Rhinophores et manteau noirs
Tubercules regroupés en amas de trois au centre du manteau dorsal
Tubercules roses, pouvant tirer sur le verdâtre ou le blanc, petits, irréguliers et arrondis
Manteau dorsal portant un fin liseré rose pâle
Tentacules oraux de forme triangulaire, de couleur grise, à l'extrémité arrondie et noire
Pas de ligne noire sur la sole pédieuse
Pustulose phyllidiella, pustular phyllidia, pustulose wart slug, pimpled phyllidiella, vesicular sea slug (GB), Fillidiella pustolosa (I), Pustelwarzenschnecke (D)
Phyllidia pustulosa Cuvier, 1804
Phyllidia verrucosa van Hasselt, 1824
Phyllidia albonigra Quoy & Gaimard, 1832
Phyllidiella nobilis Bergh, 1869
Fryeria variabilis Collingwood, 1881
Phyllidia spectabilis Collingwood, 1881
Phyllidia rotunda Eliot, 1904
Phyllidia melanocera Yonow, 1986
Mer Rouge, Indo-Pacifique tropical Ouest et central
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]La phyllidie pustuleuse a une large répartition dans le domaine Indo-Pacifique, depuis la mer Rouge et l'Afrique de l'Est jusqu'à la Polynésie. La limite nord est à Hawaï, la limite sud est en zone sub-tropicale en Nouvelle-Zélande. En eaux françaises, elle est attestée à La Réunion (très rarement observée), en Nouvelle-Calédonie, à Wallis et Futuna, et en Polynésie française.
Cette espèce se rencontre dans les récifs coralliens et les fonds sédimentaires, jusqu'à 40-50 m de profondeur.
Phyllidiella pustulosa est un nudibranche allongé qui peut atteindre 69 mm de longueur, néanmoins sa taille moyenne se situe plutôt autour des 30 mm.
La couleur du manteau* dorsal est noire. Les tubercules* du manteau dorsal sont petits, de forme irrégulière, à l'extrémité arrondie, pouvant s'arranger sur 2 niveaux (en forme dite composée).
La couleur des tubercules est rose mais peut varier jusqu'à paraître verte ou blanche.
Au milieu du dos, les tubercules sont regroupés en amas de 3.
Les motifs dorsaux changent d'apparence entre le juvénile et l'adulte, ce qui a conduit à de nombreuses confusions taxonomiques. Ainsi, les tubercules associés dans un groupe sont amalgamés chez les jeunes individus alors que chez les adultes, on voit la couleur noire du manteau séparer les tubercules.
Le manteau dorsal est liseré d'une fine bande rose pâle, qui est moins visible chez les grands individus.
Les rhinophores* sont noirs, annelés, comprenant entre 22 et 26 lamelles chez les individus de plus de 35 mm.
Les tentacules* oraux sont larges, de forme triangulaire, de couleur grise, leur extrémité est arrondie et noire. Les branchies sont de couleur gris foncé.
La sole pédieuse* est gris foncé s'éclaircissant à sa périphérie et ne présente pas de ligne longitudinale noire.
Toutes les espèces du genre Phyllidiella ont des rhinophores noirs et n'ont pas de marque spécifique sur la sole pédieuse. Les tentacules oraux sont bien séparés, ils ont une base large et une forme triangulaire. Les espèces les plus ressemblantes à Phyllidiella pustulosa sont :
Phyllidiella annulata (Gray, 1953) : cette phyllidie se distingue par de nombreux et grands anneaux roses sur son manteau dorsal et des tubercules aplatis. Elle n'a pas de liseré rose au bord du manteau dorsal. Les rhinophores des individus de plus de 23 mm comptent entre 17 et 20 lamelles. Cette espèce est présente en mer Rouge et dans l'Indo-Pacifique Ouest et central. Sa présence est attestée à La Réunion et en Polynésie française.
Phyllidiella granulata Brunckhost, 1993 : le manteau dorsal est de couleur grise, les tubercules sont blancs, pointus, à 2 niveaux. Une bande circulaire noire est visible au milieu du manteau dorsal. Le bord du manteau est gris et granuleux. Les rhinophores portent entre 17 et 20 lamelles. Cette espèce a été décrite du Pacifique Ouest.
Phyllidiella nigra (van Hasselt, 1824) : le manteau est de couleur noire et porte de petits tubercules de couleur rose foncé, isolés et arrondis. Cette espèce, également présente dans l'océan Indien, se rencontre surtout dans le Pacifique Ouest.
Phyllidiella zeylanica (Kelaart, 1859) : la phyllidie de Ceylan a des tubercules sur 2 niveaux, de couleur rose, qui fusionnent pour former des lignes longitudinales (pas d'agrégats). Entre ces lignes roses, le manteau dorsal forme des lignes noires. L'anus dorsal est partiellement entouré de tubercules roses. P. zeylanica a une face ventrale de couleur gris pâle. Les rhinophores des individus de plus de 30 mm portent entre 20 et 23 lamelles. Cette espèce se rencontre dans l'océan Indien, de l'Afrique de l'Est à Java. Elle est présente à Mayotte.
Phyllidiopsis burni Brunckhost, 1993 : la plupart des caractères qui différencient le genre Phyllidiella du genre Phyllidiopsis concernent l'anatomie interne. La seule différence visible concerne les tentacules oraux qui sont fusionnés en un plateau ovale au-dessus de la bouche chez Phyllidiopsis burni. Le manteau dorsal est noir, parsemé d'amas de petits tubercules à plusieurs niveaux, pointus, de couleur rose foncé. Le bord du manteau est de couleur claire et porte de petits tubercules isolés disposés en anneau.
En dehors des Phyllidiidés, il existe d'autres espèces mimétiques de la phyllidie pustuleuse. Notons :
- le ver plat Pseudoceros imitatus Newman, Cannon & Brunckhorst, 1994
- le doridien Paradoris liturata (Bergh, 1905), présent dans le Pacifique Ouest. Il se distingue aisément des Phyllidiella par la présence d'un panache branchial.
Les Phyllidiidés se nourrissent d'éponges. Elles n'ont ni mâchoires, ni radula* ; les phyllidies n'ont pas d'estomac. Elles dévaginent un intestin céphalique sur la proie. Les substances acides prédigèrent les tissus des éponges et ensuite aspirent les produits prédigérés.
Cette phyllidie se nourrit d'éponges spécifiques qui ne sont pas toutes connues. La littérature reporte les genres Densa, Halicondria, Hymeniacidon, et les espèces Phakellia carduus, Acanthella cavernosa, Axinyssa aff. variabilis.
On suppose que la couleur plus ou moins soutenue des tubercules est reliée au régime alimentaire. Elle peut varier en quelques heures pour un même individu.
La reproduction a lieu deux à deux, en position tête-bêche comme pour la grande majorité des nudibranches. En effet, l'appareil génital émerge du pied, sur la partie droite de l'animal, un peu derrière sa tête. Les individus étant hermaphrodites*, il y a un échange réciproque des gamètes* mâles et chaque individu va ensuite pouvoir produire une ponte.
La ponte de la phyllidie pustuleuse forme un ruban aplati contenant des œufs de couleur blanche.
La famille des Phyllidiidés est caractérisée par l'absence de branchie dorsale. Les branchies se trouvent, sous forme de lamelles, situées des deux côtés le long du pied, cachées par le manteau.
Pour sa défense, cette phyllidie sécrète dans ses glandes dorsales une substance de couleur blanc laiteux (cf. photo). Cette substance est toxique, elle contient des composés terpéniques cyanurés, et est synthétisée à partir des éponges dont la phyllidie se nourrit.
Cette phyllidie est très commune dans le Pacifique tropical. Les phyllidies sécrètent des composés toxiques qui les rendent impropres à la consommation, et connaissent ainsi peu de prédateurs. Un ver plat, Pseudoceros imitatus (cf. photo), est mimétique de la phyllidie pustuleuse, pour profiter de cet avantage.
Ces substances toxiques sont étudiées pour évaluer leur pouvoir anticancérigène et antibiotique.
Une étude génétique publiée en 2016 montre que Phyllidiella pustulosa présente une très grande variation intraspécifique. Il est possible que de nouvelles études à venir concluent que cette espèce regroupe plusieurs espèces cryptiques.
Phyllidie pustuleuse est une francisation du nom scientifique de cette phyllidie.
Phyllidiella : du latin [Phyllis –idis] (lui-même d'origine grecque), nom féminin. Phyllis était la fille du Roi de Thrace, Lycurgue. Devenue à son tour reine, elle tomba amoureuse du fils de Thésée et de Phèdre, Démophoon (ou parfois Acamas, son frère). Après une tendre union, Démophoon dut retourner à Athènes pour régler quelques affaires et promit de revenir. Mais il laissa passer le jour prévu. Phyllis, se pensant abandonnée, céda au désespoir et dans un accès de délire, se jeta à la mer ! On dit que les Dieux, prenant en pitié cette reine, si tendre et si jeune, la changèrent en amandier. Lorsque, quelques jours plus tard, Démophoon revint d'Athènes, l'amandier fleurit. Comme si Phyllis était sensible au retour de celui qu'elle avait si ardemment aimé.
pustulosa : du latin [pustulosus] = pustuleux.
Numéro d'entrée WoRMS : 536574
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Phyllidiidae | Phyllidiidés | Corps ovale, pas de branchies dorsales (lamelles sous le manteau autour du pied), rhinophores lamellés rétractiles, manteau dur avec des tubercules, motifs et couleurs contrastés. |
Genre | Phyllidiella | ||
Espèce | pustulosa |
Individu typique
Le manteau dorsal et les rhinophores sont noirs. Les tubercules du manteau dorsal sont petits, de forme irrégulière, à l’extrémité arrondie et pouvant s’arranger sur 2 niveaux. Ils sont amalgamés par groupes de 3 au milieu du dos.
Manado, Sulawesi (Indonésie), 15 m
30/03/2009
Variabilité des tubercules
Cette espèce présente une grande variabilité dans l'arrangement et la forme de ses tubercules. Les caractères constants sont les amas de 3 tubercules au milieu du dos et le liseré rose du manteau dorsal.
Nouvelle-Calédonie, île des Pins, 20 m
21/11/2013
Sur fond sédimentaire
Manteau bien étalé sur ce fond sédimentaire. On voit bien la marge rose pâle du manteau dorsal.
Tulamben, Bali (Indonésie), 10 m
09/04/2009
Tubercules très espacés
La couleur noire du manteau domine chez cet individu, qui doit en conséquence être relativement âgé.
Moalboal, Cebu (Philippines), 5 m
12/02/2008
Tubercules de couleur très claire
Les tubercules sont en général de couleur rose, néanmoins, selon le régime alimentaire de l'individu, leur couleur peut varier du verdâtre au blanc.
Lembeh, Sulawesi (Indonésie), 13 m
07/12/2012
Vue ventrale
La sole pédieuse et les branchies sont de couleur gris foncé. Il n'y a pas de ligne longitudinale noire.
Archipel des Sangihe, Sulawesi Nord (Indonésie), 20 m
11/04/2010
Aplatie (1)
Les tubercules rose pâle sont très aplatis et forment des amas bien soudés entre eux. Le liseré rose du manteau est bien visible. Ce petit individu pourrait être un juvénile.
Nouvelle-Calédonie, Hienghène, 15 m
29/11/2013
Aplatie (2)
Individu aux tubercules rose foncé, de forme très aplatie, mesurant entre 4 et 5 cm.
Polynésie française, îles Australes, Tubuai, 3 m
24/09/2007
Liquide de défense
Pour sa défense, cette phyllidie sécrète dans ses glandes dorsales une substance de couleur blanc laiteux, toxique, qu'elle synthétise à partir de ses éponges-proies et relâche si elle est stressée.
Archipel des Sangihe, Sulawesi Nord (Indonésie), Ruang, 10 m
11/04/2010
Reproduction
La reproduction a lieu deux à deux, en position tête-bêche. L'orifice génital est sur la droite de l'animal.
Lembeh, Sulawesi (Indonésie), 20 m
08/10/2009
Ponte
La ponte de la phyllidie pustuleuse forme un ruban aplati contenant des œufs de couleur blanche.
Mimpag, Bali (Indonésie)
25/04/2011
Avec un crustacé commensal
De petits crustacés se rencontrent parfois sur le manteau de la phyllidie pustuleuse.
Moalboal, Cebu (Philippines), 15 m
13/02/2008
Individu de l'océan Indien
La phyllidie pustuleuse est très commune dans le Pacifique mais beaucoup plus rare dans l'océan Indien.
Nosy Fanihely, Nosy Bé (Madagascar), 9 m
02/05/2011
Ver plat mimétique
La toxicité de Phyllidiella pustulosa incite d'autres espèces, non toxiques, à imiter la robe et les postures du doridien... Ici, le ver plat Pseudoceros imitatus.
Golfe de Tomini, Sulawesi central (Indonésie), 18 m
15/10/2004
Espèces ressemblantes
Les espèces de Phyllididés sont souvent difficiles à discriminer les unes des autres. Souvent la différence ne se fait que sur un détail discret…
Voici quelques exemples d'espèces proches, noires à pustules…
A : Phyllidiella annulata (photo : Pirjo PELLET)
B : Phyllidiella granulata (photo : Véronique LAMARE)
C : Phyllidiella meandrina (photo : Véronique LAMARE)
D : Phyllidiella lizae (photo : Alain-Pierre SITTLER).
Il y en a de nombreuses autres !
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Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Véronique LAMARE
Garson M., 2006, Marine Mollusks from Australia and New Zealand: Chemical and Ecological Studies, Progress in Molecular and Subcellular Biology, 43, 159-174.
Newman L.J., Cannon L.R.G., Brunckhorst D. J., 1994, A new flatworm (Platyhelminthes: Polycladida) which mimics a Phyllidiid Nudibranch (Mollusca, Nudibranchia), Zoological Journal of the Linnean Society, 110(1), 19–25.
Dumdei E.J., Flowers A.E., Garson M.J., Moore C.J., 1997, The biosynthesis of sesquiterpene isocyanides and isothiocyanates in the marine sponge Acanthella cavernosa (Dendy); Evidence for dietary transfer to the dorid nudibranch Phyllidiella pustulosa, Comparative Biochemistry and Physiology Part A: Physiology, 118(4), 1385-92.
Stoffels B.E.M.W., van der Meij S.E.T., Hoeksema B.W., van Alphen J., van Alen T., Meyers-Muñoz M.A., De Voogd N.J., Tuti Y., van der Velde G., 2016, Phylogenetic relationships within the Phyllidiidae (Opisthobranchia, Nudibranchia), ZooKeys, 605, 1–35.
van Alphen J., de Voogd N.J., Hoeksema B.W., 2001, Differential feeding strategies in phyllidiid nudibranchs on coral reefs at Halmahera, northern Moluccas, Coral Reefs, 30(1), 59.
Wright A.D., 2003, GC-MS and NMR analysis of Phyllidiella pustulosa and one of its dietary sources, the sponge Phakellia carduus, Comparative Biochemistry and Physiology Part A: Molecular & Integrative Physiology, 134(2), 307-313.
Yonow N., 2011, Results of the Rumphius Biohistorical Expedition to Ambon (1990). Part 15. The suborder Doridina ((Mollusca, Gastropoda, Opisthobranchia, Nudibranchia), Zool. Med. Leiden, 85(17), 905-956.
Rudman, W.B., 1999 (September 12) Phyllidiella pustulosa (Cuvier, 1804). [In] Sea Slug Forum. Australian Museum, Sydney.
La page de Phyllidiella pustulosa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN