Corps de 30 à 40 mm
Long siphon respiratoire de 25 à 35 mm
Corps très long et fin, brun comme une brindille
Pattes longues et grêles
Ranâtre, punaise à queue, scorpion d'eau à aiguille
Water scorpion, linear water scorpion, water stick-insect (GB), Stabwanze, Wassernadel (D), Staafwants, waterstaafwants (NL)
Nepa linearis Linnaeus, 1758
Région paléarctique
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeLa ranatre est très répandue dans la région paléarctique*. Cette région biogéographique correspond essentiellement aux écorégions terrestres de l'Europe, du nord de l'Asie (jusqu'au nord de l'Himalaya), de l'Afrique (au nord du Sahara) et une petite partie du Moyen-Orient. L'espèce est souvent clairsemée, fréquente dans le centre et le sud de l'Europe.
On trouve la ranatre dans les eaux stagnantes, telles que mares et étangs, avec une préférence pour les fonds graveleux plutôt que vaseux. Cela peut être des ruisseaux à cours très lent. Son milieu est riche en plantes aquatiques. Elle se tient proche des rives, mais pas forcément proche de la surface.
La ranatre est une espèce assez commune. Son corps mesure 30 à 40 mm auquel il faut rajouter la longueur du siphon respiratoire caudal d'environ 25 à 35 mm. Le corps est très long et fin, de couleur brune. Elle ressemble ainsi à une brindille. Toutes les pattes sont longues et grêles. Rien que les hanches mesurent 7 à 8 mm. A l'inverse de la nèpe, elle n'est pas recouverte de vase. Les tergites* abdominaux sont rouges.
La tête, petite et triangulaire, est moins étroite que le prothorax*. Les yeux sont globuleux et bien visibles. Les antennes*, courtes, sont composées de trois articles. Le rostre* piqueur-suceur est court. Le prothorax est très long, fin, de forme cylindrique.
Les pattes antérieures sont transformées en organes préhensiles et servent à la prédation. Les hanches sont bien développées et le fémur renflé est pourvu d'une rainure dans laquelle vient se replier le tibia et le tarse. Par analogie, cela ressemblerait à une lame de couteau pliant (tibia) qu'on rangerait dans son manche (fémur). La gouttière de la cuisse comprend de petites excroissances, dont une importante, empêchant ainsi la proie de s'échapper lors de la capture. Le fémur antérieur est beaucoup plus long que le tibia. Le tarse n'a qu'un seul article dépourvu de griffes.
La ranatre n'est pas une bonne nageuse, ses pattes intermédiaires et postérieures ne sont pas adaptées à la nage comme d'autres punaises aquatiques (pas de soies natatoires). Ces pattes servent à grimper et à s'accrocher sur la végétation aquatique. On la voit souvent immobile ou marchant lentement sur une plante aquatique ou sur le fond.
Comme chez toutes les punaises, les hémélytres* (ailes antérieures) sont coriaces à la base et membraneuses à l'extrémité. Elles sont repliées à plat sur le corps et se recouvrent partiellement. Les deux ailes postérieures sont membraneuses, la base de leurs nervures est de couleur brune.
La ranatre peut emmagasiner de l'air sous ses hémélytres. Le contact avec l'air libre se fait par le siphon respiratoire, à la manière d'un tuba. Non rétractile, il est composé de deux gouttières creuses qui se réunissent pour former un tube. L'air y pénètre puis arrive jusqu'aux deux premiers stigmates placés au bout de l'abdomen.
Cette espèce est capable de voler de jour et de nuit principalement lorsqu'il fait chaud, notamment pour assurer la pérennisation de l'espèce.
Nepa cinerea : la nèpe, sa cousine de la même famille. La nèpe est beaucoup plus petite et trapue que la ranatre. Ses pattes sont plus petites et moins grêles, les pattes ravisseuses rappellent plus celles du scorpion. Ses proies sont aussi plus grosses.
La ranatre chasse à l'affût de petites proies dans les plantes parmi lesquelles elle se dissimule. Ses proies sont des larves* d'insectes, des petits poissons, des petits crustacés (daphnies). Le rostre est perceur-suceur : les proies sont percées par celui-ci, puis leur contenu est aspiré après avoir été mis en bouillie par un suc digestif.
L'accouplement a lieu au début du printemps. En mai-juin, la femelle pond ses œufs dans le tissu des plantes aquatiques situées en surface (joncs, massettes). Les œufs, souvent placés en série, mesurent environ 2 mm et se terminent par deux longs filaments, visibles du dehors. La croissance de la larve est lente, il existe cinq mues larvaires. Les larves éclosent entre mai et juillet et deviennent des imagos* (insecte parfait) vers septembre. Le tube respiratoire de la larve est court et n'atteint sa longueur définitive qu'à la dernière mue. L'imago hiverne. L'espèce se pérennise grâce à la colonisation de nouveaux lieux par le vol.
Les ranatres sont des insectes parasités aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de leur organisme :
- endoparasites : dans l'intestin se situent des endoparasites tels que des Rhizopodes. Certains insectes, de l'ordre des Hyménoptères, pondent dans les œufs des ranatres, tels que Prestwichia aquatica ou encore Thoron sp..
- ectoparasites : des larves et des nymphes d'Acariens (Arachnides) peuvent être très abondants sur les ranatres.
La durée de vie de l'imago est estimée à deux ans.
Les pattes ravisseuses ressemblent assez à celles des Mantes (ordre des Orthoptères).
La ranatre se camoufle très bien : corps long et fin de couleur brune, pour ressembler à une brindille et se confondre avec les feuilles à moitié décomposées, immobilité. Ce dernier s'observe aussi chez la nèpe.
Un phénomène d'immobilisation réflexe, différent de l'immobilité précitée, s'observe chez les Népidés, principalement en situation de danger comme lorsqu'on la touche. Cette immobilité ne simule pas vraiment une mort de l'insecte. En effet, lorsqu'il est mort, ses pattes intermédiaires et postérieures sont fléchies et le corps n'est pas rigide. Dans le cas de l'immobilisation réflexe, ces mêmes pattes sont allongées contre l'abdomen, les pattes antérieures sont dirigées vers l'avant, dans une position rigide.
Attention à sa manipulation, la ranatre peut piquer. La piqûre est infligée avec le rostre. Même si la douleur semble légère et de courte durée, il faut néanmoins rester vigilant quant aux souillures du rostre (voir chapitre Vie associée). La perception de la douleur restant propre à chacun d'entre nous, elle peut être ressentie plus ou moins intensément.
Ranatre : traduction littérale du latin Ranatra. On trouve souvent dans la littérature française deux orthographes pour ce mot : ranatre et ranâtre. La première orthographe est la bonne : il n'y a pas d'accent circonflexe sur le deuxième a.
Ranatra : du latin [ran, rana] = grenouille et [atr] = sombre, noir, en rapport avec ses grandes pattes, peut-être aussi son immobilité.
linearis : du latin [line] = ligne, en référence à la forme linéaire de la punaise.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Hexapoda | Hexapodes | Arthropodes à six pattes. Ce sont les insectes au sens large. |
Classe | Insecta | Insectes | Hexapodes terrestres et dulcicoles possédant trois paires de pattes et deux paires d’ailes (sauf chez les Diptères). |
Sous-classe | Pterygota Neoptera | Ptérygotes Néoptères | Insectes ailés dont les ailes sont rabattues au repos. L'immense majorité des insectes. |
Ordre | Hemiptera | Hémiptères | Des antennes longues, des pièces buccales piqueuses avec un long rostre, et deux paires d'ailes dont l'une, en partie cornée, est transformée en hémiélytre. |
Sous-ordre | Heteroptera | Hétéroptères | Insectes ptérygotes hétérométaboles, avec un appareil buccal de type piqueur-suceur, deux paires d'ailes : les postérieures sont membraneuses, les antérieures sont partiellement cornées. Antennes longues. |
Famille | Nepidae | Népidés | Hanches postérieures arrondies et suceptible de rotation dans la cavité cotyloïde. |
Genre | Ranatra | ||
Espèce | linearis |
Corps long et fin
La ranatre a un corps très long et fin, de couleur brune. Son immobilité ne la rend pas facile à observer. Le siphon situé à l'arrière de l'abdomen ne sert pas à piquer, mais à respirer. Ce siphon n'est pas rétractile.
Lorgeril (29), en surface
20/07/2009
Brindille
La ranatre se tient souvent accrochée à la végétation subaquatique. Sa couleur brune, son long corps fin et son immobilisme la font ressembler à une brindille.
Ile du Rhin, Geiswasser (68), proche surface
Laurent et Sandrine SCHWEBEL-MARBACH
04/05/2010
Couleur
La couleur n'est pas forcément un bon indice d'identification. Ici, la ranatre a mué il y a peu de temps, d'où sa couleur claire. En revanche, sa forme longiligne, sa petite tête et ses pattes ravisseuses sont caractéristiques de cette espèce.
Etang de Mackenheim (67), proche surface
05/07/2011
Petite tête
La tête est petite et triangulaire. Les yeux sont globuleux et bien visibles. Comparez la taille de la tête à celle des pattes antérieures.
Ile du Rhin, Geiswasser (68), proche surface
Laurent et Sandrine SCHWEBEL-MARBACH
04/05/2010
Pattes ravisseuses
Les pattes antérieures sont transformées en organes préhensiles et servent à la prédation. On voit bien la petite épine évitant la fuite de la proie lorsqu'elle est piégée à la fermeture du tibia dans le fémur.
Lorgeril (29), en surface
20/07/2009
Absence du siphon respiratoire
Cette ranatre n'a plus de siphon respiratoire. Peut-être une mue qui s'est mal passée, un prédateur qui la lui a arraché. Selon la photographe, la punaise était très vivace et n'a pas dépéri. Cependant, elle restait toujours en surface et ne s'immergeait pas.
Lorgeril (29), en surface
20/07/2009
Prédation
Les larves d'insectes représentent la majorité des ses proies.
Etang de Mackenheim (67), proche surface
05/07/2011
Prédation
La ranatre a capturé ici un petit alevin grâce à son rostre piqueur-suceur.
Lac situé dans l'Ain (01), proche surface
05/07/2007
Mue
La ranatre la plus claire vient de muer. Sa couleur n'est pas encore définitive. Elle deviendra à court terme comme celle qui est plus foncée, juste en dessous. Sur cette photo, on voit aussi le reste de la mue en bas à droite.
Etang de Mackenheim (67), proche surface
05/07/2011
Mue
Une autre vue de la ranatre qui vient de muer.
Etang de Mackenheim (67), proche surface
05/07/2011
Exuvie
Pour s'extraire de son ancienne enveloppe, la rupture se fait derrière le thorax, comme beaucoup d'Arthropodes. Les filaments blancs correspondent aux restes des trachées.
Etang de Mackenheim (67), proche surface
05/07/2011
Exuvie
Lorsque la ranatre mue, elle abandonne ses parasites.
Etang de Mackenheim (67), proche surface
05/07/2011
L'œuf
Les œufs, souvent placés en série, mesurent environ 2 mm et se terminent par deux longs filaments, visibles du dehors. Le reste est enfoncé dans le tissu des plantes subaquatiques.
Ce schéma est tiré de Poisson R., 1957. FAUNE DE FRANCE n° 61, HÉTÉROPTÈRES AQUATIQUES, ed. P. Lechevalier, 263p.
N/A
Reproduction de documents anciens
N/A
Larve
La larve ressemble à un adulte miniature sans ailes. Le tube respiratoire de la larve est court et n'atteint sa longueur définitive qu'à la dernière mue.
Ce schéma est tiré de Poisson R., 1957. FAUNE DE FRANCE n° 61, HÉTÉROPTÈRES AQUATIQUES, ed. P. Lechevalier, 263p.
N/A
Reproduction de documents anciens
N/A
Parasite
La ranatre est une punaise aquatique souvent parasitée aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de son organisme. Ici, observez le petit sac blanc fixé sur la patte antérieure : il se pourrait que ce soit une larve ou une nymphe d'acarien (Hydrachnide).
Ile du Rhin, Geiswasser (68), proche surface
Laurent et Sandrine SCHWEBEL-MARBACH
04/05/2010
Parasite
Les parasites sont variés et pas toujours faciles à identifier.
Etang de Mackenheim (67), proche surface
05/07/2011
Planche naturaliste
Sur cette planche, on voit bien le siphon respiratoire divisé en deux gouttières qui viennent ensuite se maintenir l'une contre l'autre pour former un tube.
Panzer G., 1793, FAUNAE INSECTORUM GERMANICA INITIA - DEUTSCHLANDS INSEKTEN, 4 teil
Cette image fait partie de Kurt Stübers Online Library
N/A
Reproduction de documents anciens
1793
Rédacteur principal : Sandra SOHIER
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Responsable historique : Sandra SOHIER
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA