Animal planctonique en tonneau allongé et ovoïde
Tunique translucide, gélatineuse et coriace
Siphons diamétralement opposés
4 bandes musculaires croisées deux par deux
Système digestif en boule orange vu par transparence
Forme libre ou forme agrégée en double-chaîne spiralée
Salpe Pégéa
Pegea salp (GB), Sálpido pegea (E)
Salpa confoederata Forskål, 1775
Biphora confoederata (Forskål, 1775)
Salpa octofora Cuvier, 1804
Salpa scutigera Cuvier, 1804
Pegea octofora (Cuvier, 1804)
Salpa vivipara Péron & Lesueur, 1807
Salpa informis Quoy & Gaimard, 1824
Salpa femoralis Quoy & Gaimard, 1833
Salpa dolium Quoy & Gaimard, 1834
Salpa quadrata Herdman, 1888
Pegea confederata (Forskål, 1775) est une erreur d'écriture.
Cosmopolite
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Caraïbes, ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● Atlantique Nord-OuestCette espèce très répandue est cosmopolite, rencontrée sous la surface de tous les océans du globe, depuis le 50° parallèle nord jusqu'au 45° sud.
Cette salpe est une espèce planctonique* que l'on rencontre en pleine eau, à faible profondeur. On dit qu'elle est "holoplanctonique", ou plancton permanent, puisqu'elle passe sa vie entière entre deux eaux.
Elle est capable d'avancer par ses propres moyens, d'une nage lente mais efficace dans sa propulsion, qui lui permet ainsi de se nourrir en filtrant le pico et le nano phytoplancton*.
De grandes concentrations se forment parfois, poussées près des côtes par les courants. Elles sont éphémères.
La salpe Pégée est un animal planctonique* en forme de tonneau allongé, ovoïde, proche cousin des ascidies, si ce n'est qu'elle mène une vie pélagique*, que sa tunique* est translucide, gélatineuse, lisse et coriace, et que ses siphons sont diamétralement opposés : en partie haute, le siphon buccal (ou inhalant), dont l'orifice est en fente, donne accès à un vaste espace creux dans lequel la branchie tubulaire marque la chambre pharyngienne à l'avant et la chambre cloacale à l'arrière. Un siphon exhalant (ou cloacal*) tubulaire, de diamètre un peu plus réduit que le siphon buccal, permet d'évacuer l'eau inhalée par l'animal. En fait, il n'y a pas de cloison entre ces deux chambres et leur limite est matérialisée par le filet muqueux que l'animal fabrique pour capturer sa nourriture.
La fermeture alternative des deux siphons, grâce à leurs muscles, et la contraction du corps produisent un courant d'eau permettant la propulsion de l'animal. Autour de ce corps cylindrique, quatre bandes musculaires presque circulaires, croisées deux par deux en "X", sont visibles.
La tunique des jeunes individus est parfois légèrement granuleuse dans sa partie centrale.
Dans la partie inférieure de la salpe, on voit par transparence une boule orange compacte, située dans le tiers postérieur du corps : c'est le système digestif, ou nucleus, qui comprend l'estomac, l'intestin et les glandes digestives.
La salpe Pégée a, comme toutes les salpes, deux générations dans son cycle de vie* des individus solitaires et
des individus en chaîne.
Le développement de l'œuf donne un individu qui reste isolé (oozoïde*) : c'est la première génération, solitaire.
Ensuite, par reproduction asexuée (bourgeonnement* le long d'un stolon*), cet individu produit les individus de deuxième génération (blastozoïdes*). Ces individus, qui restent agrégés en chaînes caractéristiques, grandissent et forment des lignes simples ou repliées ou même en spirale de plusieurs dizaines de centimètres de longueur.
Le cycle se perpétuant, chaque individu de cette deuxième génération aura ensuite une reproduction sexuée qui produira un oozoïde (solitaire), etc... (voir § Reproduction).
Les individus solitaires atteignent une longueur de 8 à 12 cm ; les individus agrégés, de 10 à 15 cm. Ces derniers, dont l'allure est proche de celle de l'individu parent, ont une forme plus cylindrique avec
parfois deux excroissances à l'arrière du corps. Les liens entre les individus de la chaîne, qui permettent une communication d'informations entre individus, demeurent fragiles et sont facilement brisés. C'est pourquoi on peut observer des chaînes de longueurs diverses, comptant un nombre variable d'individus.
La forme solitaire de Pegea bicaudata mesure 7 cm de longueur et présente une couleur diffuse rouge. Son noyau est orange. Les individus de la forme agrégée sont un peu plus longs (8 cm) et portent 2 prolongements aux angles.
Ces deux taxons sont reconnus, avec comme différence la musculature des siphons, mais certains scientifiques ne retiennent qu'une seule et même espèce, avec P. bicaudata présentée comme une variété de P. confoederata.
C'est un animal filtreur* : il pompe l'eau à travers son corps par contraction des bandes musculaires circulaires. Natation et alimentation découlent du même processus de pompage : l'eau entre par le siphon inhalant ; elle est rejetée à l'opposé, après filtration du phytoplancton* (d'une taille variant de 0,1 à 1 mm), par le siphon exhalant.
Le sas alimentaire est un filet muqueux qui capte ainsi des particules beaucoup plus petites (bactéries, virus, ...) que la taille de ses mailles.
Cette salpe est un tunicier avec alternance de générations : les individus solitaires, issus d'œufs fécondés, donnent naissance, par bourgeonnement à partir d'un stolon (multiplication asexuée), à une chaîne de nouveaux individus constituant la génération agrégée sexuée, formée de longues chaînes d'individus sexués et hermaphrodites* qui se détachent, vivent solitaires, puis forment une nouvelle génération agrégée.
En phase de bourgeonnement, la salpe Pégée développe une spirale composée des futurs individus coloniaux. Une fois détachés, ces bourgeons forment de longues chaînes doubles de blastozoïdes côte à côte.
Ceux-ci sont d'abord femelles et changent de sexe en vieillissant. Les vieux ensembles fécondent donc les plus jeunes. Les embryons sont relâchés et vont former un individu solitaire asexué (oozoïde) qui produira une nouvelle chaîne.
C'est un des modes de reproduction asexuée les plus rapides du monde vivant.
La salpe Pégée est une proie pour les poissons, les tortues, les oiseaux et les méduses.
Elle peut être la proie de plusieurs espèces d'amphipodes hypériens qui s'introduisent dans la cavité pharyngienne.
Elle peut servir à la phronime sédentaire, Phronima sedentaria, pour fabriquer le "tonneau" qui abritera sa progéniture.
Les salpes en chaîne sont disposées côte à côte. On remarque souvent que, pour nager, les animaux pompent tous l'eau au même rythme. On peut aussi remarquer que la nage peut être inversée au contact du premier individu de la chaîne. L'information se transmet rapidement d'un individu à l'autre tout le long de la chaîne. Cela permet de maîtriser la direction et d'éviter les obstacles.
La classification des salpes est principalement basée sur le nombre, la forme et la disposition des bandes musculaires du corps et des siphons, la forme de l'appareil digestif et l'existence d'appendices sur la tunique.
Salpe Pégée : francisation du nom scientifique du genre : Pegea.
Pegea : probablement de [pegaeae], du nom latin des nymphes Pégées, dans la mythologie grecque et romaine. Ce sont des naïades qui peuplent les sources et les fontaines (dans ce cas-là également appelées les Crénées).
confoederata : du latin [confœdero] = unir par un traité, lier, unir. Ce nom est probablement utilisé pour la forme en chaînes de blastozoïdes.
Salpa confoederata Forskal, 1775 est l'espèce-type* du genre Pegea.
Numéro d'entrée WoRMS : 137266
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Thaliacea | Thaliacés | Tuniciers pélagiques qui ont perdu leur chorde larvaire. Organismes transparents libres et planctoniques, les siphons buccal et atrial sont terminaux et diamétralement opposés. |
Ordre | Salpida | Salpides | Thaliacés toujours solitaires, ou en chaînes de plusieurs dizaines d'individus mais jamais coloniaux. Bandes musculaires périphériques incomplètes. |
Famille | Salpidae | Salpidés | Unique famille de l'ordre des Salpides. |
Genre | Pegea | ||
Espèce | confoederata |
En pleine eau
Espèce planctonique que l'on rencontre en pleine eau, à faible profondeur.
Il existe un stade agrégé, en chaîne, comme sur cette image et un stade solitaire.
Villefranche-sur-Mer (06), sous la surface
25/04/2009
En chaîne
Parfois, on rencontre de grandes chaînes poussées près des côtes par les courants.
Ces chaînes, plutôt fragiles dans leur structure, peuvent être de diverses longueurs, avec un nombre d'individus variable.
La Fourmigue, Golfe-Juan (06), 10 m
31/12/2011
Génération agrégée
Les individus solitaires donnent naissance, par bourgeonnement à partir d'un stolon, à une chaîne de nouveaux individus sexués.
Villefranche-sur-Mer (06), proche de la surface
25/04/2009
Outre transparente
La salpe Pégée est un animal planctonique en forme de tonneau allongé, ovoïde, à la tunique translucide, gélatineuse, lisse et coriace.
Tahiti Beach, île de Groix (56), 8 m
22/08/2011
Bandes musculaires croisées
Autour du cylindre, on voit bien ici les quatre bandes musculaires quasi-circulaires, croisées deux par deux en "X".
Epave du Pietro, archipel des Glénan (29), 5 m, de nuit
25/09/2015
Siphons
Ses siphons sont diamétralement opposés : le siphon buccal (ou inhalant), dont l'orifice est en fente, donne accès à un vaste espace creux dans lequel la branchie tubulaire marque la chambre pharyngienne à l'avant et la chambre cloacale à l'arrière. Un siphon exhalant (ou cloacal*) tubulaire, de diamètre un peu plus réduit que le siphon buccal permet d'évacuer l'eau inhalée par l'animal.
Epave du Pietro, archipel des Glénan (29), 5 m, de nuit
25/09/2015
Près du fond
On voit par transparence une boule orange compacte : c'est le système digestif, ou nucleus, qui comprend l'estomac et l'intestin et qui est situé dans le tiers postérieur du corps.
Tahiti Beach, île de Groix (56), 8 m
22/08/2011
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Correcteur : Paul NIVAL
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Hereu C.M., Suarez-Morales E., 2012, Checklist of the salps (Tunicata, Thaliacea) from the Western Caribbean Sea
with a key for their identification and comments on other North Atlantic salps, Zootaxa, 3210, 50–60.
Madin L.P., Harbison G.R., 1978, Salps of the Genus Pagea Savigny 1819 (Tunicata: Thaliacea), Bulletin of Marine Science, 28(2), 335-344.
van Soest R.W.M., 1974, A revision of the genera Salpa Forskål, 1775, Pegea Savigny, 1816 and Ritteriella
Metcalf, 1919 (Tunicata, Thaliacea), Beaufortia, 22(293), 153-191.
Yoon W.D., Marty J.C., Sylvain D., Nival P., 1996, Degradation of faecal pellets in Pegea confoederata (Salpidae, Thaliacea) and its implication in the vertical flux of organic matter, Journal of Experimental Marine Biology and Ecology, 203(2), 147-177.