Eolidien de Souss-Massa

Piseinotecus soussi | Tamsouri, Carmona, Moukrim & Cervera, 2014

N° 4761

Mediterranée, Atlantique proche

Clé d'identification

Eolidien de 30 mm maximum
Long corps mauve uniforme, sauf la queue mouchetée de blanc
Rhinophores lisses et longs tentacules oraux mauves, aux apex mouchetés de blanc opaque
Cérates dorsaux brun foncé à rouge orangé aux extrémités mouchetées de blanc opaque
Cérates distribués en 7 à 9 groupes de 1 à 13 cirres sur un pédoncule commun

Noms

Distribution géographique

Mediterranée, Atlantique proche

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Décrite initialement des côtes atlantiques marocaines (région d'Agadir), l'espèce a ensuite été rencontrée sur les côtes sud-ouest ibériques, en remontant jusqu'à la Catalogne, les Mèdes et la frontière franco-espagnole.
Sur nos côtes méditerranéennes françaises, elle a été signalée à Banyuls-sur-mer (66) et sur la Côte d'Azur, près de Nice (06). Elle est également recensée dans le sud de l'Italie.
Il est probable que la distribution soit plus étendue et que la confusion avec d'autres espèces visuellement très proches n'ait pas aidé à la connaissance de cette distribution.

Biotope

L'espèce est généralement rencontrée dans la zone infralittorale*, dans les flaques à marée basse ou sous les pierres, dans des zones riches en hydraires qui constituent vraisemblablement son régime.
Néanmoins, le spécimen photographié à Nice se trouvait sur une paroi rocheuse, par 25 m de fond.

Description

C'est un éolidien* de 8 à 30 mm, qui présente un corps long et mince, de couleur mauve.
Les rhinophores* et les tentacules* buccaux sont du même mauve, avec une partie apicale* mouchetée de blanc opaque. Les tentacules buccaux sont un peu plus longs que les rhinophores. Ces derniers sont lisses ou discrètement fripés. On peut parfois deviner deux taches céphaliques d'un violet un peu plus soutenu sous les rhinophores.
La partie antérieure du pied forme deux courts tentacules triangulaires autour du mufle.
Les cérates* sont organisés en 7 à 9 groupes, distribués de chaque côté de l'animal et composés chacun de 1 à 13 cérates émergeant d'un tronc commun. Ces cérates sont cylindriques, translucides et laissent voir les ramifications de la glande digestive, ocre, brun foncé à rouge orangé, se terminant dans un cnidosac* blanc hyalin au sommet du cérate. La zone subapicale des cérates est mouchetée de blanc opaque.
La partie postérieure du pied, après le dernier groupe de cérates, se termine en pointe allongée et est également mouchetée de blanc opaque.

Espèces ressemblantes

Si Piseinotecus soussi est la seule espèce de ce genre à avoir un corps mauve, elle peut très facilement être confondue avec d'autres espèces d'éolidiens mauves partageant sa distribution métropolitaine :

  • Edmundsella pedata (Montagu, 1815) a également un corps mauve et des rhinophores lisses. Mais elle possède des cérates non ramifiés (pas de tronc commun). Rhinophores et cérates se terminent par un apex* blanc uniforme. Par contre, ni les cérates, ni les rhinophores et tentacules buccaux, ne présentent les mouchetures blanches qui caractérisent Piseinotecus soussi.
  • Paraflabellina ischitana possède des rhinophores lamellés, contrairement aux rhinophores lisses de P. soussi. Les digitations de la glande digestive confèrent aux cérates une couleur rouge orangé assez similaire à celle de notre éolidien de Souss-Massa mais là encore, les mouchetures blanches visibles sur les extrémités de cette dernière sont absentes chez la flabelline d'Ischia.
  • Flabellina affinis a des rhinophores lamellés (vs lisses) et une zone subterminale des cérates pourpre opaque (pas de mouchetures blanches) qui la distinguent de Piseinotecus soussi.
  • Flabellina gaditana a aussi des cérates rouges avec des points blancs. Mais son corps est blanc hyalin, avec deux taches violette sur le devant de la tête.

Alimentation

Cette espèce se nourrit vraisemblablement d'hydraires, comme la majorité des espèces d'éolidiens proches. Mais on connaît en fait très peu de choses quant à son mode de vie, notamment alimentaire.

Reproduction - Multiplication

Les nudibranches sont des animaux hermaphrodites* synchrones. Les deux orifices de l'appareil génital s'ouvrent à droite sous la première rangée de cérates, au niveau du pied. Il est donc nécessaire, aux fins de reproduction, que deux individus s'apparient tête-bêche, de façon à ce que les organes copulatoires s'interconnectent. Les partenaires vont ainsi s'échanger leurs gamètes* mâles. Chacun pourra ensuite féconder ses œufs et aller pondre de son côté.
Concernant Piseinotecus soussi, le pénis est lisse (il ne possède pas de crochets, souvent présents dans d'autres genres).Forme et couleur de la ponte ne sont pas connues, pas plus que le développement larvaire de l'espèce, même si l'on peut penser que cela se rapproche beaucoup de ce que l'on sait des espèces les plus voisines.

Divers biologie

La mâchoire présente un bord masticateur lisse et la radula* ne comporte qu'une seule rangée de dents (radula unisériée), présentant une cuspide* centrale bien développée bordée par 5 à 8 denticules de chaque côté.

L'anus est dorsal.

Origine des noms

Origine du nom français

Eolidien de Souss-Massa : francisation du nom scientifique de l'espèce, en relation avec les premiers lieux de collectes. Proposition du site DORIS.

Origine du nom scientifique

Piseinotecus : c'est un nom de genre créé en 1955 par Ernst Marcus, malacologue allemand (1893-1968), à partir d'une anecdote domestique. Une de ses amies, descendant l'escalier de leur maison, trébucha sur Teco, le chien des Marcus, et dit alors en portugais : "Pisei no Teco ! (j'ai marché sur Teco !)". Le nouveau genre que Marcus était en train de décrire venait de trouver son nom.
A noter que les Marcus (Ernst Gustav Gotthelf et sa femme et collaboratrice, Eveline De Bois-Reymond) ont effectué la majeure partie de leur carrière au Brésil (ce qui explique le portugais) et sont réputés pour avoir inventé des noms de genres assez... excentriques, sans jamais les expliquer dans leurs publications !
Le genre Piseinotecus compte à ce jour (septembre 2018) 4 espèces valides.

soussi : ce nom d'espèce, créé en 2014, est une référence à l'ancienne province marocaine du Souss-Massa-Drâa, devenue en 2015 le Souss-Massa et dont Agadir est le chef-lieu administratif. C'est dans cette région atlantique qu'ont été collectés plusieurs spécimens de cette "nouvelle espèce".
La localité du type* est Agadir (Maroc).

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Piseinotecidae Piseinotécidés
Genre Piseinotecus
Espèce soussi

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