Adulte
Petit papillon de 5,6 à 7,6 mm de longueur
Ailes antérieures unies gris foncé avec deux taches jaunes relativement grandes
Ailes disposées en forme de toit sur l'abdomen quand l'animal est au repos
Larve
Vit dans un filet-piège en eau à débit peu rapide
Filet en forme d'entonnoir se terminant par une cachette tubulaire coudée
Souvent plusieurs filets côte à côte, fixés sur des végétaux, des débris ou des pierres
Adultes : Trichoptère
Caddisfly pour les adultes ; Caddisworm pour les larves (GB), Schietmot (NL)
Phryganea bimaculata Linnaeus, 1758
Phryganea tigurinensis Fabricius, 1798
Phryganea noctuaeformis Schrank, 1802
Polycentropus concolor Burmeister, 1839
Anticyra robusta Walker, 1852
Philopotamus variegatus Schoch, 1884
Eaux douces d'Europe et de tout l'hémisphère nord, hors zones tropicales
Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-OuestCosmopolite
Répartition holartique (tout l'hémisphère nord à l'exception de la zone tropicale).
On retrouve les adultes entre fin mai et fin septembre à proximité des petits ruisseaux et des grandes rivières des plaines subalpines à boréales, y compris près des rapides et des exutoires de lacs. L'alimentation par filtration limite les larves aux eaux courantes lentes. Sur la végétation aquatique enracinée, les larves utiliseront toute la colonne d'eau.
Adulte
Les trichoptères sont des insectes ptérygotes. Cela signifie qu'ils sont pourvus d'ailes. Le thorax est constitué de trois segments portant chacun une paire de pattes. Les segments 2 et 3 portent en plus chacun une paire d'ailes. Une des caractéristiques des trichoptères est d'avoir les ailes disposées en forme de toit sur l'abdomen quand l'animal est au repos.
Les adultes de Neureclipsis bimaculata sont des petits papillons de 5,6 à 7,6 mm de longueur, dotés de deux paires d'ailes velues, d'un gris brunâtre terne, repliées en forme de toit sur l'abdomen au repos. Les ailes postérieures sont plus larges que les antérieures. L'aile antérieure porte deux taches jaunes relativement grandes qui peuvent être plus ou moins confluentes.
La femelle est légèrement plus grande que le mâle. Les pattes sont longues et fines, avec des tarses à cinq articulations. Les segments de jambe tibiale peuvent porter un nombre variable d'éperons. Les antennes sont longues et articulées, avec un grand segment basal. De grands yeux composés sont présents.
Larve
On distingue facilement la tête, le thorax et l'abdomen. Les axes de la tête et du corps forment un angle qui confère à la tête une position hypognathe (dont les pièces buccales sont dirigées vers la face ventrale). Cette position est caractéristique des larves de type éructiforme ( = en forme de chenille). Le thorax est composé de trois segments dont le premier est sclérifié* et les deux autres membraneux. Chacun porte une paire de pattes à cinq segments. L'abdomen est allongé et composé de neuf segments bien individualisés et mous. Certains segments, thoraciques ou abdominaux, peuvent porter des branchies dont les caractéristiques permettront d'identifier les genres ou même les espèces dans l'ordre des trichoptères. Le neuvième et dernier segment abdominal se termine par des prolongements charnus nommés pygopodes. Ces pygopodes sont pourvus de griffes longues et arquées qui servent à la larve pour se maintenir dans son filet.
La larve est strictement aquatique et vit à l'abri d'un filet-piège en forme d'entonnoir, de mailles relativement lâches, qu'elle tisse à l'aide de la soie qu'elle sécrète. Ce filet de capture est élaboré dans des cours d'eau de faible débit pour piéger de petites proies dérivantes. La larve adapte la taille du filet en fonction de la vitesse du courant et des ressources nourricières disponibles. Sa structure est le résultat d'un compromis entre maximiser la capture de nourriture et minimiser le stress hydraulique sur le filet. La partie antérieure est fixée au support et maintenue béante grâce à l'action du courant. Le filet se rétrécit vers l'arrière, se coude puis se termine en un cul de sac au fond duquel se tient l'animal. Les détails de la taille et de la forme du filet sont variables et sont influencés par le stade larvaire, la vitesse du courant, l'abondance de nourriture et la forme du substrat. Ces filets de longueurs variables constituent en principe un refuge permanent et fixe pour la larve qui n'en édifie un nouveau que lorsque le précédent est détruit. La partie terminale où réside la larve est la seule partie du filet qui est entretenue tout au long de l'année. Les autres parties ne sont réparées que si nécessaire.
Les particules en suspension parcourent la longueur du filet et s'accumulent au niveau du coude, à l'entrée du tube d'habitation.
Les trichoptères adultes sont souvent confondues avec de petits papillons de nuit. Les confusions entre les 300 espèces de trichoptères recensées en France sont faciles.
La larve de Neureclipsis bimaculata peut être confondue en Amérique du Nord avec celle de N. crepuscularis et N. valida. Les larves de N. crepuscularis tissent des filets dans les mêmes conditions de courants que N. bimaculata tandis que celles de N. valida tolèrent des vitesses de courants supérieures.
Au cours de sa vie aérienne, Neureclipsis bimaculata peut se nourrir malgré un appareil buccal de type suceur-lécheur en régression. Ces papillons sont capables de butiner des fleurs ou de se nourrir d'eau sucrée.
La larve a un régime essentiellement carnivore. Les résidus végétaux ou détritiques retrouvés dans son tube digestif proviennent probablement du contenu intestinal des proies. Les proies sont de tailles variables mais peuvent être assez grosses. Ce seront essentiellement des rotifères, des copépodes, des cladocères, ou même des insectes. La périodicité saisonnière de la construction des filets par Neureclipsis bimaculata correspond bien aux fluctuations saisonnières de densité des espèces de zooplancton*. La plupart des populations de zooplancton atteignent leur densité maximale entre avril et octobre, en particulier les populations de cladocères.
Bien que les matières animales représentent une fraction négligeable du seston*, elles sont largement majoritaires dans le tractus* digestif des larves. Ceci indique que les larves réagissent en prédateurs aux vibrations ou à l'impact des intrus dans leurs filets.
Cela a été confirmé en laboratoire en étudiant la réponse des larves à la capture de nourriture par les filets. Quand une proie est capturée dans le filet, les vibrations du filet sont détectées par les soies des pattes et des pièces buccales. La larve lève alors la tête et commence à bouger (phase d'éveil). Si la perturbation est intense, la larve se déplace vers l'arrière de la retraite pour se protéger. Sinon, elle se déplace vers le coude du filet (phase de déplacement) à la rencontre de la proie qu'elle capture avec ses mandibules (phase de capture). Elle ramène rapidement la proie vers la zone de retraite (phase de retraite avec la proie). Dans la zone de retraite ou dans le coude, la larve utilise les pattes thoraciques et les pièces buccales pour manipuler la proie (phase de manipulation) et semble sécréter de la soie pour aider à l'immobiliser. Après s'être nourrie (phase d'ingestion), les restes de la proie (par exemple la carapace de Cladocera) restent fixés à la paroi dans le coude du filet ou dans la zone de retraite. La larve tisse alors une nouvelle portion de toile dessus et les anciens morceaux de filet sont arrachés. Les larves ne s'aventurent que rarement jusqu'à l'entonnoir en réponse à une proie, bien qu'à d'autres moments, elles puissent être trouvées sur l'entonnoir en comblant les trous ou en élargissant le filet.
L'accouplement a généralement lieu au sol ou sur la végétation. Les œufs sont enrobés d'une substance gélatineuse. La femelle s'enfonce sous l'eau pour les déposer en masses sur la végétation ou sous les pierres. La durée de développement embryonnaire* dans l'œuf va être étroitement dépendante de la température. La plupart du temps, l'éclosion a lieu quelques jours après la ponte.
Le développement à partir de l'embryon comprend plusieurs stades larvaires et un état nymphal* qui aboutit au stade adulte (imago*).
Après éclosion, la larvule, puis la larve, va subir quatre mues*. Il y aura donc cinq stades larvaires. Les larvules du premier stade sont nageuses et la construction du filet-piège ne commence qu'au stade II. Les parties molles de l'abdomen ont une croissance continue tandis que les parties chitinisées comme le thorax ne s'accroissent qu'au moment de la mue*. La vie larvaire dure de 9 à 10 mois. Le dernier stade larvaire se termine par la mue* nymphale*.
La nymphe* est enfermée dans un fourreau et mène une vie aquatique active. Ses mouvements assurent une circulation d'eau dans le fourreau afin de pourvoir aux besoins respiratoires. La vie nymphale dure de deux à quatre semaines. La nymphe mature déchire son fourreau à l'aide de ses puissantes mandibules et émergera à la surface pour trouver un support où se déroulera la mue imaginale*. La plupart du temps, c'est durant la nuit que naîtra l'imago*. Ce dernier cherche aussitôt un partenaire pour l'accouplement. La durée de vie de l'adulte varie d'une semaine à deux mois environ.
On compte généralement une seule génération de Neureclipsis bimaculata par année, mais la durée du cycle vital peut varier et certaines populations ont un cycle étalé sur deux années.
La larve possède dans la région céphalique une glande séricigène (ou glande labiale) qui s'étend jusque dans l'abdomen. La soie sécrétée par cette glande est émise en deux filaments et sert à tisser le filet-piège.
On connaît environ 13600 espèces de trichoptères, 382 seraient présentes en France. Ce sont des insectes crépusculaires qui seront facilement attirés par la lumière artificielle. Certaines espèces apparaissent comme de bons indicateurs d'une qualité satisfaisante des cours d’eau.
Comme les truites capturent des adultes volants, les phryganes sont souvent utilisées comme modèles pour les mouches artificielles utilisées dans la pêche.
Polycentrope : francisation du nom de famille Polycentropidae.
bimaculé : pour évoquer les deux taches présentes sur les ailes de l'imago.
Neureclipsis : McLachlan n'a pas donné d'indices sur l'étymologie dans sa description du genre en 1864. Il est probable que [Neur] fait référence à la nervation des ailes ("Neuration" en anglais) et [Eclipsis] du grec [ekleipsis] signifie absence, manque, disparition et fait référence à l'absence d'une nervation spécifique du genre au niveau de l'aile antérieure. Cela est d'ailleurs indiqué par Rémy Perrier dans le fascicule III de Faune de France.
bimaculata : en référence aux deux taches jaunes portées par les ailes antérieures.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Hexapoda | Hexapodes | Arthropodes à six pattes. Ce sont les insectes au sens large. |
Classe | Insecta | Insectes | Hexapodes terrestres et dulcicoles possédant trois paires de pattes et deux paires d’ailes (sauf chez les Diptères). |
Sous-classe | Pterygota Neoptera | Ptérygotes Néoptères | Insectes ailés dont les ailes sont rabattues au repos. L'immense majorité des insectes. |
Ordre | Trichoptera | Trichoptères | Insectes aux ailes poilues dont le stade larvaire est dulcicole. La larve charrie souvent un étui protecteur, ou se réfugie dans un trou dont l'entrée est marquée par un filet. |
Genre | Neureclipsis | ||
Espèce | bimaculata |
Long piège
Un piège particulièrement long, exposé à un courant assez important. La larve tisse ce filet-piège à l'aide de soie qu'elle sécrète. Elle se tient immobile à l'abri de l'extrémité tubulaire du filet et reste le plus souvent invisible. Les vibrations engendrées par la capture d'une proie vivante la feront sortir de son abri pour aller capturer sa proie au niveau du coude qui suit l'entrée en forme d'entonnoir. La larve ramènera la proie dans son abri avant de la consommer.
Canal de Jonage, Décines-Charpieu (69), 1 m
10/04/2021
En groupe
Sur une brindille immergée, quelques individus côte à côte. Les filets-pièges s'ouvrent à l'opposé du sens du courant afin de collecter les proies. Ils collectent aussi toutes sortes de particules qui les recouvrent et leur donnent la couleur dominante du sédiment.
Canal de Jonage, Décines-Charpieu (69), 1 m
10/04/2021
Large ouverture
Sur une roche, le piège à plat. La large ouverture suggère que ce piège a été tendu dans une zone où le courant est faible afin de maximiser les chances de captures.
Canal de Jonage, Décines-Charpieu (69), 1 m
10/04/2021
Nombreuses ouvertures
Face au courant, rassemblées sur une branche immergée, les ouvertures d'un grand nombre de pièges.
Canal de Jonage, Décines-Charpieu (69), 1 m
10/04/2021
Larve
De haut en bas : larve de Neureclipsis bimaculata vue de dessus, de profil et de dessous. On remarque que les pattes sont portées par les trois segments du thorax dont seul le premier est sclérifié*, les deux autres étant membraneux. Le neuvième et dernier segment abdominal se termine par des excroissances charnues appelées pygopodes et portant des griffes longues et arquées. Ces dernières permettent à la larve de se maintenir fermement dans le filet.
Cette image est sous Creative Commons licence CC BY 4 et peut être téléchargée sur le site de son auteur : Macroinvertebrates.org
Loupe binoculaire
13/03/2024
Adulte (imago)
C'est un petit papillon de 5,6 à 7,6 mm de longueur. Le thorax est constitué de trois segments portant chacun une paire de pattes. Les segments 2 et 3 portent en plus chacun une paire d'ailes. Une des caractéristiques est d'avoir les ailes disposées en forme de toit sur l'abdomen quand l'animal est au repos. Les ailes postérieures sont plus larges que les antérieures. L'aile antérieure porte deux taches jaunes relativement grandes qui peuvent être plus ou moins confluentes.
Cette image est sous Creative Commons licence CC BY 4 et peut être téléchargée sur le site de son auteur.
Oslo (Norvège)
15/12/2020
Mâle et femelle
La femelle est légèrement plus grande que le mâle. Les pattes sont longues et fines, avec des tarses à cinq articulations. Les segments de jambe tibiale peuvent porter un nombre variable d'éperons. Les antennes sont longues et articulées, avec un grand segment basal. De grands yeux composés sont présents.
Cette image est sous Creative Commons licence CC BY 4 et peut être téléchargée sur le site de son auteur.
Oslo (Norvège)
15/12/2020
Rédacteur principal : Jacques COVES
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Vérificateur : Frederick JACOB
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
von Frisch K., 1974, Architecture animale, Albin Michel, 345p.
Richardson J.S., Clifford H.F., 1983, Life history and microdistribution of Neureclipsis bimaculata (Trichoptera: Polycentropodidae) in a lake outflow stream of Alberta, Canada, Can. J. Zool., 61, 2434-2445.
Richardson J.S., 1984, Prey selection and distribution of a predaceous, net-spinning caddisfly, Neureclipsis bimaculata (Polycentropodidae), Can. J. Zool., 62, 1561-1565.
Petersen R.C., Petersen L. B.-M., Wallace J.B., 1984, Influence of velocity and food availability on catchnet dimensions of Neureclipsis bimaculata (Trichoptera: Polycentropodidae), Holartic Ecology, 7, 380-389.
Faessel B., 1985, Les
trichoptères, données biologiques, éthologiques et écologiques. Clés de
détermination larvaire des familles et principaux genres de France, Bull. Fr. Pêche Piscic., 299, 1-41.
La page de Neureclipsis bimaculata dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN