Noctiluque

Noctiluca scintillans | (Macartney) Kofoid & Swezy, 1921

N° 2678

Cosmopolite en zone côtière, eau chaude comme froide

Clé d'identification

Organisme unicellulaire de forme sphéroïde de 400 à 1 500 µm
Présence d’une longue expansion cytoplasmique à la base d’un sillon de taille modérée mais profond
Présente un noyau bien contrasté à la base du tentacule
Stries cytoplasmiques fines partant du noyau et s’étendant vers la périphérie de la cellule
Flashes bleutés par agitation des bras en plongée de nuit

Noms

Noms communs internationaux

Sea sparkle (GB), Noctiluca (I), Meeresleuchten (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Medusa marina Slabber, 1771
Medusa scintillans Macartney, 1810
Noctiluca miliaris Suriray, 1816
Mammaria scintillans Ehrenberg, 1834
Noctiluca marina Ehrenberg, 1834

Distribution géographique

Cosmopolite en zone côtière, eau chaude comme froide

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Caraïbes, ● Indo-Pacifique, ● Atlantique Nord-Ouest

Cette espèce est cosmopolite, dans toutes les mers du globe principalement en eaux peu profondes (le long des côtes, dans les estuaires).

Biotope

C'est une espèce planctonique* présente dans les zones néritiques*.

Description

Cet organisme unicellulaire de forme sphérique est assez grand mais difficilement visible à l’œil nu (diamètre entre 400 et 1 500 µm) car il est généralement transparent.
Les détails peuvent être discernés au microscope à faible grossissement. Noctiluca scintillans possède une longue expansion cytoplasmique contractile caractéristique.

A sa base, on observe un petit sillon assez profond. Sous ce sillon, près du tentacule on peut distinguer le noyau sous forme d’une masse sombre d’où partent des stries cytoplasmiques qui s’étendent vers la périphérie de la cellule.

Cette espèce non photosynthétique* peut contenir certains symbiontes* photosynthétiques pouvant dans certains cas induire une légère coloration verte.

Espèces ressemblantes

Aspect macroscopique :
La coloration de l’eau rose à rouge orange (marée rouge) peut aussi être due à d’autres espèces de Dinobiontes, embranchement d'unicellulaires possédant deux flagelles, (Alexandrium spp., Goniolax spp., Karenia brevis). Une observation au microscope est nécessaire pour confirmer la présence de N. scintillans.

Bioluminescence :
D’autres espèces peuvent conduire à une émission de lumière, comme un autre Dinobionte : Pyrocystis lunula ou encore certaines bactéries.

Aspect microscopique :
D’autres représentants des Noctilucales sont semblables à N. scintillans comme Spatulodinium pseudonoctiluca qui est néanmoins plus petite (< 200 µm).

Alimentation

N. scintillans est un Dinobionte non photosynthétique hétérotrophe*. Il se nourrit principalement de petits organismes planctoniques* comme les diatomées, d’autres Dinobiontes ou encore de bactéries par phagocytose* (Sournia 1986).

Reproduction - Multiplication

Noctiluca scintillans se reproduit de manière asexuée par fission de l’organisme mais aussi de manière sexuée en produisant des gamètes* (Zingmark 1970). Son cycle de vie est diploïque* : les cellules végétatives* sont diploïdes* alors que les gamètes* sont haploïdes*, ce qui est typique des Dinobiontes (Gymnodinoides, avec deux flagelles différenciés).
Les gamètes fusionnent pour donner un zygote* tétraflagellé, qui évolue ensuite vers la forme végétative (Fukuda 2006).

Divers biologie

Les blooms* de N. scintillans sont relativement fréquents dans toutes les mers du globe près des côtes, lorsque les eaux se réchauffent en été, mais cet organisme est néanmoins présent toute l’année. Un bloom en mer d’Iroise (entre Brest et la pointe du Raz) visible en surface sous forme de traînées rouges a été bien documenté par Lefèvre (Lefèvre 1970). En surface, le nombre d’individus par litre d’eau de mer s'est élevé à 2 400 000 ! Il est généralement admis que la coloration rouge s’observe à partir d’un million et demi d’individus par litre. Même si N. scintillans ne sécrète pas de toxines à proprement parler, des épisodes de forte mortalité de poissons et d’invertébrés ont été décrits lors de blooms et sont principalement dus à la libération de fortes quantités d’ammoniaque et à une diminution de la concentration en dioxygène dissous (Umani 2004).

N. scintillans est une espèce présentant une forte bioluminescence*. En effet, lors de proliférations importantes, une lumière bleue assez intense est facilement détectable à l'œil nu. L’agitation de flacons de prélèvement de plancton lors de tels épisodes est capable d’éclairer brièvement une table ! Lors des plongées de nuit, en occultant les sources lumineuses et en agitant fortement le bras, les turbulences ainsi générées induisent souvent l’apparition de petits flashes bleutés qui sont la plupart du temps dus à N. scintillans. Cette bioluminescence est due à une réaction enzymatique entre sa luciférase (protéine) et sa luciférine. Attention, on peut lire dans certains ouvrages que N. scintillans est « fluorescente » ou « phosphorescente », mais c’est inexact car ces deux phénomènes nécessitent un éclairage préalable alors que la bioluminescence non.

N. scintillans est un maillon essentiel de la chaîne alimentaire pélagique*, elle consomme une grande quantité de bactéries et diatomées et est consommée par les copépodes et les méduses.

Elle a une forte capacité à flotter, et peut réguler sa flottabilité (descendre ou monter dans la colonne d’eau) en modulant les concentrations intracellulaires en ions légers comme le potassium et plus lourds comme les ions calcium et magnésium.

Informations complémentaires

C’est la première espèce de Dinobionte à avoir été décrite par Bake en 1753, mais elle a été initialement classée parmi les méduses, et c’est Haeckel en 1873 qui a suggéré de l’intégrer chez les dinoflagellés. Ces derniers ne présentent pas au stade adulte les deux flagelles caractéristiques des Dinobiontes. Ces organismes sont intéressants car ils se situent à la frontière entre ce qui est (était…) appelé végétal et animal. Ainsi, les zoologistes et les botanistes se sont disputé leur étude, donnant lieu à une nomenclature botanique (Dinophytes) et zoologique (Dinoflagellés). Les données actuelles nous conduisent à parler aujourd’hui de Dinobiontes (Perez 2009).

En cas de prolifération excessive, cette espèce est responsable d’une coloration rose à rouge-orange de l’eau (marée rouge). N. scintillans est bioluminescente, c’est-à-dire qu’elle est capable de produire des flashes lumineux suite à un stress mécanique et peut donc être visible de nuit dans le sillage des bateaux ou après agitation manuelle de l’eau.

Origine des noms

Origine du nom français

Francisation du nom de genre latin.

Origine du nom scientifique

Noctiluca : du latin [nocte] = nuit et [lux] = lumière, lumière la nuit.

scintillans : du latin [sintilllo] = brillant, jetant des éclats de lumière.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 109921

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Myzozoa ou Mastigophora Myzozoaires

Unicellulaires possédant un ou plusieurs flagelles. Certains possèdent des chloroplastes et sont photosynthétiques.

Classe Dinophyceae Dinophycées Deux flagelles, thèque le plus souvent cellulosique et solide, noyau de type dinocaryon, pigment rouge orangé caractéristique : la péridinine.
Ordre Noctilucales Noctilucales Noyau ne présentant pas de caractère dinocaryon* chez l’adulte mais présent dans les gamètes. De même les deux flagelles ne sont pas présents chez l’adulte.
Famille Noctilucaceae Noctilucacées Forme globuleuse, tentacule présent, thèque absente.
Genre Noctiluca
Espèce scintillans

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