Fou de Bassan

Morus bassanus | (Linnaeus, 1758)

N° 1209

Amérique Centrale et du Nord, Europe et Afrique du Nord

Clé d'identification

Taille : 90 à 100 cm
Envergure : 165 à 180 cm
Poids : 2 800 à 3 200 g

Adulte
- grand oiseau de mer au corps blanc
- extrémité des ailes noire
- tête jaune (la couleur peut s'atténuer en période internuptiale)
- yeux légèrement tournés vers l'avant
- bec gris, acéré et sans narine
- long cou
- pattes noires avec 4 doigts reliés par une membrane

Juvénile
- noir et aveugle à la naissance
- noir, légèrement moucheté en grandissant
- bec noir
- le plumage s'éclaircit progressivement en blanc : d'abord le ventre, puis les ailes

Noms

Autres noms communs français

Morskoul (en breton)
Au Québec et à Saint-Pierre et Miquelon ils sont appelés margats, margots ou margaux.

Noms communs internationaux

Northern Gannet (GB), Sula (I), Alcatraz, Bobo norteño (E), Basstölpel (D), Jan van Gent (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Sula bassana
Sula bassanus

Pelecanus bassanus (protonyme)

Distribution géographique

Amérique Centrale et du Nord, Europe et Afrique du Nord

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest

Amérique Centrale (hivernage dans le golfe du Mexique ou en Floride), Amérique du Nord

Europe (principalement Atlantique et mer du Nord). En France de nombreux individus estivent sans nicher le long des côtes méditerranéennes. Il est fréquent d'en observer lors de déplacement en bateau ou le long des côtes.

Afrique du Nord (Méditerranée occidentale)

Biotope

Oiseau très marin, le fou de Bassan se réunit en colonies pour assurer sa reproduction.

Description

Avec une envergure moyenne de 1,70 m, cet oiseau est le plus grand pouvant ordinairement être observé dans les eaux de France métropolitaine. Sa tête jaune, son corps fuselé et ses longues ailes blanches aux extrêmités noires lui donnent un air si caractéristique qu'il ne peut pas être confondu avec une autre espèce.

Le mâle est légèrement plus petit que la femelle, mais la différence est peu perceptible à l'oeil.

Les jeunes de l'année possèdent un plumage brun foncé, uniforme. La livrée adulte s'acquiert progressivement en l'espace de quatre années.

Espèces ressemblantes

Le fou du Cap (Morus capensis)
Le fou austral (M. serrator)
Le fou à pieds bleus (Sula nebouxii)
Le fou varié (S. variegata)
Le fou masqué (S. dactylatra)
Le fou brun (S. leucogaster)
Le fou à pieds rouges (S. sula)
Le fou de Grant (S. granti)
Le fou d'Abbott (Papasula abbotti)

Toutes ces espèces ressemblent au fou de Bassan mais aucune ne vit en Europe. Les différences morphologiques ne concernent que la couleur du plumage, du bec, des pattes et de la taille. D'autres divergences biologiques s'observent qui concernent la parade, les pratiques de nidification ou de pêche.

Alimentation

C'est au large, dans les eaux du plateau continental, que le fou de Bassan part s'alimenter. Grâce à sa puissante musculature, cet excellent voilier est capable de longs déplacements.

Son régime alimentaire piscivore se compose essentiellement de petits poissons, comme les sardines, lançons, les capelans, les maquereaux ou les harengs et des céphalopodes. Pour capturer ses proies dans les eaux superficielles, il bascule en avant, replie ses ailes et plonge en piqué, pattes repliées sous la queue, depuis des hauteurs parfois considérables. Ce mode opératoire lui permet d'atteindre des profondeurs proches des dix mètres, à une vitesse comprise entre soixante et quatre-vingt-dix kilomètres heure. Un système de poches d'air amorti le choc au contact de l'eau. C'est au cours de la remontée en surface, effectuée à l'aide de ses puissantes pattes palmées, qu'il attrape son repas. Il est aussi capable de raser les flots, épousant les ondulations de l'eau et prendre au passage la proie repérée.

Cet oiseau grégaire chasse ordinairement en groupe, de manière à accroître ses chances. Avec un certain opportunisme, il lui arrive de récupérer également les rejets des bateaux de pêche.

Reproduction - Multiplication

L'aire de reproduction de cet oiseau océanique se limite essentiellement à l'Atlantique Nord et à la mer du Nord. Si l'on ne totalise guère plus de six colonies en Amérique du Nord, où elles se trouvent réparties dans le golfe du Saint-Laurent et à l'Est de Terre-Neuve, la Gaspésie possède cependant la plus importante des implantations. En effet, 32 000 couples ont été recensés sur l'ile de Bonaventure, en 2008 (environ 120 000 fous).

A la fin des années 1990, les reproductions de l'unique site de nidification français, située sur l'île Rouzic -aux Sept-Iles, au large de Perros-Guirec dans les Côtes d'Armor- représentent 5 % des effectifs de l'espèce dans sa répartition Est-Atlantique, qui compte alors trente-cinq colonies (60 % pour la seule Ecosse).

Depuis quelques années, un couple de Morus bassanus s'est fixé sur la côte Bleue, à Carry le Rouet et s'y reproduit régulièrement. Il s'agit là du seul exemple officiellement enregistré pour la Méditerranée. Ce cas tranche radicalement avec les habitudes de reproduction de l'espèce, qui se cantonne habituellement dans des colonies. Il n'existe aucune autre colonie en Méditerranée, mais quelques couples tentent vainement (sauf Carry) de s'installer dans divers ports : Sausset, Bandol, Pointe Rouge, Mandelieu...

Le nid volumineux se compose de bois flotté comme de débris les plus divers flottant à la surface de la mer, associés à du guano (si des poussins ou des adultes meurent dans les cordages, ce type de mortalité demeure assez limité). Les pontes s'étalent entre la fin février et la fin juin tandis que la couvaison mobilise l'énergie parentale six semaines durant. Sauf cas particulier, un seul œuf, un seul poussin.

C'est à l'âge de trois mois que l'on peut assister à l'envol des juvéniles. La mortalité est forte en raison de leur inexpérience. En octobre, les colonies se voient désertées jusqu'à la prochaine saison des amours, qui débute par une parade nuptiale. Le couple revient sur le même nid plusieurs années de suite. Ces oiseaux deviennent sexuellement matures à l'âge de quatre ans.

Vie associée

Vivant en colonies parfois fort développées, chaque couple de fou de Bassan connaît parfaitement l'emplacement du nid. Ils communiquent par des cris, dans un ensemble vocal qui nous apparaît comme une véritable cacophonie. Le désordre n'est qu'apparent.

Les colonies importantes de Morus bassanus tendent à limiter les populations d'oiseaux voisines. On remarque ainsi, sur l'ile Rouzic, la désertion des mouettes tridactyles (Rissa tridactyla), des guillemots de Troïl (Uria aalge) et des fulmars, qui occupent des aires en contrebas de la colonie de fous. Les fientes produites par ces derniers, outre l'altération irréversible de la couverture végétale, comblent effectivement les corniches occupées par les autres espèces. Le macareux moine (Fratercula arctica), menacé de disparition, et le puffin des Anglais semble être de ceux qui pâtissent le plus de cette cohabitation.

Divers biologie

Sa vue perçante lui permet un repérage de ses proies depuis une quarantaine de mètres de hauteur.

Les adultes sont des migrateurs partiels qui hibernent à proximité des colonies mais n'hésitent tout de même pas à s'en éloigner (golfe de Gascogne, Méditerranée). En quête de nourriture, les jeunes se déplacent sur de plus grandes distances. Un poussin bagué en Bretagne, aux Sept-Iles, en 1989, a été retrouvé mort cette même année, en Algérie.

Pour dénombrer les colonies fort denses, les ornithologues recourent à la photographie aérienne. On peut ainsi dénombrer 185 nids pour une superficie de cent mètres carrés.

L'espérance de vie s'établit à hauteur de vingt et un ans.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Les populations de fous de Bassan ont été décimées par une récolte abusive de leurs œufs et par la chasse qui leur a été faite. La détérioriation généralisée de leur habitat, voisin en Europe des grandes routes maritimes, a également contribué à sa disparition, sans compter les pertes engendrées à l'occasion des marées noires et dégazages sauvages.

Le faible nombre des colonies rend l'espèce fragile. Fort heureusement, des mesures ont permis sa préservation et même d'autoriser la densification de certaines colonies. A présent, les effectifs restent relativement stables. La pression exercée sur les ressources naturelles par la surpêche n'augurent toutefois pas un avenir serein.

Morus bassanus figure désormais à l'Annexe III de la Convention de Berne en tant qu'espèce protégée. La règlementation française, depuis 1962, interdit toute destruction ou collecte d'œufs, la destruction des nids, la capture, la mutilation et la naturalisation de cet oiseau, vivant ou mort. Vente, achat, colportage, transport sont de même rigoureusement interdits.

Origine des noms

Origine du nom français

- "fou" ferait référence au comportement au sol de l'oiseau. D'autres interprétations sont données par ailleurs dans la littérature. Cette désignation peu flatteuse est avérée depuis 1687 au moins.

- "Bassan" évoque le nom d'un îlot écossais de la mer du Nord : Bass rock, où se tient une importante colonie, mentionnée dès le Vème siècle après J-C.

Origine du nom scientifique

- Morus : du latin [morus] = extravagant, fou,

- bassanus : provient de l'île de Bass ou Bassan dans le golfe d'Edimbourg (selon Buffon, tome 8 p. 376 de son Histoire Naturelle).

Nota : c'est une espèce monotypique (pas de sous-espèce connue).
Pour la désignation anciennement en vigueur, et encore souvent usitée, Sulla bassana :le premier terme avait été établi en référence au nom de famille : Sulidae, du germanique [solan] ou du Scandinave [sula] : oie.
En anglais, la désignation "gannet" renvoie précisément à ce volatile.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Aves Oiseaux Vertébrés à plumes, ovipares. Les membres antérieurs sont transformés en ailes.
Ordre Suliformes Suliformes

Ordre de création récente, qui caractérise les oiseaux équipés d'une poche gulaire* proche de celle des pélécanidés, et qui, étymologiquement "ressemblent à un fou".

Famille Sulidae Sulidés
Genre Morus
Espèce bassanus

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