Badèche créole

Paranthias furcifer | (Valenciennes, 1828)

N° 1879

Atlantique tropical et subtropical Ouest et Sud-Est

Clé d'identification

Corps fusiforme comprimé latéralement de couleur rougeâtre
Petites taches alignées sur le dos et la queue
Ventre de couleur claire, voire blanc
Bouche petite, supère, légèrement prognathe
Base des nageoires pectorales rouge vif
Caudale homocerque très fourchue
Taille commune 20 cm, maximum 30 cm

Noms

Autres noms communs français

Créole

Noms communs internationaux

Atlantic creolefish, creole fish, barber, prickel wood (GB), Canela, chilia rubia, cuna lucero, cunaro, cunaro de piedra, rabirrubia de lo alto, rabirrubia del Golfo (E), Boquinha, esquentamento, pargo-mirim, bala bala, mulato (P)

Synonymes du nom scientifique actuel

Serranus furcifer Valenciennes, 1828
Anthias furcifer (Valenciennes, 1828)
Cephalopholis furcifer (Valenciennes, 1828)
Serranus creolus Valenciennes, 1828
Corvina oxyptera DeKay, 1842
Centropristis nebulosus Castelnau, 1855
Serranus castelnaui Jordan & Eigenmann, 1890

Distribution géographique

Atlantique tropical et subtropical Ouest et Sud-Est

Zones DORIS : ● Caraïbes

La badèche créole est présente sur les côtes bordant l'Atlantique Ouest tropical et subtropical, depuis le nord de la Floride jusqu'au Brésil incluant l'arc antillais. Elle est également signalée en Atlantique Sud-Est sur les côtes de l'île de l'Ascension, dans l'archipel de São Tomé-et-Príncipe et en Guinée équatoriale.

Sa présence est mentionnée par certains auteurs dans le Pacifique Est, depuis les côtes de l'Equateur au sud jusqu'à celles de la Basse-Californie au nord, incluant notamment l'île de Malpelo et l'archipel des Galápagos. Les données scientifiques ont montré qu'il s'agit en réalité de l'espèce proche Paranthias colonus (Valenciennes 1855), appelée badèche créole du Pacifique.

Biotope

Les badèches créoles vivent généralement en banc sur les fonds durs et les pentes externes des récifs coralliens, évoluant dans la colonne d'eau non loin des coraux où elles ont tendance à se réfugier en cas de danger plutôt que de fuir en pleine eau. On les trouve généralement entre 8 et 60 m de profondeur et jusqu'à 100 m.

Description

Le corps est fusiforme, comprimé latéralement et généralement de couleur rougeâtre. Chez certains individus, la couleur rouge s'estompe en faveur d'une teinte gris-bleu, surtout en se rapprochant du dos. La tête peut être orangée. Le ventre est de couleur plus claire, voire blanc. Trois petites taches plus ou moins foncées alignées peuvent être visibles sur le dos et deux sur le pédoncule* caudal.

La bouche est petite, supère* et légèrement prognathe*. La base supérieure des nageoires pectorales est marquée d'une tache rouge vif. La caudale est homocerque* et très fourchue. La bordure externe des lobes de la caudale ainsi que celle de l'unique dorsale peuvent présenter une coloration plus sombre que le reste de ces nageoires. Un liseré de couleur claire est généralement visible sur le bord externe des nageoires impaires.

Ce poisson, dont la taille commune avoisine 20 cm, peut atteindre une longueur de 30 cm.

Espèces ressemblantes

Du fait de son mode de vie assez grégaire et semi-pélagique* et de sa petite bouche, Paranthias furcifer est assez facile à distinguer des autres mérous (sous-famille Epinephelidés des Serranidés).

On signale des cas d'hybridation avec le mérou Cephalopholis fulva, les individus résultants présentant les caractères morphologiques combinés des deux espèces.

La badèche créole du Pacifique Paranthias colonus, plus trapue et à la queue plus imposante (sans rentrer dans le détail de la différence du nombre de rayons respectifs sur les nageoires anale et dorsale) n'est présente comme son nom l'indique que dans le Pacifique tandis que Paranthias furcifer ne vit qu'en Atlantique.

Alimentation

La badèche créole se nourrit en pleine eau de zooplancton*, principalement de copépodes mais aussi de tuniciers pélagiques*, de crevettes et de leurs larves. Ce régime alimentaire la différencie des autres espèces de mérous qui, à longueur équivalente, disposent d'une bouche plus grande et se nourrissent préférentiellement de crabes et de poissons. Cette spécialisation est intimement liée à son positionnement atypique dans la colonne d'eau, plus éloigné du fond que les autres mérous.

Reproduction - Multiplication

Malgré les informations parcellaires disponibles concernant la reproduction de cette espèce, elle est considérée comme hermaphrodite* protogyne* : tous les individus naissent femelles puis tout ou partie deviennent mâles au cours de leur développement. Des femelles matures ont été trouvées quasiment tout au long de l'année en Atlantique Ouest.

La fécondité évolue avec la taille : deux prélèvements de femelles mesurant 218 et 289 mm ont fourni une fécondité respective de 177 378 et 640 066 ovocytes*. Les œufs sont pondus et fécondés en pleine eau par le mâle avant de dériver au gré des courants.

Vie associée

Il a été observé de très nombreux poissons de cette espèce parasités par des anilocres (genre Anilocra) dans certaines zones des Antilles (Bonaire). Il s'agirait de l'espèce Anilocra haemuli, ainsi nommée car infectant également plusieurs espèces de gorettes (genre Haemulon) ainsi que des mérous (genre Epinephelus). Le parasite est toujours fixé sur l'hôte dans la zone suboculaire. Il n'est pas rare de recontrer des poissons infestés par a minima deux anilocres positionnées de part et d'autre de la tête.

Informations complémentaires

Un individu a été identifié en 2011 non loin d'une zone d'activités portuaires en Croatie : on suppose que ce poisson aurait suivi une plateforme pétrolière ayant navigué depuis le golfe du Mexique jusqu'en mer Adriatique. La première capture attestée de cette espèce en Méditerranée remonte toutefois à 2007, date à laquelle un pêcheur a capturé un exemplaire au large du Liban à la profondeur de 160 m. Un autre exemplaire a été recensé à Malte en 2013. Ce poisson est également signalé aux Canaries, présence résultant là encore des transits de plateformes pétrolières entre l'Atlantique Ouest et Est.

Même si elle ne présente pas d'intérêt commercial, la badèche créole est parfois capturée par la petite pêche locale pour être utilisée comme appât.

Les juvéniles de Paranthias furcifer figurent à la cinquième place en nombre des proies ingérées par les rascasses volantes Pterois volitans et P. miles considérées comme invasives dans l'Atlantique Ouest.

Statuts de conservation et réglementations diverses

La badèche créole est considérée comme localement très abondante et largement distribuée géographiquement. Ceci lui a valu le statut "Least Concern" soit préoccupation mineure lors de son évaluation dans le cadre de la liste rouge de l'UICN* en 2017.

Origine des noms

Origine du nom français

Badèche : de l'espagnol [abadejo] = lieu jaune : en référence à la ressemblance de la tête avec celle du lieu, le lieu appartenant à l'ordre des Gadiformes et non des Perciformes comme c'est le cas pour la badèche.

créole : lié à la forte implantation de ce poisson dans les Caraïbes.

Origine du nom scientifique

Paranthias : du grec [para] = à côté de et [anthias] = nom donné par Aristote à un poisson dans son "Histoire des animaux" et qui désigne aujourd'hui les barbiers de Méditerranée. Ces derniers ont un mode de vie grégaire assez similaire à celui de la badèche créole, nageant en pleine eau et se réfugiant dans les crevasses en cas de danger.

furcifer : littéralement coquin ou pendard (digne d'être pendu à une fourche) en latin, peut-être en référence à la forme très fourchue de la queue.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 282084

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopteri
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Famille Serranidae Serranidés 1 à 3 épines sur l’arrière de l’opercule.
Genre Paranthias
Espèce furcifer

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