Taille adulte comprise entre 10 et 15 cm
Partie supérieure du corps brune à rouge sombre avec des taches rappelant des taches de rousseur
Partie inférieure du corps de couleur crème avec des taches brun clair par endroit
Tête de forme pointue
Mâchoire inférieure proéminente
Préopercule et opercule munis chacun de trois épines
Savon tacheté (INPN - à noter que c'est aussi le nom donné à R. subbifrenatus)
Freckled soapfish, two-spined soapfish (GB), jabocillo pecoso, jabonero pecoso (E), Badejo-sabão (P)
Bodianus bistrispinus Mitchill, 1818
Rypticus histrispinus (Mitchill, 1818)
Atlantique Ouest tropical
Zones DORIS : ● CaraïbesDans l'Atlantique Ouest, l'aire de répartition de Rypticus bistrispinus s'étend du sud et de l'ouest de la Floride, et des Bahamas jusqu'au nord du Venezuela. Sa présence est aussi confirmée au Brésil. Ce poisson reste rare aux Petites Antilles tout en étant plus fréquent, au nord, vers les îles Vierges britanniques et Anguilla.
La savonnette bicolore est un poisson benthique* qui vit en général entre 3 et 20 m de profondeur. Des données existent qui rapportent sa présence jusqu'à 100 m. Solitaire et discrète, elle affectionne les fonds mixtes de sable et de débris rocheux ou coralliens. On peut la trouver se reposant à même le sol ou cachée dans des anfractuosités ou sous des coquilles vides. Elle est rarement observée sur les récifs.
La savonnette bicolore est un poisson de forme oblongue comprimé latéralement. Adulte, elle atteint une taille comprise entre 10 et 15 cm. La partie supérieure de son corps est de couleur brune à rouge sombre avec des taches rapprochées rappelant des taches de rousseur. La partie inférieure du corps est de couleur crème avec des taches brun clair par endroit.
La forme pointue de la tête est accentuée par une mâchoire inférieure proéminente. La bouche est grande et orientée vers le haut (bouche dite supère*). Elle est garnie de dents qui sont courtes, fines et serrées comme du velours (villiformes*). Le préopercule* et l’opercule* sont munis chacun de trois épines.
La nageoire dorsale, d'abord assez basse, s'élève progressivement et se termine en s'arrondissant. La nageoire caudale est arrondie (convexe). L'espace entre la caudale et les nageoires dorsale et anale est très étroit. Les nageoires pelviennes, de petite taille, sont placées en avant des nageoires pectorales qui sont de forme arrondie.
La savonnette commune, Rypticus saponaceus, est plus grande, à l'âge adulte, que la savonnette bicolore (20 à 25 cm). Son corps apparaît plus trapu. Il est de couleur gris terne, tirant parfois sur le violet, avec des taches blanches irrégulières et peu nettes qui s'étendent jusque sur la nageoire dorsale.
La savonnette tachetée Rypticus subbifrenatus a une taille similaire à la savonnette bicolore (10 à 15 cm). Son corps est de couleur généralement brun, parfois vert olive, avec des taches noires de forme arrondie, souvent auréolées de pâle et disposées de façon régulière. Ce que ne possède jamais la savonnette bicolore. Des rayures pâles couvrent le museau. Quelques taches blanches complètent la livrée.
La savonnette à points blancs, Rypticus maculatus, a un corps de couleur brun sur le dos et de couleur crème sur la partie ventrale, à l'instar de la savonnette bicolore. Mais des taches blanches disposées de façon désordonnées la distinguent de cette dernière. La savonnette à points blancs n'a pas été observée aux Caraïbes.
Petits poissons et invertébrés composent son menu.
Très peu de données sont disponibles concernant la reproduction de cette espèce hermaphrodite* protogyne*.
La fécondation est externe et a lieu en pleine eau. Les œufs et les larves* passent par une période planctonique* avant que ces dernières regagnent le substrat*.
La savonnette bicolore n'est pas craintive et se laisse approcher de près par les plongeurs. Mais, discrète et peu commune dans les secteurs de plongée comme les récifs et les autres substrats durs, sa rencontre reste très aléatoire.
Comme tous les membres de la famille des Grammistidés, cette espèce produit une toxine au niveau de sa peau, la grammistine, qui la protège des prédateurs. Le mucus important, produit notamment en cas de danger, rend son corps visqueux et glissant comme du savon. Ce mucus contiendrait aussi des substances antibactériennes. Les glandes qui le produisent sont situées profondément dans le derme et sont reliées à la surface de la peau par un petit canal.
La grammistine peut diffuser dans l'eau et tuer les autres poissons, notamment dans un milieu confiné comme un aquarium. Par contre, elle est inoffensive pour les autres membres de l'espèce ainsi que pour l'homme.
Pour tester l'effet du mucus sur les prédateurs, un petit poisson-savon (Grammistes sexlineatus) de 38 mm a été placé dans un grand aquarium qui contenait un poisson-lion (Pterois volitans) d’environ 150 mm. Avant même que le petit poisson-savon n'ait atteint le fond de l’aquarium, le poisson-lion était déjà à sa poursuite. Mais après l'avoir saisi dans ses mâchoires, il l'a immédiatement expulsé et fait des mouvements de bouche bien après la libération de sa proie, suggérant qu’il avait fait l’expérience d’un mauvais goût persistant. Par la suite, aucune autre tentative n’a été faite par le poisson-lion pour manger le petit poisson-savon.
La famille des Grammistidés à laquelle appartient Rypticus bistrispinus regroupe les poissons-savons. Elle comporte 10 genres et une trentaine d'espèces réparties dans les zones coralliennes de tous les océans. Elle était, auparavant, considérée comme une sous-famille des Serranidés.
Au moins trois espèces du genre Rypticus peuvent être rencontrées par les plongeurs dans les Antilles françaises : Rypticus saponaceus, la plus commune, Rypticus subbifrenatus, beaucoup plus ponctuelle et Rypticus bistrispinus rarement observée. Une nouvelle espèce, Rypticus carpenteri décrite en 2012, est également présente dans ces eaux mais elle reste difficile à identifier.
Rypticus maculatus, qui n'a été aperçue qu'au sud de la Floride et à Rhode Island et Rypticus randalli dont la distribution est très localisée (Cuba, Porto Rico, Mexique, Panama, Trinidad et Tobago, Guyane française, Surinam et nord du Brésil) complètent les espèces du genre Rypticus de l'Atlantique Ouest.
Depuis 2012, ce poisson est classé LC, soit Least Concern, dans la liste rouge de l'UICN*, c'est-à-dire dont le statut de conservation est jugé de préoccupation mineure. Cela signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne permettent pas de la classer dans les autres catégories, en particulier celles qui alertent sur une menace (CR : En danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : Vulnérable).
Savonnette : du fait du mucus toxique à texture savonneuse sécrété par sa peau ;
bicolore : en raison de sa robe partagée en deux parties distinctes.
Rypticus : du grec [rupto] = nettoyer. On doit ce nom de genre au naturaliste et zoologiste français Georges Cuvier (1769-1832) qui en fait la description en page 144 du volume 2 de son ouvrage, paru en 1829, "Le règne animal distribué d’après son organisation, pour servir de base à l’histoire naturelle des animaux et d’introduction à l’anatomie comparée". Il y fait mention des savonniers, ces poissons appelés ainsi "en Amérique" pour la "viscosité écumeuse" sécrété par leur peau en citant plus particulièrement l'Antias saponaceus (devenu ensuite Rypticus saponaceus). L'appellation vernaculaire de savonnier semble bien la source d'inspiration de ce nom de genre.
bistrispinus : du latin [bis] = deux fois, [tri] = trois et [spinus] = épineux. Les trois épines dont sont munis le préopercule* et l’opercule* ont visiblement influencé le naturaliste Samuel Latham Mitchill (1764-1831) quand il s'est agi de trouver un nom à ce poisson. Ce dernier précise, dans sa description, que le spécimen sur lequel il a travaillé avait été pêché dans des eaux très profondes du vieux canal de Bahama.
Numéro d'entrée WoRMS : 275958
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Famille | Grammistidae | Grammistidés | |
Genre | Rypticus | ||
Espèce | bistrispinus |
Spécimen représentatif
Comme son nom commun l'indique, la livrée de la savonnette bicolore est partitionnée en deux : rouge brun pour le haut du corps, blanc crème pour le bas.
Grande Anse d'Arlet, Martinique (972), 12 m
21/01/2009
Posée sur le fond
Il arrive de trouver ce poisson posé, bien en vue, sur un fond sableux au milieu de débris de corail confiant en son mucus protecteur qui le met à l'abri des prédateurs.
Grande Anse d'Arlet, Martinique (972), 12 m
21/01/2009
Aperçu de la tête et du museau
La forme pointue de la tête est accentuée par une mâchoire inférieure proéminente.
Grande Anse d'Arlet, Martinique (972), 12 m
21/01/2009
De face
Il est possible d'approcher de très près ce poisson si on s'abstient de tout geste brusque. On peut observer alors ses grands yeux qui donnent l'impression d'être tristes et son museau pointu.
Grande Anse d'Arlet, Martinique (972), 12 m
21/01/2009
Rédacteur principal : Jean-Michel SUTOUR
Vérificateur : Thomas MENUT
Responsable régional : Jean-Michel SUTOUR
Randall J. E., Aida K., Hibiya T., Mitsuura N., Kamiya H., Hashimoto Y., 1971, Grammistin, the skin toxin of soapfishes and its signifiance in the classification of the Grammistidae, Publications of the Seto marine biologigal laboratory, 19(2-3), 157-190.
Mitchill S.L.,1818, Memoir on ichthyology. The fishes of New York... In a supplement to the Memoir, Am. Monthly Mag. Crit. Rev., 2, 241-248, 321-328.
La page de Rypticus bistrispinus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : Fishbase
La page de Rypticus bistrispinus dans l'inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN