Animal généralement de couleur vert brillant
Yeux globulaires et pédonculés
2 larges écailles antennaires
2 pattes ravisseuses avec une massue et dans une posture rappelant la mante religieuse
3 paires de pattes locomotrices
Appendices (écailles antennaires, pattes, pléopodes, uropodes...) bordés de longs poils rouge vif
Squille multicolore, crevette-mante, squille briseuse de pouce, casse-doigts
Coloured mantis shrimp, peacock mantis shrimp, harlequin mantis shrimp, painted mantis shrimp, reef odontodactylid mantis shrimp (GB), Canocchia pavone (I), Camarón mantis pavo real, mantis abigarrada (E), Bunter Schmetter-faugschreckenkrebs (D), Bonte bidsprinklaankreeft (NL)
Cancer scyllarus Linnaeus, 1758
Gonodactylus bleekerii Milne-Edwards, 1868
Gonodactylus elegans Miers, 1884
Indo-Pacifique tropical Ouest
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueOdontodactylus scyllarus se rencontre dans tout l'océan Indien tropical ainsi que dans le Pacifique jusqu'à Hawaii et du sud du Japon à l'Australie et la Nouvelle-Calédonie.
Un individu, probablement échappé d'un aquarium, a été photographié à Saint Malo en France ! Toutes observations supplémentaires sur nos côtes métropolitaines seraient les bienvenues.
La mante de mer paon fréquente les fonds sableux ou détritiques, à proximité de formations coralliennes, de la surface à une vingtaine de mètres de profondeur (mais observée jusqu'à 70 m). Elle vit dans des terriers à plusieurs sorties, qu'elle creuse dans le sable, ou dans des trous dans les récifs. Très active de jour, elle n'hésite pas à s'éloigner de plusieurs mètres de son abri.
Odontodactylus scyllarus est un crustacé pouvant atteindre 18 cm de long. Le corps a une coloration vert brillant chez les mâles, olivâtre à brune chez les femelles et jaunâtre chez les jeunes. Le pédoncule portant les yeux et la base des antennes est bleu. Des poils rouge vif, plus ou moins longs bordent les différents appendices.
Le corps se compose de 3 parties :
- La partie antérieure ou "tête" : une large plaque rectangulaire (carapace) avec des taches noires de chaque côté recouvre la tête. Mais attention, cette plaque appartient au thorax. On parle alors généralement de céphalothorax.
Les yeux sont globuleux, pédonculés et constitués de plusieurs milliers de facettes. Ils sont formés de 3 parties : une bande étroite centrale, séparant deux hémisphères.
La première paire d'antennes, appelées antennules, se termine par 3 fouets (triramées) et a une longueur à peu près égale à celle de la carapace. Vient ensuite une paire d'antennes biramées, plus petites. De la base de ces antennes part une large écaille antennaire en forme de pagaie.
Une des caractéristiques des stomatopodes, est la présence d'une paire de pattes ravisseuses (appelée aussi pinces, ou pattes préhensiles), rappelant celle d'une mante religieuse. Quatre articles constituent cet appendice. A la base, le méropodite*, large et puissant, suivi du carpopodite*, très réduit et permettant l'articulation. Le troisième (propodite*), de même longueur que le premier, se trouve replié contre celui-ci au repos. Quant au dernier article (dactylopodite*), en forme de massue, il possède quelques petites dents et reste plaqué contre le propodite au repos (voir photo).
Enfin, suivent 3 paires de pattes (maxillipèdes) ayant la forme des pattes ravisseuses en miniature et ayant plusieurs fonctions (tenir les proies, creuser et entretenir le terrier, nettoyage du corps).
- Le thorax : en plus de la carapace, de forme rectangulaire et recouvrant la tête, il y a 3 segments portant chacun une paire de pattes locomotrices (péréiopodes) biramées.
- L'abdomen : constitué de 5 segments ayant chacun une paire de pattes nageuses (pléopodes) biramées portant les branchies, et terminé par un segment formant la queue, comprenant 5 appendices (le telson* central + 2 uropodes* biramés latéraux). Les uropodes sont noirs bordés de bleu et entourés de longues soies rouge vif.
Il existe plusieurs autres espèces dans le genre Odontodactylus ou dans des genres voisins, mais seul O. scyllarus arbore de telles couleurs.
La mante de mer paon se nourrit préférentiellement de crustacés, mollusques, vers et petits poissons. Elle est très active de jour et il n'est pas rare de la voir hors de son trou, se baladant sur le sable ou parmi les coraux, à la recherche de nourriture ou d'un partenaire. Elle utilise ses pattes ravisseuses en forme de massue pour assommer ses proies et briser leur carapace. Lorsqu'elle s'approche d'une proie, elle déplie ses pattes ravisseuses en quelques millisecondes. La "massue" (dactylopodite) vient frapper la proie à une vitesse pouvant atteindre 80 km/h. La violence du choc est telle, que la proie est sonnée ou tuée et sa carapace ou coquille brisée. La mante de mer n'hésite pas à s'attaquer à des proies bien plus grosses qu'elle.
Un dimorphisme sexuel chez la mante de mer paon peut s'observer au niveau de la couleur des individus. Mais cette différence de couleur est en fait plus liée à l'âge, les jeunes étant jaunâtres, les femelles dans les tons bruns et les mâles ou les femelles plus âgées vert brillant.
L'espèce est gonochorique*, c'est-à-dire que les sexes sont séparés. La reproduction a lieu toute l'année. Quand un individu, en général un mâle, rencontre un partenaire potentiel, il entame une "danse" indiquant qu'il n'est pas là pour se battre !
Le mâle possède deux pénis, un à la base de chaque patte de la troisième paire locomotrice et souvent bien visible. C'est finalement le caractère le plus marqué pour différencier les sexes. Lors de l'accouplement, le mâle grimpe sur la femelle, agrippe sa carapace avec ses maxillipèdes et la retourne partiellement. Dans cette position, les deux partenaires se retrouvent maxillipèdes contre maxillipèdes. Le mâle introduit alors ses pénis dans les réceptacles séminaux (gonopores) de la femelle, situés entre les 2 pattes de la première paire locomotrice. Le sperme est stocké temporairement dans ce gonopore avant la fécondation qui est donc interne.
La femelle peut pondre jusqu'à 50 000 œufs roses, qui sont agglomérés en une boule grâce à des substances collantes sécrétées par des glandes spéciales du thorax. Elle maintiendra sa ponte devant sa bouche, avec ses maxillipèdes (et non pas ses pléopodes comme chez la plupart des décapodes). Cette boule est retournée régulièrement lors de l'incubation pour oxygéner les œufs. Pendant toute cette période, 2 à 3 mois environ, la femelle ne peut plus se nourrir ni se défendre. Le mâle reste alors à proximité de sa femelle pour la défendre jusqu'à l'éclosion. Une fois écloses, les larves* entament une vie planctonique* où elles subiront plusieurs mues avant de se métamorphoser* sur le fond. Elles ont un corps fin mais déjà de très grandes pattes ravisseuses et de gros yeux.
Les squilles sont séparées en 2 groupes en fonction de leurs pattes ravisseuses : le groupe des "frappeurs", dont fait partie Odontodactylus scyllarus, qui ont les pinces ravisseuses en forme de massue pour assommer et broyer les proies, et le groupe des "harponneurs", dont la pince est fine, munie de dents et sert à empaler et retenir les proies.
Des études ont montré que chez O. scyllarus, le squelette des pattes ravisseuses est 5 fois plus épais que le reste du corps, afin de dissiper l'énergie des coups portés et de ne pas se blesser lors des attaques. La détente de ces pattes peut attendre 80 km/h. En plus du coup de marteau porté contre sa proie, la détente brusque va générer une bulle de vapeur qui va imploser à son tour (phénomène de cavitation, dû à la dépression créée par un mouvement très rapide au sein d'un fluide).
La vision des mantes de mer est la plus complexe que l'on connaisse. Les yeux pédonculés peuvent bouger indépendamment l'un de l'autre et permettent une vision à 360°. Chaque œil est composé de milliers de facettes, donnant chacune une image. De plus, les yeux sont divisés en trois zones : deux hémisphères entourant une bande centrale. Chaque partie donne une image, ce qui confère une vision "trinoculaire" à chaque œil. Les deux yeux étant indépendants, l'animal a finalement une excellente vision "hexanoculaire" lui donnant une indication précise de la localisation, distance, hauteur et profondeur des choses qui l'entourent.
Les squilles sont capables également de distinguer les couleurs (y compris dans l'ultraviolet) grâce à une dizaine de photopigments pour chaque œil (contre seulement trois chez l'homme et quatre pour les oiseaux !).
Enfin, elles sont capables de voir la lumière polarisée sous ses deux formes, linéaire et ondulée, et peut la convertir d'une forme à l'autre. C'est le principe d'un DVD. Mais alors qu'un DVD ne convertit que la lumière rouge ou bleue, l'œil de la mante de mer peut convertir toutes les couleurs du spectre. Appliqué à un nouveau type de lecteur de DVD, cela permettrait d'augmenter grandement la quantité d'informations contenue dans nos DVD.
Au niveau des antennes, il existe une structure particulière : l'écaille antennaire. Souvent très colorées, elles sont généralement bien écartées de part et d'autre de la tête. On pourrait penser qu'elles ont un rôle d'intimidation mais comme le reste de l'antenne, elles sont riches en chémorécepteurs* et renseignent donc l'animal sur son environnement.
Comme tous les crustacés, enfermés dans une carapace rigide, les mantes sont obligées de muer, environ toutes les 6 semaines pour grandir.
Les mantes de mer sont les seuls invertébrés capables de reconnaissance individuelle. En effet, parmi plusieurs individus, une mante de mer reconnaîtra ceux qu'elle a déjà eu l'occasion de rencontrer.
Les uropodes et les écailles antennaires sont polarisés. La modification de ces couleurs (non visible par un œil humain) pourrait servir dans la communication intraspécifique.
A l'arrêt et à découvert, la mante de mer paon prend une position caractéristique, redressant la tête et le céphalothorax qui forme alors un angle d'environ 45° avec l'abdomen, pour mieux observer son environnement.
C'est un des crustacés, voire le crustacé, le plus coloré du monde.
La puissance de ses pattes ravisseuses peut infliger des blessures douloureuses pour un plongeur. De même, bien que ce soit un animal craintif, qui se réfugie à la moindre alerte dans son trou, il est capable de briser le verre d'un masque ou le caisson d'un appareil photo sous marin !
En cas de danger, la mante de mer paon peut prendre une posture de défense. Pour cela elle se met sur le dos et présente sa queue avec les uropodes bien déployés en éventail et face au danger.
Toutes les mantes de mer paon ne prennent pas forcément la peine de creuser un terrier. En effet, il est fréquent de voir de violents combats de mantes pour s'approprier un terrier.
Mante de mer : par analogie avec la mante religieuse, pour la forme de ses pattes ravisseuses.
Paon, car comme cet oiseau, elle est très colorée et dans les tons verts.
Odontodactylus : du grec [odonto-] = dent et [dactylos] = doigts. En référence aux petites dents présentes sur le dactylopodite des pattes ravisseuses.
scyllarus : allusion à l'ancien nom donné par Aristote tout d'abord aux crustacés du genre pagure et par extension à d'autres espèces.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Hoplocarida | Hoplocarides | 3 segments thoraciques libres en arrière de la carapace. |
Ordre | Stomatopoda | Stomatopodes | La 2e paire de pattes mâchoires préhensile, ressemblant à une patte de mante religieuse. |
Sous-ordre | Unipeltata | ||
Famille | Odontodactylidae | Odontodactylidés | |
Genre | Odontodactylus | ||
Espèce | scyllarus |
Très colorée
La mante de mer paon se reconnaît à sa belle couleur verte, et aux taches noires de part et d'autre de la carapace (partie rectangulaire recouvrant la tête).
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 5 m
03/07/2010
De face
Les yeux sont globuleux, pédonculés et constitués de plusieurs milliers de facettes. Ils sont formés de 3 parties : une bande étroite centrale, séparant deux hémisphères. La vision des squilles est la plus complexe du monde animal.
La première paire d'antenne, ou antennule, est triramée (terminée par 3 fouets).
Passe en S, Mayotte, 15 m
08/2007
Une broyeuse née
La principale caractéristique des stomatopodes est la présence d'une paire de pattes différenciées en pattes ravisseuses. Les squilles sont séparées en 2 groupes en fonction de leurs pattes ravisseuses : le groupe des broyeurs, dont fait partie Odontodactylus scyllarus, qui ont les pinces ravisseuses en forme de massue pour assommer et broyer les proies, et le groupe des harponneurs, dont la pince est fine, munie de dents et sert à empaler et retenir les proies.
Les pattes ravisseuses (appelée aussi pinces, ou pattes préhensiles) rappellent celles d'une mante religieuse. Elles sont constituées de 4 articles : méropodite (M), large et puissant, le carpopodite (C), très réduit et permettant l'articulation, le propodite (P) et le dactylopodite (D), la massue proprement dite.
Les pattes ravisseuses peuvent se détendre à une vitesse allant jusqu'à 80 km/h, ne laissant aucune chance à la moindre coquille ou carapace.
Papouasie Nouvelle-Guinée, 18 m
20/04/2007
Profil
Les squilles n'ont que 3 paires de pattes locomotrices (péréiopodes) portées par le thorax. Sous l'abdomen, vous pouvez voir les pattes nageuses (pléopodes) en forme de palette.
Dauin, Philippines, 23 m
26/04/2006
Queue
Les uropodes de la queue sont très colorés. La coloration rouge que l'on voit sur les différents appendices est due à la présence de longues soies rouges.
Puerto Gallera, Philippines, 15 m
11/04/2007
Drôles d'oreilles
Les deux palettes vertes ne sont pas des oreilles mais des écailles antennaires. Elles comportent de nombreux chémorécepteurs et interviennent dans la perception du monde environnant.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 9 m
05/07/2010
Mâle
Les mâles arborent une coloration vert brillant, avec le pédoncule des yeux d'un bleu intense.
La Réunion, 10 m
30/12/2010
Femelle
Les femelles sont généralement plus ternes que les mâles.
Papouasie Nouvelle-Guinée, 12 m
18/10/2007
Subadulte
Les femelles peuvent être parfois brunes. Mais cela peut aussi être un subadulte.
Togian, Sulawesi, Indonésie, 10 m
18/10/2004
Bien rouge
Un individu très rouge, probablement une femelle. L'espèce se reconnaît malgré tout aux taches sur le côté de la carapace.
Maldives, 15 m
26/03/2006
Position typique
Le céphalothorax formant un angle de 45% avec l'abdomen, les écailles antennaires bien écartées et les yeux haut perchés, sont les caractéristiques de la posture d'une squille étudiant son environnement.
Ruang, Sulawesi, Indonésie, 10 m
11/04/2010
Ponte
La femelle maintient sa ponte devant sa bouche, avec ses maxillipèdes (et non pas ses pléopodes comme chez la plupart des décapodes).
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 10 m
06/2010
Larve
Les larves de squille (ici Squilla mantis, une espèce proche) ont un corps fin mais déjà de très grandes pattes ravisseuses et de gros yeux.
Banyuls (66)
1973
Anatomie
Détails anatomiques de Odontodactylus scyllarus. D'après un dessin annoté de :
Manning, R.B. 1998 Stomatopods. p. 827-849 In: Carpenter, K.E. and V.H. Niem (eds.) FAO Species Identification Guide for Fishery Purposes. The Living Marine Resources of the Western Central Pacific. Vol. 2. Cephalopods, crustaceans, holothurians and sharks. FAO Rome.
Manning, R.B.
Reproduction de documents anciens
1998
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Vérificateur : Frédéric BAUS
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Caldwell, R. L., 1985, A test of individual recognition in the stomatopod Gonodactylus festae, Anim. Behav., 33, 101-106.
Christy J.H. and Salmon, M., 1991, Comparative Studies of Reproductive Behavior in Mantis Shrimps and Fiddler Crabs, Amer. Zool., 31, 329-337.
Kleinlogel S., Marshall N. J., 2009, Ultraviolet polarisation sensitivity in the stomatopod crustacean Odontodactylus scyllarus, J. Comp. Physiol., 195, 1153–1162.
Marshall N. J. and Land M. F., 1993, Some optical features of the eyes of stomatopods, J. Comp. Physiol. A, 173, 565-582.
Patek S., 2016, La frappe éclair de la crevette-mante, Pour la Science, 465,51-58.
Schiff H., 1996, Influence of different eye regions on striking, size discrimination and habituation in mantis shrimps, Ital. J. Zool., 63, 139-148.
La page sur Odontodactylus scyllarus sur le site de référence de DORIS pour la vie marine : SeaLifeBase