Poisson bentho-pélagique mesurant en moyenne 90 cm, maximum 160 cm
Corps profilé comprimé latéralement, dos plus bombé que le ventre
Seconde nageoire dorsale et anale falciformes aux premiers rayons particulièrement élevés
Couleur gris brun et ventre blanchâtre chez les adultes, jaune avec bandes foncées chez les juvéniles
Flancs traversés par une ligne horizontale jaune peu marquée reliant l’œil au pédoncule caudal
Trait oblique sombre reliant la bouche à l'avant de la nageoire dorsale en traversant l'œil
Paru matavai (Tahiti), Hiroa, napuka (Tuamotu)
Almaco Jack, silvercoat jack, bonito, longfin yellowtail, yellow kingfish, rock salmon, european amberjack (GB), Irio (P), Medregal limón (E), Barnsteenmakreel (NL)
Seriola bonariensis Valenciennes, 1833
Seriola falcata Valenciennes, 1833
Seriola dubia Lowe, 1839
Seriola coronata Poey, 1860
Seriola declivis Poey, 1860
Seriola ligulata Poey, 1860
Seriola proxima Poey, 1860
Seriola colburni Evermann & Clarck, 1928
Seriola bovinoculata Smith, 1959
Seriola songoro Smith, 1959
Circumtropical débordant sur la zone tempérée
Zones DORIS : ● Caraïbes, ● Indo-Pacifique, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]La sériole-limon occupe la zone circumtropicale*, c'est-à-dire les eaux comprises entre les tropiques tout autour du globe. Cette distribution s'entend au sens large car elle déborde assez largement vers le nord et le sud, et s'étend vers une large partie de la zone tempérée. Cette extension de sa distribution serait notamment liée au réchauffement des océans.
On la retrouve ainsi généralement le long des côtes antillaises, dans les Mascareignes* et les îles du Pacifique Ouest. En Atlantique Est, sa présence a été relevée le long des côtes françaises de métropole et jusqu'aux côtes du sud de l'Angleterre en Manche. En Méditerranée, deux captures par des pêcheurs au large de l'île italienne de Lampedusa ont fait l'objet de publications scientifiques (Castriota 2002 & 2004).
La sériole-limon est un poisson bentho-pélagique* vivant généralement à une trentaine de mètres de profondeur. Sa présence est néanmoins attestée de 5 m à 245 m. Elle fréquente aussi bien les zones récifales côtières que la haute mer.
Les jeunes individus sont souvent aperçus nageant autour des objets flottants.
La sériole-limon est un poisson bentho-pélagique* mesurant en moyenne 90 cm et dont la longueur maximale peut atteindre 1,6 m. Le corps est profilé, comprimé latéralement, le dos étant plus bombé que le ventre. La couleur générale des adultes est gris brun tirant vers le blanc pour la partie ventrale et les flancs sont traversés par une ligne horizontale jaune peu marquée reliant l’œil au pédoncule* caudal. Un trait oblique sombre relie la bouche à l'avant de la nageoire dorsale en traversant l'œil. Les écailles brillantes sont visibles et de taille relativement faible. On aperçoit une ligne latérale* complète incurvée au-dessus des nageoires pectorales.
Ces nageoires sont assez peu développées. La nageoire caudale est homocerque* et fourchue. Un des traits caractéristiques de l'espèce est la forme falciforme (en forme de faucille) de la partie avant de la seconde nageoire dorsale, sensiblement plus élevée que chez les autres sérioles. On retrouve une forme similaire bien que moins marquée au niveau de la nageoire anale. La première dorsale, constituée des rayons épineux, est en revanche courte et basse. La seconde nageoire dorsale et la nageoire anale sont longues et s'étendent jusqu'à l'avant du pédoncule caudal.
Une autre spécificité est la forme de l'os supramaxillaire, un petit os situé sur le bord supérieur de la partie postérieure de la mâchoire dont la morphologie diffère en fonction des espèces de sérioles. Dans le cas de la sériole-limon, cet os est large et il forme un angle relativement aigu dans sa partie arrière.
La physionomie des juvéniles est assez dissemblable. Ils présentent une forme plus ramassée bien que rappelant celle des adultes. Leur couleur est à dominante jaunâtre parcourue par des bandes plus foncées, environ 8 de la tête à la queue. On peut supposer qu'à l'instar d'autres Carangidés comme la liche amie par exemple, chez qui cette même caractéristique est observable chez les juvéniles, c'est la nécessité de se camoufler sous des objets flottants qui a conduit à cette particularité évolutive avant d'adopter un mode de vie purement pélagique à l'âge adulte.
La sériole-limon Seriola rivoliana peut être confondue avec d'autres Carangidés et notamment plusieurs espèces de sérioles.
En France métropolitaine, on pense à la grande sériole Seriola dumerili avec laquelle la ressemblance est assez marquée. Pour le plongeur, le principal critère permettant de les différencier est la silhouette falciforme des nageoires dorsale et anale, sensiblement plus développée chez S. rivoliana. Par ailleurs, le corps de la sériole-limon est moins élancé que celui de la grande sériole S. dumerili. Les grandes sérioles juvéniles sont parfois appelées "limons" sur les côtes méridionales françaises ; sur le pourtour méditerranéen, il y a néanmoins fort peu de chances d'avoir croisé S. rivoliana tandis que S. dumerili y est plus fréquemment rencontrée en plongée.
Outre la grande sériole, on peut également mentionner d'autres espèces ressemblantes, toutes différenciables par la forme très élancée du premier lobe de la seconde nageoire dorsale caractérisant la sériole-limon :
- Seriola carpenteri : la sériole guinéenne signalée en Méditerranée, mal connue et difficile à différencier de la grande sériole, présente les mêmes critères distinctifs que cette dernière vis-à-vis de la sériole-limon
- Seriola fasciata : la sériole badiane est également signalée en Méditerranée, le corps est moins bombé
- Seriola zonata : la sériole guaimèque n'est présente qu'en Atlantique Ouest, elle est de forme plus élancée que la sériole-limon
Outre ces simples critères de différenciation et pour les personnes désireuses d'approfondir ce point, on trouve dans la littérature halieutique* d'autres caractéristiques propres à chaque espèce : distance relative du museau jusqu'à l'oeil, forme des maxillaires, forme des branchies, nombre de rayons sur les différentes nageoires, etc.
La sériole-limon se nourrit essentiellement de petits poissons pélagiques*. Des poissons benthiques* ou démersaux* ainsi que des crustacés et céphalopodes peuvent également être ingérés en fonction de la zone géographique (Manooch 1983).
Les sérioles sont des espèces de poissons gonochoriques* (les sexes sont séparés) se reproduisant au large en pleine eau. La reproduction est externe. Les œufs sont pélagiques.
Ce poisson peut être porteur de la ciguatera* dans les zones de récifs coralliens.
Il fait par ailleurs l'objet d'aquaculture à Hawaï et à La Paz au Mexique.
Bien que ce poisson soit ciblé par la pêche sportive au même titre que les autres espèces de sérioles, il est considéré comme "Least Concern" dans la liste rouge de l'UICN* (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) en 2015, c'est-à-dire n'étant pas menacé à court terme car très commun et localement abondant. Il bénéficie par ailleurs indirectement des mesures de préservartion ciblant plus spécifiquement d'autres espèces de sérioles.
Sériole est la traduction directe du nom de genre scientifique Seriola.
Limon, peut-être en référence à la couleur plus terne de sa livrée que celle de la grande sériole. Une autre explication pourrait se trouver dans le terme latin Citrus limon désignant le citronnier, en référence à la forme bombée du poisson ou à la couleur jaunâtre de sa livrée lorsqu'il est hors de l'eau.
Seriola : du latin [seriola] = petite cruche.
Rivoliana : en hommage à Rivoli personnage historique ; au moment de la description de ce poisson, par Valenciennes en 1833, il s'agit de François Victor Masséna (1799-1863), 2ème Duc de Rivoli (de 1817 à 1863), bien que son père ait porté le titre jusqu'en 1817. En effet, Valenciennes ne précise pas, dans le livre 9 de l'Histoire Naturelle des Poissons (page 207-208) duquel des deux il s'agit dans l'anecdote qui suit. Mais il y raconte ce que celui-ci aurait offert au Jardin du Roi une "Sériole de l'Archipel" (provenant probablement de l'archipel grec des Cyclades). Cependant, il semble à Valenciennes que ce poisson offert diffère un peu de l'espèce ordinaire et il va la décrire dans l'ouvrage sus-nommé sous le nom de "Sériole de Rivoli".
Numéro d'entrée WoRMS : 126818
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Actinopteri | ||
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Ordre | Carangiformes | Carangiformes | |
Famille | Carangidae | Carangidés | |
Genre | Seriola | ||
Espèce | rivoliana |
Sérioles à la dorsale falciforme
Voici deux jeunes sérioles-limons évoluant près du fond en Basse-Califormie du Sud.
Salvatierra, La Paz, Mexique, 12 m
08/07/2018
Dorsale élevée en forme de faucille
Ce jeune individu de Seriola rivoliana présente les caractères morphologiques qui le distinguent de sa proche parente S. dumerili, à savoir une nageoire dorsale particulièrement élevée et falciforme et une silhouette plus bombée.
Epave du Nahoon, Martinique (972), 8 m
N/A
Jeune individu argenté
On remarque la silhouette légèrement plus bombée que celle de S. dumerili sur ce cliché pris aux Canaries. Il semble que la nageoire dorsale soit ici malformée ou endommagée à son extrémité.
La cueva del diablo, El Hierro, Canaries, 8 m
16/04/2021
En chasse près du fond
L'aire de répartition de la sériole-limon est assez vaste, permettant de la rencontrer en Atlantique aussi bien côté Antilles françaises que sur les côtes métropolitaines de la Manche.
Tombant des Anses d'Arlet, Martinique (972), 32 m
21/06/2013
En compagnie d'autres Carangidés
Cette sériole-limon adulte de belle taille parcourt ce récif caribéen en compagnie notamment d'un autre Carangidé, probablement Carangoides bartholomaei.
Exumas, Bahamas, 20 m
30/01/2014
Aux Galápagos
Des adultes de belle taille évoluent dans le bleu aux Galápagos. La ligne noire parcourant l'œil est bien marquée sur ces individus.
Arche de Darwin, Galápagos, 10 m
28/07/2019
Dans les Antilles françaises
Ces trois poissons ont été croisés au-dessus de l'épave du Nahoon à une petite dizaine de mètres de profondeur.
Epave du Nahoon, Martinique (972), 8 m
08/03/2008
Au large des Açores
Réputé pour ses diables de mer (Mobula tarapacana), le banc de Princesse Alice permet également d'observer de belles sérioles-limons.
Banc de Princesse Alice, Açores, 6 m
04/08/2021
Au Cap-Vert
De jeunes sérioles-limons rencontrées dans les eaux du Cap-Vert au large du Sénégal.
Ile de Sal, Cap-Vert, 15 m
23/03/2012
En Bretagne
Cette sériole-limon bien identifiable à sa nageoire dorsale falciforme a été photographiée dans le goulet de Brest en Bretagne.
Site du Neven, goulet de Brest, Finistère (29), 17 m
01/09/2018
Sériole juvénile
Cette photo illustre la livrée et le comportement caractéristiques des juvéniles de sérioles. A ce stade, il est difficile d'affirmer s'il s'agit de S. rivoliana ou S. dumerili bien que la physionomie générale et la forme de l'os supramaxillaire nous orientent plutôt vers cette seconde hypothèse.
Proche de la plage, Boueni, Mayotte (976), sous la surface
01/12/2017
Vidéo : Grégaires et curieuses
Un banc de jeunes sérioles-limons évolue en compagnie de calicagères blanches le long d'une côte rocheuse des Açores au milieu de l'océan Atlantique.
Faïal, Açores, 10 m
26/07/2015
Timbre poste
Timbre poste émis par l'île de l'Ascension sur le territoire britannique d'outre-mer représentant la sériole-limon. Cette île est située au beau milieu de l'Atlantique Sud, entre le Libéria et le Brésil. Timbre retrouvé par Yvan CARO philatéliste expert et passionné.
N/A
26/01/2022
Rédacteur principal : Gaël MODRAK
Vérificateur : Valérie CARO
Vérificateur : Thomas MENUT
Responsable régional : Gaël MODRAK
Barreiros J.P., Morato T., Santos R.S., De Borba A.E., 2003, Interannual changes in the diet of the almaco jack, Seriola rivoliana (Perciformes: Carangidae) from the Azores, Société française d'ichtyologie - Cybium, 27 (1), 37-40.
Castriota L., Greco S., Marino G., Andaloro F., 2002, First record of Seriola rivoliana Cuvier, 1833 (Osteichthyes: Carangidae) in the Mediterranean, Journal of Fish Biology, 60 (2), 486-488.
Castriota L., Falautano M., Greco S., Andaloro F., 2004, Second record of Seriola rivoliana (Carangidae) in the Mediterranean, Société française d'ichtyologie - Cybium, 28 (3), 265-266.
Fischer W., Bianchi G., Scott W.B., 1981, Fao species identification sheets for fishery purposes. Eastern Central Atlantic ; Fishing area 34 and 47 (in part), Department of Fisheries and Oceans Canada, by arrangement with the Food and Agriculture Organization od the United Nations, 1, 271-272.
Manooch C.S., Haimovici M., 1983, Foods of greater amberjack Seriola dumerili, and Almaco Jack, Seriola rivoliana (Pisces: Carangidae), from the South Atlantic Bight, The journal of the Elisha Mitchell Scientific Society, 99 (1), 1-9.
Wheeler A.,1986, The occurrence of Seriola rivoliana (Osteichthyes: Perciformes: Carangidae) on the British coast, Journal of the Marine Biological Association of United Kindom, 66 (1), 15-19.
La page de Seriola rivoliana sur le site de référence de DORIS pour les poissons : Fishbase
La fiche de Seriola rivoliana dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN