Gobie à taches noires

Neogobius melanostomus | (Pallas, 1814)

N° 4043

Europe, Asie et Amérique du Nord

Clé d'identification

Poisson de fond
Deux nageoires dorsales dont la première porte une tache noire
Couleur de brun rouge à gris foncé, marbrée de taches sombres
Longueur jusqu'à 25 cm

Noms

Autres noms communs français

Gobie à tache noire, gobie arrondie (Québec), gobie rond

Noms communs internationaux

Black spotted goby, ginger goby, round goby (GB), Gobio pintato (E), Kruglyak-Grundel, Schwarzmund-Grundel, Schwarzmundgrundel (D), Zwartbekgrondel (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Gobius melanostomus Pallas, 1814
Apollonia melanostoma (Pallas, 1814)
Neogobius cephalarges (Pallas, 1814)
Gobius chilo Pallas, 1814
Gobius melanio Pallas, 1814
Gobius virescens Pallas, 1814
Gobius exanthematosus Pallas, 1814
Gobius sulcatus Eichwald, 1831
Gobius affinis Eichwald, 1831
Gobius lugens Nordmann, 1840

Distribution géographique

Europe, Asie et Amérique du Nord

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-Ouest

Le gobie à taches noires est originaire de la région Ponto-Caspienne : mer d'Azov, mer Caspienne et nord-ouest de la mer Noire. Il a remonté les fleuves et les canaux d'Europe du nord et de l'est pour atteindre l'Ukraine, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, la Pologne, les pays baltes, la Russie et enfin, l'Allemagne, l'Autriche, les Pays-Bas, la Belgique et le nord-est de la France. Il est même présent en mer Baltique.

Souvent transporté accidentellement dans l'eau des ballasts des navires, il a atteint les Grands Lacs en Amérique du Nord (en 1991). Au Québec, on le trouve principalement dans le fleuve Saint-Laurent à partir de la frontière de l'Ontario jusqu'à Québec.

Biotope

C'est un poisson euryhalin* ( = il peut vivre en eau douce et en eau salée) qui habite les côtes, les estuaires, les lagunes saumâtres et d'eau douce, les lacs et les rivières. En théorie, il peut supporter des salinités allant jusqu'à 36,9 ‰ mais on ne trouve pas de populations dans d'autres mers que la Baltique et ses mers d'origine. Il préfère une température de l'eau proche des 26 °C, mais sa tolérance va de -1 à +30 °C.

On le trouve posé sur le substrat* de préférence rocailleux ou riche en végétation. Il se déplace peu et préfère simplement se positionner sur le fond grâce à ses nageoires pelviennes.

En mer Noire, pendant l'hiver, il est présent jusqu'à 60 m de profondeur.

Description

Le gobie à taches noires est un poisson de fond avec deux nageoires dorsales dont la première porte une tache noire qui a donné le nom à l'espèce. Les yeux sont globuleux et proéminents.

La livrée va du brun rouge au gris foncé, marbrée de taches sombres. Lors de la période du frai, les mâles sont entièrement noirs avec la nageoire caudale bordée de blanc ou de blanc-bleu.
La première nageoire dorsale est plus petite que la deuxième. Les nageoires pelviennes sont soudées (en ventouse ou disque) afin de lui permettre de se fixer au substrat.
Sa taille varie de 8 à 12 cm (maximum de 25 cm pour les mâles et 19 cm pour les femelles).
Le gobie à taches noires n'est pas un bon nageur, il ne se déplace que sur de courtes distances.

Espèces ressemblantes

Proterorhinus semilunaris gobie demi-lune : il n'a pas de tache noire sur la première nageoire dorsale et possède deux narines en forme de tube ; il préfère les habitats avec une abondance de plantes aquatiques alors que le gobie à taches noires opte davantage pour les substrats rocheux.

Cottus gobio chabot commun : il n'a pas de tache noire sur la première nageoire dorsale, sa tête plate et large représente 1/3 de la longueur du corps, il a une épine sur l'opercule.

Alimentation

N. melanostomus se nourrit d'une grande variété d'invertébrés et de petits poissons. Il mange également des œufs. Sa préférence va aux mollusques et il exploite massivement les moules dans les Grands Lacs d'Amérique du Nord et dans la Baltique. En eau douce, les moules zébrées et quagga font partie de son menu. C'est un poisson vorace et des études ont montré qu'un seul gobie peut manger jusqu'à 78 moules zébrées par jour.

Sa ligne latérale* bien développée améliore sa capacité à détecter les mouvements de l' eau et lui permet de se nourrir dans l'obscurité totale ou dans des eaux troubles.

Reproduction - Multiplication

Le gobie à taches noires atteint la maturité sexuelle vers 3-4 ans pour les mâles et 2-3 ans pour les femelles.

Au printemps, généralement en avril, les mâles rejoignent des eaux peu profondes où ils délimitent un territoire de frai. Pour le nid de forme ronde, ils préfèrent un substrat solide comme des pierres, des cailloux, des racines, des morceaux de bois. Leur corps revêt une livrée nuptiale : il est entièrement noir avec la nageoire caudale bordée de blanc ou de blanc-bleu. Ils incitent alors une ou plusieurs femelles à venir pondre ses œufs dans leur nid. Pour cela, ils utilisent de nombreux signaux : postures, sons (vocalisations amoureuses de basse fréquence - inférieure à 800 Hz) et « messages » chimiques (phéromones*).

Les œufs sont ovales avec une extrémité pointue. D'une taille d'environ 3,9 x 2,2 mm, ils adhèrent sous ou entre les pierres, les coquillages et les plantes aquatiques. Leur nombre dépend de la taille de la femelle. Celle-ci peut pondre à plusieurs reprises (tous les 18-20 jours et jusqu'à 6 fois par an) et produire de 300 à 5000 œufs sur la saison de reproduction.

Les mâles veillent sur leur développement et les gardent jusqu'à leur éclosion 2-3 semaines plus tard. Ils protègent ensuite les larves* (le stade larvaire est très bref) et les juvéniles.

Le frai se poursuit jusqu'en automne, généralement en septembre. Ensuite, la plupart des mâles reproducteurs meurent.

Divers biologie

Le régime alimentaire du gobie à taches noires comporte une part importante de bivalves filtreurs* comme la moule zébrée. Le gobie est donc un vecteur de bio-accumulation des polluants.

Informations complémentaires

Espèce invasive

Transport : le gobie à taches noires n'est pas un bon nageur. Généralement ses déplacements se limitent à quelques mètres voire quelques centaines de mètres. Au printemps et à l'automne, lors des migrations aller et retour des zones de frai, il peut franchir jusqu'à quelques kilomètres. Dans son aire de répartition, sa propagation est plutôt lente. Un moyen de transport "actif" est donc nécessaire pour expliquer sa rapide diffusion en Europe et en Amérique du Nord (a fortiori pour atteindre des zones qui sont à contre-courant). On suppose que les pontes sont occasionnellement transportées attachées à la coque des navires et il est également probable que des œufs de ce gobie éclosent dans les citernes de ballast des navires. Et sa résistance à une mauvaise qualité de l'eau et une faible concentration d'oxygène, lui permet probablement de survivre pendant la durée d'un voyage.

Impacts : l'arrivée du gobie à taches noires dans les Grands Lacs en Amérique du Nord a lourdement impacté les populations de chabots tachetés (Cottus bairdi) ; les juvéniles mangent leurs larves et leurs œufs, les mâles adultes les chassent des aires de frai. Par contre les populations de certains prédateurs se portent mieux ; par exemple, la couleuvre d'eau du lac Érié (Nerodia sipedon insularum) était auparavant en danger d'extinction.

Importance commerciale

Grâce à sa grande taille pour un gobie, il a une valeur commerciale importante en mer d'Azov où il est généralement salé, séché et consommé avec de la bière.

Origine des noms

Origine du nom français

Gobie à taches noires : en allusion aux taches noires présentes sur la première nageoire dorsale et les flancs.

Origine du nom scientifique

Neogobius : du grec [neos] = nouveau et du latin [gobio] = goujon
melanostomus : du latin [melanos] = noir et du latin [tomus] = pièce, morceau, tache en allusion aux taches noires présentes sur la première nageoire dorsale et les flancs.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Famille Gobiidae Gobiidés
Genre Neogobius
Espèce melanostomus

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