Bivalve à grande, épaisse et lourde coquille
Couleur très sombre et en forme d'oreille
Visible uniquement dans le cours inférieur de la Vienne et de la Charente (France)
Présence de fortes dents latérales à l'intérieur des valves chez les individus morts
Moule perlière (mais il ne faut pas confondre cette première avec Margaritifera margarifera qui ne vit que dans les torrents d'altitude et qui est la « vraie » moule perlière)
Giant European freshwater pearl mussel (GB), Nessuno (I), Nayade auriculata (E), Rivierparelmossel (NL), GroB Flusspearlmushel (D)
Unio sinuatus (Lamarck, 1819)
Margaritifera auricularia (Spengler, 1793)
Margaritifera auricularius (Spengler, 1793)
Bassin méridional français majoritaire : la Vienne et la Charente
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeEncore plus que Margaritifera margaritifera, les populations de Pseudunio auricularius ont catastrophiquement régressé.
Désormais absente du bassin méridional français, on ne la trouve plus que dans quelques cours d'eau de la façade Atlantique sur les cours de la Charente, de la Vienne, ainsi que certains affluents de la Dordogne, de la Garonne et de l'Adour. On la trouve aussi en Espagne dans l'Ebre.
Cette espèce semble absente des autres milieux dulcicoles mondiaux. Compte tenu de sa raréfaction, la localisation des stations est tenue relativement confidentielle pour éviter sa destruction.Si toutefois, vous pensez avoir reconnu cette moule ailleurs que dans la Charente ou la Vienne, contactez le rédacteur de cette fiche.
L'habitat de la grande mulette est assez particulier puisqu'on ne la trouve que dans le cours inférieurs des grands cours d'eau comme la Vienne et la Charente.
L'espèce a besoin d'un substrat non comaté et bien oxygéné pour survivre enfouie dans le sédiment. La quantité d'alluvions transitant dans le chenal principal a aussi une grande importance.
Pseudunio auricularius est un mollusque bivalve à la coquille épaisse et lourde. Avec ses 18 centimètres à l'âge adulte, c'est le plus gros mollusque continental d'Europe.
De couleur bleu nuit profond ou noire, les coquilles sont plus ou moins usées au niveau de la charnière. La partie émergée au-dessus des graviers est recouverte de salissures et d'algues qui la rendent difficilement détectable. Sa forme la fait ressembler aussi un peu à un pavillon d'oreille, d'où son nom d'espèce.
A l'inverse des autres moules d'eau douce du genre Anadonta qui ont une vie assez courte (une dizaine d'année), les moules d'eau douce du genre Margaritifera ont une longévité très importante qui atteindrait 60 à 70 ans.
Très méconnue, la grande mulette fait souvent l'objet d'une confusion avec la mulette renflée (Unio tumidus).
Margaritifera (Pseudunio) margaritifera (Linnaeus, 1758) : plus petite, la coquille est moins épaisse et les habitats sont différents.
Potomida littoralis (Cuvier, 1798) :beaucoup plus petite, la coquille semble fragile et n'a pas la forme d'un rein.
Filtreur de particules en suspension, un siphon inhalant et un autre exhalant.
Excellentes filtreuses, les grandes mulettes ont été et sont encore particulièrement touchées par les pollutions qu'elles soient chimiques ou organiques.
Assez mal connue, on sait cependant que les adultes produisent des larves, les glochidies, qui se fixent sur les branchies de poissons hôtes tel que Acipenser sturio (esturgeon français), Gasterosteus aculeatus (épinoche à trois épines) et Lametra fluviatilis (lamproie de rivière), ainsi que probablement également Silurus glanis (silure glane). La survie de l'espèce est donc totalement liée à la population de ces hôtes dont l'esturgeon. Par ailleurs, la lamproie de rivière semble incontournable car dans les secteurs ou des individus de petites tailles ont été trouvés, l'esturgeon y est absent depuis des dizaines d'années.
Pendant ce stade parasite, il y a un enkystement dans les branchies. Les larves grossissant, elles rejoignent les gravières ayant été transportées en amont par les poissons. Les juvéniles peuvent grossir et le cycle est bouclé.
D'autres moules : Potomida littoralis, Unio crassus, Anodonta cygnea, Pseudanodonta complanata.
Les phénomènes d'eutrophisation des rivières d'eau rendant troubles les eaux permettent probablement une certaine sauvegarde de l'espèce en la rendant plus difficilement détectable.
Au XIXeme siècle, la grande mulette était encore très commune. On la trouvait dans tous les bassins versants des grands fleuves et de leurs principaux affluents en Europe occidentale. Elle était surexploitée pour ses perles et sa nacre avec laquelle on fabriquait des boutons. Puis au début du XXeme, cette espèce a été considérée comme disparue !
C'est dans les années 1980 que des chercheurs redécouvrent la grande mulette dans le nord-est de l'Espagne, puis quelques populations plus ou moins importantes sont retrouvées dans deux cours d'eau français (la Vienne et la Charente en 1998).
Ainsi, le problème de sauvegarde de l'espèce est entier : comment sauver une espèce qui ne peut plus se reproduire après la disparition de leurs poissons hôtes ? S'ajoute de nombreux autres problèmes : le recalibrage de nos cours d'eau, le dragage, la chenalisation, l'exploitation des granulats, l'envasement dû aux barrages ont détruit les habitats.
Vis-à-vis des poissons hôtes, les barrages contribueraient encore aussi à limiter leurs migrations.
IUCN : CR A1c en 2008 (danger critique d'extinction)
Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe 4
Convention de Berne : Annexe 2
En France : article 2 de l'arrêté du 23 avril 2007 listant les mollusques protégés sur le territoire français
Mulette : diminutif de moule (le petit Larousse).
Margaritifera : du latin [margarita] = la perle et [fero] = je porte.
auricularius : du latin [auricularia] = petite oreille.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Palaeoheterodonta | Paléohétérodontes |
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Ordre | Unionoida | Unionoïdes | Présence d'un ligament interne. |
Famille | Margaritiferidae | Margaritiféridés |
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Genre | Pseudunio | ||
Espèce | auricularius |
Dans son biotope
Cet individu, recouvert de salissures et d’algues, est particulièrement difficile à détecter.
Cet individu a entre 60 et 80 ans.
Cours d'eau de la Vienne, 1 m
09/2005
Filtration
Le manteau est visible entre les deux coquilles de ce mollusque bivalve à très grande activité de filtration.
Cet individu a entre 60 et 80 ans.
Cours d'eau de la Vienne, 1 m
19/08/2008
Recouvert d'algues
Dans son biotope fait d'assez gros graviers propres mélangés à du sable, la moule d'eau douce est très souvent recouverte d'algues.
Cet individu a entre 60 et 80 ans.
Cours d'eau de la Vienne, 1 m
09/2005
Entouré de salissures
Cette moule d'eau douce est particulièrement bien recouverte de salissures en tous genres. Cet individu a entre 60 et 80 ans.
Cours d'eau de la Vienne, 1 m
19/08/2008
Coquille : face externe
La coquille de cet individu a la forme caractéristique d'un rein.
Cours d'eau de la Vienne, 1 m
09/2005
Coquille : vue interne
Ce cliché montre la présence de fortes dents latérales à l’intérieur des valves.
Cours d'eau de la Vienne, 1 m
09/2005
Pas toujours sales !
Deux spécimens à coquilles propres, comme cela arrive parfois.
La Charente, profondeur 5 m.
26/07/2007
Zoom sur le siphon
L'ouverture inhalante de la Grande Mulette est couverte de papilles en forme de petites mains.
La Charente, à 6 m de porofondeur
27/07/2007
Siphons noirs
On repère souvent les grandes Mulettes aux siphons très noirs qui se détachent du substrat. Ici on dirait un tissus de flanelle flottant dans le courant.
La Vienne, à 2 m. de profondeur.
29/07/2009
Dans le courant
La Grande mulette est un filtreur passif qui a besoins d'eaux en mouvement. Ici un subadulte, en position typique face au courant, assez fort ce jour-là.
La Charente, à 5m de profondeur
01/04/2010
Rédacteur principal : Laurent GAUTHIER
Vérificateur : Gaël ROCHEFORT
Correcteur : Philippe JUGÉ
Responsable régional : Gaël ROCHEFORT
Prié V., Philippe L., Cochet G., Rethoret H., Filali R., 2008, Une population majeure de la très rare Grande Mulette Margaritifera auricularia (Spengler, 1793) (Bivalvia : Margaritiferidae) dans le fleuve Charente (France), Journal électronique de la malacologie continentale française.
Cochet G., 2004, La moule perlière et les nayades de France, histoire d'une sauvegarde, Catiche productions, 32p.
La page sur Pseudunio auricularius dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN