Carapace rouge violacé de 11 cm de long maximum
Cornes rostrales longues et divergentes, environ 1/5e de la longueur de la carapace
Une rangée de longues épines médianes sur la carapace
Une forte épine au bout distal du mérus de chaque patte
Animal "propre", sans épibiontes, vivant entre 50 et 200 m de profondeur
Spiny spider crab (GB), Santorra, centolla, cabra, cabrot espinoso (E)
Maia goltziana d'Oliveira, 1888
Neomaja goltziana (d'Oliviera, 1889)
Maïa goltziana Le Loeuff & Intès, 1968
Maia goltziana Maurin, 1968
Atlantique Nord-Est et Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]L'araignée de mer hérissée se rencontre dans l'Atlantique oriental tropical et tempéré depuis le Portugal au nord jusqu'au Congo au sud. Elle est présente mais plus rare en Méditerranée.
En France où son apparition est récente, plusieurs spécimens ont été pêchés début 2013 à proximité de Toulon (83) sur des fonds de 50 m. Peu de temps après, trois individus ont été capturés au nord-est du cap Corse (2B). Cette espèce a longtemps été considérée comme très rare en Méditerranée. Souvent, les signalements ne dépassent pas un à deux spécimens. Les observations semblent plus nombreuses dans la dernière décennie. Le premier signalement en Méditerranée étant très postérieur aux signalements dans l'Atlantique et l'absence apparente de l'espèce sur les côtes méditerranéennes africaines pourrait laisser penser à une introduction dans le levant méditerranéen à la fin des années 1950.
Cette espèce vit sur des fonds meubles sablo-vaseux ou détritiques*. Elle est présente sur le plateau continental et sur la partie supérieure du talus continental à des profondeurs habituelles situées entre 50 et 200 m avec comme valeurs extrêmes 3 m et 350 m. Les plongeurs doivent donc rechercher cette espèce assez profondément.
L'araignée de mer hérissée est d'une taille intermédiaire entre celle des grosses et des petites espèces du genre "Maja" (lato sensu). La carapace est pyriforme (en forme de poire), plus longue que large. Elle mesure jusqu'à 11,5 x 10 cm chez les mâles et jusqu'à 9 x 7 cm chez les femelles. Les femelles peuvent être ovigères* à partir de 7,2 × 5,9 cm.
La carapace est faiblement convexe dorsalement, uniformément granuleuse et couverte de petites épines ou de petits tubercules un peu pointus et portant des poils simples. Les cornes rostrales sont longues, coniques droites et fortement divergentes vers l'extérieur ; elles mesurent environ 1/5e de la longueur de la carapace. Le bord latéral (au sens large) de la carapace porte 9 ou 10 épines pointues et courbées vers le haut. Il y a une rangée de 5 longues épines sur la ligne médio-dorsale de la carapace.
Chez les adultes le mérus* des pattes locomotrices porte une forte épine distale* au niveau de l'articulation principale de la patte.
La couleur des animaux est relativement uniforme. Dorsalement, elle est rose intense, violacée, pourpre, saumon, orange ou rouge sombre ; ventralement elle est plus claire.
L'animal est généralement propre et sans épibiontes*.
L'araignée de mer hérissée peut être confondue avec les deux autres araignées de mer méditerranéennes, la grande araignée de Méditerranée Maja squinado (Herbst, 1788) et la petite araignée de mer Maja crispata Risso, 1827 :
Maja squinado (ainsi que l'araignée de mer atlantique M. brachydactyla) a une carapace fortement convexe, des cornes rostrales droites et relativement courtes (1/8e de la longueur de la carapace), et un rapport longueur / largeur de la carapace de 1,3 à 0,9.
Maja crispata est assez proche de l'araignée de mer hérissée ; elle ne dépasse guère 5 cm et jamais 8 cm ; ses pattes sont inermes*. Les cornes rostrales sont peu infléchies vers l'extérieur. Les tubercules impairs de la ligne médio-dorsale ne sont pas transformés en épines longues et acérées.
Il ne semble pas y avoir de données précises sur l'alimentation de l'espèce. Elle est probablement omnivore opportuniste.
La biologie de la reproduction de cette espèce est mal connue. Dans certains cas, le sex ratio (rapport du nombre de mâles et de femelles) montre une prédominance des mâles. Des femelles ovigères* ont été signalées en avril et en novembre ; les œufs auraient un diamètre de 0,78 à 0,85 mm.
Le développement larvaire* comporte deux stades zoé* et un stade mégalope*.
La tortue marine caouanne Caretta caretta (Linnaeus, 1758) est l'un des prédateurs connus de l'araignée de mer hérissée.
Le scléractiniaire "dent de chien" Caryophyllia smithii Stokes & Broderip, 1828 a été signalé en épibionte sur sa carapace.
Sur les fonds qu'elle fréquente et sans présumer d'interactions spécifiques, on la rencontre en compagnie de l'oursin pointu Gracilechinus acutus, de la comatule profonde de Méditerranée Leptometra phalangium, de Funiculina sp. et d'oursins-lance de la famille des Cidaridés.
L'espèce est rare sur les côtes méditerranéennes françaises. Elle est plus commune sur les côtes atlantiques africaines.
Cette espèce n'est ni menacée, ni réglementée (pêche), ni protégée.
L'araignée de mer hérissée est parfois présentée en aquariologie marine. Elle est également utilisée séchée à des fins décoratives dans des restaurants et dans les habitations privées. C'est une espèce de taille modeste et d'abondance toute relative qui est peu ou pas pêchée ; elle n'est pas exploitée commercialement mais fait parfois partie des "prises accessoires" dans les chaluts ou les filets maillants.
Araignée de mer hérissée : fait référence à sa ressemblance avec les araignées terrestres, le qualificatif hérissée soulignant le fait qu'elle porte des épines assez longues.
Maja : Maïa ou Maja est le nom donné par Aristote à un crabe. C'est le nom de la mère de Hermès, la plus belle des Pléiades, qui personnifie l'accroissement des choses vivantes et surtout le développement des végétaux.
goltziana : le nom d'espèce "goltziana" indique que l'espèce a été dédiée à Augusto Goltz de Carvalho (1858-1913), enseignant et, entre autres activités intellectuelles et culturelles, naturaliste amateur. C'est lui qui a envoyé des spécimens de la nouvelle espèce à Manuel Paulino d'Oliveira, directeur du musée de zoologie à l'Université de Coimbra, et lui a permis de décrire l'espèce en 1889.
Numéro d'entrée WoRMS : 870204
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Brachyura | Brachyoures | Les brachyoures ont un abdomen réduit replié sous le céphalothorax. Ils sont représentés par les crabes et les araignées de mer. |
Famille | Majidae | Majidés | Araignées de mer. |
Genre | Neomaja | ||
Espèce | goltziana |
Épines de carapace
On peut observer ici, sur le bord latéral de la carapace, les épines pointues et courbées vers le haut. Bien visibles également, la rangée de longues épines sur la ligne médio-dorsale de la carapace.
Ces épines, ajoutées à celles présentes sur la tête et les pattes, participent au nom vernaculaire de l'araignée de mer hérissée.
Il s'agit ici d'un gros individu.
Cap Camarat (83), gros individu pris dans filets de pêcheur vers 100 m et relâché vers 20 m, au pied du tombant
22/06/2015
Espèce profonde
Il s'agit d'une espèce profonde et assez rare, notamment en Méditerranée.
Si vous l'avez rencontrée et photographiée, n'hésitez pas à envoyer un mail à l'équipe de cette fiche !
Aquarium de Paris, individu pêché au large de Toulon (83), +- 50 m
06/02/2013
Vue latérale
Noter la présence de plusieurs épines très fortes et dirigées vers l'avant sur la ligne médiodorsale et sur les bords de la carapace. Des épines semblables s'observent au niveau de l'articulation principale des pattes locomotrices (articulation "méro-carpale" entre le mérus* et le carpe*).
Il s'agit ici d'un petit individu.
Cap Camarat (83), petit individu pêché dans filets vers 100 m et relâché vers 20 m
22/06/2015
Signes caractéristiques
A l'avant, les cornes rostrales sont longues, coniques droites et fortement divergentes vers l'extérieur.
Le bord latéral de la carapace porte 9 ou 10 épines pointues et courbées vers le haut. Il y a une rangée de 5 longues épines sur la ligne médio-dorsale de la carapace.
Aquarium de Paris, individu pêché au large de Toulon (83), +- 50 m
06/02/2013
Détail de la tête
Sous les yeux (en vert au bout des pédoncules) et les épines rostrales, on observe la présence d'épines fortes dirigées vers le bas.
Cap Camarat (83), individu pêché dans filets vers 100 m et relâché vers 20 m
22/06/2015
Pièces buccales
Différentes pièces buccales (mandibules, maxilles et maxillipèdes) en action sont visibles sur cette photo
Cap Camarat (83), individu pêché dans filets vers 100 m et relâché vers 20 m
22/06/2015
Yeux pédonculés
Entre les deux yeux pédonculés qui sont environ quatre fois plus longs que large, on observe le rostre formé de deux longues épines divergentes. A leur base, il y a deux fossettes qui servent à loger les antennules lorsqu'elles ne sont pas en activité. Les antennules se terminent par un pinceau de poils beiges sensoriels
Cap Camarat (83), individu pris dans filets vers 100 m et relâché vers 20 m
22/06/2015
Grosses pinces
Les grosses pinces de cet individu indiquent probablement qu'il s'agit d'un mâle.
Cap Camarat (83), individu pêché dans filets vers 100 m et relâché vers 20 m
22/06/2015
Petit spécimen africain
Dessin représentant une vue dorsale d'une petite femelle de 3 x 2,5 cm pêchée en Guinée par -75 à -85 m, le 11 mars 1953.
Dessin extrait de : Monod, T., 1956, Hippidea et Brachyura ouest-africains, Mémoires de l'Institut Français d'Afrique Noire, 45, 1–674.
Reproduction de documents anciens
1956
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
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La page de Maja goltziana dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN