus disposés à la manière des représentations du soleil.
"Soleil rouge" désigne la couleur de la fleur.
Sonneratia : du nom de P. Sonnerat (1748-1814), naturaliste français qui explora la Nouvelle-Guinée, les Moluques et la Chine.
caseolaris : du latin [caseolus] = petit fromage. Ce terme indique une des utilisations de ce palétuvier : la consommation de son fruit qui aurait le goût de fromage.
Numéro d'entrée WoRMS : 235109
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Magnoliophyta | Angiospermes | Plantes à fleurs dont les graines fécondées sont renfermées dans un fruit. |
Classe | Magnoliopsida | Dicotylédones | Embryons à deux cotylédons*. |
Sous-classe | Magnoliidae | Magnioliales | |
Famille | Lythraceae | Lythracées | |
Genre | Sonneratia | ||
Espèce | caseolaris |
Tronc et pneumatophores
Le massif tronc de Sonneratia caseolaris est entouré par de solides pneumatophores* alignés et tous aussi massifs. C'est la présence de ces pneumatophores qui permet une rapide identification de l'espèce.
Nouvelle-Calédonie, rivage de la rivière Tiwaka
09/10/2011
Vue d'ensemble
Cet arbre imposant s'enchevêtre dans la végétation du rivage calme de ce bas de rivière. Son branchage dépasse largement sur l'eau, y baignant les feuilles les plus basses.
Nouvelle-Calédonie, rivage de la rivière Tiwaka
09/10/2011
Feuille
Cette espèce est un arbre aux feuilles coriaces et bien vertes tout à fait reconnaissables.
Nouvelle-Calédonie, rivages de la rivière Tiwaka
09/10/2011
Cicatrices des branches
Le bois de Sonneratia caseolaris est particulièrement cassant : si vous vous retenez à une de ses branches, soyez sûr qu'elle vous restera dans la main. Cette vulnérabilité est probablement à l'origine des nombreuses cicatrices qui parsèment les branches. Sur la photographie, chaque boursouflure et entaille sur la branche correspond au départ d'une ancienne branche plus petite (ou d'une vieille feuille).
Nouvelle-Calédonie, rivages de la rivière Tiwaka
09/10/2011
Pneumatophores imposants
Le personnage permet d'estimer la hauteur (environ 1,80 m pour les plus hauts) de ces imposants pneumatophores, qui forment comme une rangée d'orgues le long du rivage.
Nouvelle-Calédonie, rivage de la rivière Tiwaka
09/10/2011
Inextricable enchevêtrement
Les pneumatophores de Sonneratia caseolaris et les lianes avoisinnantes se confondent au-dessus et sous l'eau, formant un réseau aquatique branchu emmêlé.
Nouvelle-Calédonie, rivages de la rivière Tiwaka
09/10/2011
Extrémités des pneumatophores
L'extrémité des pneumatophores, ces extensions verticales racinaires, est émergée : l'écorce y est fine et craquelée de pores par lesquels peuvent avoir lieu les échanges gazeux indispensables à la survie des racines, qui elles, sont bien ancrées dans l'eau.
Nouvelle-Calédonie, rivages de la rivière Tiwaka
09/10/2011
Fleur
Ce bouton floral, vert, à droite et cette fleur rouge sang, à gauche, qui est en train de s'épanouir, sont tous deux positionnés au bout des branches. Chaque fleur s'ouvre de manière indépendante, ce qui étale la période de floraison sur quelques semaines pour chaque arbre.
Nouvelle-Calédonie, rivage de la rivière Tiwaka
09/10/2011
Fin de floraison
La fleur éphémère se flétrit rapidement après une journée d'épanouissement (à gauche) : les étamines rouges, organes mâles, commencent à pendre, tandis que le pistil central, organe femelle et visible sous forme d'une tige vert clair, est bien érigé.
La fleur se transforme pour la fructification (à droite) : les étamines tombent et la base du pistil situé au cœur de la fleur, où a eu lieu la fécondation, va se développer lentement en fruit.
Nouvelle-Calédonie, rivage de la rivière Tiwaka
09/10/11
Fruit
Le fruit se développe lentement. Il est au cœur des six sépales de la fleur, ce qui lui donne son aspect caractéristique de soleil. Il correspond en fait au pistil transformé : la base de celui-ci où les graines se développent enfle et devient la partie majoritaire du fruit, tandis que la tige du pistil dégénère petit à petit.
Nouvelle-Calédonie, rivage de la rivière Tiwaka
09/10/2011
Rédacteur principal : Virginie LEON
Vérificateur : Cédric MITEL
Responsable historique : Cédric MITEL
Responsable régional : Anne PROUZET
Munzinger J., Lebigre J-M., 2007, THE FLORA OF THE NEO CALEDONIAN MANGROVE SWAMPS, Compendium of marine species of New Caledonia, Documents Scientifiques et Techniques II7 seconde édition, édition IRD, p.63-67.
Schmid M., 2000, FLEURS ET PLANTES DE NOUVELLE-CALEDONIE, les éditions du Pacifique, p.82.
La page de Sonneratia caseolaris dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN