Cordes de Solier

Solieria chordalis | (C. Agardh) J. Agardh

N° 3596

Atlantique Nord-Est

Clé d'identification

Algue rouge vif ou pourpre, en forme de touffes de 15 à 20 cm de longueur
Rameaux cylindriques d’1 mm d’épaisseur et pointus à leur extrémité
Thalle fertile avec rameaux couverts d’un seul côté de ramules pointus de 1 à 2 cm de longueur
Sur substrat meuble, de la surface à 15 m de profondeur

Noms

Noms communs internationaux

Solier's red string weed (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Delesseria chordalis C.Agardh 1822
Gigartina gaditana Montagne 1839

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

On trouve cette algue en Atlantique Nord-Est, des îles Britanniques jusqu'au Maroc, en Manche, et mer du Nord. Les signalements en Méditerranée occidentale sont erronés.
Cette algue, initialement décrite de Cadix, est considérée comme envahissante en Europe du Nord. Elle est probablement disséminée par le trafic maritime, les activités de pêche et l’aquaculture (transferts de coquillages).

Biotope

Cette algue vit dans les milieux plutôt abrités, sur des fonds un peu sableux, de graviers, ou de débris de coquillages. On la rencontre entre 1 et 15 m de profondeur.

Description

Solieria chordalis est une algue de couleur rouge vif ou pourpre, formant des touffes de 15 à 20 cm de longueur, composées de rameaux à section cylindrique de 1 mm de diamètre, se terminant en pointe. La consistance est ferme et cartilagineuse.
Jeune, le thalle* présente peu de ramifications. A maturité, les rameaux se couvrent sur un seul côté de ramules pointus, de 1 à 2 cm de longueur, pouvant s'identifier aux dents d'un peigne.
La fixation sur le substrat* se fait à l'aide d'une base discoïde portant des filaments entremêlés que l'on appelle les rhizoïdes*.

Espèces ressemblantes

Il y a de nombreuses algues cartilagineuses portant des rameaux cylindriques de couleur rouge qui peuvent être confondues. Parmi les algues indigènes de métropole, on peut citer (liste non exhaustive) :

Gracilaria gracilis (Stackhouse) Steentoft, L.M.Irvine & Farnham, 1995 : algue cartilagineuse de couleur brun rouge à violacé, thalle de 20 cm de hauteur (quelques cas jusqu'à 50 cm), les axes sont cylindriques entre 1 et 2 mm de diamètre, leur base est amincie et leur extrémité est pointue. Ramifications alternées irrégulières et peu nombreuses. Espèce a priori répartie dans toutes les mers tropicales et tempérées. Plusieurs espèces de Gracilaria ont longtemps été confondues et la répartition géographique réelle de cette espèce est à préciser.

Chondria capillaris (Hudson) M.J.Wynne, 1991 : algue cartilagineuse de couleur rose pâle, thalle de 5 à 25 cm de hauteur, les axes sont cylindriques de 0,8 à 1,2 mm de diamètre se finissant en pointe. Ramification assez dense des rameaux secondaires portant à intervalles irréguliers de multiples ramules de 5 à 10 mm de longueur rétrécis à leur base et à leur extrémité. L'apex* des ramules* porte des poils très fins d’où son nom. Présente en Atlantique Nord-Est de la Scandinavie au Sénégal, et en Méditerranée. En eaux françaises, elle est aussi présente aux Antilles.

Chondria dasyphylla (Woodward) C. Agardh, 1817 : algue cartilagineuse de couleur brun rouge foncé, thalle de 30 cm de hauteur, 1 ou 2 axes principaux garnis d'axes secondaires plusieurs fois ramifiés dans un même plan, et abondamment garnis de ramules de 1 à 2 cm de longueur. L'aspect du thalle est plutôt pyramidal. Tous les axes, rameaux et ramules sont rétrécis à leur base et tronqués à leurs extrémités. Présente en Atlantique Nord-Est des îles Britanniques à la Mauritanie, et en Méditerranée. En eaux françaises, sa présence est attestée aux Antilles, et dans le Pacifique Ouest et central.

Sphaerococcus coronopifolius Stackhouse, 1797 : algue cartilagineuse de couleur rouge sombre à la base puis carmin vif aux extrémités. Le thalle de 25 cm de hauteur, avec plusieurs axes cylindriques dans leur partie inférieure, s'aplatit vers les extrémités jusqu'à atteindre 5 mm de largeur. Chaque axe porte des ramifications irrégulières alternées se terminant en ramules épineux assez denses. Présente en Atlantique Nord-Est de la Scandinavie aux îles Canaries, en Méditerranée et mer Noire.

Enfin une algue envahissante Solieria sp. (espèce non déterminée, origine inconnue) a été introduite dans le golfe du Morbihan (présence attestée en 2005, espèce devenue abondante) et dans le bassin de Thau (présence attestée en 2011), et peut être facilement confondue avec Solieria chordalis et autres Gracilariales ressemblantes.

Alimentation

Comme toutes les algues, c'est une espèce autotrophe*, c'est-à-dire que grâce à la photosynthèse* (utilisation de l'énergie lumineuse captée par la chlorophylle*), elle synthétise la matière organique nécessaire à sa croissance, à partir du dioxyde de carbone, et des minéraux dissous dans l'eau.

Reproduction - Multiplication

C'est une espèce pérennante*, c'est-à-dire que les axes sont caducs et que l'année suivante elle se régénère à partir de son système de fixation (disque basal et crampons), et cela sur plusieurs années.
Elle est fertile au début du printemps.

Le cycle est trigénétique* isomorphe*, il y a succession de 3 générations : gamétophyte* (l’espèce est monoïque*) et tétrasporophyte* sont semblables. La génération asexuée est composée d'un sporophyte* diploïde* (2n chromosomes) qui produit, par méiose*, des spores haploïdes* (n chromosomes) groupées par quatre (tétraspores) et qui vont donner naissance aux gamétophytes.

La génération sexuée est composée d'un gamétophyte monoïque* haploïde* qui produit des gamètes* mâles et femelles à n chromosomes. Les gamètes mâles sont libérés en pleine eau. Les gamètes femelles non mobiles restent sur le gamétophyte. Après fécondation, l’œuf se développe au sein d’organes appelés cystocarpes*, situés à la base des ramules.
La 3e génération issue de l’œuf est une génération diploïde à développement réduit et qui est appelée carposporophyte*. Elle se développe en parasite dans les cystocarpes. Le carposporophyte produit des carpospores diploïdes qui une fois libérées dans le milieu vont donner naissance à de nouveaux sporophytes diploïdes bouclant ainsi le cycle.

Les ramules peuvent se détacher et donner naissance à de nouveaux individus (multiplication végétative).

Cette algue peut aussi se multiplier par bouturage au niveau des rhizoïdes.

Informations complémentaires

Cette algue est une source potentielle importante de carraghénanes et pourrait être cultivée dans ce but.
Elle est étudiée en laboratoire pour les molécules qu’elle synthétise. En effet, certaines de ces molécules ont des propriétés anticoagulantes, anticancéreuses et antivirales. D’autres pourraient trouver une application dans les cosmétiques en tant que filtres anti-UV.

Les échouages en masse de cette algue sur les côtes de Bretagne sont problématiques pour le tourisme local.

La dissémination envahissante de Solieria chordalis en Europe du Nord se fait par reproduction asexuée, aucun gamétophyte fertile n’ayant été observé à ce jour dans les zones envahies.

Origine des noms

Origine du nom français

Comme il est souvent d’usage pour les végétaux, le nom français de cette algue est la traduction/francisation de son nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Solieria en hommage à Antoine Joseph Jean SOLIER (1792-1851), naturaliste français.
chordalis du latin [chorda] = corde d'instrument de musique, en rapport avec la forme des rameaux de cette algue.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 145681

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Rhodobionta / Rhodophyta Rhodobiontes Algues rouges, pour la plupart marines.
Sous-embranchement Eurhodophytina Eurhodophytinés
Classe Florideophyceae Floridéophycées

Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames.

Ordre Gigartinales Gigartinales Intérieur du thalle presque toujours filamenteux, uni ou pluriaxial, souvent avec des incrustations calcaires. Organes fructificateurs en coussinets sur le thalle.
Famille Solieriaceae Solieriacées
Genre Solieria
Espèce chordalis

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