Carangue dentue

Pseudocaranx dentex | (Bloch & Schneider, 1801)

N° 5649

Cosmopolite des eaux chaudes et tempérées

Clé d'identification

Robe argentée, petite tache noire sur le bord de l'opercule
Corps ovale très comprimé latéralement
Nageoires d'un jaune plus ou moins vif
Pectorales falciformes, caudale fourchue
Anale et dorsale de faible hauteur et symétriques
Museau bombé, lèvres charnues
Longueur commune 40 cm, maximum connu 122 cm

Noms

Autres noms communs français

Carangue à grosses lèvres, carangue blanche, carangue rayée, matu (Polynésie française)

Noms communs internationaux

White trevally, blue trevally, silver trevally, bruised-faced trevally, longsnout trevally, toothed trevally, skipjack trevally, striped jack, blurter, cavalley, crevalley, skippy, guelly jack, thicklipped jack, white kingfish, silver bream, silver fish, ranger (GB), Carango dentice (I), Jurel, jurel dentón, jurel dorado (E), Zahn-Makrele (D), Charéu, encharéu, garapoá, xaréu, xareu-bicudo, xaréu-branco, falso-bonito (P)

Synonymes du nom scientifique actuel

Caranx adscensionis (Osbeck, 1771)
Scomber dentex Bloch & Schneider, 1801
Caranx dentex (Bloch & Schneider, 1801)
Trachurus imperialis Rafinesque, 1810
Caranx luna Geoffroy Saint-Hilaire, 1817
Citula banksii Risso, 1820
Caranx analis Cuvier, 1833
Caranx georgianus Cuvier in Cuvier & Valenciennes, 1833
Caranx platessa Cuvier in Cuvier & Valenciennes, 1833
Caranx solea Cuvier, 1833
Usacaranx georgianus (Cuvier, 1833)
Longirostrum platessa (Cuvier, 1833)
Scomber lutescens Solander, 1843
Scomber micans Solander, 1843
Scomber platinoides Solander, 1843
Caranx lutescens (Richardson & Solander, 1843)
Caranx cestus Richardson, 1846
Caranx nobilis MacLeay, 1881
Usacaranx nobilis (MacLeay, 1881)
Caranx delicatissimus Döderlein, 1884
Longirostrum delicatissimus (Döderlein, 1884)
Carangus cheilio Snyder, 1904
Caranx cheilio (Snyder, 1904)
Pseudocaranx cheilio (Snyder, 1904)
Caranx natalensis Gilchrist & Thompson, 1911

Distribution géographique

Cosmopolite des eaux chaudes et tempérées

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

La carangue dentue est un poisson cosmopolite, largement distribué le long des côtes tropicales et subtropicales de la planète. Sa distribution déborde sur la zone tempérée des deux hémisphères.

Pour les côtes françaises, sa présence est établie à La Réunion, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Des populations établies près des côtes du sud de la Métropole restent à établir mais sont très incertaines.

En Méditerranée, on la retrouve dans toute la partie sud du bassin jusqu'en Egypte. Côté Atlantique proche, elle est bien représentée en Macaronésie* (Açores, Madère, Canaries, Cap-Vert).

Biotope

Les juvéniles évoluent dans les eaux côtières peu profondes, les baies et les estuaires ; les adultes vivent généralement en bancs plus au large, près du fond sur le plateau continental ou à moindre profondeur au voisinage des secs. La profondeur d'évolution est comprise entre la surface et 238 m, valeur bien supérieure à la profondeur d'évolution couramment observée, entre 10 et 30 m.

Description

La carangue dentue est un poisson à la robe argentée portant une petite tache noire sur le bord postérieur de l'opercule*. Le dos est grisâtre, voire légèrement doré. Le corps ovale est très comprimé latéralement. Une ligne jaune traverse le poisson depuis la queue jusqu'à l'opercule, plus marquée chez les jeunes. Les nageoires sont teintées d'un jaune plus ou moins vif. Les pectorales sont falciformes* ; la caudale est fourchue. L'anale et la dorsale, de faible hauteur, sont symétriques ; elles se prolongent jusqu'au pédoncule* caudal très fin et peuvent laisser entrevoir un fin liseré bleu sur leur bordure.

La tête possède un museau bombé et des lèvres très charnues, tout à fait caractéristiques de cette carangue. Ces traits s'amplifient chez les gros individus. La longueur commune avoisine 40 cm ; elle atteint jusqu'à 122 cm chez le plus gros spécimen pêché.

Espèces ressemblantes

La carangue dentue peut être confondue avec d'autres Carangidés. On peut notamment citer les sérioles Seriola dumerili et Seriola rivoliana, ainsi que d'autres espèces de carangues telles que Carangoides bartholomaeai, Caranx ruber ou encore Caranx crysos. Dans tous les cas, la forme bombée du museau, les lèvres épaisses et le point noir à l'arrière de l'opercule sont des critères distinctifs permettant de reconnaître l'espèce assez facilement, surtout au stade adulte.

Une étude génétique a montré que rien qu'en Australie, ce que l'on identifie comme Pseudocaranx dentex formerait en réalité un complexe de trois espèces très difficiles à différencier par leur seule morphologie : Pseudocaranx sp. dentex serait la plus proche (voire la même) que celle rencontrée en Méditerranée et en Afrique du Sud, tandis que P. georgianus et P. dinjerra pourraient former deux autres espèces bien distinctes (Bearham 2019). En extrapolant ce résultat au niveau mondial, il y a fort à parier que la très large répartition de l'espèce soit en réalité liée à l'existence de ces trois espèces proches.

Alimentation

La carangue dentue se nourrit généralement sur ou près du fond de manière opportuniste, consommant des proies telles que poissons, vers, échinodermes, mollusques (bivalves et céphalopodes) et crustacés. Des observations ont également été faites de ces poissons se nourrissant en pleine eau en filtrant le zooplancton*, comme le font de petits poissons pélagiques* tels qu'anchois, sardines et autres maquereaux (Sazima 1998).

Reproduction - Multiplication

Même si les informations restent parcellaires, les observations faites dans l'Atlantique Nord suggèrent que les individus matures se regroupent autour des remontées situées au large durant la période estivale (de juin à septembre aux Açores) pour se reproduire. A l'inverse, dans le Pacifique, une étude japonaise a conclu à une période de reproduction débutant en novembre et se déroulant durant l'hiver (Afonso 2008 & Kanashiro 1993).

L'espèce est gonochorique* (les sexes sont séparés). Le sexe-ratio (nombre de mâles rapporté au nombre de femelles) semble équilibré ; la maturité se produit simultanément pour les deux genres et correspond à une taille moyenne proche de 30 cm. La reproduction a lieu en pleine eau, les œufs dérivent dans le courant et les larves* sont pélagiques*.

Vie associée

En termes d'associations, on retrouve de jeunes carangues opportunistes aux côtés d'espèces fouisseuses* comme les marbrés, les rougets, les rombous ou bien encore les vives : elles profitent des efforts de ces derniers pour se nourrir des proies ainsi dégagées. La nuit, des juvéniles de carangue dentue pourraient se protéger des prédateurs en se collant à des espèces "pacifiques" comme des marbrés adultes par exemple (observation de l'un des auteurs).

Les larves de la carangue dentue peuvent être infectées par un virus de nécrose nerveuse de la famille des Nodaviridés. Des mortalités importantes de juvéniles liées à un champignon, Ochroconis humicola, ont par ailleurs été reportées dans un élevage au Japon en 2004, faisant l'objet d'une publication scientifique (Munchan 2006).

Divers biologie

Le développement des jeunes poissons se produit en deux phases distinctes : la première a lieu pour une longueur des larves comprise entre 9 et 12 mm et correspond à la formation des nageoires ; les poissons se regroupent alors en bancs et sont considérés comme des juvéniles adoptant un premier comportement de défense contre les prédateurs. La seconde phase, qui a lieu pour une taille de 20 à 30 mm, correspond à l'apparition des écailles et de la ligne latérale*. C'est à ce moment-là que se produit le recrutement* dans les eaux côtières (Masuda 1999).

Informations complémentaires

Malgré la pêche intensive dont elle fait l'objet dans certaines régions, l'espèce est classée LC (Least Concern) selon l'évaluation mondiale réalisée par l'UICN* en 2013. Elle est donc actuellement considérée comme n'étant pas menacée à court terme.

La longévité peut dépasser 50 ans.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Pseudocaranx dentex ne fait actuellement l'objet d'aucune règlementation spécifique.

Origine des noms

Origine du nom français

Carangue : dérivé de [caranga], mot emprunté à une langue amérindienne, et qui désigne un poisson des Antilles. Ce nom indigène a été recueilli par Plumier, et repris ensuite sous la forme "carangue" par Thomas Corneille dans son "Dictionnaire des Arts et des Sciences", avec une description assez fantaisiste. Le nom Caranx apparaît dans l'Histoire Naturelle des Poissons (1802) de Lacepède et Buffon qui ont repris les dessins et notes non publiés de Plumier.

dentue : traduction du nom de l'espèce, ce qui peut induire en erreur ; cette carangue est ainsi qualifiée de dentue en référence à sa ressemblance avec certains Sparidés et non en raison de sa denture.

Origine du nom scientifique

Pseudocaranx : du grec [pseudes] = faux et [caranx] du mot français carangue explicité ci-dessus.

dentex : du latin [dentex] = avec des dents : il s'agit en réalité d'une évocation du genre Dentex, en référence au profil de la tête et aux grosses lèvres de cette espèce de carangue. Le genre Dentex n'en appartient pas moins à la famille des Sparidés.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 126812

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Classe Actinopteri
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Ordre Carangiformes Carangiformes
Famille Carangidae Carangidés
Genre Pseudocaranx
Espèce dentex

Nos partenaires