Tiges dressées
Expansions latérales en toits de pagode
Blanc grisâtre à rosâtre
Foliolina peltata Schmidt, 1870
Atlantique tropical Est et Ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesOn trouve cette éponge de la Floride au Panama, au Brésil et sur les côtes ouest africaines.
Oceanapia peltata vit dans les poches de sable grossier ou de gravier en zone récifale, jusqu'à 100 m de profondeur. On la trouve aussi dans les herbiers à faible profondeur entre 1 et 6 m, parfois en peuplements assez denses.
La partie visible de cette éponge se présente comme un groupe de tiges dressées, charnues, creuses, et s'évasant de façon irrégulière en lamelles superposées (certains auteurs parlent de formations en toits de pagode). Chaque tige peut faire 1 à 3 cm de diamètre pour une hauteur de 5 à 15 cm dépassant du sable. La couleur est grisâtre ou blanche, se colorant parfois de rose ou rougeâtre.
La surface est rugueuse, souvent incrustée de débris divers. La consistance est fibreuse, avec une certaine rigidité, néanmoins elle peut casser assez facilement.
On ne distingue aucun orifice, ni sur la "tige", ni au sommet, ni sur les lamelles.
La plus grande partie de l'éponge se trouve enfouie dans le sable comme un gros tubercule* plus ou moins sphérique, de 5 à 10 cm de diamètre, pourvu de quelques expansions tubulaires en forme de racines à sa partie inférieure.
Comme la plupart des éponges, Oceanapia peltata est microphage* : elle se nourrit des particules et microorganismes en suspension dans l'eau de mer, qu'elle filtre grâce à son système choanocytaire*.
La reproduction n'a pas été spécifiquement étudiée.
Chez les Démosponges, les gamètes* mâles sont émis généralement en pleine eau par les orifices exhalants. La rencontre avec les gamètes femelles se fait soit en pleine eau, soit à l'intérieur d'une autre éponge où les gamètes mâles sont entraînés par le courant d'eau.
L'éponge "femelle" expulse par ses orifices exhalants, selon les espèces : des gamètes femelles, des œufs fécondés, ou même de petites larves après une courte incubation.
Quel que soit le mode de fécondation, la fusion des gamètes donne classiquement chez les Démosponges, une petite larve parenchymella*, qui après une courte phase de vie mobile, se dépose sur le substrat où elle donnera éventuellement une nouvelle éponge si les conditions s'y prêtent.
Mais les orifices exhalants d'Oceanapia peltata n'étant pas en communication avec la colonne d'eau, le mode d'expulsion des gamètes ou d'évacuation des larves reste inconnu.
Elles sont souvent le support de très nombreux hôtes épibiontes*: ophiures, sabelles, hydraires, ascidies, algues calcaires, petits crustacés... s'installent sur et entre les tiges et forment de petits îlots de biodiversité au milieu d'une étendue sableuse.
Selon certaines observations, à peu près 50 % de la masse enfouie de l'éponge serait composée de bactéries ! Leur rôle est mal connu, mais probablement important dans le métabolisme et l'assimilation des nutriments absorbés par l'éponge. Le complexe formé par l'organisation interne de l'éponge (canaux, chambres choanocytaires...) et ses hôtes porte le nom de "bactériosponge".
Des expériences faites avec une matière colorante en suspension près des tubes, ont montré l'absorption du colorant par des ostioles* minuscules disposés sur les tubes extérieurs, mais le colorant ne ressortait nulle part. C'est seulement après avoir insisté et rajouté du colorant qu'après quelques temps, le sable autour de l'éponge se mit à "fumer", montrant ainsi que l'éponge-pagode pompe l'eau par ses tubes externes et l'évacue à l'intérieur du substrat.
La présence et l'activité d'une éponge de ce type sur un fond de sable joue ainsi un rôle écologique non négligeable en modifiant son environnement : avec l'introduction permanente d'eau et de matières fines en suspension, elle contribue à stabiliser et enrichir un substrat meuble et à favoriser l'implantation d'autres organismes fixés.
Le squelette de l'éponge est constitué de fibres ramifiées, incrustées de spicules mégasclères* (grands oxes* courbés).
Le nom d'éponge-pagode a été proposé par l'équipe DORIS, à cause de la forme très singulière des tiges externes avec leurs expansions latérales superposées.
Oceanapia : origine obscure, probablement dérivée de Okeanos, divinité grecque : le fleuve Océan.
peltata (latin) signifie aplati, en forme de bouclier, à cause des expansions lamelleuses sur les côtés des tiges externes.
Numéro d'entrée WoRMS : 166984
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Haplosclerida | Haplosclérides | « Eponges à spicules simples ». Squelette formé de spicules* qui s’arrangent en formant un réseau de mailles polygonales, parfois renforcé par de la spongine. Mégasclères* de type oxes*, parfois des microsclères* (sigmas*, toxes*). |
Famille | Phloeodictyidae | Phloéodictyidés | Eponges à squelette superficiel formant un réseau tangentiel d'oxes* ou de strongyles*. Le squelette interne est un réseau isotropique* d'oxes ou de strongyles. |
Genre | Oceanapia | ||
Espèce | peltata |
Toits de pagode
Les tiges externes de cette éponge trouvée dans un herbier sont rose vif. La base des tiges est recouverte d'un encroûtement de bryozoaires rouge-brun.
Nord caraïbes, Martinique, 18 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
30/09/2010
Au pied du récif
Le pied invisible de cette éponge est enfoncé dans un gravier grossier. La coloration est presque brune.
Cap la Baleine, Martinique, 14m
16/12/2008
Dépigmentée
Cette éponge trouvée dans une grotte semi-obscure formée par un énorme bloc rocheux (éboulis) est presque blanche. Ce qui suggère que la coloration des individus vivant à la lumière pourrait être liée à la présence d'algues symbiotiques.
Pointe Lézarde, Martinique, 19 m
10/12/2010
Première description (Foliolina peltata)
Entourée d'un cercle rouge, voici notre éponge avec sa forme caractéristique en toits de pagode. C'est la seule partie de l'éponge qui a été connue pendant une centaine d'années !
Planche extraite de Schmidt O., 1870, GRUNDZÜGE EINER SPONGIEN-FAUNA DES ATLANTISCHEN GEBIETES, ed.Wilhelm Engelmann, Leipzig, 97p.
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Reproduction de documents anciens
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Spicules
Les grands oxes légèrement courbés d'Oceanapia peltata.
(Photo prise au microscope)
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Squelette
Les spicules sont arrangés le long des fibres en écheveaux, qui se ramifient parallèlement à la surface extérieure.
(Photo prise à la loupe binoculaire)
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Rédacteur principal : Anne PROUZET
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Anne PROUZET
Collin R., Diaz M.C., Norenburg J., Rocha R.M., Sanchez J.A., Schultz A., Schwartz M., Valdés A., 2005, Photographic Identification Guide to Some Common Marine Invertebrates of Bocas Del Toro, Panama, Caribbean Journal of Science, 41 (3), 638-707.
Lévi C., 1960, Spongiaires des côtes occidentales africaines, Bulletin de l’Institut français d’Afrique noire (Série A, Sciences naturelles), 22 (3), 743-769.
Rützler K., 1997, The role of psammobiontic sponges in the reef community, Proceedings of the 8th International Coral Reef Symposium, 2, 1393-1398.
Werding B., Sanchez H., 1991, Life habits and functional morphology of the sediment infaunal sponges Oceanapia oleracea and Oceanapia peltata (Porifera, Haplosclerida), Zoomorphology, 110 (4), 203-208.
La page d'Oceanapia peltata sur le site de référence de DORIS pour les Spongiaires est ici : World Porifera Database
La page d'Oceanapia peltata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN