Tige dressée surmontée d'une "boule" transparente"
3 à 8 cm de hauteur
Réseau de canaux exhalants rayonnant bien visible dans le capitulum
Coloration rose à lie de vin
Biotope sablo-vaseux
Eponge-ballon de baudruche
Pink puff ball sponge, red burrowing sponge, red maiden fan sponge (GB), Bohrschwammes (D)
Gellius sagittarius Sollas, 1902
Adocia sagittarius (Sollas, 1902)
Orina sagittaria (Sollas, 1902)
Gellius angulatus var. canaliculatus Dendy, 1905
Gellius canaliculatus Dendy, 1905
Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueOceanapia sagittaria se rencontre dans l'océan Indien, y compris Mayotte, ainsi que dans l'ouest de l'océan Pacifique, des Philippines à la Grande Barrière de Corail (Australie) et la Nouvelle-Calédonie.
L'éponge-pompon se développe dans les fonds sablo-vaseux et détritiques*, souvent au pied de falaises calcaires, de la surface à une vingtaine de mètres de profondeur. Elle préfère les eaux protégées turbides* ou très chargées, de préférence sans courant ou mouvement d'eau important.
La partie visible de cette éponge se présente comme une tige dressée (fistule) de 3 à 8 cm de hauteur, surmontée d'une partie sphérique translucide (capitulum*) très fragile d'environ 2 cm de diamètre.
Les fistules sont lisses, cylindriques et creuses, et recouvertes de mucus avec souvent plus ou moins de sédiment aggloméré.
Le capitulum est membraneux à la périphérie, complètement transparent et laisse apercevoir les canaux exhalants qui rayonnent depuis le centre du capitulum et se terminent chacun par un petit oscule* de 0,2 à 0,5 mm de diamètre au niveau de la membrane.
Les canaux et les fistules sont de la même couleur, allant du rose au lie de vin, voire brun foncé.
La plus grande partie de l'éponge se trouve enfouie dans le sédiment et ressemble à un gros tubercule plus ou moins sphérique de 5 à 10 cm de diamètre. De chaque tubercule, une ou deux fistules, rarement plus, émergent hors du sédiment. Les fistules secondaires sont plus petites que la fistule principale.
Son aspect particulier, une boule portée au bout d'un pédoncule*, est unique dans le monde des éponges et permet de l'identifier immédiatement.
Elle pourrait éventuellement être confondue avec une ascidie pédonculée. Mais elle ne présente pas de gros siphons inhalants et exhalants, et le réseau de canaux visibles par transparence dans la "tête" n'existe pas chez les ascidies.
Oceanapia sagittaria, comme la plupart des éponges, est microphage*. Elle se nourrit des particules et microorganismes en suspension dans l'eau de mer, qu'elle filtre grâce à son système choanocytaire*.
La reproduction sexuée n'a pas été spécifiquement étudiée chez cette espèce.
Chez les Démosponges, les gamètes* mâles sont émis généralement en pleine eau par les orifices exhalants. La rencontre avec les gamètes femelles se fait soit en pleine eau, soit à l'intérieur d'une autre éponge où les gamètes mâles sont entraînés par le courant d'eau.
L'éponge "femelle" expulse par ses orifices exhalants, selon les espèces : des gamètes femelles, des œufs fécondés, ou même de petites larves* après une courte incubation.
Quel que soit le mode de fécondation, la fusion des gamètes donne classiquement chez les Démosponges, une petite larve parenchymella*, qui après une courte phase de vie mobile, se dépose sur le substrat où elle donnera éventuellement une nouvelle éponge si les conditions s'y prêtent.
La structure de Oceania sagittaria, avec sa tige surmontée d'un "chapeau" est unique parmi les éponges. Ces "chapeaux" ont été observés flottant entre deux eaux. Cette observation a permis de comprendre leur rôle. Il s'agirait finalement d'une reproduction asexuée. En effet, le capitulum est capable de se détacher, de dériver sur une certaine distance et de reformer une nouvelle éponge lorsqu'il retombe sur le fond.
La surface de la tige (fistule) est couverte de mucus qui agglomère des particules vaseuses et du substrat environnants.
De nombreux organismes, parmi les éponges, les tuniciers, les mollusques et les cnidaires, produisent des alcaloïdes qui ont un rôle de défense chimique contre les prédateurs. Ces substances, des pyridoacridines, sont produites par des bactéries symbiotiques* vivant dans les cellules de leur hôte. Dans le cas de Oceanapia sagittaria, ces bactéries vivent dans les tissus de l'éponge et non pas à l'intérieur des cellules. Différents pyridoacridines ont été trouvés chez l'éponge-pompon, dont certains ont un rôle anticancéreux.
Le squelette de l'éponge est constitué de fibres de spongine*, en faible quantité, et de pièces siliceuses, les spicules*. Les mégasclères* sont représentées par des grands oxes* courbés de 330 à 390 µm de longueur pour 9 à 12 µm de diamètre. Il y a également 3 types de microsclères* : des sigmas* (en forme de C inversé) de 8 à 22 µm de longueur pour 0,5 à 2 µm de diamètre, de longs toxes* (en forme de boomerang) de 28 à 68 µm de longueur pour 0,5 à 2,5 µm de diamètre et des toxes noueux (toxes avec un renflement en leur centre) de 8 à 23 µm de longueur pour 0,5 à 1,5 µm de diamètre.
La membrane du capitulum est très fragile et le moindre mouvement d'eau (coup de palme, courant) la détruit.
Eponge-pompon caractérise le capitulum, qui ressemble à un pompon.
Oceanapia : origine obscure, probablement dérivée de Okeanos, divinité grecque : le fleuve Océan.
sagittaria : du latin [sagitta] = flèche. Probablement en référence à la tige de cette éponge, qui émerge du substrat* comme une flèche.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Haplosclerida | Haplosclérides | « Eponges à spicules simples ». Squelette formé de spicules* qui s’arrangent en formant un réseau de mailles polygonales, parfois renforcé par de la spongine. Mégasclères* de type oxes*, parfois des microsclères* (sigmas*, toxes*). |
Famille | Phloeodictyidae | Phloéodictyidés | Eponges à squelette superficiel formant un réseau tangentiel d'oxes* ou de strongyles*. Le squelette interne est un réseau isotropique* d'oxes ou de strongyles. |
Genre | Oceanapia | ||
Espèce | sagittaria |
Pompon rose
La couleur rose de cette espèce est la plus fréquente.
Philippines, 27 m
15/02/2008
Ou rouge
Oceanapia sagittaria se résume pour le plongeur à une tige surmontée d'un pompon !
Papua Barat, Indonésie, 8 m
13/12/2010
Tête
Le pompon (ou capitulum*) est translucide et laisse voir par transparence le réseau de canaux exhalants qui débouchent chacun par un oscule*, au niveau de la membrane périphérique.
Togian, Sulawesi, Indonésie, 12 m
13/04/2006
Face cachée
La majorité de l'éponge se trouve enfouie dans le sédiment, dont ne dépassent que quelques tiges (fistules) surmontées ou non d'un pompon (capitulum*).
Dauin, Philippines, 15 m
01/08/2012
Partiellement cachée
La tige est couverte de mucus qui agrège les sédiments.
Mayotte, 10 m
26/07/2009
Dispersion
Les pompons sont capables de se détacher de la tige. Ils peuvent alors dériver dans l'eau et reconstituer une éponge lorsqu'ils retomberont sur le fond.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 15 m
17/06/2012
Chapeau dérivant entre deux eaux
Ce "chapeau" faisait environ 3-4 cm de diamètre et flottait en pleine eau.
Les observations de ce phénomène ont permis d'imaginer le rôle de ces "chapeaux". Il s'agirait finalement d'une reproduction asexuée. En effet, le capitulum est capable de se détacher, de dériver sur une certaine distance et de reformer une nouvelle éponge lorsqu'il retombe sur le fond.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 5 m sous la surface
20/05/2015
Croissance
Sur cette photo on voit certains pompons en formation.
Koh Tao, Thaïlande, 1,5 m
12/04/2013
Très fragile
La membrane du pompon est extrêmement fragile et le moindre mouvement d'eau un peu fort (courant, coup de palme) peut l'arracher. Sur cette photo, la membrane a disparu et les canaux exhalants apparaissent libres.
Papua Barat, Indonésie, 10 m
13/12/2010
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Kijjoa A., Wattanadilok R., Campos N., São José Nascimento M., Pinto M., Herz W., 2007, Anticancer activity evaluation of kuanoniamines A and C isolated from the marine sponge Oceanapia sagittaria, collected from the Gulf of Thailand, Marine Drugs, 5(2), 6-22.
Hooper J.N.A., Kelly-Borges M., & Riddle M., 1993, Oceanapia sagittaria from the gulf of Thailand, Memoirs of the Queensland Museum, 33(1), 61-72.
Salomon C.E., Deerinck T., Ellisman M.H., & Faulkner D.J., 2001, The cellular localization of dercitamide in the Palauan sponge Oceanapia sagittaria, Marine Biology, 139, 313-319.
La page d'Oceanapia sagittaria sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires est ici : World Porifera Database