Poisson marbré d’une longueur commune de 18 à 30 cm
3 bandes verticales de couleur sombre sur la nageoire caudale
Une bande de couleur sombre verticale à l’arrière du corps, juste avant la nageoire caudale
Face supérieure des nageoires pectorales présentant une zone noire parsemée de points blancs
Une série d’épines venimeuses à l’avant de la nageoire dorsale
Poisson-pierre, poisson-scorpion, rascasse tachetée, rascasse de Plumier
Spotted scorpionfish (GB), Scorfano macchiato (I), Rascacio negro (E), Pez escorpión (E), Gebänderter Drachenkopf (D)
Scorpaena bufo Cuvier, 1829
Scorpaena scrofina Valenciennes, 1833
Scorpaena rascacio Poey, 1860
Mer des Caraïbes, golfe du Mexique, Atlantique tropical Ouest et Centre
Zones DORIS : ● CaraïbesOn le trouve dans toutes les îles des Petites et Grandes Antilles, les Bahamas, les Bermudes.
Il est répertorié le long des côtes Nord-Est d'Amérique jusqu’au nord de New-York, en Amérique centrale (Mexique, Honduras, Nicaragua, Costa Rica, Panama) et il est présent également au sud du Brésil.
Il est signalé aux îles de Sainte-Hélène et Ascension.
Scorpaena plumieri se retrouve principalement sur les récifs coralliens, entre 1 et 60 m de profondeur, on trouve ce poisson globalement sur tout type de support, fond sableux, herbiers, etc.
Poisson marbré d’une longueur de 18 à 30 cm (des spécimens rares de 45 cm ont été signalés dans la bibliographie pour un poids de plus d’1,5 kg) exhibant une palette de couleurs allant du rouge au noir en passant par le marron et le blanc. Grâce à ses couleurs qui se confondent avec l'environnement il se dissimule aisément sur tout type de substrat.
Il présente 3 bandes verticales de couleur sombre sur la nageoire caudale, ainsi qu’une bande verticale de couleur sombre à l’arrière du corps, juste avant la nageoire caudale.
Les nageoires pectorales présentent, quand elles sont déployées (lors de la fuite par exemple), une face supérieure décorée de couleurs vives dont une zone noire parsemée de points blancs.
Des « plumes », aussi appelées cirres* se dressent au-dessus des yeux, au-dessus de la bouche, sur la tête et sur le menton ; à noter qu’elles peuvent être totalement absentes.
Si elle se sent menacée, la rascasse dresse une série d’épines venimeuses à l’avant de sa nageoire dorsale.
Scorpaena plumieri peut être confondue avec S. brasiliensis que l’on trouve le long les côtes brésiliennes, et aussi très rarement aux Bahamas, en Floride ou dans les Caraïbes.
La distinction entre ces 2 espèces se fait par la taille, S. plumieri étant généralement plus grande, et par le nombre de bandes sombres sur la nageoire caudale : 3 pour S. plumieri et 2 pour S. brasiliensis.
S. brasiliensis présente une ou plusieurs taches sombres sur le corps au-dessus de ses nageoires pectorales contrairement à S. plumieri.
Deux autres espèces de rascasse beaucoup plus petites et assez discrètes peuvent être rencontrées sur la même zone : la rascasse à plumes Scorpaena grandicornis et la petite rascasse de récif Scorpaenodes caribbaeus.
S. plumieri, comme la plupart des Scorpaenidés, est un poisson carnivore, chassant la nuit pour se nourrir de petits poissons, crustacés, escargots, etc.
La rascasse se maintenant immobile et camouflée de par sa couleur, sa proie s’aperçoit de sa présence trop tard et se fait gober.
S. plumieri est une espèce ovipare* qui pond des œufs translucides à verdâtres. 15 000 œufs en moyenne sont libérés par la femelle dans l’eau avant d’être fécondés par un ou plusieurs mâles, et partent ensuite flotter à la surface de la mer où les prédateurs mangeurs d’œufs sont moins susceptibles de les chercher.
Les œufs éclosent deux jours après la fécondation et les poissons juvéniles restent en surface jusqu’à être suffisamment gros pour rejoindre le récif où se trouvent les adultes. On connaît très peu de détails (parade, etc.) sur le mode de reproduction de S. plumieri.
S. plumieri est un prédateur, mais est aussi la proie de prédateurs tels que requins, raies, murènes, ou encore certains pagres (Lutjanus apodus ou L. analis). Pour se protéger durant sa phase d’inactivité (le jour), il se cache dans des crevasses.
S. plumieri n’est pas une espèce farouche et il est possible de l’approcher de très près (même sans le vouloir).
Néanmoins, comme nous l’avons vu précédemment, ce poisson est une espèce venimeuse dangereuse pour l’homme, une des plus dangereuses de l’Atlantique. Sa piqûre peut entraîner des complications sérieuses (désordres cardiovasculaires et neurologiques) pouvant aller jusqu’à la mort (souvent sous la forme d’un accident de plongée). Campos et al. (2016) indiquent qu’il faut généralement plusieurs jours à plusieurs semaines aux personnes piquées pour récupérer. A ce jour, malgré de considérables efforts menés en chimie moléculaire, le venin de nombreuses espèces marines, dont S. plumieri, reste relativement peu connu en comparaison avec les poisons des espèces terrestres.
En revanche, le venin injecté est thermolabile, c'est-à-dire que ses effets peuvent être atténués par une hausse de température (flamme d’un briquet, eau chaude, etc.) au-delà de 52 °C. Gomes et al. (2011) ont montré que l’antivenin du poisson-pierre de l’Indo-pacifique (Synanceia verrucosa) réagit positivement au venin de S. plumieri, ouvrant ainsi la voie à la production d’un antivenin pour pouvoir réagir efficacement contre les piqûres de S. plumieri dans l’Atlantique Ouest.
A noter que leur habitat principal, les récifs coralliens, sont menacés par le réchauffement climatique global.Ce poisson a été baptisé "vingt-quatre heures" du fait de la durée des douleurs intenses et de la fièvre qui affectent en général le malheureux qui se fait piquer.
Son second nom « scorpion » est toujours lié à la piqûre qui doit rappeler celle du scorpion.
Scorpaena : du grec [skorpaina] = rascasse (féminin de [skorpios] = scorpion) qui donnera par la suite le mot latin [scorpaena], retenu par Linné comme nom de genre
plumieri : du nom du naturaliste C. Plumier dont les croquis ont permis au docteur Bloch de décrire l’espèce pour la première fois en 1789, travail également réalisé sur la base de ces croquis par Lacepède (1800).
Numéro d'entrée WoRMS : 159564
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Ordre | Scorpaeniformes | Scorpéniformes | Poissons scorpions. |
Famille | Scorpaenidae | Scorpénidés | |
Genre | Scorpaena | ||
Espèce | plumieri |
Profil
Poisson massif à grosse tête, généralement immobile sur le fond, pectorales en éventail et dorsale épineuse.
Fond Boucher, Martinique, 12 m
14/08/2009
Rascasse et carrelet-paon
Sur le sable (et assez mal camouflé), ce vingt-quatre heures est le voisin d'un carrelet-paon beaucoup moins visible.
Les Saintes, Guadeloupe, 3 m
06/01/2014
Les rayons venimeux
Ce vingt-quatre heures en alerte a commencé à déployer un peu ses pectorales et surtout ériger sa dorsale : sur le fond sombre on voit nettement les extrémités creuses des premiers rayons qui dépassent. Ne pas toucher !
Pointe Lézarde, Martinique, 10 m
28/06/2008
Verdâtre, dans un herbier
Tenue couleur de sable, avec houppettes et barbules : tout ce qu'il faut pour ressembler à un paquet d'algues.
Saint François, Guadeloupe, 1 m
12/03/2014
Couleurs vives
Terne dans un environnement terne, la rascasse peut prendre des couleurs précieuses dans un environnement chamarré.
Le Perle, Martinique, 5 m
15/05/2008
Trahi par l'éclairage
Sans le flash qui fait ressortir la couleur rose de l'éponge où est posé ce vingt-quatre heures, il se confondrait avec un paquet d'algues brunâtres.
Pointe Lézarde, Martinique, 6 m
01/12/2011
Joli minois (rose)
Confiant en son camouflage, le vingt-quatre heures est peu farouche et se laisse volontiers tirer le portrait en gros plan. Ce qui nous permet de voir les détails des houpettes au-dessus des yeux et des barbillons sous le menton de cette rascasse rose.
Port-Louis, Guadeloupe, 5 m
10/2012
Jaune : camouflage éventé
Le photographe s'approche un peu trop : le poisson commence à déplier tout doucement ses pectorales, en avertissement avant de prendre la fuite.
Guadeloupe
2016
Toutes ailes déployées
Comme un papillon !
Les pectorales et l'éventail de la queue bariolés de couleurs contrastées rendent soudain le poisson bien visible.
Saint François, Guadeloupe, 1 m
16/06/2017
Vidéo : Fuite
La nage du 24 h n'est certainement pas un modèle de grâce et d'hydrodynamisme !
Mais remarquez bien les pectorales jaunes, violettes et noires ponctuées de blanc, avertissement clair pour qui a des yeux.
Guadeloupe, 1 m
12/03/2014
Rédacteur principal : Jean ROGER
Vérificateur : Anne PROUZET
Responsable régional : Anne PROUZET
Campos F.V., Menezes T.N., Malacarne P.F., Costa F.L.S., Naumann G.B., Gomes H.L., Figueiredo S.G., 2016, A review on the Scorpaena plumieri fish venom and its bioactive compounds, Journal of Venomous Animals and Toxins including Tropical Diseases, 22 (35).
https://jvat.biomedcentral.com/articles/10.1186/s4...
Carrijo L.C., Andrich F., de Lima M.E., Cordeiro M.N., Richardson M., Figueiredo S.G., 2005, Biological properties of the venom from the scorpionfish (Scorpaena plumieri) and purification of a gelotinolytic protease, Toxicon, 45 (7), 843-850.
Gomes H.L., Menezes T.N., Carnielli J.B., Andrich F., Evangelista K.S., Chavez-Olortequi C., Vassallo D.V., Figueiredo S.G., 2011, Stonefish antivenom neutralises the inflammatory and cardiovascular effects induced by scorpionfish Scorpaena plumieri venom, Toxicon, 57(7-8), 992-9.
Haddad Jr. V., Martins I.A., Makyama H.M., 2003, Injuries caused by scorpionfishes (Scorpaena plumieri Bloch, 1789 and Scorpaena brasiliensis Cuvier, 1829) in the Southwestern Atlantic Ocean (Brazilian coast): epidemiologic, clinic and therapeutic aspects of 23 stings in humans, Toxicon, 42(1), 79–83.
Meek S.E., Newland R.;,1885, A review of the American species of the genus Scorpaena, Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, 37, 394-403.
Shaw G., 1803, GENERAL ZOOLOGY or SYSTEMATIC NATURAL HISTORY, Volume IV, Part 2, G. Kearsley, London, 632p.
La page sur Scorpaena plumieri sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase