Axes cylindriques dressés, filamenteux et flexibles retombant vers le substrat en émersion, de 4 à 5 cm de hauteur
Diamètre des axes d'environ 50 μm, s'amincissant de la base vers le sommet
Couleur marron rougeâtre
Sur les rochers du médiolittoral battu
Thalle fixé au substrat par des rhizoïdes
Vue microscopique :
Articles (= segments) plus longs que larges
Présence de trichoblastes
Quatre cellules péricentales dépourvues de cortication
Rameaux latéraux alternes formés à l'aisselle des trichoblastes
Cystocarpes pédicellés en forme d'urnes
Spermatanges en forme de grappes de raisin
Tétrasporanges en séries hélicoïdales à l’extrémité des rameaux
Red hair algae (GB, nom générique des Polysiphonia)
Ceramium sertularioides Grateloup 1806
Hutchinsia roseola var. sertularioides (Grateloup) C.Agardh 1828
Vertebrata sertularioides (Grateloup) Kuntze 1891
Polysiphonia purpurata Zanardini ex A.De Toni 1907
Neosiphonia sertularioides (Grateloup) K.W.Nam & P.J.Kang 2012
Méditerranée et Atlantique proche (?)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cette algue est probablement uniquement présente en Méditerranée et peut-être dans l'Atlantique proche (îles Canaries). L'espèce-type* est originaire de Sète.
Cette algue est commune dans les zones battues sur les roches de l'étage médiolittoral* supérieur. Elle est visible surtout en hiver et au printemps. Elle disparaît généralement pendant les mois les plus chauds et calmes lorsque le médiolittoral supérieur n’est plus humecté par le ressac.
Le thalle* est constitué de filaments plusieurs fois irrégulièrement ramifiés, dressés, flexibles, de 4 à 5 cm de hauteur, et retombant vers le substrat* lorsqu’ils sont émergés. La couleur est marron rougeâtre. Le diamètre maximum des axes dressés est d'environ 50 μm, et s’amincit de la base vers le sommet. Les filaments sont articulés (= segmentés) avec des articles* plus longs que larges. En coupe, les filaments présentent 4 cellules péricentrales non cortiquées.
Chaque article produit un trichoblaste* (poil hyalin à ramification dichotome) rapidement caduc (seule subsiste la cellule basale arrondie). Les rameaux latéraux se forment à l'aisselle d’un trichoblaste à intervalles très irréguliers.
Le thalle est fixé au substrat par des rhizoïdes*.
C'est la seule espèce très fine de Polysiphonia sensu lato (le genre a été divisé en plusieurs genres) qui pousse directement sur la roche médiolittorale* supérieure (d’autres espèces aussi fines peuvent être présentes mais toujours épiphytes* sur d’autres algues).
Un examen au microscope est nécessaire pour être sûr de l'identification. De toutes les Polysiphonies possédant 4 cellules péricentrales totalement dépourvues de cortication, Polysiphonia sertularioides a comme spécificités : son faible diamètre, la position de ses rameaux latéraux à l'aisselle des trichoblastes et son biotope rocheux médiolittoral* supérieur.
Cette algue est autotrophe* photosynthétique* : elle élabore ses composés organiques à partir de dioxyde de carbone, d'eau, de minéraux et de lumière, grâce à des pigments qui lui permettent de faire la photosynthèse.
Le cycle vital est triphasique* isomorphe* (gamétophytes* et sporophytes* sont morphologiquement semblables). L'espèce est dioïque* (organes mâles et organes femelles portés par des individus distincts). Les organes reproducteurs se développent dans la partie supérieure des filaments.
Les spermatanges*, subcylindriques ou subconiques, 87-180 μm de long et 22-75 μm de diamètre, à sommets pointus ou arrondis et sans cellules apicales* stériles, remplacent une branche de la première dichotomie d'un trichoblaste*. Les cellules mères des spermaties* sont sphériques ou subsphériques et mesurent 2,5 μm de diamètre.
Les cystocarpes* sont en forme d’urnes ovoïdes ou subsphériques pédicellées (renflées au milieu et rétrécies dans les parties supérieure et inférieure), de 195 à 400 μm de haut et 195 à 312 μm de diamètre, à pédicelle court et avec un ostiole* atteignant 100 μm de diamètre. Les carposporanges* piriformes* mesurent 50 à 65 μm de haut et 17 à 27 μm de diamètre.
Les tétrasporanges* sphériques, de 45 à 53 µm de diamètre, en séries spiralées, déforment légèrement les filaments du tétrasporophyte.
La polysiphonie touffue partage le couvert des rochers du médiolittoral* battu avec d'autres algues telles que les ulves intestinales, le cladophore vert clair, ...
La croissance des filaments s'opère à partir d'une seule cellule apicale qui se divise transversalement. Les filaments sont polysiphonés*. En coupe transversale, la cellule axiale est entourée par 4 cellules péricentrales sans cortication*.
Le genre Polysiphonia sensu lato est un genre particulièrement vaste, comportant aujourd’hui plusieurs centaines d’espèces valides (dont une quarantaine en Méditerranée), avec des critères de détermination pas toujours très évidents. Ce genre a fait l’objet de nombreux travaux taxonomiques, et notamment de taxonomie moléculaire, qui ont conduit à sa fragmentation en plusieurs genres. Une étude intéressante croisant analyses génétiques et critères morphologiques habituellement employés pour ce genre (22 critères étudiés) a mis en évidence les critères morphologiques pertinents pour séparer les espèces :
Dans le cas de Polysiphonia sertularioides, l'état de la science ne permet pas à l'heure actuelle (2024) de confirmer dans quel genre classer cette algue. Il manque pour cela un séquençage d'individus de Méditerranée. En attendant, cette algue doit être maintenue dans le genre Polysiphonia et non pas Neosiphonia dans lequel on la trouve dans plusieurs bases de données (INPN, GBIF) (genre non valide actuellement et remplacé par le genre Melanothamnus qui a l'antériorité).
Polysiphonie touffue est la francisation du nom scientifique. Ce nom est proposé par le site DORIS.
Polysiphonia : du grec [polu] = beaucoup, plusieurs et [siphôn] = tube creux, siphon. En référence à la structure des algues de ce genre, comportant un axe central entouré de plusieurs cellules péricentrales.
sertularioides : du latin [sertulare] = rassembler, réunir, et du suffixe [oides] = en forme de. Soit "en groupe, en touffe".
Numéro d'entrée WoRMS : 144666
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Rhodobionta / Rhodophyta | Rhodobiontes | Algues rouges, pour la plupart marines. |
Sous-embranchement | Eurhodophytina | Eurhodophytinés | |
Classe | Florideophyceae | Floridéophycées | Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames. |
Sous-classe | Rhodymeniophycidae | Rhodyméniophycidées | |
Ordre | Ceramiales | Céramiales | Structure toujours uniaxiale. |
Famille | Rhodomelaceae | Rhodomelacées | |
Sous-famille | Polysiphonieae | Polysiphonies | |
Genre | Polysiphonia | ||
Espèce | sertularioides |
Aspect en fin d'hiver
Le thalle est constitué de filaments dressés, flexibles, de 4 à 5 cm de hauteur, et retombant vers le substrat lorsqu’ils sont émergés. La couleur est marron rougeâtre.
Carry le Rouet (13), Chemin du Littoral, dans le ressac
19/03/2016
Coupe transversale
En coupe, les filaments présentent quatre cellules péricentrales non cortiquées.
Golfe de Policastro, mer Tyrrhénienne (Italie), médiolittoral
21/05/2024
Rhizoïde
Le thalle est fixé au substrat par des rhizoïdes.
Échantillon récolté sur la plage de l'arène, Cassis (13), photo au microscope
02/05/2016
Jeune rameau à l’aisselle d’un trichoblaste
Les rameaux latéraux se forment à l'aisselle d’un trichoblaste à intervalles très irréguliers.
Échantillon récolté sur la plage de l'arène, Cassis (13), photo au microscope
02/05/2016
Gamétophyte femelle fertile avec cystocarpes en forme d’urnes
Les cystocarpes matures pédicellés se forment sur les branches terminales. Ils sont en forme d’urnes.
Golfe de Policastro, mer Tyrrhénienne (Italie), médiolittoral
10/05/2024
Carposporanges visibles en transparence dans un cystocarpe
Les cystocarpes produisent des carposporanges piriformes.
Golfe de Policastro, mer Tyrrhénienne (Italie), médiolittoral
10/05/2024
Lâcher de carposporanges
Les carposporanges s'échappent par un ostiole situé au sommet du cystocarpe.
Capo Scalea, golfe de Policastro, mer Tyrrhénienne (Italie), médiolittoral
10/05/2024
Tétrasporanges
Les tétrasporanges sphériques, de 45 à 53 µm de diamètre, se disposent en séries légèrement spiralées à l’extrémité des filaments.
Golfe de Policastro, mer Tyrrhénienne (Italie), médiolittoral
05/2024
Détail d’un tétrasporange
Golfe de Policastro, mer Tyrrhénienne (Italie), médiolittoral
21/05/2024
Spermatanges insérés au niveau de la première dichotomie de trichoblastes
Les spermatanges*, subcylindriques ou subconiques, à sommets pointus ou arrondis et sans cellules apicales stériles, remplacent une branche de la première dichotomie d'un trichoblaste.
Cersuta, golfe de Policastro, mer Tyrrhénienne (Italie), médiolittoral
29/09/2023
Spermatanges
Les spermatanges, semblables à des grappes de raisin, comportent de nombreuses petites sphères ou cellules mères des spermaties.
Cersuta, golfe de Policastro, mer Tyrrhénienne (Italie), médiolittoral
29/09/2023
Avec Ulva complexe intestinalis
La polysiphonie touffue partage le couvert des rochers du médiolittoral supérieur avec d'autres algues telles que les ulves intestinales. Notez la présence de gibbules toupies.
Plage de l'arène, Cassis (13), médiolittoral
02/05/2016
Dans le médiolittoral supérieur méditerranéen
Au printemps, on peut voir de nombreuses algues sur les rochers soumis au ressac. Ici la polysiphonie touffue est en compagnie de la cladophore vert clair (cladophora laetevirens) (en bas) et d'Ulva du complexe intestinalis.
Carry- le Rouet (13), Chemin du Littoral
19/03/2016
Polysiphonia sertularioides dans tous ses états
Une jolie vidéo sur cette algue du médiolittoral depuis le lieu de récolte jusqu'à l'analyse des structures au microscope.
Golfe de Policastro, mer Tyrrhénienne (Italie), médiolittoral
29/09/2023
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Correcteur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Véronique LAMARE
Díaz-Tapia P., McIvor L., Freshwater D.W., Verbruggen H., Wynne M.J., Maggs C.A., 2017, The genera Melanothamnus Bornet & Falkenberg and Vertebrata S.F. Gray constitute well-defined clades of the red algal tribe Polysiphonieae (Rhodomelaceae, Ceramiales), European Journal of Phycology, 52(1), 1-30.
Rojas-Gonzalez B., Afonso-Carrillo J., 2010, Morfología y distribución de las especies de Polysiphonia de las islas Canarias. 5. Polysiphonia sertularioides (Rhodophyta, Rhodomelaceae), Vieraea, 38, 99-108.
Stuercke B., Freshwater D.W., 2008, Consistency of morphological characters used to delimit Polysiphonia sensu lato species (Ceramiales, Florideophyceae): analyses of North Carolina, USA specimens, Phycologia, 47(6), 541-559.
La page sur Polysiphonia sertularioides sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase
La page de Polysiphonia sertularioides dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN (page à revoir)