Polysiphonie touffue

Polysiphonia sertularioides | (Grateloup) J.Agardhn 1863

N° 4202

Méditerranée et Atlantique proche (?)

Clé d'identification

Axes cylindriques dressés, filamenteux et flexibles retombant vers le substrat en émersion, de 4 à 5 cm de hauteur
Diamètre des axes d'environ 50 μm, s'amincissant de la base vers le sommet
Couleur marron rougeâtre
Sur les rochers du médiolittoral battu
Thalle fixé au substrat par des rhizoïdes
Vue microscopique :
Articles (= segments) plus longs que larges
Présence de trichoblastes
Quatre cellules péricentales dépourvues de cortication
Rameaux latéraux alternes formés à l'aisselle des trichoblastes
Cystocarpes pédicellés en forme d'urnes
Spermatanges en forme de grappes de raisin
Tétrasporanges en séries hélicoïdales à l’extrémité des rameaux

Noms

Noms communs internationaux

Red hair algae (GB, nom générique des Polysiphonia)

Synonymes du nom scientifique actuel

Ceramium sertularioides Grateloup 1806
Hutchinsia roseola var. sertularioides (Grateloup) C.Agardh 1828
Vertebrata sertularioides (Grateloup) Kuntze 1891
Polysiphonia purpurata Zanardini ex A.De Toni 1907
Neosiphonia sertularioides (Grateloup) K.W.Nam & P.J.Kang 2012

Distribution géographique

Méditerranée et Atlantique proche (?)

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Cette algue est probablement uniquement présente en Méditerranée et peut-être dans l'Atlantique proche (îles Canaries). L'espèce-type* est originaire de Sète.

Biotope

Cette algue est commune dans les zones battues sur les roches de l'étage médiolittoral* supérieur. Elle est visible surtout en hiver et au printemps. Elle disparaît généralement pendant les mois les plus chauds et calmes lorsque le médiolittoral supérieur n’est plus humecté par le ressac.

Description

Le thalle* est constitué de filaments plusieurs fois irrégulièrement ramifiés, dressés, flexibles, de 4 à 5 cm de hauteur, et retombant vers le substrat* lorsqu’ils sont émergés. La couleur est marron rougeâtre. Le diamètre maximum des axes dressés est d'environ 50 μm, et s’amincit de la base vers le sommet. Les filaments sont articulés (= segmentés) avec des articles* plus longs que larges. En coupe, les filaments présentent 4 cellules péricentrales non cortiquées.

Chaque article produit un trichoblaste* (poil hyalin à ramification dichotome) rapidement caduc (seule subsiste la cellule basale arrondie). Les rameaux latéraux se forment à l'aisselle d’un trichoblaste à intervalles très irréguliers.

Le thalle est fixé au substrat par des rhizoïdes*.

Espèces ressemblantes

C'est la seule espèce très fine de Polysiphonia sensu lato (le genre a été divisé en plusieurs genres) qui pousse directement sur la roche médiolittorale* supérieure (d’autres espèces aussi fines peuvent être présentes mais toujours épiphytes* sur d’autres algues).

Un examen au microscope est nécessaire pour être sûr de l'identification. De toutes les Polysiphonies possédant 4 cellules péricentrales totalement dépourvues de cortication, Polysiphonia sertularioides a comme spécificités : son faible diamètre, la position de ses rameaux latéraux à l'aisselle des trichoblastes et son biotope rocheux médiolittoral* supérieur.

Alimentation

Cette algue est autotrophe* photosynthétique* : elle élabore ses composés organiques à partir de dioxyde de carbone, d'eau, de minéraux et de lumière, grâce à des pigments qui lui permettent de faire la photosynthèse.

Reproduction - Multiplication

Le cycle vital est triphasique* isomorphe* (gamétophytes* et sporophytes* sont morphologiquement semblables). L'espèce est dioïque* (organes mâles et organes femelles portés par des individus distincts). Les organes reproducteurs se développent dans la partie supérieure des filaments.

Les spermatanges*, subcylindriques ou subconiques, 87-180 μm de long et 22-75 μm de diamètre, à sommets pointus ou arrondis et sans cellules apicales* stériles, remplacent une branche de la première dichotomie d'un trichoblaste*. Les cellules mères des spermaties* sont sphériques ou subsphériques et mesurent 2,5 μm de diamètre.

Les cystocarpes* sont en forme d’urnes ovoïdes ou subsphériques pédicellées (renflées au milieu et rétrécies dans les parties supérieure et inférieure), de 195 à 400 μm de haut et 195 à 312 μm de diamètre, à pédicelle court et avec un ostiole* atteignant 100 μm de diamètre. Les carposporanges* piriformes* mesurent 50 à 65 μm de haut et 17 à 27 μm de diamètre.

Les tétrasporanges* sphériques, de 45 à 53 µm de diamètre, en séries spiralées, déforment légèrement les filaments du tétrasporophyte.

Vie associée

La polysiphonie touffue partage le couvert des rochers du médiolittoral* battu avec d'autres algues telles que les ulves intestinales, le cladophore vert clair, ...

Divers biologie

La croissance des filaments s'opère à partir d'une seule cellule apicale qui se divise transversalement. Les filaments sont polysiphonés*. En coupe transversale, la cellule axiale est entourée par 4 cellules péricentrales sans cortication*.

Informations complémentaires

Le genre Polysiphonia sensu lato est un genre particulièrement vaste, comportant aujourd’hui plusieurs centaines d’espèces valides (dont une quarantaine en Méditerranée), avec des critères de détermination pas toujours très évidents. Ce genre a fait l’objet de nombreux travaux taxonomiques, et notamment de taxonomie moléculaire, qui ont conduit à sa fragmentation en plusieurs genres. Une étude intéressante croisant analyses génétiques et critères morphologiques habituellement employés pour ce genre (22 critères étudiés) a mis en évidence les critères morphologiques pertinents pour séparer les espèces :

  • le nombre de cellules péricentrales (4 chez Polysiphonia sertularioides),
  • la forme de l’apex des rameaux (pointu ou arrondi) (arrondi chez Polysiphonia sertularioides),
  • la présence ou non de trichoblastes* (présents chez Polysiphonia sertularioides)
  • la disposition des tétrasporanges (alignés en séries spiralées chez Polysiphonia sertularioides),
  • la taille des cellules et le type de rhizoïdes,
  • la position des spermatanges (à la place d'une des branches de la première dichotomie d'un trichoblaste chez Polysiphonia sertularioides),
  • et enfin la forme et l’emplacement des cystocarpes*.

Dans le cas de Polysiphonia sertularioides, l'état de la science ne permet pas à l'heure actuelle (2024) de confirmer dans quel genre classer cette algue. Il manque pour cela un séquençage d'individus de Méditerranée. En attendant, cette algue doit être maintenue dans le genre Polysiphonia et non pas Neosiphonia dans lequel on la trouve dans plusieurs bases de données (INPN, GBIF) (genre non valide actuellement et remplacé par le genre Melanothamnus qui a l'antériorité).

Origine des noms

Origine du nom français

Polysiphonie touffue est la francisation du nom scientifique. Ce nom est proposé par le site DORIS.

Origine du nom scientifique

Polysiphonia : du grec [polu] = beaucoup, plusieurs et [siphôn] = tube creux, siphon. En référence à la structure des algues de ce genre, comportant un axe central entouré de plusieurs cellules péricentrales.

sertularioides : du latin [sertulare] = rassembler, réunir, et du suffixe [oides] = en forme de. Soit "en groupe, en touffe".

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 144666

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Rhodobionta / Rhodophyta Rhodobiontes Algues rouges, pour la plupart marines.
Sous-embranchement Eurhodophytina Eurhodophytinés
Classe Florideophyceae Floridéophycées

Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames.

Sous-classe Rhodymeniophycidae Rhodyméniophycidées
Ordre Ceramiales Céramiales Structure toujours uniaxiale.
Famille Rhodomelaceae Rhodomelacées
Sous-famille Polysiphonieae Polysiphonies
Genre Polysiphonia
Espèce sertularioides

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