Puce du gerris

Limnochares aquatica | (Linnaeus, 1758)

N° 788

Eaux douces d'Europe

Clé d'identification

Couleur orangée à rouge
Exosquelette mou et déformable, de forme grossièrement rectangulaire
Une paire de pinces buccales : les chélicères
Absence de division entre abdomen et céphalothorax
2 à 4 mm pour un sujet adulte

Noms

Noms communs internationaux
Red water mite (GB), Sackmilbe (D)

Distribution géographique

Eaux douces d'Europe

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe

Limnochares aquatica fréquente les plans d'eau, les tourbières, les ruisseaux.

Biotope

Il apprécie les fonds vaseux et détritiques* mais évolue dans la colonne d'eau. Il se rencontre dans moins de 50 cm d'eau et ne dépasse apparemment guère les 2 m de profondeur.
Dans les milieux tourbeux, on note un phototropisme* fort au stade larvaire, tandis que les adultes se réfugient plus volontiers dans la végétation et la vase où ils peuvent s'enfouir.

Description

Limnochares aquatica ressemble à une petite araignée de couleur rouge orangé (mais il ne s'agit évidemment pas d'un tel animal) accusant, chez l'adulte, une taille comprise entre 2 et 4 mm. Son exosquelette*, de forme quasi rectangulaire, présente la particularité d'être relativement mou avec des déformations. Il n'y a pas de distinction entre abdomen et céphalothorax*. Libre, l'adulte possède quatre paires de pattes ciliées (soies natatoires) et une paire de pinces buccales. La larve* vit fixée sur un hôte (insecte) et possède trois paires de pattes.

Espèces ressemblantes

Limnochares azubi (Gerecke, 2005) : recensé en Corse.

Limnochares americana (Lundblad, 1941), mais sa présence se limite au continent nord-américain.

Caspihalacarus hyrcanus (Viets, 1928), hôte appréciant plus volontiers des eaux saumâtres, dont la présence est à surveiller car il s'agit d'une espèce invasive.

Hydrachna globosa, plus rouge et plus mobile dans la colonne d'eau.

Alimentation

Limnochares aquatica est un prédateur, affectionnant notamment les larves de Diptères ou de Libellulidés comme Leucorrhinia albifrion (y compris des sujets adultes). Cet hydracarien figure comme un auxiliaire de lutte biologique dans la régulation de ces populations. Ce carnivore perce la paroi corporelle de sa proie, inocule des enzymes toxiques, digestifs, qui affaiblissent l'insecte attaqué. C'est ensuite la curée. Les tissus liquéfiés sont ensuite aspirés. Il serait également prédateur de larves d'Odonates.
L'adulte, cherchant refuge dans la végétation et la vase, cherche son alimentation sur le substrat*.

Reproduction - Multiplication

La reproduction a lieu au début de l'été ce qui n'exclut pas une ponte hivernale. Elle se cale sur les générations de gerris qui naissent soit entre mai et juillet, soit entre août et septembre.

Le développement de L. aquatica se déroule par une succession de stases*, c'est à dire qu'une perte totale de mobilité (y compris des fluides corporels) se produit en alternance de phases actives. En conséquence, la larve se nourrit de son hôte puis cesse de s'alimenter. Elle se ratatine alors et s'entoure d'une enveloppe : le "puparium". La nymphe s'y développe en sécurité avant d'en sortir libre et adulte.

Concrètement, ces hydracariens passent de la phorésie* au parasitisme (Peyrusse & Bertrand). Ces phases sont indispensables à son évolution. L'hôte sert d'abord au transport avant de devenir proie et de contribuer au développement des larves.

Vie associée

Dès que les larves éclosent, elles remontent immédiatement en surface, à la recherche d'un hôte porteur invertébré auquel elle sont rapidement inféodées. Dans le cadre de la phorésie*, le gerris demeure l'Hémiptère le plus communément sélectionné.

Le parasitisme touche également les chambres branchiales des crustacés (écrevisses).

Divers biologie

Limnochares aquatica passe pour coloniser les chambres branchiales des écrevisses européennes et se fixe également sur l'exosquelette.

C'est un régulateur des populations d'insectes aquatiques.

Sa couleur constitue un répulsif pour des prédateurs potentiels (poissons, insectes).

Informations complémentaires

Cet hydracarien constitue un bon indicateur de la qualité de son milieu de vie. En effet, il ne peut pas effectuer les différentes phases de son cycle de développement si ce milieu n'est pas de bonne qualité.

Origine des noms

Origine du nom français

Le nom proposé par DORIS : puce du gerris, un insecte d'eau douce également nommé "patineur des étangs" (ou encore punaise d'eau), est en rapport avec les mœurs de cet hydracarien, pour lequel on ne trouve pas de nom vernaculaire aujourd'hui dans la littérature naturaliste.

Origine du nom scientifique

Limnochares : du grec [limno-] = eau douce et dormante, marais, étang et [chares] renvoie peut-être aux pinces buccales, les chélicères mais cette interprétation ne peut être totalement assurée.

[aquatica] en latin signifie "qui vit dans ou au bord de l'eau".

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Chelicerata Chélicérates Corps divisé en prosome* et opisthosome*. Chélicères et Pédipalpes. 4 paires de pattes locomotrices.
Classe Arachnida Arachnides Corps formé d’un céphalothorax et d’un abdomen. Présence de chélicères.  Huit pattes (4 paires).
Sous-classe Acari Acariens Chélicérates terrestres ou aquatiques, libres ou parasites, caractérisés par une fusion des 3 régions du corps : le corps n'est pas métamérisé.
Super ordre Acariformes Acariformes
Ordre Trombidiformes Trombidiformes
Sous-ordre Prostigmata Prostigmates
Famille Limnocharidae Limnocharidés
Genre Limnochares
Espèce aquatica

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