Corps aplati en forme de losange
Queue terminée par deux petites nageoires
Yeux remarquablement petits
Bandes blanches disposées parallèlement au bord des ailes
Dos couleur sable, gris-olive à brun clair
Face ventrale blanche
Raie bâtarde, raie aux petits yeux
Plusieurs noms régionaux sont utilisés :
A noter que certains noms locaux peuvent prêter à confusion car identiques à d’autres espèces de raies :
raie brunette (Cherbourg), raie blanche (Saint-Brieuc), raie douce (Le Croisic) ou raie lisse (La Rochelle).
Small-eyed ray, painted ray, owl ray, smalleyed skate (GB), Razza (I), Raya colorada, raya cimbreira, raya bastarda, raya de ojos (E), Hellfleckiger Roche, Kleinäugiger Rochen (D), Kleinoogrog (NL)
Raia microocellata Montagu, 1818
Raja microcellata Montagu, 1818
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]
Zones DORIS : ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La raie mêlée est présente en Atlantique Nord-Est, depuis le nord de l’Irlande et de l’Angleterre jusqu’à la côte du Sahara Occidental.
On la trouve également en mer d’Irlande, en mer Celtique ainsi que dans le golfe de Gascogne. Elle est relativement commune dans le canal de Bristol au sud-ouest du Royaume-Uni.
Raja microocellata est une espèce benthique* qui évolue sur des fonds meubles non vaseux (sable, gravier) ou composés d’un mélange de roches et de sable. On l'observe principalement dans les eaux côtières, à des profondeurs qui n’excèdent pas 100 m.
Raja microocellata possède un corps aplati en forme de losange, caractéristique chez les raies. Les nageoires pectorales de forme triangulaire sont soudées depuis la tête jusqu’à la base de la queue. Cette dernière, longue et fine, est d’une longueur légèrement inférieure au reste du corps et se termine par deux petites nageoires dorsales, rapprochées entre elles. Aucun aiguillon n’est présent sur la queue.
L’extrémité du museau est courte et pointue. Les yeux sont remarquablement petits, rapprochés et situés à l’avant des spiracles*.
La raie mêlée peut atteindre 90 cm de long (le plus souvent entre 70 et 90 cm) pour un poids de 4,5 kg environ.
De couleur sable, gris-olive à brun clair, le dos est marqué de tâches et de bandes blanches simples ou en réseau. Les bandes périphériques sont souvent disposées parallèlement au bord des ailes. À noter que chez certains individus, ces marques blanches peuvent être très peu visibles.
La face dorsale est recouverte de spinules* (= très petites épines). Une ligne médiane composée d’environ 50 denticules dorsaux relie la nuque à la première nageoire dorsale. Les femelles adultes arborent aussi des épines sur le côté inférieur de la queue.
La face ventrale est blanchâtre et lisse. C’est sur cette face qu’on observe la bouche, les narines et les fentes branchiales (5 paires).
Un examen rapide de la queue permet d’écarter les raies pastenagues qui portent un aiguillon caractéristique.
Si au contraire la queue est dépourvue d’aiguillon et se termine par deux petites nageoires dorsales rapprochées, il est nécessaire d’observer la forme du museau et la coloration du dos de l’animal :
Cas n°1 : Le museau est très pointu et le dos est uniformément coloré, sans motif apparent :
- Dipturus batis (Linnaeus, 1758) - pocheteau gris : il possède des tâches noires sur le ventre.
- Leucoraja fullonica (Linnaeus, 1758) - raie chardon : à la différence du pocheteau gris, elle ne possède pas de tâches sur le ventre.
Cas n°2 : Le museau est peu pointu et le dos est ornementé de motifs :
- Raja clavata (Linnaeus, 1758) - raie bouclée : sa queue est annelée de bandes sombres et claires.
- Leucoraja naevus (Müller & Henle, 1841) - raie fleurie : très facilement identifiable grâce à la présence d’un ocelle marbré sur chaque aile.
- Raja undulata Lacépède, 1802 - raie brunette : son dos est orné de lignes sombres et sinueuses entourées de points blancs.
- Raja brachyura Lafont, 1873 - raie lisse : son dos est orné de points noirs de petite taille, présents jusqu’au bord du disque.
- Raja montagui Fowler, 1910 - raie douce : son dos est aussi orné de points noirs, ils sont cependant plus gros et moins nombreux que chez la raie lisse. De plus, le bord du disque reste toujours dépourvu de points.
- Raja microocelleta est la seule dans sa zone de répartition géographique à posséder un motif dorsal blanc, rendant son identification aisée. Attention toutefois, chez certains individus le marquage est parfois très peu visible.
Raja microocellata chasse principalement la nuit. Son régime alimentaire varie selon sa taille et la zone géographique.
Chez les juvéniles, le régime alimentaire se compose principalement de petits crustacés (ex : mysidacés) et de mollusques bivalves (ex : Donax spp). En grandissant, les crevettes (ex : Crangon crangon, Philocheras trispinosus) et les crabes (ex : Liocarcinus holsatus) occupent une place plus importante dans l’alimentation des jeunes. Les individus adultes ont tendance à adopter un régime alimentaire majoritairement ichtyophage* (ex : Ammodytes tobianus, Callionymus lyra, Pomatoschistus spp.).
Selon la zone géographique, les vers polychètes peuvent aussi représenter une part du menu.
La raie mêlée possède des dents jointives et arrondies en forme de « pavé ». Leur nombre, sur la mâchoire supérieure, peut varier de 44 à 54 d’un individu à l’autre. Elle ne s’en sert pourtant pas pour mâcher ses proies qui – comme chez les autres raies –sont toujours avalées entières, tête la première.
Mâle et femelle se distinguent facilement : les mâles possèdent une paire de ptérygopodes* (organes d’accouplement) à l’arrière des nageoires pelviennes*. Les femelles en sont dépourvues.
En Manche et mer Celtique, la période de reproduction a lieu en été, entre juin et septembre.
La raie mêlée est ovipare*, chaque femelle pond une soixantaine d’œufs chaque année. L'embryon* se développe à l'intérieur d’une oothèque* (aussi appelée « capsule d’œuf » ou « bourse de sirène »). La durée d’incubation est d’environ 7 mois.
À l’éclosion, le juvénile mesure entre 10 et 13 cm.
Caractéristiques de l’oothèque : (Cf. illustration).
Les capsules (oothèques) se retrouvent souvent échouées dans la laisse de mer.
Pour identifier une capsule de raie mêlée (Raja microocellata) :
- Présence d’une carène latérale.
- La cavité présente un côté plat et un côté bossu.
- La cavité mesure entre 7 et 9 cm de longueur (hors cornes) pour 3 à 6 cm de largeur (la mesure se réalise toujours sur une capsule hydratée).
- La cavité est plus large du côté terminal.
- Les cornes terminales sont longues et fines (attention : elles peuvent être cassées au moment où vous trouvez la capsule).
- Les cornes inférieures sont petites et recourbées vers la partie plate de la cavité.
Bien que la raie mêlée ne soit pas spécifiquement visée par les pêcheries professionnelles, elle se retrouve souvent capturée dans les chaluts de fond en tant que prise accessoire.
Aujourd’hui les principaux enjeux liés à la gestion et à la protection de l’espèce sont :
- Le manque d’information sur l’état actuel des populations.
- Le manque de traçabilité dans la gestion des stocks : il arrive que les raies soient encore commercialisées sous l’appellation générique Raja spp, ce qui fausse les statistiques de capture par espèces.
- Les difficultés d’identification des espèces pêchées.
Les raies sont consommées pour leurs nageoires pectorales et peuvent être commercialisées fraîches ou surgelées. Il est important de vérifier le nom latin de l’espèce avant d’acheter ou de consommer de la raie. En présence d’espèces menacées ou sans information précises sur l’espèce et sa zone de pêche il est recommandé de retenir son achat.
Cette espèce est classée NT "Nearly Threatened" dans la liste rouge de l'UICN*, depuis 2006. C'est-à-dire que son statut de conservation est jugé à la limite d'être menacé. C’est une espèce proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée si des mesures de conservation spécifiques n’étaient pas prises.
Un TAC (Total admissible de capture) réglemente la pêche des raies à l’échelle européenne, sans distinction d’espèces. Tout comme la raie brunette, la raie mêlée bénéficie de TAC spécifiques sur ses deux principales zones de pêche :
- Canal de Bristol, nord de la mer Celtique (divisions 27.7.f-g).
- Manche (divisions 27.7.d-e).
Aucune taille minimale de capture n’a été fixée à l’échelle européenne. En France, la réglementation nationale impose des prises de plus de 45 cm (78 cm pour la raie brunette).
Raie : poisson
au squelette cartilagineux, du super-ordre des batoïdes, au corps aplati en
forme de losange et constitué de nageoires pectorales très développées.
mêlée : tâches et bandes blanches forme un mélange sur le dos plus foncé de la raie.
Raja : du latin [raia] = raie.
microocellata : du grec [mikros] = petit et du latin [ocellus] = petit œil. Cette raie est nommée ainsi à cause de ses yeux de très petite taille.
Numéro d'entrée WoRMS : 105885
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Chondrichthyes | Chondrichthyens | Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale. |
Sous-classe | Elasmobranchii | Elasmobranches | Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles. |
Super ordre | Euselachii | Sélaciens | Raies et requins. |
Ordre | Rajiformes | Rajiformes | Les Rajiformes regroupent l'essentiel des raies. Poissons cartilagineux sans vessie natatoire, très plats mais apparentés aux requins. |
Famille | Rajidae | Rajidés | |
Genre | Raja | ||
Espèce | microocellata |
Robe claire
Chez ce mâle, la robe est de couleur sable, gris-olive à brun clair, le dos est marqué de tâches et de bandes blanches simples ou en réseau.
100 m large digue de Querqueville, Cherbourg (50), 15 m
08/06/2021
Forme générale losangique
Raja microocellata possède un corps aplati en forme de losange, caractéristique chez les raies.
100 m large digue de Querqueville, Cherbourg (50), 15 m
08/06/2021
Museau pointu
L’extrémité du museau est courte et pointue.
100 m large digue de Querqueville, Cherbourg(50), 15 m
08/06/2021
Nageoires pectorales triangulaires
Les nageoires pectorales de forme triangulaire sont soudées depuis la tête jusqu’à la base de la queue.
100 m large digue de Querqueville, Cherbourg(50), 15 m
08/06/2021
Deux nageoires dorsales sur la queue
La queue, longue et fine, se termine par deux petites nageoires dorsales, rapprochées entre elles et situées en arrière des 2 organes reproducteurs chez ce mâle. On notera l’absence d’un aiguillon.
100 m large digue de Querqueville, Cherbourg(50), 15 m
08/06/2021
Petits yeux
Les yeux sont remarquablement petits, rapprochés et situés à l’avant des spiracles.
100 m large digue de Querqueville, Cherbourg(50), 15 m
08/06/2021
Sur fond meuble
Raja microocellata est une espèce benthique qui évolue sur des fonds meubles non vaseux (sable, gravier).
100 m large digue de Querqueville, Cherbourg(50), 15 m
08/06/2021
Individu mâle
Ici, il s’agit d’un individu mâle : les ptérygopodes sont bien visibles à l’arrière des nageoires pelviennes.
100 m au large de la digue de Querqueville, Cherbourg-en-Cotentin (50), 15 m
08/06/2021
Individu femelle
Illustration de la face dorsale d’une femelle.
Illustration naturaliste
06/07/2022
Capsule ovigère
De forme rectangulaire, la capsule mesure 7 à 9 cm de long (hors cornes) pour 3 à 6 cm de large. La cavité est plus étroite du côté basale. La forme des cornes est très asymétrique.
Dessin naturaliste
06/07/2022
Rédacteur principal : Mélody LEFEBVRE
Rédacteur : Philippe LE GRANCHÉ
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Bruno CHANET
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Ajayi T. O., 1982, Food and feeding habits of Raja species (batoidei) in Carmarthen Bay, Bristol Channel, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 62(1), 215-223.
Clark R. S., 1922, Rays and Skates (Raiœ). No. 1. Egg-Capsules and Young, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 12(4), 578-643.
Du Buit M. H., 1978, Remarques sur la denture des raies et sur leur alimentation, Vie et Milieu, 28-29, 1, série AB, 165-174.
Garren F., Vérin Y., Dufour J.L., 2003, Fiches d’aide à l’identification. Poissons et céphalopodes de Manche et de mer du Nord, Système d’information halieutique, Campagnes à la mer, Directions des ressources vivantes, Laboratoire Ressources Halieutiques de Boulogne-sur-Mer, Ifremer, 1-23.
Garren Francois, 2020, Fiches d'aide à l'identification. Poissons, céphalopodes et décapodes. Mer du Nord, Manche, Golfe de Gascogne et mer Celtique, Système d’information halieutique, Ifremer, 1-91.
Quéro J. C., Guéguen J., 1981, Les raies de la mer Celtique et du Canal de Bristol - Abondance et distribution, Science et Pêche, Bulletin de l'Institut des Pêches Maritimes, 318, 1-22.
Rousset J., 1987, Régime alimentaire de Raja Microocellata, Montagu, 1818 (Pisces, Rajidae) dans l'anse de Bertheaume. Cahiers de Biologie Marine, Station Biologique de Roscoff, 28, 199-206.
Ryland J.S., Ajayi T.O., 1984, Growth and population dynamics of three Raja species (Batoidei) in Carmarthen Bay, British Isles, Journal of Marine Science, 41, 111-120.
La page de Raja microocellata sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Raja microocellata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN