Feuilles vert clair et vif, ovales, coriaces
Petits pneumatophores coniques
Fleurs blanches
Etamines groupées en balai
Fruit en soleil vert
Apple mangrove (GB), doobe, doobee, bee (païci), thauak (néba), perepat (malaisien)
Sonneratia griffithii Watson
Rivages indo-pacifiques ouest tropicaux
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueLa répartition de Sonneratia alba est assez large. Il borde les rivages de l'Afrique de l'Est, du sud de l'Inde et de la Chine, de l'Indonésie, et des archipels du Pacifique sud-ouest tropical.
En Nouvelle-Calédonie, Sonneratia alba est bien répandu dans l'ensemble du pays.
Ce palétuvier affectionne les mangroves et les estuaires abrités, jusqu'à la limite de la terre ferme. Il peut supporter de larges variations de salinité de l'eau, c'est pourquoi il peut aussi être en front de mer.
Sonneratia alba est un palétuvier.
Il peut atteindre 15 m de haut. Son port est bien érigé, plutôt en boule : en effet le branchage est dense. Les branches, assez longues, démarrent de n'importe où sur le tronc et peuvent donc être très basses, à ras de la surface de l'eau. Le tronc épais porte une écorce claire et rugueuse.
Les feuilles sont simples et ovales, aux dimensions maximales de 5 cm de large sur 15 cm de long. Elles sont coriaces, d'un vert clair intense, et situées deux par deux en opposition sur les branches. Leur base est courte et brunâtre.
Les fleurs, d'un blanc immaculé, sont solitaires : chaque fleur fleurit indépendamment des autres. Un arbre fleurit donc sur quelques semaines, et on peut y voir presque tous les stades en même temps, du bouton floral jusqu'au fruit. Les fleurs sont terminales, à l'extrémité des branches, parfois en groupe de 2 ou 3. Elles sont larges, environ 5 cm d'envergure, et bisexuées. Leur base est faite de 6 sépales coriaces (parfois 7 ou 8), d'un vert profond, oblongues, jusqu'à 3,5 cm de long sur 2 cm de large. En leur centre jaillissent en balai plusieurs dizaines d'étamines* dont le filament est blanc, long de 3 cm et terminé par deux sacs polliniques blancs (amas de grains de pollens). Le pistil* est central ; on ne distingue pas sa base qui contient entre 16 et 21 cavités d'ovules, surmontée d'un long filament épais et vert pâle de 4 cm.
Le fruit est une grosse baie globuleuse. Il est entouré des 6 sépales* de la fleur qui ne tombent pas durant la fructification. Il est vert, son écorce est luisante et dure.
Les racines de S. alba sont souterraines (pas de racine échasse, aérienne ou contrefort comme chez de nombreux palétuviers de mangrove). Elles se développent horizontalement autour de l'arbre et sont surmontées de nombreux pneumatophores* coniques. Ces derniers font environ 30-40 cm de haut et 1 cm de diamètre. Leur densité est forte autour de la base du tronc, et diminue progressivement lorsqu'on s'en éloigne, jusqu'à plusieurs dizaines de mètres de l'arbre.
Sonneratia caseolaris et Sonneratia alba sont deux palétuviers extrêmement semblables à première vue. Cependant, S. alba porte des fleurs blanches (celles de S. caseolaris sont rouges), ses feuilles sont plus grandes et ses pneumatophores bien plus petits et fins que chez S. caseolaris.
Comme tous les végétaux, les palétuviers pratiquent la photosynthèse*, ce qui leur permet de synthétiser des molécules organiques à partir du CO2 atmosphérique et de l'énergie lumineuse. C'est leur seule source de carbone. L'eau et les sels minéraux sont puisés dans le substrat grâce aux racines.
La fleur de Sonneratia alba est éphémère et nocturne : son épanouissement ne se fait que sur une nuit seulement. La journée suivante voit déjà le début du flétrissement des étamines*. Durant cette nuit de floraison, la richesse du nectar contenu dans la fleur attire les papillons de nuit et les chauves-souris. Ces derniers, en se nourrissant, agrippent des milliers de grains de pollens au contact des longues étamines, et permettent ainsi, en passant de fleur en fleur, le dépôt du pollen sur différents pistils* : la fécondation est donc nocturne et se fait lors de la rencontre des gamètes* mâles contenus dans le pollen et des ovules situés à la base du pistil.
Généralement, la régénération naturelle de S. alba est facile.
Les espèces S. caseolaris et S. alba s'hybrident en Australie, donnant ainsi l'espèce hybride Sonneratia x gulngai. Cette hybridation n'a pas encore été observée en Nouvelle-Calédonie.
En Malaisie, il existe une luciole, Pteroptyx tener, qui affectionne l'écorce du tronc de Sonneratia alba, ce qui permet de donner de beaux spectacles nocturnes le long des rivières malaises.
Le singe arboricole Nasalis larvatus serait un friand consommateur des feuilles de S. alba dans l'île de Bornéo.
Cet arbre peut être l'hôte d'un nombre important et très diversifié d'insectes ou oiseaux de bord de mer.
Entre ses pneumatophores, le substrat y est un peu plus aéré qu'ailleurs et des crabes peuvent s'y installer aisément.
Pour que l'arbre échappe à l'intoxication par le sel de mer, certains tissus des racines filtrent l'eau de mer : l'eau et les sels minéraux passent vers la sève, mais pas le sel. Le sel qui arrive quand même à passer jusqu'à la sève est transporté vers les vieilles feuilles, qui sont alors éliminées par sénescence.
Les utilisations de Sonneratia alba par certains peuples du Pacifique sont diversifiées et similaires à celles de S. caseolaris :
- Ces palétuviers soleil auraient des propriétés médicinales intéressantes pour réguler les problèmes circulatoires lors d'entorses et d'inflammations. Notamment, les birmans font des cataplasmes avec les fruits et les indonésiens avec les feuilles, qu'ils appliquent sur les coupures et les ecchymoses. En effet ces cataplasmes ont des propriétés anti-hémorragiques. Les malaisiens utilisent l'écorce du fruit pourri comme vermifuge, et le jus du fruit à moitié mûr contre la toux, tandis qu'ils utilisent les feuilles écrasées contre la variole.
- Les jeunes fruits sont aigres et sont utilisés pour la fabrication du vinaigre et entrent dans la composition de chutneys orientaux. Les fruits mûrs auraient le goût de fromage et sont consommés crus ou bien cuisinés. Il est aussi possible de faire de la gelée avec ces fruits.
- L'écorce peut être utilisée pour faire de la pâte à papier.
- Ces palétuviers sont utilisés comme bois de chauffage dont la valeur calorifique est supérieure à celle de la moyenne des arbres. Cependant, son rendement est médiocre comparé à d'autres palétuviers de mangrove, car sa combustion rend beaucoup de cendres et de sels. Par contre, la régénération des branches coupées est assez rapide.
- En Afrique de l'Est, les feuilles de Sonneratia alba sont utilisées comme fourrage pour les chameaux.
Cette espèce est évaluée mais n'est pas réglementée.
Elle est classée LC (Least Concern, soit peu préoccupante) depuis 2010 dans la Liste Rouge de l'UICN, et est également au statut LC depuis 2014 dans la Liste de la flore vasculaire de Mayotte.
L'origine du terme "palétuvier" semble inconnue. Jusque vers la fin du XVIIe siècle, ce terme n'était employé qu'à la Martinique et s'appliquait aussi à certains arbres qui ne se développent pas sur les rivages.
L'appellation "soleil" vient de l'aspect du fruit : il s'agit d'un globe entouré de 6 sépales pointus disposés à la manière des représentations du soleil.
"Soleil blanc" désigne la couleur de la fleur.
Sonneratia : du nom de P. Sonnerat (1748-1814), naturaliste français qui explora la Nouvelle-Guinée, les Moluques et la Chine.
alba : du latin [alba] = vêtement blanc, perle blanche. Ce terme rappelle la fleur blanche du palétuvier.
Numéro d'entrée WoRMS : 235107
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Magnoliophyta | Angiospermes | Plantes à fleurs dont les graines fécondées sont renfermées dans un fruit. |
Classe | Magnoliopsida | Dicotylédones | Embryons à deux cotylédons*. |
Sous-classe | Magnoliidae | Magnioliales | |
Famille | Lythraceae | Lythracées | |
Genre | Sonneratia | ||
Espèce | alba |
Port massif en boule
Deux Sonneratia alba se dressent au devant de la mangrove, entourés de leurs pneumatophores coniques caractéristiques, dont la présence identifie cette espèce précise de palétuvier. Notez la différence notable du port des arbres avec la photographie 2.
Nouvelle-Calédonie, rivage de la rivière Tiwaka
27/07/2011
Port aplati et pneumatophores coniques
Le tronc de ces arbres est court et tortueux. Notez la différence notable du port des arbres avec la photographie 1.
Mayotte, Mzouazia
20/08/2010
Pneumatophores coniques
Les pneumatophores, ces extensions racinaires caractéristiques de certains palétuviers, ont typiquement la forme d'une pointe chez le palétuvier soleil. Leur écorce est fine et craquelée de pores par lesquelles peuvent avoir lieu les échanges gazeux indispensables à la survie des racines, qui elles, sont bien ancrées dans l'eau.
Nouvelle-Calédonie, rivière Tiwaka, rivage
27/07/2011
Feuilles
Les feuilles arrondies sont un des éléments caractéristiques de l'espèce qui permettent de la repérer sur les rivages.
Nouvelle-Calédonie, rivière Tiwaka
27/07/2011
Fleur
Les étamines blanches, organes mâles de la fleur, jaillissent telles une brosse de balai ! Le filament du pistil, organe femelle de la fleur, unique et central, est bien plus long.
Mayotte, Moya
18/09/
Fin de floraison
Cette fleur, éphémère, est fanée sur la photographie. Les étamines, ici pendantes, laissent découvrir les six sépales qui continueront d'entourer le fruit.
Nouvelle-Calédonie, rivière Tiwaka, rivage
27/07/2011
Fruit
Le fruit met plusieurs semaines à se former. Il est globuleux et entouré des sépales, d'où son aspect en soleil. Il correspond en fait au pistil transformé : la base de celui-ci où les graines se développent enfle et devient la partie majoritaire du fruit, tandis que la tige du pistil dégénère petit à petit.
Mayotte, Moya
18/09/2010
Trous de petits crabes
A marée basse, le substrat vaseux est ponctué des orifices creusés par les animaux souterrains comme les crabes violonistes.
Nouvelle-Calédonie, rivière Tiwaka, rivage
27/07/2011
Gros trou de crabe
Les trous creusés par les crabes, gros et petits, participent à l'oxygénation du substrat.
Nouvelle-Calédonie, rivière Tiwaka, rivage
27/07/2011
Densité des pneumatophores
La densité des pneumatophores témoigne du besoin de " chercher de l'air " pour ce palétuvier qui colonise des milieux anaérobies.
Nouvelle-Calédonie, rivière Tiwaka, rivage
27/07/2011
Envasement
Les substrats très envasés, boueux et meubles des eaux saumâtres ne sont pas un obstacle pour Sonneratia alba dont les pneumatophores coniques émergent très au-dessus.
Nouvelle-Calédonie, rivière Tiwaka
27/07/2011
Marée basse
A marée basse, l'étendue du développement des pneumatophores est marquante : ils s'étendent sur plus d'une dizaine de mètres autour d'un bosquet de palétuviers soleil.
Nouvelle-Calédonie, rivière Tiwaka
27/07/2011
Marée haute
Voici des Sonneratia alba les pieds dans l'eau, à marée haute.
Mayotte, Moya
18/09/2010
Rédacteur principal : Virginie LEON
Vérificateur : Cédric MITEL
Responsable historique : Cédric MITEL
Responsable régional : Anne PROUZET
Schmid M., 2000, FLEURS ET PLANTES DE NOUVELLE-CALEDONIE, les éditions du Pacifique, p.82.
Munzinger J., Lebigre J-M., 2007, THE FLORA OF THE NEO CALEDONIAN MANGROVE SWAMPS, Compendium of marine species of New Caledonia, Documents Scientifiques et Techniques II7 seconde édition, édition IRD, p.63-67.
La page de Sonneratia alba dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN