Eaux douces d'Europe
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeLimnochares aquatica fréquente les plans d'eau, les tourbières, les ruisseaux.
Il apprécie les fonds vaseux et détritiques* mais évolue dans la colonne d'eau. Il se rencontre dans moins de 50 cm d'eau et ne dépasse apparemment guère les 2 m de profondeur.
Dans les milieux tourbeux, on note un phototropisme* fort au stade larvaire, tandis que les adultes se réfugient plus volontiers dans la végétation et la vase où ils peuvent s'enfouir.
Limnochares aquatica ressemble à une petite araignée de couleur rouge orangé (mais il ne s'agit évidemment pas d'un tel animal) accusant, chez l'adulte, une taille comprise entre 2 et 4 mm. Son exosquelette*, de forme quasi rectangulaire, présente la particularité d'être relativement mou avec des déformations. Il n'y a pas de distinction entre abdomen et céphalothorax*. Libre, l'adulte possède quatre paires de pattes ciliées (soies natatoires) et une paire de pinces buccales. La larve* vit fixée sur un hôte (insecte) et possède trois paires de pattes.
Limnochares azubi (Gerecke, 2005) : recensé en Corse.
Limnochares americana (Lundblad, 1941), mais sa présence se limite au continent nord-américain.
Caspihalacarus hyrcanus (Viets, 1928), hôte appréciant plus volontiers des eaux saumâtres, dont la présence est à surveiller car il s'agit d'une espèce invasive.
Hydrachna globosa, plus rouge et plus mobile dans la colonne d'eau.
Limnochares aquatica est un prédateur, affectionnant notamment les larves de Diptères ou de Libellulidés comme Leucorrhinia albifrion (y compris des sujets adultes). Cet hydracarien figure comme un auxiliaire de lutte biologique dans la régulation de ces populations. Ce carnivore perce la paroi corporelle de sa proie, inocule des enzymes toxiques, digestifs, qui affaiblissent l'insecte attaqué. C'est ensuite la curée. Les tissus liquéfiés sont ensuite aspirés. Il serait également prédateur de larves d'Odonates.
L'adulte, cherchant refuge dans la végétation et la vase, cherche son alimentation sur le substrat*.
La reproduction a lieu au début de l'été ce qui n'exclut pas une ponte hivernale. Elle se cale sur les générations de gerris qui naissent soit entre mai et juillet, soit entre août et septembre.
Le développement de L. aquatica se déroule par une succession de stases*, c'est à dire qu'une perte totale de mobilité (y compris des fluides corporels) se produit en alternance de phases actives. En conséquence, la larve se nourrit de son hôte puis cesse de s'alimenter. Elle se ratatine alors et s'entoure d'une enveloppe : le "puparium". La nymphe s'y développe en sécurité avant d'en sortir libre et adulte.
Concrètement, ces hydracariens passent de la phorésie* au parasitisme (Peyrusse & Bertrand). Ces phases sont indispensables à son évolution. L'hôte sert d'abord au transport avant de devenir proie et de contribuer au développement des larves.
Dès que les larves éclosent, elles remontent immédiatement en surface, à la recherche d'un hôte porteur invertébré auquel elle sont rapidement inféodées. Dans le cadre de la phorésie*, le gerris demeure l'Hémiptère le plus communément sélectionné.
Le parasitisme touche également les chambres branchiales des crustacés (écrevisses).
Limnochares aquatica passe pour coloniser les chambres branchiales des écrevisses européennes et se fixe également sur l'exosquelette.
C'est un régulateur des populations d'insectes aquatiques.
Sa couleur constitue un répulsif pour des prédateurs potentiels (poissons, insectes).
Cet hydracarien constitue un bon indicateur de la qualité de son milieu de vie. En effet, il ne peut pas effectuer les différentes phases de son cycle de développement si ce milieu n'est pas de bonne qualité.
Limnochares : du grec [limno-] = eau douce et dormante, marais, étang et [chares] renvoie peut-être aux pinces buccales, les chélicères mais cette interprétation ne peut être totalement assurée.
[aquatica] en latin signifie "qui vit dans ou au bord de l'eau".
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Chelicerata | Chélicérates | Corps divisé en prosome* et opisthosome*. Chélicères et Pédipalpes. 4 paires de pattes locomotrices. |
Classe | Arachnida | Arachnides | Corps formé d’un céphalothorax et d’un abdomen. Présence de chélicères. Huit pattes (4 paires). |
Sous-classe | Acari | Acariens | Chélicérates terrestres ou aquatiques, libres ou parasites, caractérisés par une fusion des 3 régions du corps : le corps n'est pas métamérisé. |
Super ordre | Acariformes | Acariformes | |
Ordre | Trombidiformes | Trombidiformes | |
Sous-ordre | Prostigmata | Prostigmates | |
Famille | Limnocharidae | Limnocharidés | |
Genre | Limnochares | ||
Espèce | aquatica |
Puce du gerris, sur son hôte vu de dessous
Cet hydracarien est un prédateur qui saute sur sa victime, pourtant rapide dans ses déplacements et se laisse transporter par elle (processus de phorésie*).
Laboratoire de Montpellier III
N/A
Limnochares aquatica : larves et adultes
Larves (blanches) et adultes (orange) sont simultanément présent sur un même hôte.
En zone centrale de la photo se trouvent deux globes sombres : les yeux du gerris.
Cet insecte, qui fréquente la surface des plans d'eau, mesure habituellement entre 6 et 18 mm de long. Il possède trois paires de pattes, dont une très courte se situe près de la tête, derrière les antennes.
Laboratoire de Montpellier III
N/A
Rédacteur principal : Vincent MALIET
Correcteur : Michel BERTRAND
Responsable régional : Michel KUPFER
Böttger K., 1972, Vergleichend biologish-ökologische Studien zum Entwicklungszyklus der Süsswassermilben (Hydrachnellae, Acari), Der Entwicklungszyklus von Hydrachna globosa und Limnochares aquatica, Internationale Revue der Gesamten Hydrobiologie, 57, 109-152.
Smith B.P., 1989, Impact of parasitism by larval Limnochares aquatica (Acari, Hydrachnida, Limnochariadae) on juvenile Gerriscomatus, Gerris alacris, and Gerris buenoi), Canadian Journal of Zoology, 67, 2238-2243.
Peyrusse V., Bertrand M., 2001 (4e trim.), Les Acariens aquatiques de France, Insectes, 123, 3–6.