Doré jaune

Sander vitreus | (Mitchill, 1818)

N° 1503

Amérique du Nord

Clé d'identification

Corps allongé et légèrement comprimé latéralement
Long museau émoussé et arrondi
Grands yeux vitreux
Deux nageoires dorsales distinctement séparées
Coloration du brun olive au jaune, en passant par le brun doré

Noms

Autres noms communs français

Doré, sandre américain, doré blanc, doré bleu

Noms communs internationaux

Walleye, pike perch (US), Yellow pickerel, yellow pike (GB), Lucioperca americana (E), Amerikanischer Zander (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Stizostedion vitreum (Mitchill, 1818)
Perca vitrea Mitchill, 1818
Lucioperca americana Cuvier, 1828

Distribution géographique

Amérique du Nord

Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest

Le doré est limité aux eaux douces de l'Amérique du Nord.
Au Canada, il se rencontre généralement dans le sud-ouest du Québec jusqu'au nord de la baie James. Il est présent également dans les Grands Lacs de l'Ontario, dans le nord-est de la Colombie Britannique et le sud de l'Alberta.
Aux États-Unis, son aire de distribution couvre pratiquement tout l'est. On note également sa présence jusqu'à la côte du golfe du Mexique en Alabama.

Biotope

Le doré jaune affectionne les eaux peu profondes des lacs et des grandes rivières. Il se tient en fait à une profondeur moyenne de 15 m. Il aime les courants modérés et se tient souvent au pied des rapides. Le doré jaune a une préférence pour les eaux troubles et fraîches (température comprise en 13 et 21 degrés Celsius).

Description

Le doré jaune est un poisson au corps allongé et légèrement comprimé latéralement. Il mesure de 30 à 50 cm de long (maximum 75 cm) et pèse en moyenne 1 kg (maximum 7 kg). Le doré jaune possède un long museau émoussé et arrondi ne dépassant pas la mâchoire supérieure. La bouche est grande et terminale, elle est dotée de nombreuses grosses dents acérées et recourbées. Les yeux du doré sont grands et vitreux. Ses joues sont dépourvues d'écailles. Il possède deux nageoires dorsales distinctement séparées. La première dorsale épineuse est haute, longue et arrondie, elle comporte de 12 à 16 hautes épines. La seconde dorsale est aussi haute, elle comporte une épine délicate et de 18 à 22 rayons. La caudale est fourchue, les extrémités sont en pointes arrondies. La nageoire anale possède deux épines courtes, elle est constituée de 18 à 22 rayons mous. Les pelviennes sont largement espacées, et les pectorales aux bouts arrondis sont modérément larges. Les écailles sont cténoïdes*. La ligne latérale est complète, haute et peu recourbée.

La coloration du doré jaune est variable en fonction de son habitat : en eau turbide, les couleurs seront plus pâles ; en eau claire, elles seront plus vives. Sa couleur varie du brun olive au jaune, en passant par le brun doré. La face dorsale de la tête et le dos sont foncés, les flancs sont plus pâles et comportent des taches dorées. La face ventrale est blanc-jaune. La première nageoire dorsale porte une grande tache noire à l'extrémité postérieure et la deuxième dorsale est mouchetée. Le lobe inférieur de la caudale et le bout de la nageoire anale sont blanc de lait. Les pelviennes sont jaunes à jaune orange. Les pectorales sont olive foncé ou pâle avec marbrures. La réflexion de la lumière peut donner une teinte argentée aux yeux.

Espèces ressemblantes

Le doré noir (Stizostedion canadense) : son corps est plus allongé et plus cylindrique ; sa taille est plus petite (20 à 30 cm en moyenne). Il possède des taches noires sur la première nageoire dorsale ; ses joues comportent des écailles rugueuses.

Le sandre (Sander lucioperca) est son cousin européen, il peut atteindre jusqu'à 130 cm, son dos est gris verdâtre, il ne possède pas de rayures transversales.

Alimentation

Le doré jaune se nourrit habituellement en eau peu profonde au lever et à la tombée du jour. Durant les six premières semaines de sa vie il se nourrit principalement de copépodes, de larves émergentes de phryganes et de ses propres congénères. Adulte, il devient un prédateur de poissons : perchaudes (Perca flavescens), meuniers (Catostomus sp.), ménés (Luxilus cornutus, Notropus atherinoides, Couesius plumbeus), épinoches, achigans à petite bouche, crapets de roche, crapets soleil... Lorsque les poissons et les insectes deviennent rares, il mange d'autres organismes tels les écrevisses, les limaces, les grenouilles, les nectures tachetées (Necturus maculosus).

Reproduction - Multiplication

Le frai a lieu au printemps ou au début de l'été. Peu après que la glace se soit brisée dans le lac, la température de l'eau est alors comprise entre 7 et 9 degrés Celsius. Les mâles se dirigent les premiers vers les frayères situées dans des endroits rocheux, propres, peu profonds et bien oxygénés. Le frai a lieu la nuit en groupe constitué d'une grande femelle et d'un ou deux mâles plus petits. La femelle s'élève rapidement, les mâles agitent violemment leur caudale causant une sorte de remous au milieu duquel les œufs abandonnés par la femelle sont fécondés. Une femelle pond en moyenne de 50 000 à 60 000 œufs. Ils mesurent de 1,5 mm à 2 mm et éclosent au bout de 12 à 18 jours. Actifs dès leur sortie de l'œuf, ils sont déjà aussi voraces que leurs parents et ne tardent pas à se livrer à l'homophagie* en dévorant les autres alevins plus faibles. La croissance est assez rapide, 3 mois après la naissance les alevins mesureront entre 8 et 10 cm et gagneront les couches d'eaux supérieures. La maturité sexuelle est atteinte entre 2 et 4 ans, selon l'habitat et le sexe.
Les dorés jaunes retournent habituellement aux mêmes frayères (surtout les femelles).

Le doré jaune peut se reproduire avec le doré noir, il en résulte un hybride appelé "saugeye" en anglais.

Vie associée

Le doré jaune est souvent associé avec d'autres espèces telles que la perchaude, le maskinongé ou grand brochet, et l'achigan à petite bouche.
Le doré jaune est l'hôte d'une grande variété de parasites : nématodes, sangsues, mollusques et crustacés. Dans certaines régions de la Saskatchewan et de l'Alberta, il est infesté par le ver plat Diphyllobotrium latum. Ce parasite infeste régulièrement les chiens de traîneaux qui se nourrissent de chair crue.

Divers biologie

Le maskinongé est son plus grand prédateur. Plusieurs oiseaux et mammifères marins piscivores, ainsi que des lamproies sont également des prédateurs réguliers.

Ses yeux possèdent une couche de pigments réfléchissant la lumière appelée tapis choroïdien (tapetum lucidum). Cette couche lui procure une excellente vision nocturne mais l'oblige à éviter les lumières trop vives.

Une étude a mis en évidence une potamodromie* (migration en eau douce seulement) pour plus de 20 espèces de poissons d'eau douce du Saint-Laurent dont le doré jaune. Cette migration saisonnière (vers l'amont à l'automne et vers l'aval au printemps) se déroule sur une distance de près de 200 km le long du tronçon fluvial compris entre les îles de Sorel (extrémité ouest du lac Saint-Pierre) et la pointe est de l'île d'Orléans. Elle ne semble pas être liée à des besoins de reproduction mais plutôt aux variations saisonnières de l'accessibilité des habitats.

Informations complémentaires

Les pluies acides et les déchets toxiques ont largement contribué au déclin de l'espèce.

Statuts de conservation et réglementations diverses

La pêche sportive du doré jaune est réglementée au Québec. Le « ministère des Ressources naturelles et de la Faune » a publié un document de règlement de la pêche sportive. La dernière version est en vigueur depuis le 1er avril 2009. On y retrouve notamment :
- l'instauration d'une taille minimale en fonction des différentes zones géographiques (de 30 à 38 cm) ;
- l'interdiction de l'utiliser comme appât ;
- l'interdiction de le vendre, de l'acheter, de le troquer ou d'offrir de l'acheter en pêche sportive ;
- des limites de prise variant en fonction des zones géographiques (de 5 à 8).

Le doré jaune est le poisson d'eau douce qui a la plus grande importance économique au Canada. C'est une des espèces les plus recherchées en pêche sportive. Il fait l'objet d'une pêche commerciale en Ontario (Lac Érié) et dans une section très limitée du fleuve Saint-Laurent (en aval de Trois-Rivières).

Origine des noms

Origine du nom français

Les premiers français venus au Canada trouvèrent dans leurs filets une sorte de grosse perche aux yeux pâles, saillants, le dos muni d'une double nageoire dorsale dont la première marquée à la base de la partie postérieure d'une tache noire. Son corps était couvert d'écailles rudes et semblait comme pailleté d'or. Ils le baptisèrent sur le champ "poisson doré". Ils ne semblaient pas avoir reconnu son proche parent européen : le sandre.

Origine du nom scientifique

Pour certains Sander viendrait de l'allemand « der sand » (le sable) car l'espèce, quand ce substrat existe, le choisit pour y installer sa frayère. Pour d'autres il viendrait de l'allemand « der zander » (et non « der sander »), tiré du mot « zahn » (la dent), en référence aux canines très proéminentes ornant l'avant de ses maxillaires.

vitreus : du latin [vitreus] = comme du verre.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 275311

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopteri
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Famille Percidae Percidés
Genre Sander
Espèce vitreus

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