Adultes
Holothurie quasi-cylindrique de 35 cm de taille moyenne
Couleur crème, taches marron, points et tirets noirs
Papilles coniques avec épine blanche
Tentacules buccaux noirs liserés de blanc sur leur face supérieure, blancs en dessous
Juvéniles
Mimétiques de phyllidies bleues à bandes noires
Papilles jaunes
Holothurie tiretée, holothurie léopard (attention, une autre holothurie Bohadschia argus est communément désignée sous ce nom).
Blackspotted sea cucumber, leopard sea cucumber, striated sea cucumber, long stickyfish, flowerfish, orange fish (GB), Gestrichelte Seegurke, Strichel-Seegurke (D), Gestreepte zeekomkommer (NL)
Bohadschia graeffei (Semper, 1868)
Holothuria graeffei Semper, 1868
Holothuria (Bohadschia) graeffei Panning, 1929
Indo-Pacifique tropical Ouest et central, mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]On rencontre cette holothurie dans l'océan Indien (Mayotte, La Réunion) et l'océan Pacifique occidental. Elle est présente en mer Rouge, mais pas dans le golfe Persique. On la trouve de la Chine à la côte est de la Nouvelle-Calédonie, elle est absente de la côte ouest de la Nouvelle-Calédonie. Elle est aussi présente à Wallis et Futuna et en Polynésie française.
Cette espèce se rencontre sur les fonds rocheux des récifs coralliens proche de la côte (en particulier, les massifs coralliens présentant également des algues rouges calcaires), entre la sub-surface et 25 m de profondeur.
L'holothurie rayée est une espèce de taille moyenne (environ 35 cm, avec un maximum de 45 cm). Son poids moyen est de 700 g, mais peut atteindre 1,3 kg. Les adultes sont beige clair ou de couleur crème, avec de grosses taches marron et des points noirs. On peut aussi observer des rangées de petits traits noirs, fins et obliques. La partie dorsale est parsemée de fines papilles coniques se terminant par une épine blanche. Le tégument est fin et lisse.
Le corps est quasi-cylindrique, aplati au niveau du ventre qui porte trois rangées longitudinales de podia* brunâtres terminés par une ventouse d'un brun sombre. Le ventre est gris, avec de petits points noirs. La bouche, ventrale, est entourée de 25 grosses taches brun foncé et de nombreux petits points noirs. Elle contient 23 à 28 tentacules buccaux, en forme de couronne, qui sont noirs bordés de blanc sur la face supérieure, et blancs sur leur face inférieure. L'anus est terminal et sans papilles anales.
Les juvéniles présentent un dos gris-bleu avec trois bandes longitudinales noires et des nodules épineux jaunes, ressemblant étrangement à certains nudibranches toxiques (Phyllididés). Puis, la couleur bleue disparaît pour le blanc crème et des points noirs apparaissent au stade subadulte.
Les juvéniles peuvent être confondus avec des nudibranches toxiques (Phyllididés), tels que Phyllidia varicosa ou Phyllidia coelestis.
Détritivore* et limnivore* diurne, Pearsonothuria graeffei s'alimente sur des substrats de coraux et d'éponges morts qu'elle semble débarrasser des algues (rouges) et des dépôts sédimentaires. Elle palpe le substrat avec ses tentacules buccaux, à la recherche de nourriture. Les particules comestibles sont ingérées avec leur support inorganique, qui est ensuite restitué dans les fèces.
Comme toutes les holothuries, la reproduction est sexuée et la fécondation est externe. Les individus de la même zone se dressent sur leur partie arrière, balancent lentement la partie antérieure de leur corps, et déversent leurs gamètes dans la colonne d'eau. Après fusion des gamètes mâles et femelles, l'œuf donne une larve qui a une vie pélagique.
Il n'y a pas de dimorphisme sexuel.
Cette espèce est particulièrement active de jour, mais est visible de jour comme de nuit.
Elle dispose d'un organe de Cuvier formé de nombreux tubules blanchâtres et peut expulser ses tubes de Cuvier pour se défendre. Toutefois, il semble que cette espèce n'utilise ce mode de protection que très rarement.
Son tégument atteint 4 mm d'épaisseur et contient des sclérites* de formes diverses. En effet, le tégument dorsal et ventral de l'adulte présente des sclérites formant des pseudo-tourelles épineuses très caractéristiques (en forme de fusée) et des rosettes simples à très complexes constituant souvent des plaques, alors que les sclérites des tentacules forment des rosettes allongées à extrémités festonnées. Enfin, les sclérites des juvéniles sont exclusivement en forme de rosettes branchues.
Cette holothurie ne connaît pas la « marche arrière ». Elle détecte les obstacles avant de « rentrer dans le mur » et modifie sa trajectoire (observation personnelle de la rédactrice).
Le juvénile mime des nudibranches toxiques (Phyllididés), telles que Phyllidia varicosa ou Phyllidia coelestis. La jeune holothurie change d'aspect dès que sa taille devient trop grande pour que la supercherie trompe encore d'éventuels prédateurs.
La densité de population de cette holothurie est très faible (environ 0,005 individu par mètre carré).
Cette holothurie est comestible. Comme les autres holothuries, elle est vendue séchée sous le nom de bêche-de-mer ou trépang, très apprécié dans les pays asiatiques. Le nom commercial du trépang d'holothurie rayée est « long stickyfish ».
L'holothurie rayée contient de grandes quantités de glucosides triterpéniques qui ont des propriétés anti tumorales. D'autre part, son tégument présente une très grande concentration de molécules semblables à la mycosporine lui conférant une capacité de protection contre les rayonnements ultraviolets (les ultraviolets, dont principalement les UV-B, étant considérés comme cancérigènes).
Cette holothurie a changé de nom de genre en 1984, suite à l'étude de ses caractéristiques chimiques (en particulier à partir de sa composition en glucosides triterpéniques). Le genre Pearsonothuria a été créé pour elle. Elle est encore très fréquemment nommée Bohadschia graeffei dans les guides, la littérature commerciale et même la littérature scientifique.
Holothurie rayée ou tiretée : en référence aux petits traits noirs visibles sur le corps.
Pearsonothuria : en l'honneur de Karl Pearson (1857-1936), mathématicien britannique, qui appliqua les statistiques de régression à la biologie (étude de la sélection naturelle)
-thuria: "emprunt" au nom Holothuria en remplaçant le préfixe par Pearson.
graeffei : en l'honneur d'Eduard Heinrich Graeffe (1833-1916), naturaliste autrichien, qui rédigea des ouvrages sur la faune marine de la région de Trieste.
Numéro d'entrée WoRMS : 210772
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Holothuroidea | Holothuroïdes | Echinodermes vermiformes, ouverture buccale à l’extrémité antérieure du corps et entourée d’une couronne de tentacules rétractiles, anus postérieur, une seule gonade : holothuries, concombres de mer. Endosquelette réduit à de microscopiques ossicules ou plaques, inclus dans la paroi du corps. |
Ordre | Holothuriida | Holothurides | (Anciennement: Aspidochirotida / Aspidochirotes) Symétrie bilatérale, avec une sole de reptation et des podia buccaux en forme d’écusson. Présence de poumons, pas de muscle rétracteur de la bouche. |
Famille | Holothuriidae | Holothuriidés | Podia munis d’ampoules. La gonade est placée à gauche du mésentère dorsal. |
Genre | Pearsonothuria | ||
Espèce | graeffei |
Tentacules
Ces tentacules sont des podia transformés.
Bunaken (Indonésie), 15 m
20/08/2008
Tentacules buccaux vus "de dessous"
Les tentacules buccaux sont blancs sur leur face inférieure. On peut les voir "en action".
Tatawa Besar (Linta Strait), Indonésie, 12 m
09/05/2018
Vue de près
Les papilles dorsales sont coniques, se terminant par une épine blanche.
Ko Phi Phi (Thaïlande, sud de Phukhet), 15 m
06/05/2003
Tout est visible
Sur cette photo, on voit bien les tentacules buccaux, les podia ventraux et l'anus ouvert.
Mayotte, Passe en S, 15 m
09/05/2012
Vue anale
L'anus est terminal et sans papilles anales.
Tatawa Besar (Linta Strait), Indonésie, 12 m
09/05/2018
De nuit
Cette espèce est particulièrement active de jour, mais est visible de jour comme de nuit. De nuit, elle ne se nourrit pas, les tentacules buccaux sont rentrés ce qui change l'aspect de l'holothurie.
Safaga (mer Rouge, Egypte), 5 m
20/04/2008
Reproduction
Les individus de la même zone se dressent sur leur partie arrière, balancent lentement la partie antérieure de leur corps, et déversent leurs gamètes dans la colonne d’eau.
Djibouti, Sept Frères, 10 m
14/04/2006
Emission de gamètes
Holothurie mâle en pleine action.
Sumatra Nord (Indonésie)
29/12/2009
Juvénile, avec fèces
Juvénile, cette holothurie est mimétique du nudibranche Phyllidia varicosa, toxique. Pas de confusion possible avec les petits chapelets de crottes...
Cabilao, Philippines, 15 m
25/08/2005
Juvénile, avec podia
Ce juvénile mimétique est trahi par ses podia.
Bali (Indonésie), Tulamben, Le Liberty
25/01/2016
Sur un récif corallien
Cet individu est en harmonie de couleur avec son environnement très coloré.
Bali, Menjangan, 6 m
12/04/2009
Ambiance de Madagascar
Près de la surface, en compagnie d'une éponge du genre Homaxinella (probable) et d'un corail à bulles.
Nosy Bé (Madagascar), Nosy Tanikely, 5 m
29/04/2011
Vidéo : Reproduction de Pearsonothuria graeffei
L'holothurie rayée se redresse en pleine eau pour émettre ses gamètes.
Velassaru, Malé sud, Maldives, 25 m
15/12/2005
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Correcteur : Gaël ROCHEFORT
Responsable régional : Véronique LAMARE
Carefoot T.H., Karentz D., Pennings S.C., Young C.L., 2000, Distribution of mycosporine-like amino acids in the sea hare Aplysia dactylomela: effect of diet on amounts and types sequestered over time in tissues and spawn, Comparative Biochemistry and Physiology Part C, 126, 91–104.
Desurmont A., 2003,Fiches d'identification des holothuries de Papouasie-Nouvelle-Guinée avant et après traitement, La bêche-de-mer - Bulletin de la CPS, 18.
Kalinin V.I., Aminin D.L., Avilov S.A., Silchenko A.S., 2008, Triterpene glycosides from sea cucumbers (Holothurioidea, Echinodermata). Biological activities and functions, Studies in Natural Products Chemistry, 35, 135-196.
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La page de Pearsonothuria graeffei dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN