Bernard-l'ermite de petite taille : de 2 à 3 cm
Pattes brun-rougeâtre à orange avec une base blanche
Première paire d'antennes et pédoncules oculaires de couleur bleue
Yeux blancs
Chélipèdes à surface granuleuse, pinces presque sans poils
Antennes striées de blanc
Bernard-l'ermite acadien
Acadian hermit crab (GB)
Atlantique Nord-Ouest froid et tempéré
Zones DORIS : ● Atlantique Nord-OuestIl est présent dans l'estuaire maritime nord et sud du Saint-Laurent, en Gaspésie, aux Iles-de-la-Madeleine, au Nouveau Brunswick, en Nouvelle Écosse et dans l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon. La distribution la plus nordique est la baie d'Hudson et la plus au sud, la baie de Chesapeake sur la côte est Atlantique des États-Unis (proximité de la Virginie et de l'État de Washington).
On le rencontre dans les étages infralittoral*, circalittoral* et bathyal* sur des fonds sableux, vaseux ou rocheux.
La longueur totale de son corps, abdomen mou compris, atteint de 20 à 30 mm, ce qui en fait un pagure de petite taille. Les pattes sont brun rougeâtre à orange avec une base blanche. Les pinces sont de couleur blanche avec une bande rouge-orange au milieu. La première paire d'antennes* (antennules*) et les pédoncules* oculaires sont de couleur bleue. Les yeux sont blancs et très robustes. Les chélipèdes* à surface granuleuse possèdent des pinces presque sans poils. La pince droite est très robuste. Elle porte des crêtes et des tubercules. Le chélipède gauche est plus petit que le droit. Il est pourvu d'une pince de forme oblongue en coupe transversale. La deuxième et la troisième paires de pattes sont plus longues. Elles possèdent une face supérieure épineuse. Les quatrième et cinquième paires de pattes sont plus courtes. Le dactylopodite* (dernier article d'une patte) est recourbé vers l'arrière.
Dans la même zone géographique, il convient de signaler les espèces suivantes :
Pagurus pollicaris Say, 1817, le bernard-l'ermite à pattes plates ou bernard-l'hermite gris. Ce pagure de couleur grise ou rougeâtre atteint 30 mm de long. Sa pince droite est large et plate ; elle est couverte de tubercules. La première paire d'antennes est plus courte que la seconde. Sa distribution dans l'Atlantique Nord-Ouest est dans sa partie tempérée et tropicale (Le Canada est sa limite nord de distribution). Commensalisme* avec le ver plat zébré, Stylochus ellipticus.
Pagurus longicarpus Say, 1817, le bernard-l'ermite à longues pattes. Ce pagure de couleur grise à gris-verdâtre mesure jusqu'à 13 mm de long. La pince droite est plus longue que la gauche. Il loge habituellement dans les coquilles de littorines. C'est le pagure le plus courant sur la côte atlantique nord-ouest.
Pagurus bernhardus (Linnaeus, 1758), le bernard-l'ermite commun est son cousin européen. Sa morphologie est très proche du pagure acadien. Il est cependant de taille plus grande (de 3 à 8 cm). Ce pagure est orange rouge avec des taches grises ou vertes. Les pinces sont jaune-vert et mouchetées de rouge.
Les pagures sont des animaux détritivores* se nourrissant généralement de débris d'origine animale ou végétale.
C'est une espèce gonochorique* et la reproduction est sexuée. Comme la plupart des crustacés décapodes, les œufs incubés sur l'abdomen de la femelle donnent naissance à des larves* planctoniques* ; le développement larvaire complet comprend chez cette espèce quatre stades zoé* et une mégalope*. Dans le cas des pagures, ces larves sont appelées glaucothoés. Après plusieurs mues larvaires dans le plancton*, ces larves subissent une métamorphose* à la suite de laquelle les animaux deviennent benthiques*. Les "bébés" pagures recherchent une mini-coquille à leur taille dès leur arrivée sur le fond et grandissent jusqu'à devenir adultes.
La fourrure d'escargots Hydractina echinata est une colonie d'hydroïdes qui vit sur les coquilles habitées par le pagure acadien. La fourrure d'escargots mesure en moyenne 5 mm de haut. Les bénéfices mutuels de cette association ne sont pas encore bien connus :
- Pour certains, l'association avec Hydractinia echinata est à bénéfices réciproques. En effet, d'une part, grâce à leurs cellules urticantes, les hydractinies protègeraient le pagure en éloignant leurs ennemis. D'autre part, elles profiteraient des restes des repas du crustacé.
-Pour d'autres, il s'agit plutôt de commensalisme (cum : avec, mensa : table), l'un des partenaires bénéficie de l'autre sans lui nuire : les polypes profitent des déplacements du pagure pour se nourrir et capturer leurs proies.
Les pagures ont une partie postérieure molle, l'abdomen, qui est fichée dans la coquille qui l'héberge : sa forme est courbée, la cuticule* est molle. Cette espèce a la particularité de pouvoir se loger dans des coquilles de gastéropodes libres comme la plupart des autres pagures afin de protéger cet abdomen. La plus usitée est celle du buccin commun Buccinum undatum.
Ses principaux prédateurs sont le crabe commun Cancer irroratus et des poissons tels que la raie hérisson Leucoraja erinacea, la morue franche Gadus morhua, le merluche-écureuil Urophycis chuss et les chaboisseaux.
Les pagures sont souvent utilisés comme appâts par les pêcheurs.
Les pagures sont appelés bernard-l'ermite parce qu'ils ont été comparés, lorsqu'ils sont dans leur coquille, à un ermite dans sa grotte.
acadien : en raison de sa zone de répartition géographique.
Pagurus : du grec [pagos] = objet fiché, durci, et [oura] = queue.
acadianus : à l'époque de la Nouvelle-France, l'Acadie était une colonie française dûment cartographiée et circonscrite à la Nouvelle-Écosse actuelle, alors que les Acadiens y étaient dispersés le long du littoral par petites communautés. L'Acadie ne bénéficie de nos jours d'aucune existence juridique officielle, pourtant elle existe dans une région de l'Atlantique Nord, c'est-à-dire dans les provinces maritimes actuelles du Canada ; le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard, mais aussi à Terre-Neuve, au Québec. Elle existe également dans l'archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon et aux États-Unis dans l'État du Maine.
Numéro d'entrée WoRMS : 158400
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Anomura | Anomoures | Les anomoures sont caractérisés par une cinquième paire de pattes atrophiée. Ils sont essentiellement représentés par les galathées et les bernard-l'ermite. |
Famille | Paguridae | Paguridés | Dissymétrie générale, la pince droite plus grosse que la gauche. L'abdomen est mou et protégé par une cuticule fine. |
Genre | Pagurus | ||
Espèce | acadianus |
De face
Comme tous les pagures, le bernard l'hermite acadien protège son abdomen en se réfugiant dans une coquille de gastéropode. Il affectionne particulièrement celles des buccins communs.
Côte nord, Québec, Canada, 5 m
2008
Les chélipèdes
Ce cliché nous permet d'observer la surface granuleuse des pinces presque sans poils.
Saint-Pierre et Miquelon
25/08/2010
Taille
Les différentes espèces que l'on voit sur cette photo, étoile commune et crabe commun (en arrière plan du pagure) nous permettent de mieux apprécier la petite taille du pagure acadien.
Ile Bonnaventure, Gaspésie, Québec, Canada, 7,5 m
26/06/2009
Coloration
La couleur dominante est brun rougeâtre à orange avec une base blanche.
Archipel de Saint-Pierre et Miquelon, 2 m
25/08/2010
Hors de sa coquille
On peut supposer que ce pagure se cherche une coquille plus grande ou qu'il n'apprécie pas du tout l'exondation.
Archipel de Saint-Pierre et Miquelon, 2 m
25/08/2010
Abdomen courbé
Les pagures ont une partie postérieure molle, l’abdomen, qui est habituellement logée dans la coquille qui l'héberge : sa forme est courbée. Cet individu semble être mourant.
Archipel de Saint-Pierre et Miquelon
09/07/2011
Parade nuptiale
On peut supposer qu'il s'agit d'un mâle qui courtise une femelle, sur le point de muer.
Les Escoumins, Québec, Canada, 20 m
25/06/2010
Commensalisme
Commensalisme avec une algue rouge encroûtante sur la coquille (Lithophyllum sp).
Nubble light, Maine, États-Unis, 6 m
25/06/2011
Déménagement
Lorsque son habitat est rendu trop petit, il brise facilement la coquille pour en sortir et partir à la recherche d'un logement plus grand. Cette opération le rend vulnérable auprès de ses prédateurs.
Archipel de Saint-Pierre et Miquelon, 2 m
25/08/2010
Protégé par sa coquille
De nature farouche, il n'hésite pas à se terrer au fond de sa coquille pour se protéger d'une éventuelle agression.
Baie des anémones, Les Escoumins, Québec, Canada, 5 m
13/07/2008
Rédacteur principal : Laurent FEY
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Laurent FEY
Grant, W.C., Pontier, P.J., 1973, Fitness in the hermit crab Pagurus acadianus with reference to Hydractinia echinata, Mount Desert Island Biological Laboratory, 13, 50-53.
Roberts M. H., 1973, Larval Development of Pagurus acadianus Benedict, 1901, reared in the Laboratory (Decapoda, Anomura), Crustaceana, 24 (3), 303-317.
NOAA Technical Memorandum, 1984, Food of Seventeen Species of Northwest Atlantic Fish, US Department of commerce, 187p.
Direction de l'Agriculture et de la Forêt de Saint-Pierre-et-Miquelon., 2007, Plan d'action pour la biodiversité 2007-2010, 32p.
Miglietta, M. P., Schuchert, P., Cunningham, C.W., 2009, Reconciling genealogical and morphological species in a worldwide study of the Family Hydractiniidae (Cnidaria, Hydrozoa), Zoologica scripta, 38 (4), 403-430
Pohle, G.W., 1990, A guide to decapod Crustacea from the Canadian Atlantic: Anomura and Brachyura, Canadian Technical Report of Fisheries and Aquatic Science 1771, 29 p.