Cténophore à ailes tachetées

Ocyropsis maculata | (Rang, 1828)

N° 837

Caraïbes, Indo-Pacifique tropical, Méditerranée occidentale

Clé d'identification

Cténophore pélagique délicat et translucide
Symétrie bilatérale bien marquée
4 à 10 cm de long
2 lobes charnus volumineux
4 taches brunes circulaires (2 par lobe)
8 rangées de palettes natatoires ciliées irisées

Noms

Noms communs internationaux

Spot-winged comb jelly (GB), Ctenóforo alado manchado (E)

Synonymes du nom scientifique actuel

Ocyroe maculata : Ocyroe est le nom de genre donné à l'origine en 1828 par P.S. Rang. Il fut changé en Ocyropsis par Mayer en 1912 (en même temps : le nom de la famille Ocyroidae est devenu Ocyropsidae).
En effet le nom de genre Ocyroe a déja été attribué à une méduse par Péron et Lesueur en 1809 : Ocyroe lineolata, la sténosie linéolée !

Distribution géographique

Caraïbes, Indo-Pacifique tropical, Méditerranée occidentale

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes

Ocyropsis maculata est probablement cosmopolite de la ceinture tropicale. Elle est fréquente dans les Caraïbes et dans l'Indo-Pacifique tropical. La sous-espèce O. maculata immaculata pourra être rencontrée en Méditerranée occidentale (mer d'Alboran).

Biotope

Il s'agit d'une espèce pélagique* qui affectionne les eaux chaudes tropicales. En plongée on la rencontrera toujours près de la surface et dans les premiers mètres. Cette espèce a parfois été observée par 450 mètres de fond.

Description

Ocyropsis maculata est un cténophore pélagique*, délicat et translucide, qui mesure entre 4 et 10 cm. Son corps se compose d'une partie centrale en forme de lanière, allongée et compressée, et flanquée à l'origine de huit lobes. Quatre de ces lobes se soudent latéralement deux à deux pour former 2 "ailes" charnues et volumineuses. Les quatre autres lobes sont réduits, en forme de languette, et s'enracinent de part et d'autre des "ailes". Cette organisation confère à l'animal une symétrie bilatérale, qui se superpose à la symétrie radiaire originelle, caractéristique de ce groupe.
Sur chacun des lobes charnus, parcourus de canaux sinueux, on observe deux taches sombres circulaires et symétriques.
Au niveau de la dorsale, au centre de la lanière, un petit organe apical, le statocyste*, permet à l'animal de s'équilibrer et de s'orienter dans l'eau. De l'autre côté, sous la lanière, s'ouvre la bouche. De part et d'autre du statocyste prennent naissance huit rangées de palettes ciliées : quatre d'entre elles courent le long de la lanière jusqu'à l'extrémité des lobes, les quatre autres bordent l'animal jusqu'à la base des languettes latérales.
Ces palettes ont un rôle natatoire et permettent le déplacement de l'animal. Eclairées (par le soleil ou par un phare), elles réfléchissent la lumière en un arc-en-ciel multicolore caractéristique.

Espèces ressemblantes

Il existe deux sous-espèces :
- Ocyropsis maculata maculata (Rang, 1828) : présence des 4 taches,
- Ocyropsis maculata immaculata Harbison & Miller, 1986 : observée en Méditerranée occidentale (mer d'Alboran). Absence des 4 taches.

On pourra confondre cette espèce avec Ocyropsis crystallina (Rang, 1828) : espèce très proche, plus transparente et moins arrondie, présente aussi dans les Caraïbes.
Il existe encore d'autres espèces du genre Ocyropsis dont la distribution peut être commune avec l'espèce maculata, mais parmi elles aucune ne présente les 4 taches brunes.

Alimentation

Cet animal se rapproche de la surface durant le jour et se nourrit de petits poissons et de petits crustacés (type krill ou amphipodes) planctoniques.
Le corps de Ocyropsis maculata est recouvert d'un fin mucus qui agglutine le zooplancton*. Ce dernier, englué, est ensuite acheminé vers la bouche inférieure par une fine ciliature. Cette espèce ne possède pas de tentacules*, qui ont régressé pendant la phase embryonnaire.

Reproduction - Multiplication

Alors que les cténophores sont presque exclusivement hermaphrodites*, Ocyropsis maculata est considéré comme une espèce à sexes séparés (dioïque*) (article de G.R. Harbison et R.L. Miller dans Marine Biology de février 1986).
Les gamètes* de l'animal sont expulsés par la bouche et la fécondation a lieu en pleine eau. Les larves*, dites cydippides*, se transforment rapidement et directement en adultes miniatures.

Vie associée

Les lobes de Ocyropsis maculata peuvent être colonisés par des crustacés amphipodes symbiotiques*.

Divers biologie

Comme beaucoup de cténophores, et en particulier ceux du genre Ocyropsis, cette espèce possède des propriétés de bioluminescence*. Elle produit une lumière bleue (longueur d'onde de 489 nm) lorsqu'elle est dérangée la nuit. En laboratoire, cette lumière peut être mise en évidence avec un polarisateur.
Cette bioluminescence ne doit pas être confondue avec la coloration « arc-en-ciel » caractéristique de ce groupe animal, cette coloration résultant simplement de la diffraction de la lumière à travers les palettes ciliées superposées.

Ocyropsis maculata fait partie des proies d'autres cténophores, les béroidés par exemple.

En contractant ses lobes, et en chassant ainsi l'eau située entre eux par réaction, Ocyropsis maculata est capable de se déplacer rapidement (en cas de danger par exemple). Il s'agit ici d'un mode de déplacement supplémentaire par rapport au mode de déplacement « classique » des cténophores, à savoir le battement de leurs peignes ciliés. L'animal nage indifféremment les lobes vers le bas ou vers le haut.

Informations complémentaires

Afin de pouvoir contempler cet animal très fragile une approche lente est recommandée. Il ne doit pas être manipulé, car il peut se briser au moindre contact.

Observer ces organismes nager au moyen d'un phare est un spectacle féerique, qui a inspiré au réalisateur James Cameron certaines des créatures du film Abyss.

Origine des noms

Origine du nom français

Cténophore : du grec [ctenos] = peigne et [phoros] = porteur, l'embranchement des cténaires étant caractérisé par ces 8 rangées de palettes ciliées en forme de peignes,
à ailes tachetées : à cause des 4 taches brunes circulaires sur les lobes.

Les noms vernaculaires anglais et espagnol sont d'ailleurs des traductions identiques.

Origine du nom scientifique

Le premier nom de genre Ocyroe provient du grec ancien [Ôkyrhoê] = courant rapide, allusion possible à la faculté de déplacement de cet animal.
Le nom de genre actuel Ocyropsis semble reprendre cette idée et y ajoutant –opsis qui signifie en grec ancien "en forme de, qui a l'apparence de..."
Ocyroe est aussi le nom d'un personnage de la mythologie grecque (fille du centaure Chiron). Ayant le don de prophétie, elle révèle à Asclépios (Esculape) ses pouvoirs divins, elle est punie par Zeus qui la transforme en jument (voir les Métamorphoses d'Ovide).
De manière générale, les organismes planctoniques gélatineux (cténaires, méduses, siphonophores, thaliacés...) portent très souvent un nom d'origine mythologique, sans qu'il y ait pour autant un rapport avec leurs caractéristiques anatomiques.

maculata : du latin [macula] = tache, chaque lobe étant porteur de 2 taches brunes circulaires.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 106402

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Ctenophora Cténophores / Cténaires

Organismes carnivores planctoniques (parfois benthiques) transparents à symétrie biradiaire se déplaçant grâce à huit rangées de peignes ciliés et munis le plus souvent de tentacules armés de cellules adhésives particulières, les colloblastes.

Classe Tentaculata Tentaculés Cténophores possédant des tentacules, qui peuvent secondairement se résorber.
Ordre Lobata Lobiférides Cténophores pélagiques les plus communs, caractérisés par la présence de deux lobes oraux musculaires de part et d'autre de la bouche. Nombreuses formes, curieuses et énigmatiques, de surface ou abyssales.
Famille Ocyropsidae Ocyropsidés
Genre Ocyropsis
Espèce maculata

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