Anémone buissonnante

Savalia savaglia | (Bertoloni, 1819)

N° 328

Méditerranée, Atlantique Est limitrophe

Clé d'identification

Couleur jaune
Colonie rigide, arborescente, pourvue de ramifications orientées selon un seul plan, cylindriques et relativement longues et disposées de toute part sur les rameaux
Squelette axial corné sécrété ou colonisation d’un axe de gorgone morte
Polypes jaunes très protubérants et surmontés d’un disque buccal entouré d'une trentaine de tentacules non pennés et répartis en deux rangées

Noms

Autres noms communs français

Faux corail noir, zoanthaire arborescent

Noms communs internationaux

Bushy anemone (GB), Anemonia arborescente, falso corallo nero (I), Actinia arbol (E), Strauchanemone (D), Struikanemoon (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Gerardia savaglia (Bertoloni, 1819)
Gerardia savalia (Bertoloni, 1819)
Gorgonia savaglia Bertoloni, 1819
Gerardia lamarcki Lacaze-Duthiers, 1864

Distribution géographique

Méditerranée, Atlantique Est limitrophe

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Cette espèce est décrite sur tout le bassin méditerranéen occidental (Espagne, France, Italie) du détroit de Gibraltar à la Sardaigne (infos Natura 2000), et sur la côte atlantique.
Sur les côtes nord-africaines de Méditerranée elle a été observée en Tunisie.
Espèce caractéristique de Méditerranée, elle est naturellement rare, sauf dans certaines zones comme le golfe de Corinthe et la mer de Marmara.
On la rencontre aussi en Atlantique, sur la côte espagnole (Cantabria) et dans les secteurs isolés des Canaries et de Madère. Sa localisation la plus septentrionale pour l’Atlantique Nord est relevée sur la côte basque française, en baie de Biscaye.

Biotope

Cette espèce, qui est sessile* et benthique*, vit fixée sur des substrats* durs, très souvent sur les mêmes lieux que Paramuricea clavata (gorgone pourpre), à partir de 10 m (à l'ombre) à 35 mètres et probablement au moins jusqu'à 120 m.
Elle a été décrite par Bertholoni (1819) de 30 à 120 m de profondeur aux îles Canaries.
C'est une espèce sciaphile* qui préfère les zones à variabilité hydrodynamique.
Les colonies trouvées à Marseille dans 10 m de profondeur sont issues d'expériences de bouturage par les scientifiques. A l'état naturel on trouve cette espèce plutôt au delà de 30 m (pourquoi ? C'est encore un mystère...).

Description

On rencontre cette espèce d'un beau jaune sous forme de colonie rigide, arborescente parfois en grand éventail, sécrétant elle même son squelette corné (brun ou noirâtre), ou bien recouvrant les axes de gorgones mortes. Le point de départ est encore sujet à discussion : gorgone morte ou sécrétion ?
Les colonies peuvent atteindre 1 m. Les polypes* mesurent jusqu’à 3 cm et sont jaunes.
A la surface du squelette on observe des polypes jaunes très protubérants (30 mm) et surmontés d’un disque buccal entouré d'une trentaine de tentacules* jaunes non pennés.
Comme chez tous les zoanthaires, les tentacules sont répartis en deux rangées distinctes. Le nombre important de tentacules (et le fait qu'ils soient non pennés) permet au plongeur de facilement distinguer un Hexacoralliaire d'un Octocoralliaire et par ailleurs, les deux rangées de tentacules permettent de distinguer le zoanthaire d'un antipathaire, actiniaire ou autre.

Espèces ressemblantes

Ne pas la confondre avec l'anémone encroûtante jaune Parazoanthus axinellae.

Alimentation

Les polypes des colonies capturent des proies planctoniques* par le biais de leur couronne de tentacules munis de cellules spécialisées : les cnidocytes*. Ils peuvent également se nourrir de substances dissoutes dans l’eau de mer.

Reproduction - Multiplication

La reproduction est à la fois sexuée et asexuée. La croissance est extrêmement rapide (8 cm par an). Des colonies de plus de 1 800 ans auraient été décrites.

Vie associée

Elle recouvre les axes cornés morts des gorgones Paramuricea clavata et finit souvent par tuer celles-ci par étouffement.
Cette espèce peut s’associer avec la crevette Balssia gasti (environ 2 cm) car elle-même souvent rencontrée sur Paramuricea clavata.

Divers biologie

Ne supporterait pas des températures supérieures à 22 °C.
Finalement peu de choses connues sur cette espèce qui devient de plus en plus rare. Elle fait partie de la liste des espèces protégées en Méditerranée.

Informations complémentaires

Elle fut longtemps remontée accidentellement dans les filets et utilisée à des fins décoratives.
On extrait différents composés intéressant la pharmacie, comme la 20-hydroxyectysone (Ecdysterone), qui jouerait un rôle de défense de leurs prédateurs les crustacés, peut-être comme chez les insectes en induisant leur mue.
Une lectine particulière a aussi été identifiée récemment.

Statuts de conservation et réglementations diverses

L'espèce est référencée dans l'annexe II du protocole de Barcelone, et dans la convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne): Annexe II.

Origine des noms

Origine du nom français

Les buissons qu'elle forme lui ont donné son nom vernaculaire*.

Origine du nom scientifique

Gerardia a été décrit comme nom de genre par Lacaze-Duthiers en 1864, cependant Nardo en 1844 déjà décrivait ce zoanthaire comme Savalia. Certains auteurs persistent à utiliser Gerardia, cependant en se basant sur les règles de la nomenclature, la priorité va au premier nom : Savalia savaglia. Il est intéressant de noter qu'en 1599 Imperato Ferrante parle de Savaglia pour un organisme méditerranéen qui est très probablement notre zoanthaire. Nardo a repris ce nom, seul un "g" s'est perdu en route. Le nom d'espèce lui ne change pas. Rendons à César ce qui appartient à César (ou plutôt à Nardo)...

Gérard était le nom de la mère de Lacaze-Duthiers, grand zoologiste français du 19ème siècle, spécialisé en biologie marine.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 383014

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Classe Anthozoa Anthozoaires Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie).
Sous-classe Hexacorallia / Zoantharia Hexacoralliaires / Zoanthaires Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6.
Ordre Zoanthidea Zoanthides Hexacoralliaires coloniaux pour la plupart tropicaux. Polypes de 1 mm à 2 cm de diamètre, souvent reliés par des stolons. Ce sont les anémones encroûtantes, qui peuvent coloniser de grandes surfaces.
Famille Gerardiidae Gérardiidés
Genre Savalia
Espèce savaglia

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