Méduse de taille moyenne, généralement entre 30 et 50 cm de diamètre
Ombrelle en forme de cloche
Nombreux petits tentacules sur le bord de l'ombrelle
4 bras buccaux subdivisés en 2 lobes se terminant en bouquet filamenteux
Bouche transformée en une structure aspirante et filtrante
Teinte variable : blanc, bleu clair, bleu
Nomad jellyfish, nomadic jellyfish (GB)
Indo-Pacifique, Méditerranée orientale, mer Rouge
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]La méduse nomade est native de la côte Est d’Afrique et de la mer Rouge et peut être rencontrée dans tout l’Indo-Pacifique (exemple à l'île de La Réunion). Introduite en Méditerranée orientale via le canal de Suez (migration lessepsienne*), elle est observée en Israël, Turquie, Syrie, Liban, Lybie et jusqu’en Grèce.
Dans le bassin occidental de Méditerranée, elle a été observée dans l'ouest de la Sicile (Îles Egades) et en Sardaigne. Il est possible que, à cause du courant liguro-provençal, elle puisse être observée prochainement en Corse et plus au Nord. Tout signalement sûr à proximité de nos côtes est le bienvenu.
La méduse nomade se déplace lentement en eau peu profonde, entre 0 et 3 m, et dans des eaux entre 20 °C et 26 °C. Elle peut être observée en de vastes essaims (de juin à septembre) près des côtes, près des estuaires ainsi que plus au large.
La méduse nomade est un rhizostome de taille moyenne, massive, dont l’ombrelle* en forme de cloche arrondie mesure en moyenne 30 à 50 cm mais peut atteindre 1 m de diamètre !
L’ombrelle s'amincit en se rapprochant de la bordure qui présente de nombreux filaments ou tentacules* de 10 cm en moyenne chacun. Sous l'ombrelle, le manubrium* est formé par la soudure des 4 bras buccaux subdivisés en 2 lobes* chacun. Ces 8 lobes se terminent en bouquet d’où s’échappent des filaments pouvant atteindre une longueur de 20 cm.
La couleur de la méduse est variable, en général blanche mais parfois bleue ou bleu clair.
5 espèces du genre Rhopilema sont connues (4 en Indo-Pacifique et 1 en Atlantique).
Parmi les espèces présentes en Indo-Pacifique :
Rhopilema verrilli : bras buccaux non-soudés entre eux et colorés avec des taches mauves.
Rhopilema hispidum : petits points de couleur sombre très caractéristiques sur le bord de l’ombrelle.
Rhopilema esculentum : bras buccaux de couleur rouge.
Rhopilema rhopalophora : petits points bruns sur l’ombrelle.
Autre espèce ressemblante en Méditerranée :
Rhizostoma pulmo : bord de l’ombrelle coloré, absence de tentacules sur le bord de l’ombrelle et au niveau des bras buccaux.
Cette méduse a un régime planctonophage*. Les petites proies (zooplancton*) sont aspirées à travers les ostioles* de la bouche puis digérées à l'intérieur de la cavité gastrique. Il est possible que des proies plus grosses, comme des petits poissons, soient digérées sur la surface même des lobes buccaux recouverts de cellules urticantes appelées cnidocytes*.
Les méduses nomades ont un cycle de vie divisé en deux stades. Un stade sexué et visible, celui de la méduse pélagique* et un stade asexué, benthique*, avec des polypes* de très petite taille (< 2 mm).
Le stade sexué a lieu en pleine eau lorsque la méduse libère ses gamètes* (il y a bien des mâles et des femelles, mais aucune information trouvée au sujet de leur différenciation). La fécondation est externe et la larve* planula* pélagique ainsi formée va se fixer sur le fond pour donner un polype benthique appelé scyphistome*.
La reproduction asexuée se produit lorsque le scyphistome subit une série d’étranglements conduisant à la libération de 5 à 6 éphyrules*. Ce processus est appelé strobilation*. Plus de deux mois sont nécessaires pour passer de la planula à l’éphyrule et encore deux mois supplémentaires pour que les éphyrules atteignent le stade de jeunes méduses (7 à 10 mm de diamètre).
La strobilation des scyphistomes et le bloom* de méduses qui en résulte ont lieu quand la température de l’eau atteint les 20 °C.
Les poissons juvéniles de l’espèce Alepes djedaba se protègent des prédateurs en s’abritant au plus près de la méduse, il ne s’agit cependant pas d’une relation symbiotique.
Les tortues marines et certains poissons pélagiques peuvent se nourrir de cette méduse.
La méduse nomade est arrivée en Méditerranée par le canal de Suez (espèce lessepsienne*) et a été observée en Israël pour la première fois en 1976. Sa propagation, jusqu’en Grèce en 2006, est probablement liée à l’augmentation de la température de l’eau à la surface.
Cette espèce est urticante pour l’homme et peut provoquer des piqûres douloureuses.
Les méduses nomades peuvent avoir des répercussions économiques et sociales importantes lorsqu’elles forment des essaims. Ces derniers peuvent bloquer l’arrivée d’eau de centrales électriques côtières et des systèmes de refroidissement des navires. A l'été 2001, Israël Electric a retiré des tonnes de méduses de ses prises d'eau de mer dans ses deux plus grandes centrales électriques pour un coût estimé à 50 000 $.
Cela affecte également le tourisme, en Israël, une diminution du nombre de vacanciers fréquentant les plages a été constatée, en raison de l'inquiétude du public au sujet des piqûres douloureuses infligées par les méduses.
Méduse nomade du fait qu’elle soit arrivée en Méditerranée depuis la mer Rouge via le canal de Suez (migration lessepsienne*).
Rhopilema : du grec [rho] = flux, flot, marée haute, inondation, déluge et [Pilema] = chapeau, feutrage, chapeau de feutre.
Nomadica : du grec [nomadikos] = nomade.
Numéro d'entrée WoRMS : 232032
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Scyphozoa | Scyphozoaires | Méduses vraies (ou acraspèdes). Phase polype réduite à absente. Le plus souvent strobilisation du polype (de petite taille) pour produire des méduses pouvant atteindre une grande taille. Cavité gastrale cloisonnée en quatre. |
Sous-classe | Discomedusae | Discoméduses | Scyphoméduses à ombrelle discoïde, non sillonée. |
Ordre | Rhizostomeae | Rhizostomes | Pas de tentacules. Manubrium complexe avec des bras oraux ramifiés et fusionnés. Planctonophages. Quelques espèces ont des zooxanthelles dans le manubrium et vivent retournées. |
Famille | Rhizostomatidae | Rhizostomatidés | |
Genre | Rhopilema | ||
Espèce | nomadica |
Méduse nomade en pleine eau
Le bouquet filamenteux ainsi que les filaments sur le bord de l’ombrelle sont bien visibles sur cet individu massif. On remarque également la présence de 2 poissons qui se servent de la méduse comme protection.
Punta do Oro, Mozambique
04/2008
Rédacteur principal : Rubén TOURNIER-BROER
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Pascal GIRARD
Avian M., Spanier E., Galil B.S., 1995, The nematocysts of Rhopilema nomadica (Scyphozoa: Rhizostomeae) - An immigrant jellyfish in the Eastern Mediterranean, Journal of Morphology, 224, 221-231.
Galil B.S., Spanier E., Ferguson W., 1990, The Scyphomedusae of the Israeli Mediterranean coast, including two lessepsian migrants to the Mediterranean, Zoologische Mededlingen, 64(7), 95-105.
Siokou-Frangou I., Sarantakos K., Epaminondas D.C., 2006, First record of the scyphomedusa Rhopilema nomadica Galil, 1990 (Cnidaria: Scyphozoa: Rhizostomeae) in Greece, Aquatic Invasions, 1(3), 194-195.