Petit poisson de 9 à 12 cm
Corps d'un brun sombre
Photophores* escamotables en forme de haricot blanc sous les yeux
Ligne latérale* recouverte d'écailles réfléchissantes bleu-violacé
Poisson-lanterne
Flashlight fish (GB)
Photoblepharon palpebratus steinitzi, Abe & Haneda, 1973
Mer Rouge, océan Indien
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Ce poisson est présent à l'ouest de l'océan Indien, en mer Rouge, à la Réunion et aux Comores. Des premières observations en 2023 ont pu confirmer sa présence à Mayotte.
Le poisson-phare fréquente les zones récifales et rocheuses, les pentes externes, à proximité d'anfractuosités dans lesquelles il peut se réfugier en cas de danger.
Il vit le plus souvent en eau profonde (jusqu'à 500 m), ne remontant vers la surface, entre 1 et 25 m, que par nuit noire. A Mayotte, les premières observations ont eu lieu de nuit, entre 35 m et 55 m, sur le tombant externe.
Photoblepharon steinitzi est un petit poisson dont la taille varie de 9 à 12 cm. Son corps, court et robuste, est d'un brun sombre, sa tête est noire à l'exception des photophores* escamotables en forme de haricot blanc sous ses grands yeux. Une membrane de couleur noire glissant vers le haut lui permet de recouvrir ces photophores* à souhait. Son museau est court et émoussé. Une petite tache blanche peut être présente au coin de l'opercule* chez certains individus. Les nageoires pectorales sont sombres tirant sur le noir. La ligne latérale* est recouverte d'écailles réfléchissantes bleu-violacé disposées de façon discontinue. Toutes les nageoires sont bordées d'un liseré bleu-violacé.
Dans l'obscurité, les photophores* émettent une lumière bleu-vert.
Cette espèce est remplacée par Photoblepharon palpebratum en Indonésie et dans le Pacifique. Elle en était, un temps, considérée comme une sous-espèce.
Photoblepharon steinitzi a, en effet, été reclassée comme espèce distincte en raison de plusieurs différences morphologiques et de la distance entre les habitats respectifs. Le nombre de rayons pelviens chez P. steinitzi est de 6 ou 7, alors que P. palpebratum en possède moins. Une tache blanche, bien visible, orne le coin supérieur de l’opercule* de P. palpebratum alors que chez P. steinitzi, cette tache est bien plus petite ou non présente.
Le poisson-phare est un carnivore qui semble se nourrir de toute proie adaptée à sa taille. Prédateur nocturne, il entre en action de chasse la nuit venue. A cette occasion, il peut remonter près de la surface pour se nourrir de plancton*. Ses organes bioluminescents* sont alors utilisés pour attirer les imprudents.
Comme les autres Beryciformes, la reproduction du poisson-phare est ovipare*. On peut imaginer que la parade nuptiale est similaire à celle de son cousin du Pacifique qui fraie* près de la surface de l’eau et qui donne lieu à des pontes d'environ mille œufs par femelle. Ces œufs passent par une brève phase planctonique* avant de devenir blanc laiteux au bout d'une journée et couler ensuite vers le substrat*.
Le poisson-phare vit en symbiose avec des bactéries des genres Photobacterium ou Vibrio qui prolifèrent dans des tubes glandulaires formant le milieu de culture nécessaire à leur développement. La bioluminescence* se fait par oxydation de molécules de luciférine sous le contrôle d'une enzyme*, la luciférase, contenues dans ces bactéries.
Dans les grottes qu'il occupe, il cohabite souvent avec des poissons-soldats de la famille des Holocentridés.
Il semble aussi fréquenter les grottes à cœlacanthes.
Le poisson-phare vit seul ou en couple, ce qui est caractéristique d’un comportement territorial. Son organe bioluminescent*, situé sous les yeux, peut lui servir à communiquer avec ses congénères et leur indiquer, par des clignotements rapides à l'aide de la membrane mobile qui recouvre ses photophores*, son mécontentement à les voir se rapprocher ou emprunter son territoire.
Lors de l'observation à Mayotte, les poissons étaient rassemblés par groupes de 10 à 15 individus environ, tout le long d’une portion du tombant.
Pour dérouter ses prédateurs, il occulte ses photophores* avant de changer de position ou de direction de nage.
Historique des observations de cette espèce dans l'océan Indien Ouest :
L'espèce n'est probablement pas rare mais elle reste difficile à observer. Cela pourrait s'expliquer d'une part par la discrétion de ce poisson qui n'est accessible que lors de plongées de nuit et qui disparaît à l'approche des lampes, d'autre part par sa prédilection pour les pentes externes qui sont peu ou pas fréquentées par les clubs de plongée lors des sorties nocturnes.
Poisson-phare : le nom français est lié à la présence des photophores* sous les yeux qui sont assimilés à des phares.
Photoblepharon : du grec [photos] = lumière et [blepharon] = cil oculaire.
steinitzi : espèce dédiée au biologiste marin et herpétologue israélien Heinz Steintitz (1909-1979).
Numéro d'entrée WoRMS : 323338
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Ordre | Beryciformes | Béryciformes | |
Famille | Anomalopidae | Anomalopidés | Poissons présentant un organe bioluminescent situé sous l’œil et étant équipées d'un mécanisme cutané qui régule la quantité de lumière émise. |
Genre | Photoblepharon | ||
Espèce | steinitzi |
Spécimen représentatif
Les caractéristiques de ce poisson apparaissent bien sur ce spécimen : corps brun sombre, tête noire avec une tache blanche en forme de haricot sous de grands yeux, ligne latérale recouverte d'écailles réfléchissantes bleu-violacé disposées de façon discontinue, nageoires bordées d'un liseré bleu-violacé.
Tombant des aviateurs, Mayotte, 30 à 50 m, de nuit
25/05/2023
Photophore bien visible sous l'œil
Le photophore* grand ouvert est ici bien visible sous l'œil.
Tombant des aviateurs, Mayotte, entre 35 et 55 m, de nuit
25/03/2025
Sous lampe UV
L'éclairage UV permet de mieux se rendre compte de la luminescence émise par les photophores* tout en ne gênant pas le poisson.
Tombant des aviateurs, Mayotte, entre 35 et 55 m, de nuit
25/05/2023
Dans les profondeurs du lagon de Mayotte
Il faut descendre en dessous des profondeurs habituelles des plongées de nuit pour espérer voir ce petit timide.
Tombant des aviateurs, Mayotte, entre 35 et 55m, de nuit
25/05/2023
En mer Rouge
Au fond d'une petite grotte, ce petit poisson timide a été photographié dans des conditions de prises de vues difficiles pour ne pas l'effrayer.
Sharm El Sheik, Egypte, 15 m, de nuit
02/1990
Rédacteur principal : Pierre VERGNAUD
Rédacteur : Jean-Michel SUTOUR
Responsable régional : Jean-Michel SUTOUR
La page de Photoblepharon steinitzi dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Photoblepharon steinitzi sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase