Corps élancé
Tête allongée
Pas d'épine sur l'opercule branchial mais préopercule dentelé
1ère nageoire dorsale épineuse et tachetée
2 nageoires dorsales séparées
Nageoires pelviennes en position thoracique
Perche-brochet
Zander, pikeperch, pike-perch (GB), Sandra, lucioperca (I), Lucioperca (E), Schill, Zander, Amaul, Hechtbarsch, Sandart (D), Snoekbaars (NL)
Perca lucioperca Linnaeus, 1758 nom original
Lucioperca lucioperca (Berg, 1916)
Lucioperca sandra (Cuvier, 1828)
Stizostedion luciperca (Linnaeus, 1758)
Stizostedium lucioperca (Linnaeus, 1758)
Lucioperca linnei (Malm, 1877)
Europe, Asie, Afrique du Nord, États-Unis
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeL'Eurasie : de l'Europe occidentale à l'Asie orientale. Originaire d'une zone limitée à l'ouest par l'Elbe, au nord par la mer Baltique et à l'est et au sud par la Russie, ce poisson a été introduit dans pratiquement tous les pays européens, de nombreux pays d'Asie ainsi qu'aux Etats-Unis et en Afrique du Nord. Plusieurs pays signalent un impact défavorable sur l'écologie après introduction.
Il est présent dans toute la France et la Belgique.
Il habite les eaux calmes et profondes des lacs, des étangs, des canaux et des rivières (zones à faible courant), plutôt chaudes et avec de bonnes conditions d'oxygénation. Il peut fréquenter les eaux saumâtres (salinité < 12 ‰). Il évite les endroits envahis par la végétation et préfère fréquenter les eaux libres.
Il privilégie les eaux troubles où il n'est pas en compétition avec le brochet et où il peut chasser sans être vu.
Le ou la sandre (nom masculin ou féminin) est un poisson qui peut atteindre une longueur de 100 cm (maximum 130 cm) pour un poids de 20 kg et un âge d'une quinzaine d'années (maximum 20 ans). Son corps est élancé et fusiforme. La tête est allongée. Le dos est gris verdâtre et possède des raies verticales sombres peu marquées. Il ne possède pas de rayures transversales et le flanc est clair. Le ventre est blanchâtre sauf chez le mâle en période de reproduction où il est plus sombre. Pas d'épine sur l'opercule branchial. Ses deux nageoires dorsales sont séparées. La première est tachetée et épineuse. La nageoire caudale a 17 rayons mous. Sa bouche est armée de nombreuses dents et de grandes «canines» qui sont visibles lorsque l'animal est immobile du fait des mouvements respiratoires.
Il vit en petits bancs ou en solitaire.
Dès qu'il atteint la taille de 7 à 8 cm (vers 4 mois), le sandre se nourrit principalement de poisson. Son gosier étroit l'empêche d'avaler une proie qui dépasse le huitième de son propre poids. Ses prises préférées sont donc les goujons, les ablettes et les jeunes gardons. Les écrevisses sont également au menu.
C'est un chasseur qui chasse à vue lorsque la luminosité est faible car son œil est très bien adapté aux eaux troubles ou à faible luminosité. La rétine est munie d'un tapis, le tapetum lucidum, qui réfléchit la lumière. Sa nage très rapide lui permet de chasser à l'affût et en poursuite.
Il pratique aussi le cannibalisme.
Il se nourrit moins en hiver et pas du tout pendant la période du frai.
La maturité sexuelle est atteinte entre 2 et 4 ans à une taille supérieure à 35 cm chez le mâle, et entre 3 et 5 ans à une taille supérieure à 40 cm chez la femelle (cf. remarque infra).
Le frai a lieu entre avril et août, à une température autour de 10 à 14 °C, sur un substrat de gravier (un fond dur), à une profondeur de 1 à 3 m mais qui peut atteindre 17 m en lac. Idéalement sur un fond pourvu de grandes racines.
Avant le frai le mâle prépare un nid circulaire (~ 1 m²) : il fait le ménage en débarrassant le substrat de toute trace de vase. La ponte s'effectue de nuit. La femelle dépose les œufs par paquet à même le fond et le mâle les féconde immédiatement. Les œufs adhèrent au substrat. Après le frai, le mâle protège la ponte : il chasse les intrus, aère et nettoie les œufs. Jaune pâle, ils mesurent de 1 à 1,5 mm. La fécondité est élevée avec près de 200 000 œufs/kg de femelle. Il y a une certaine mortalité des femelles après le frai.
Une semaine environ après la ponte (70 à 110 degrés x jours), les œufs éclosent et une larve de 3,5 à 6 mm dotée d'une vésicule vitelline en sort. Au fur et à mesure que les ressources en vitellus disparaissent, la bouche et les dents se forment et les alevins se nourrissent de crustacés planctoniques, puis d'insectes benthiques.
Quand les juvéniles ont atteint une taille de quelques centimètres, les alevins de nombreuses espèces de poissons, les larves, les vers et les gammares fournissent l'essentiel de leur alimentation.
La croissance est rapide et à l'âge d'un an, la taille se situe entre 15 et 18 cm.
NB : "110 °C x jours" est une notation très utilisée pour signaler la durée d'incubation en fonction de la température de l'eau. Par exemple :
- si l'eau est à 10 °C, l'incubation durera 11 jours ;
- si l'eau est à 11 °C, l'incubation durera 10 jours ;
- si l'eau est à 14 °C, l'incubation durera 8 jours.
NB : La température de l'eau influence sa vitesse de croissance et l'âge de sa maturité sexuelle. On a constaté que les populations vivant en Camargue deviennent matures sexuellement à un an et 25 cm pour les mâles, et à 2 ans et 32 cm pour les femelles. Leur durée de vie est également réduite.
Bucephalus polymorphus : l'adulte de ce ver parasite le sandre. Il boucle son cycle de vie sur deux autres hôtes : la moule zébrée (Dresseina polymorpha) et un cyprinidé (brème, gardon, vandoise, …). Ce parasite n'affecte pas le sandre mais a provoqué de fortes mortalités en 1964 et 1970 au sein des populations de cyprinidés de la Seine.
Le sandre est aussi porteur d'un Rhabdovirus primitivement isolé sur la perche commune.
Aux Etats-Unis, une étude a mis en évidence des migrations saisonnières :
- au printemps, lorsque la température atteint 3 °C, les sandres remontent les cours d'eau ;
- après le frai, ces poissons redescendent vers l'aval et séjournent à petite profondeur (moins de 2 m) pendant deux semaines ;
- en été, ils préfèrent un substrat de cailloux et on les trouve à des profondeurs diverses. Ils sont souvent présents sur le bord amont de fosses ou de tranchées (là où il y a une rupture du courant) ;
- en automne, ils privilégient les substrats de gros galets dans moins de 2 m d'eau ;
- en hiver, ils s'installent dans des dépressions du fond (là où le courant est faible).
Une étude des populations de Camargue a également constaté des migrations saisonnières.
Il semble que ces migrations soient corrélées à la température de l'eau : des températures trop faibles (< 5 °C) ou trop chaudes (> 30 °C) provoquent des déplacements.
Pendant la période où il protège sa ponte, le mâle est très agressif. Ses canines peuvent laisser des marques sur les combinaisons des plongeurs trop téméraires (voir photo). Le 13 juillet 2009 dans le lac Majeur (Suisse), un sandre de 70 cm pour un poids de 8 kg a attaqué et mordu six personnes dont deux ont dû être hospitalisées (la taille des morsures atteignait 10 cm).
La chair du sandre est très appréciée et il fait l'objet d'un élevage commercial.
Espèce introduite en France dans la première moitié du XIXe siècle à partir d'individus provenant du lac Balaton (Hongrie). Ensuite :
- 1888 : première capture dans le Rhin ;
- 1912 : présent dans le bassin de la Marne et dans le canal reliant le Rhône au Rhin ;
- 1915 : présent dans le Doubs et la Saône ;
- 1932 : présent dans le Rhône ;
- 1948 : présent en Camargue ;
- 1950 : présent dans la Moselle et la Meurthe ;
- 1958 : la pisciculture de Sylvéréal (Camargue) ayant maîtrisé sa reproduction et le transport de ses pontes, les associations de pêche le disséminent dans toute la France ;
- 1970 : introduit en Corse.
Si son impact sur les écosystèmes de la Corse n'est pas encore connu, cette espèce a épuisé des stocks de poissons indigènes dans certains secteurs où elle a été introduite pour la pêche à la ligne : Rhin 1888 puis 1910 ; Saône vers 1915 et Rhône vers 1930. Cependant certains auteurs pensent que son introduction a permis de remplacer les populations déclinantes de brochets (menacées par la pollution et les aménagements des cours d'eau) et d'ainsi rétablir l'équilibre des cours d'eau par la présence d'un prédateur.
Sandre : de l'allemand « zander » (voir origine du nom scientifique).
Pour certains Sander viendrait de l'allemand « der sand » (le sable) car l'espèce, quand ce substrat existe, le choisit pour y installer sa frayère. Pour d'autres il viendrait de l'allemand « der zander » (et non « der sander »), tiré du mot « zahn » (la dent), en référence aux canines très proéminentes ornant l'avant de ses maxillaires.
lucioperca : du latin [lucius] = brochet et du latin [perca] = perche, soit brochet-perche car il possède des caractères à la fois de brochet et de perche.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Percoidei | Percoïdes | Une ou deux nageoires dorsales dont les éléments antérieurs sont des épines aiguës. Nageoires pelviennes avec une épine, rayons mous. |
Famille | Percidae | Percidés | |
Genre | Sander | ||
Espèce | lucioperca |
Vue Trois-quarts face
Le sandre est un prédateur au corps élancé. La tête est allongée. Le dos est gris verdâtre et possède des raies verticales sombres peu marquées. Il ne possède pas de rayures transversales et le flanc est clair. Le ventre est blanchâtre sauf chez le mâle en période de reproduction où il est plus sombre.
Lac de la Platte-taille (Belgique)
N/A
Vue profil
La sandre fait partie des Percidés.
Pas d’épine sur l’opercule branchial. Ses deux nageoires dorsales sont séparées.
Lac de Gérardmer, 3 m
18/04/2010
Face à face
Sa bouche est armée de nombreuses dents et de grandes «canines» qui sont visibles lorsque l’animal est immobile du fait des mouvements respiratoires.
Lac de l'Ain, 3 m
05/2006
Vue dessus, sangsue
Remarquez la sangsue fixée près de sa première nageoire dorsale. Il s’agit très probablement d’une Piscicola geometra (sangsue piscicole).
Roeux (Arras), 9 m
1994
Chasse à l'affut
C’est un chasseur qui chasse à vue lorsque la luminosité est faible. Sa nage très rapide lui permet de chasser à l’affût et en poursuite.
Lac de Gérardmer, 3 m
18/04/2010
Affection dévorante
Commentaire de l'auteur de la photo : Pour l'anecdote, il s'agissait d'un sandre mâle qui veillait sur les œufs déposés par sa femelle dans le coffre d'une épave de voiture. Dès qu'un plongeur s'approchait le poisson surgissait et n'hésitait pas à mordre l'intrus. C'était impressionnant, vu sa taille par rapport au plongeur ! Le plongeur qui m'accompagnait avait très peur de se faire mordre au visage, c'est pour cela qu'il se protège ! J'ai gardé pour ma part un souvenir de son agressivité : une empreinte de dent sur mon flash photo ! A part une fois, je n'ai croisé ce poisson qu'en période de frai. Simplement parce qu'il vient à la rencontre du plongeur pour défendre la ponte. Le reste du temps, il se montre très discret.
Roeux (Arras), 7 m
05/1997
Au repos sur le fond
Il habite les eaux calmes et profondes des lacs, des étangs, des canaux et des rivières (zones à faible courant), plutôt chaudes et avec de bonnes conditions d’oxygénation.
Lac du Bourget, 2 m
05/2004
Toutes nageoires dehors
La première nageoire dorsale est tachetée et épineuse.
Lac de l'Ain, 3 m
06/2007
De beaux yeux
Son œil est très bien adapté aux eaux troubles ou à faible luminosité. La rétine est munie d'un tapis, le tapetum lucidum, qui réfléchit la lumière.
Lac de l'Ain, 3 m
05/2005
Planche naturaliste
Cuvier G., Valenciennes M., HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS, Paris
Cette image fait partie de The Biodiversity Heritage Library
N/A
Reproduction de documents anciens
1828
Rédacteur principal : Jean-Pierre COROLLA
Correcteur : Emmanuel PARLIER
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Michel KUPFER
Poulet N., 2004, Le Sandre (Sander Lucioperca), biologie, comportement et dynamique des populations en Camargue (Bouche du Rhône, France), Cemagref, UR Ressources ichtyologiques en plans d'eau, 300p.
La page sur Sander lucioperca dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page sur Sander lucioperca sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase