Crevette fouisseuse (jour) et nageuse (nuit) de 2 à 3 cm
Rostre très court ne dépassant pas les yeux
Dessus de la queue très blanc
Première paire de pattes avec pince à droite et griffe à gauche
Dans les posidonies exclusivement
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cette espèce est endémique* de Méditerranée occidentale, Adriatique incluse.
Cette crevette habite exclusivement les herbiers de posidonies, principalement dans sa partie la moins profonde (jusqu'à 12 m) ; elle se raréfie avec la profondeur. Elle ne supporte pas du tout les eaux saumâtres*, aussi ne se rencontre-t-elle pas dans les lagunes.
De jour, cette espèce est enfouie dans le sable ou se cache dans les rhizomes* de posidonies. De nuit, elle recherche ses proies à l'intérieur de l'herbier.
Petite crevette habitant les herbiers de posidonies.
De jour la couleur générale est d'un blanc transparent et la nuit, la crevette est rosée.
Les femelles ovigères* (de 18 à 38 mm) présentent sur la face dorsale une pigmentation blanche tout à fait caractéristique sur les trois derniers segments abdominaux. L'ovaire visible par transparence dans le céphalothorax* et la ponte sous l'abdomen sont verts et donnent une coloration verte aux femelles adultes. Les mâles sont plus petits (de 10 à 23 mm) et plus ou moins transparents, rarement avec d'importantes taches blanches.
Son rostre* est très court et ne dépasse pas les yeux ; il se termine par une pointe et une dent supérieure.
La première paire de pattes est asymétrique : la droite se termine par une pince et la gauche par une griffe.
La seconde paire de pattes porte une pince de chaque côté, mais ces pattes sont de longueurs inégales. Les autres paires sont symétriques et sans pinces.
Une dizaine d'autres espèces de Processa existent en Europe. En Méditerranée, quatre autres espèces se rencontrent dans les posidonies et les zones sableuses adjacentes.
Processa edulis est plus grosse et présente des chromatophores* assez bien répartis sur tout le corps.
Processa acutirostris n'a presque pas de chromatophores blancs, à l'exclusion de quelques-uns sur la ligne médio-dorsale, et son rostre est pointu (sans dent accessoire dorsale).
Processa macrophthalma a des yeux très gros par rapport à Processa robusta ; elle est moins commune et se rencontre plutôt sur sables graveleux.
Processa modica est très petite, a des œufs vert-bleuté et se rencontre dans les sables fins à très faible profondeur.
D'autres espèces vivent plus profondément en milieu sablo-vaseux mais ne sont que rarement observées par les plongeurs.
Processa robusta recherche activement la nuit les petites proies qu'elle consomme : “vers" (petites annélides, nématodes), crustacés (amphipodes, isopodes, ostracodes, larves de décapodes arrivant sur le fond à la métamorphose...), œufs, foraminifères, mollusques, et parfois des éléments végétaux fixés sur les feuilles de posidonie (algues, phanérogames, diatomées...).
Pour dilacérer ses proies, elle se sert de ses pattes avant un peu comme d'un couteau et d'une fourchette.
Comme chez Processa edulis, cette espèce pourrait présenter un hermaphrodisme protandre*, c'est-à-dire que la première partie de la vie est mâle (première année), puis intervient un changement de sexe et l'animal devient alors femelle l'année suivante. La saison de reproduction commence en mars-avril et se termine en septembre-octobre.
Au printemps et sur plusieurs intermues, la femelle commence sa première vitellogenèse* c'est-à-dire l'accumulation de réserves nutritives dans les ovocytes. A ce moment, l'ovaire est visible dans le céphalothorax sous forme d'un organe massif de couleur verte. A la tombée de la nuit, la femelle mue et s'accouple quand sa carapace est encore molle. Pendant plusieurs minutes, le mâle "cherche" la femelle en tournant autour. En trois à cinq secondes, il se positionne en croix sur la face inférieure de sa femelle, éjacule et se sépare de sa partenaire. Le sperme est déposé dans un réceptacle séminal externe, un repli formant une sorte de poche de kangourou ventrale.
La femelle pond dans les minutes qui suivent plusieurs centaines d'œufs qui sont attachés par des filaments sur les pléopodes (pattes abdominales). Les œufs fraîchement pondus sont verts, puis ils virent progressivement au gris ; ils sont ainsi incubés pendant trois à quatre semaines (selon la température de l'eau), puis les larves sont libérées. Pendant l'incubation, une nouvelle vitellogenèse a lieu si bien que la femelle mue et pond à nouveau après l'éclosion des larves. Il peut y avoir ainsi d'avril à octobre cinq à six pontes successives.
Le développement larvaire planctonique dure trois à quatre semaines (selon la température). Les larves sont communes dans le plancton de mai à novembre.
Après la métamorphose, les juvéniles gagnent les herbiers de posidonies où ils poursuivent leur croissance. La longévité maximale de l'espèce est de l'ordre de 2 à 3 ans.
L'espèce est assez commune, en particulier dans les zones les plus superficielles des posidonies. On ne peut la voir que la nuit car elle est enfouie dans le sédiment ou cachée dans les rhizomes pendant la journée. Ses principaux prédateurs sont les céphalopodes (seiches, sépioles...), les poissons d'herbier, les gros crustacés (crabes nageurs, squilles). L'espèce est sédentaire ; son activité est ralentie et sa croissance faible en hiver lorsque la température est basse.
En Méditerranée, le succès de certaines espèces envahissantes comme Caulerpa taxifolia conduit à la régression des posidonies et par voie de conséquence à celle des espèces associées à ce milieu, dont Processa robusta.
Fiche MNHN/DORIS.
Le nom de Crevette autruche (proposition P. Noël) se réfère à la particularité d'enfouissement des espèces du genre Processa ; ces dernières entrent dans le sable la tête en premier, en creusant à l'aide des derniers maxillipèdes* et des pattes avant.
Robuste parce que l'espèce a un corps trapu par rapport à toutes les autres espèces de Processa.
Processa (latin) : qui avance, qui se porte en avant, c'est peut-être une allusion à sa façon de s'enfouir la tête la première.
robusta : robuste.
Numéro d'entrée WoRMS : 107692
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Caridea | Caridés | Les Caridés sont caractérisés par des pléopodes natatoires. C'est à ce groupe qu'appartiennent une grande partie des espèces de crevettes. |
Famille | Processidae | Processidés | Rostre court ; première paire de pattes avec pince d’un côté et griffe de l’autre. |
Genre | Processa | ||
Espèce | robusta |
Petits yeux
Cette espèce se caractérise par des yeux proportionnellement plus petits que ceux qu'on retrouve dans les autres espèces du genre Processa.
Pointe Rouge, Marseille, 4 m de nuit
19/11/2018
Mâle hyperpigmenté
Mâle avec une coloration blanche exceptionnellement développée ; habituellement, les mâles sont peu pigmentés et presque transparents le jour, et vaguement rosâtres la nuit.
Animal photographié de retour au laboratoire (d’après diapositive).
Herbier de posidonies du Racou (66), environ 4 m, de nuit
30/06/1972
Femelle parasitée
Femelle en vue dorsale, montrant la pigmentation blanche de l’abdomen caractéristique de l’espèce. La boursuflure dans la cavité branchiale droite est due à l’isopode épicaride parasite externe Urobopyrus processae.
Animal photographié de retour au laboratoire (d’après diapositive).
Herbier de posidonies du Racou (66), environ 4 m, de nuit
30/06/1972
Gros plan sur le parasite
Partie antérieure d’une femelle en vue latérale droite, parasitée par l’isopode épicaride branchial Urobopyrus processae. L’essentiel de la zone orangée correspond au parasite femelle dont on voit les œufs colorés par des caroténoïdes ; le mâle très petit est difficilement perceptible au travers du branchiostégite* de la crevette hôte.
Animal photographié de retour au laboratoire (d’après diapositive).
Herbier de posidonies du Racou (66), environ 4 m, de nuit
01/07/1972
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Vérificateur : Anne PROUZET
Responsable régional : Anne PROUZET
La page de Processa robusta dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN