Petite tête en forme de casque
Corps ovale, segmenté et convexe
Brunâtre avec 2 bandes longitudinales jaunes sur le dos
Péréiopodes terminés par des crochets
Abdomen court et large
Isopode Gordini (en référence aux deux bandes légendaires du modèle de voiture), pou de poisson, pou de mer, nérocile à 2 raies
Fish-fea (GB), Piojo de mar (E), Pulce di mare (I), Fischassel, Fischlaus, Meerassel (D)
Cymothoa bivittata Risso, 1816
Méditerranée, mer Noire, mer du Nord, Atlantique Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]C'est une espèce européenne principalement méditerranéenne, mais présente aussi en mer Noire. On la retrouve en particulier sur toutes les côtes françaises de Métropole.
Elle a été signalée en Belgique, dans le golfe de Gascogne et aux Canaries.
En Méditerranée, des études ont été faites sur les côtes du Liban, de Turquie et d'Algérie.
Nerocila bivittata est un ectoparasite* des poissons marins. II vit fixé le plus souvent sur le pédoncule* caudal ou sur la nageoire caudale de son hôte.
Nerocila bivittata comporte une tête, un thorax, un abdomen et sept paires de pattes.
Le corps est ovale, légèrement bombé, segmenté et convexe. Il est aplati dorso-ventralement. Son bord frontal est horizontal et ses antennes courtes sont très éloignées l'une de l'autre, à leur base. Il est de couleur brunâtre luisante avec deux bandes longitudinales jaunes à marron très clair sur sa face dorsale et il porte aussi des taches de couleur identique sur les bords latéraux du corps. Les segments qui le constituent sont articulés.
La tête (céphalon*) sans cou est petite en forme de casque triangulaire. Elle est reçue à sa base dans une échancrure du premier segment. Les yeux sessiles* sont peu distincts si ce n'est par la présence de deux taches noirâtres. Elle possède des antennules*, des antennes et une paire de maxillipèdes*. La présence d'un appendice mobile sur la mandibule* caractérise de nombreux crustacés suceurs.
Le thorax (péréion*) possède sept segments avec sept paires de péréiopodes* terminés par des crochets, très acérés, qui permettent à cet ectoparasite* de se fixer sur les poissons-hôtes. Il porte latéralement d'imposants prolongements pointus de ses plaques coxales*, dirigés vers l'arrière du corps. Les trois premiers segments sont arqués en arrière, les trois suivants ont le bord postérieur droit et le dernier est fortement échancré.
L'abdomen (pléon*) est court et large. Il est composé de six petits segments, porteurs d'épines sous les appendices latéraux, et le dernier, le plus grand, est presque carré et dispose de deux petites échancrures postérieures. Le bord latéral des deux premiers segments abdominaux est muni de piquants. Il est très légèrement rétréci dans sa partie postérieure.
Les femelles atteignent une longueur de 35 mm ; les mâles sont deux fois plus petits.
Nerocila est un genre important dans la famille des Cymothoïdés, avec 42 espèces connues.
Nerocila orbignyi (Guérin-Méneville, 1832) [syn Nerocila maculata (Milne Edward, 1840)], seule autre espèce du même genre en France métropolitaine, est de couleur uniforme ou tachetée, avec un rétrécissement arrière. Chez cette espèce, les angles postérieurs du second segment thoracique libre ne sont pas prolongés en pointe et les segments suivants ont une saillie courte et épaisse.
Nerocila munda Harger, 1873, de l'Atlantique nord américain tempéré, diffère de N. bivittata par 3 anneaux thoraciques postérieurs, l'arrondi régulier du segment terminal de l'abdomen et la forme des stylets de la queue.
Les anilocres, Anilocra Leach 1818, ne possèdent pas d'extrémités allongées, pointues, sur les côtés. Elles n'ont pas de bande sur le dos.
Ces isopodes sont hématophages*. Ils se nourrissent du sang mais aussi accessoirement de mucus, de l'épithélium et des tissus sous-cutanés de leurs hôtes. Ils produisent, grâce à des glandes céphalothoraciques latéro-œsophagiennes (GLO), une substance inhibant la coagulation et favorisant donc la non-cicatrisation du point de succion ou de ponction.
Cet isopode est une espèce hermaphrodite* protandre* : d'abord mâle, il deviendra femelle sans se détacher de son hôte. La femelle est donc plus âgée et mais aussi plus grosse que le mâle.
La reproduction a lieu de mai à novembre.
Après la fécondation, la femelle incube ses œufs dans une poche (marsupium*) située sur sa face ventrale. Elle donne naissance à des mancas* qui n'ont que 6 paires de pattes (contre 7 à l'âge juvénile ou adulte). Ces pléopodes* de soie leur permettent de nager rapidement. Les mancas, s'ils ne veulent pas mourir, n'ont que quelques jours pour trouver un hôte et commencer leur alimentation spécifique.
En Méditerranée, Nerocila bivittata est essentiellement le parasite de poissons appartenant à la famille des Labridés. Mais cette spécificité peut changer en fonction des localisations : on en a recueilli sur d'autres familles (Scorpaenidés, Mullidés, Triglidés et Sparidés). Récemment, on l'a observé en mer Noire fixé sur Parablennius sanguinolentus.
En outre, il a été signalé sur les espèces suivantes : Dentex macrophthalmus, Gobius geniporus, Gobius niger, Labrus merula, Mullus surmuletus, Pagellus erythrinus, Sciaena umbra, Scorpaena porcus, Scorpaena scrofa, Serranus scriba, Sparus aurata et Symphodus tinca.
Il se localise partout sur le corps, avec une préférence pour les nageoires et le pédoncule caudal.
Cet ectoparasite entraîne une certaine gêne à la nage chez ses hôtes. Mais, fait plus dommageable, il provoque de sérieuses blessures, des lésions cutanées ou internes ainsi que des hémorragies et des troubles du métabolisme.
Il est responsable d'un déficit de croissance et de diverses maladies contractées par les poissons qu'il parasite. Le taux de mortalité est plus élevé chez les poissons victimes de cet ectoparasite.
Le facteur anticoagulant produit par les glandes céphalothoraciques latéro-œsophagiennes a été récemment mis en évidence chez les Isopodes Cymothoidés. Il est certainement de nature glucidique comme l'héparine.
Lorsqu'il est détaché, cet isopode nage, plutôt bien, juqu'à trouver une nouvelle victime.
En raison des pertes importantes qu'il occasionne, l'isopode à deux bandes a un impact négatif sur la pêche. C'est plus particulièrement le cas en aquaculture où la proximité et la forte concentration des hôtes favorisent le parasitage.
"Isopode à deux bandes" est une traduction du nom scientifique. C'est une proposition du site DORIS.
Nerocila : comme pour d'autres noms de genres (Anilocra, Canolira, Cirolana, Conilera), il s'agit de l'anagramme de Carolina. Cependant, l'identité de celle qui a inspiré le scientifique anglais Leach est assez controversée.
bivittata : du latin [bi] = deux et [vittatus] = orné de bandelettes, donc "à 2 bandes".
Numéro d'entrée WoRMS : 118907
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Peracarida | Péracarides | Les femelles sont dotées d'une cavité d'incubation formée par des expansions lamelleuses des péréiopodes. |
Ordre | Isopoda | Isopodes | Corps comprimé dorso-ventralement, première paire d’antennes beaucoup plus petite que la seconde, yeux non pédonculés. 7 paires de pattes de même apparence. |
Sous-ordre | Cymothoida | Cymothoides | ils portent des appendices buccaux comprenant une mandibule et un processus permettant de couper. |
Famille | Cymothoidae | Cymothoïdés | |
Genre | Nerocila | ||
Espèce | bivittata |
Vue dorsale
Les deux bandes longitudinales blanc jaunâtre sont bien visibles, de même que la forme en ovale du corps.
Corse
17/04/2011
Vue ventrale
Ce cliché met en évidence la terminaison crochue des appendices. C'est ce qui permet à cet isopode de se fixer sur la peau de ses victimes.
Corse
17/04/2011
Femelle ovigère de 35 mm
Prélevée sur le pédoncule caudal d'un crénilabre :
A : vue dorsale ; noter la légère asymétrie de l'individu photographié, surtout visible au niveau de l'abdomen.
B : vue latérale gauche montrant les prolongements pointus des pleurites et des plaques coxales* dirigés vers l’arrière du corps.
C : vue ventrale mettant en évidence la poche ventrale thoracique (marsupium*) contenant la ponte jaune pâle en tout début d'incubation.
Dramont, Saint-Raphaël (83)
14/08/2014
Pendu à la joue
Cette belle photo montre l'isopode accroché à la joue de la rascasse.
Pointe du Rayol (83), 7 m
14/08/2020
Femelle et mâle
Les labridés sont les hôtes préférés de Nerocila bivittata. On voit, sur cette photo, une femelle fixée sur le pédoncule caudal et un mâle, plus petit, fixé sur la nageoire.
Grande Baie, Villefranche-sur-Mer (06), 15-20 m
01/09/2012
Femelle au ventre bombé
On remarque le ventre bombé de la femelle qui incube ses œufs dans une poche, sur sa face ventrale.
Les Lecques (83), 7 m
19/05/2007
Jeune femelle
Sur cette photo, on différencie Nerocila bivittata de l'anilocre grâce à ses deux bandes jaunes longitudinales.
Ici sur Centrolabrus melanocercus.
La Ciotat (13), 15 m
23/09/2000
Poisson très parasité
Une dizaine de parasites sur la face vue !
Cette photo est exceptionnelle car habituellement, il n'y a qu'un individu, ou un couple, sur le poisson hôte.
Jean-Paul TRILLES précise qu'il pourrait aussi s'agir de Nerocila armata, connue dans cette région et sur cette espèce de poissons (Heteropriacanthus cruentatus), car plusieurs espèces de Nérociles présentent ce type d'ornementation pigmentaire.
Ténérife, Canaries (Espagne), 20 m
27/03/2006
Fixation inhabituelle
Cette localisation inhabituelle, sur la lèvre d'une rascasse brune plutôt que sur la caudale, est peut-être une fixation aléatoire, postérieure à la pêche de l'hôte.
Corse
17/04/2011
Rédacteur principal : Alain MAYOUX
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Holthuis L.B., 1950, Isopodes et Tanaidacés marins de la Belgique ; remarques sur quelques espèces de la zone méridionale de la Mer du Nord, Med. K. Belg. Inst. Nat. Wet., 26(53), 1-19 B.
Romestand B., Trilles J.P., 1976, Au sujet d'une substance à activité antithrombinique mise en évidence dans les glandes latéro-œsophagiennes de Meinertia oestroides (Risso, 1826) (Isopoda, Flabellifera, Cymothoidae; parasite de poissons), Zeitschrift für Parasitenkunde, 50(1), 87-92.
Van der Land J., 2001, Isopoda - excluding Epicaridea, in: Costello, M.J. et al. (Ed.) (2001). European register of marine species : a check-list of the marine species in Europe and a bibliography of guides to their identification, Collection Patrimoines Naturels, 50, 315-321.