Taille maximale de 18 centimètres
Adulte : corps et nageoires noirs ou bleu-noir très sombre
Juvénile : corps clair, gris argenté, avec une large bande dorsale jaune vif, nageoires anale et pelviennes turquoises avec une bande noire antérieure
Demoiselle à front jaune (juvéniles), boeteur noir (Seychelles)
Schwarzer Riffbarsch (D), Black damselfish, blue and gold damsel-fish, royal damsel (Australie), bluefin
damselfish, bowtie damselfish (Etats-Unis)
Neoglyphidodon melas (Valenciennes, 1830)
Glyphisodon melas Valenciennes, 1830
Abudefduf melas (Valenciennes, 1830)
Paraglyphidodon melas (Valenciennes, 1830)
Glyphisodon ater Cuvier, 1830
Glyphisodon melanopus Bleeker, 1856
Paraglyphidodon melanopus (Bleeker, 1856)
Abudefduf melanopus (Bleeker, 1856)
Glyphisodon xanthonotus Bleeker, 1856
Abudefduf xanthonotus (Bleeker, 1856)
Glyphisodon violaceus Brevoort, 1856
Abudefduf rhomaleus Snyder, 1911
Le spécimen ayant servi à la description fait partie des collections de deux naturalistes Heinrich Kuhl (1797-1821) et Johan Conrad van Hasselt (1797-1823) confiées au cabinet royal d’histoire naturelle de Leyde (Pays-Bas). C'est dans cette ville qu’Achille Valenciennes (1794-1865) décrit Glyphisodon melas en reprenant le nom donné à cette espèce, mais sans la décrire, par Kuhl et Van Hasselt. Bien qu’il soit précisé en page 473 de « L’histoire naturelle de poissons – Tome cinquième par Cuvier et Valenciennes » que la description est l’œuvre de Valenciennes, l’espèce est ensuite généralement attribuée à Georges Cuvier (1765-1832). Plusieurs ichtyologues font remarquer cette anomalie comme Maurice Kottelat, en 2013, et Gerald R. Allen, en 1986, ce dernier allant même jusqu’à l’attribuer à Valenciennes dans ses publications (sous le genre Paraglyphidodon).
Mer Rouge, océan Indien, Pacifique Ouest et Pacifique Centre
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Neoglyphidodon melas est une espèce très largement distribuée dans l'Indo-Pacifique Ouest, du nord de la mer Rouge et du golfe Persique aux îles Fidji à l'ouest. Elle est présente sur les côtes africaines de l'océan Indien, et dans les îles océaniques (Madagascar, Seychelles, Réunion, Maldives), en mer d'Arabie et dans le golfe du Bengale, dans tout l'archipel Indo-australien et aux îles Salomon, au nord jusqu'au sud du Japon (Yaku-shima) et Taïwan, au sud jusqu'en Nouvelle-Calédonie. En Australie, elle est présente de l'Australie-Occidentale (récif de Ningaloo) à Brisbane (Queensland).
La demoiselle noire est une espèce commune. Elle fréquente les lagons et les récifs riches en coraux mous, dans des eaux peu profondes, de proche de la surface à une dizaine de mètres généralement. Elle vit seule ou en couple. Les juvéniles trouvent souvent refuge dans les coraux branchus du genre Acropora.
Neoglyphidodon melas est la plus grande espèce du genre avec une taille maximale observée de 18 centimètres. Le corps de l'adulte est un ovale haut et fortement compressé latéralement. Il est entièrement noir ou d'un bleu très sombre. Toutes les nageoires sont de cette même couleur. La bouche est petite.
Le corps du juvénile est un ovale court, de couleur blanchâtre avec une bande jaune vif sur le dos allant jusqu'à la bouche. Les pelviennes* sont longues (60 à 70 % de la hauteur du corps).
Chez l'adulte : le corps a une hauteur comprise 1,6 à 1,8 fois dans la longueur standard. La dorsale unique, à base longue, est composée de 13 rayons épineux et de 13 à 15 rayons mous, l'anale de 2 rayons épineux et de 12 à 15 rayons mous, les nageoires pectorales de 18 ou 19 rayons mous. La ligne latérale*, incurvée, qui suit la courbure du dos, compte 16 ou 17 écailles. Le bord du préopercule* est lisse. Les dents bisériées, sont rapprochées, les dents supérieures sont coniques. La partie molle de la dorsale est arrondie, comme l'anale, dont la première épine est courte, légèrement détachée de la seconde. Le pédoncule* caudal est court. La caudale, aux lobes arrondis, est très légèrement émarginée. Le périorbitaire, le sous-orbitaire et tout le museau sont écaillés. Trois rangées d'écailles sont présentes sur la joue.
Chez les juvéniles : les rayons supérieur et inférieur de la nageoire caudale sont jaunes. Les nageoires anale et pelviennes sont turquoise, parfois partiellement. Après le premier rayon, ces deux nageoires présentent une large bande noire. Les pectorales sont transparentes. La transformation du patron de coloration commence lorsque le juvénile atteint une taille de 50 à 60 millimètres.
Le genre Neoglyphidodon comprend 9 espèces, quatre d'entre elles peuvent être confondues avec N. melas au stade adulte. En revanche, les différentes colorations des juvéniles, permettent de les distinguer très facilement.
Neoglyphidodon carlsoni : possède des écailles claires à bords sombres dessinant un maillage sur le corps. Cette espèce est présente uniquement dans l'archipel des Fidji et aux îles Loyauté (Nouvelle-Calédonie).
Neoglyphidodon nigroris (auparavant Neoglyphidodon xanthurus) : présente deux formes de coloration, l'une de celles-ci est d'une couleur sombre très proche de N. melas mais les nageoires dorsale et anale sont très effilées. La caudale est profondément échancrée avec des lobes pointus. Sa distribution est moins importante que N. melas ; cette espèce est présente de la mer des Andaman à l'ouest de Bali, et dans le Pacifique Nord-Ouest (absente de la mer Rouge et de la quasi-totalité de l'océan Indien).
Neoglyphidodon crossi : la silhouette et la couleur du corps sont identiques à N. melas. Cette espèce se distingue par une tache marron à la base de la pectorale (pas toujours très visible) et par un iris doré (noir chez N. melas).
Neoglyphidodon polyacanthus : possède des pectorales et des pelviennes teintées de jaune, de petits points violets sur la tête et des écailles claires à bord sombre dessinant un maillage sur le corps. La caudale est plus émarginée et les lobes de la dorsale et de l'anale sont moins arrondis. La nageoire dorsale compte 14 rayons épineux (versus 13 chez N. melas), ce qui lui a valu son nom.
Il existe aussi beaucoup d'autres demoiselles au corps noir ou très sombre dans les genres Parma, Plectroglyphidodon, Pomacentrus, Stegastes. Les principaux critères permettant de distinguer ces espèces de N. melas sont : la partie molle des nageoires dorsale et anale carrée ou pointue (versus arrondie), le bord des écailles plus foncé, dessinant des lignes ou un maillage sur le corps (versus écailles de couleur uniforme), l'iris clair, jaune ou bleu (versus iris noir).
L'espèce est omnivore, se nourrissant d'algues filamenteuses, de petits invertébrés benthiques* et de certains coraux mous, plus particulièrement des genres Lobophytum et Sarcophyton. Sa présence près des bénitiers (Tridacna spp.) dont elle peut manger les excréments a été signalée par Chan en 2007. Dans une étude du régime alimentaire, M. Sano, M. Shimizu & Y. Nose, en 1984 à Okinawa, relèvent plus de 50 % d'invertébrés benthiques dont des alcyonaires, 30 % d'algues filamenteuses et 17 % de zooplancton*.
Tous les Pomacentridés sont ovipares*. Ce sont des hermaphrodites* protandres*. Le genre Neoglyphidodon est un pondeur sur substrat* découvert. L'appariement est distinct pendant la reproduction. Le mâle recherche et nettoie un support adapté où les œufs sont pondus. Les œufs possèdent des filaments adhésifs qui leur permettent d’adhérer au substrat. C'est le mâle qui surveille, défend et aère la ponte. Vient ensuite une période larvaire* pélagique* d'environ 15 jours avant la colonisation du récif. La reproduction semble relativement continue tout au long de l'année.
Les excréments des bénitiers géants contiennent des quantités importantes de mucus nutritif et de zooxanthelles* (expulsés pour réguler la densité des symbiotes) et peuvent apporter une contribution alimentaire non négligeable aux poissons de récif, tel que N. melas.
N. melas a été observé pour adopter un comportement agressif envers les adultes conspécifiques* de plus petite taille (Waller, 2005). En revanche, les adultes sont particulièrement craintifs vis à vis des plongeurs.
Tout au long de sa vie, N. melas va changer à la fois d’habitat et de régime alimentaire.
Passant d’une alimentation exclusivement axée sur le plancton dans les premiers jours à une combinaison de plancton et corail mou chez les juvéniles plus âgés, les excréments de bénitiers vont progressivement intégrer le menu des individus atteignant l’âge adulte. Ce changement de régime s’accompagne, également, d’un changement de patron de coloration qui distingue les jeunes des adultes. À mesure que les adultes grandissent, ils consomment proportionnellement plus de selles de bénitiers et moins de corail mou.
Des changements dans l’habitat se produisent simultanément. Les très jeunes individus se trouvent près des têtes d’acropores branchus et de coraux ramifiés tandis que les juvéniles plus âgés et les adultes sont associés aux coraux mous.
Les adultes sont trouvés en plus grande abondance dans la zone corallienne présentant la plus grande densité de bénitiers vivants.
La consommation de déjections de bénitiers par les adultes de N. melas est unique en ce sens que, apparemment, d’autres poissons n’utilisent pas cette stratégie alimentaire. Si la teneur élevée en protéines de ces excréments est une source alimentaire idéale, l’indigestibilité apparente des zooxanthelles* vivant à l’intérieur peut être un facteur dissuasif.
D’autres études devraient être menées pour analyser le contenu intestinal de N. melas adulte et révéler quelle part du régime alimentaire de ce poisson est réellement composée de déjections de ces bivalves géants, et vérifier si ces zooxanthelles sont digestibles par cette espèce de poisson.
Demoiselle : appliquée à un grand nombre de Pomacentridae, sans doute par allusion aux patrons de couleurs vives, à leur petite taille et à la silhouette gracieuse de ces espèces.
noire : allusion à la couleur noire de l'adulte.
Le nom vernaculaire de demoiselle noire est utilisé par Valenciennes lors de sa description.
Neoglyphidodon : du grec [néos] = nouveau et du grec [glyphis] = gravé, sculpté et enfin du grec [odoús] = dent, allusion à la forme des dents.
melas : du grec [mélās] = sombre, noir, allusion à la couleur des adultes.
Numéro d'entrée WoRMS : 218833
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Actinopteri | ||
Classe | Teleostei | ||
Ordre | Ovalentaria incertae sedis | Ovalentaria nom temporaire | |
Famille | Pomacentridae | Pomacentridés | |
Genre | Neoglyphidodon | ||
Espèce | melas |
Adulte noir-bleu sombre
Le corps et les nageoires sont d'une couleur uniforme noire ou bleu-noir sombre, sans aucune marque colorée, si ce n'est les dents blanches quand la bouche est ouverte.
Turtle airport, Philippines, océan Pacifique, 7 m
21/02/2019
A Mayotte
Comme pour toutes les espèces du genre, la livrée du juvénile est très colorée et très différente de celle de l'adulte.
Bouéni, Mayotte (976), océan Indien, 2 m
10/09/2011
Distribution : Philippines
En cas de danger, les juvéniles trouvent refuge parmi les coraux.
Puerto Galera, Philippines, océan Pacifique, 15 m
13/03/2022
Distribution : Madagascar
Le "capuchon jaune" caractéristique des juvéniles s'étend de la lèvre supérieure à l'extrémité du bord supérieur de la nageoire dorsale molle.
Nosy Fanihy Ouest, Madagascar, océan Indien, 9 m
02/05/2011
Distribution : mer Rouge
La demoiselle noire a une très large distribution géographique, la mer Rouge est sa position la plus septentrionale.
Mer Rouge, 15 m
30/03/2012
Détail des nageoires pelviennes d'un juvénile
Les nageoires pelviennes sont bleu-turquoise avec une bande noire après le premier rayon, La nageoire anale, transparente, possède une bande noire identique. Les rayons supérieur et inférieur sont jaunes.
Île de Komodo, Indonésie, 15 m
07/2010
Distribution : Nouvelle-Calédonie
Dans les eaux de Nouvelle-Calédonie, la demoiselle noire ne peut être confondue avec aucune autre espèce du genre.
Île aux canards (Nouvelle-Calédonie), océan Pacifique, 1 m
01/01/2018
Juvénile de face
Cette photo de face révèle le corps fortement compressé latéralement.
Saint John's, Shaab Claudia, Egypte, mer Rouge, 22 m
25/10/2012
Rédacteur principal : Jean-Luc FERNEZ
Vérificateur : Jean-Michel SUTOUR
Responsable régional : Pascal GIRARD
Allen G. R., 1986, Family No. 219, Pomacentridae, in M.M. Smith and P.C. Heemstra (eds.) Smiths' sea fishes. Springer-Verlag, Berlin, p. 670-682.
Chan S. W., 2007, Ontogenetic changes in feeding ecology and habitat of the damselfish Neoglyphidodon melas at Lizard Island, Great Barrier Reef, Independent Study Project (ISP) Collection, p. 146.
Hata H., Watanabe K., Kato M., 2010, Geographic variation in the damselfish-red alga cultivation mutualism in the Indo-West Pacific, BMC Evolutionary Biology, vol. 10, 185.
Tang K. L., Stiassny M. L. J. , Mayden R. L., DeSalle R., 2021, Systematics of Damselfishes - Ichthyology & Herpetology, vol. 109, 1.
Wellington G. M., Victor B. C., 1989, Planktonic larval duration of one hundred species of Pacific and Atlantic damselfishes (Pomacentridae), Marine Biology, vol. 101, 557-567.
La page de Neoglyphidodon melas sur le site de référence de DORIS pour les poissons : Fishbase
La fiche de Neoglyphidodon melas dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
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